De l'inspiration (chantier) comme d'une promenade aux Baux-de-Provence...
C’est comme si les mots surgissaient
enfantés les uns par les autres, énervés d’alibis, engendrés
d’insomnies, comme gorgés d’un suc à fonction digestive, qui
les habilite à sortir, qui les habille de surcroît comme
des as de pique qui auraient été transfigurés, et qui les autorise
à paraître dans un apparat de misère, une peau d’âne
déguenillée, un genre de frac de non événement, comme si le temps
plongeait directement à ses sources pour nous exhiber ses ressorts
cachés, ses rouages discrets et parachevés, ses engrenages et ses
sautoirs qui répondent au doux nom de secrets.
Vue d'ensemble ou addition des aires privées... |
Nous sommes plongés dans
l’arborescence de nos pensées, comme pétris et bardés de nos
dendrites linguistiques, avec ce pourpoint et ce surplis qui nous
attifent de mystère, de mystique, de colère aussi, car au fond,
nous comme les autres nous cherchons des ruses contre la mort, contre
l’assassinat méthodique de la vie par elle-même, dans les
vouloirs cachés et honteux de notre moi assailli d’inconstance.
Car notre imaginaire déploie son
efficace pour meubler notre enfer, notre enfance gâchée.
les catapultes des Baux de Provence, le poids du passé en moins... puisque le ressaut fait voler la charge... |
Le secret, notre énigme, cette chambre
forte, froide et noire qui baptise notre vie entière, nous tire de
la matière inerte pour gémissements austères, inachevés, ou même
imprononcés. Notre petite joie, un sourire l’esquisse, une grimace
et un rictus la tissent, et finalement un bâillement la clôt, nous
sommes les jouets de la béance fondamentale, pour notre résection
finale.
Mise en abyme de notre forteresse antique... |
Nous prétendons avoir le temps, avoir
le temps c’est se donner à la vie, et se donner à la vie c’est
tuer quelque part l’horlogerie du traducteur de nos infinitésimaux
- traître qui nous habite. Nous prétendons guérir, mais nous
sommes amphigouriques jusqu’au bout des ongles, dans le sang nous
trouvons des traces mnésiques de notre complexité et notre
comprenette est paraphée de sigles incoercibles, de regards biaisés,
de fureurs entachées.
Il y a un feu qui brûle en moi ? fumée sans feu peut-être... |
Nous siglons notre cimetière de
maintes croix et croyances, emportés par le fatidique refrain de
notre déshérence. Alors nous avons l’impression factice et
fautive de nous sublimer, que nous portons notre supplice sur le
visage, et nous oblitérons notre esprit écartelé comme si le
timbre sonnait juste.
Armés pour le vide... |
Nous délibérons et cela nous rassure.
Nous évaluons et cela nous mesure, nous circonscrit, nous délimite.
Nous avons besoin de cette éraflure sur l’armure de nos sentiments
construits précisément pour résister à la réalité toute pure,
avec ses tendances à l’agressif. Demeurons en nous-mêmes, et nous
serons sages.
Car rien au fond ne peut remplacer
l’orage extérieur sinon une muette et profonde rage, une
préhension et une toise pour mater le feu qui nous brûle.
Tous.
...et pour regarder à gauche, vers le passé |
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