Les choses
de la vie. C'est un film et c'est une réalité, une réalité faite
de realia, j'y reviens. Un tripot de basse-cour emplumé de
caquetages, plein de ragots et de commérages.
La réalité,
voyez-vous, la réalité. Habillée de lumière, encore, elle peut
passer, la réalité. Des guipures, des dentelles, gansée de rubans,
entoilée de jute et damassée. La réalité. Je l'exècre (!)
Le petit métro d'Evian les Bains, routine rassurante pour certains... |
Découverte d'un petit paradis pour d'autres... |
Espèce de triomphe du trivial, du
médiocre et du banal. Suite de stéréotypes. Mise en abyme qui me
rappelle le jeu navrant que nous jouions avec les miroirs du salon de
coiffure. Images identiques, de plus en plus petites, qui ne font que
donner un vertige horizontal et qu'on compte sans pouvoir les
dénombrer.
Le tain de ma vie, cet être vulgaire, falot, qui est mon
double et ne saurait prendre son envol, son indépendance.
Il m'a
toujours semblé qu'écrire c'était donner une cinquième dimension
à la vie, lui laisser sa chance, lui donner des ailes. Car à
travers les mots, dans le grillage du cahier, l'oiseau prend son
essor, le temps se concrétise, l'amour renaît. Le quotidien gâché,
c'est la vie sans écrit. C'est un rire qui ne sort pas, une
constipation du pire. On garde ça en soi, comme un vase plein de
soupirs étouffés. On respire à peine en effet, on s'habitue à la
sous-alimentation, pour finalement en venir à la suffocation, à
l'inanition.
Des objets de la banalité gardent pourtant tout leur charme... modernité épurée |
Notre étoile intérieure ne brille que par
intermittence, avec de longs « inter » et de maigres
« rémittences ». On s'étiole dans le « bateau »,
dans le rebattu, dans la maldonne. Alors comme dans le poème (peu connu ?) de
Borgès, on joue aux cartes en effet, recommençant sans fin la même
partie. On s'abrutit donc, et on ne voit plus la sortie, cette sortie
de crise, cette croissance que les économistes veulent à tout prix.
Non c'est le licenciement sec pour une partie du « personnel »
et un aménagement de préretraites pour les autres souvenirs
concernés, ceux de l'amour, ceux de la petite liesse de nos fêtes
passées. On devient obnubilés par le soleil noir de la nuit du
cœur, c'est comme un trou en soi, que rien ne vient combler. Même
le défilé des choses qu'on lui sacrifie. Nous sommes trop près du
cœur de la galaxie. Nous sommes ternes, insignifiants, stériles.
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