jeudi 12 juillet 2018

Ô regard !



© M.M. 2018, Maroc
« Le peintre, à celui qui doit être devant son tableau, donne quelque chose qui, dans toute une partie, au moins, de la peinture, pourrait se résumer ainsi : - Tu veux regarder ? Eh bien, vois donc ça ! Il donne quelque chose en pâture à l’œil, mais il invite celui auquel le tableau est présenté à déposer là son regard, comme on dépose les armes. C’est là l’effet pacifiant, apollinien, de la peinture. Quelque chose est donné non point tant au regard qu’à l’œil, quelque chose qui comporte abandon, dépôt, du regard. » 
- Lacan Jacques, Le Séminaire XI, Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, Paris : Editions du Seuil, p. 116.


Ô regard
Regard d’or
Qui pénètre les replis
Sacrés de l’âme

Qui entre dans les chambres intérieures
Et secrètes
Le répit tu nous donnes
Comme un habit de moine
Qui ne trompe personne
Sauf que c'est idoine
Pour l’Argentalet 
De nos recels

Ô remeil
Remeil d’art
Où poussent les jonquilles d’ambre jaune
Où passent les ombres folles
Qui habitent le marais
Et sortent au soir si blond
Pour faire un grand ballet 
Un ballet costumé
Larme à l’œil
Goutte de rosée
Qui bataille avec le nez rond
Dans les traits enflammés 
De l’entre-deux soirs

Une nèpe aux reflets argentés
Par la réverbération
S’enfonce lentement dans la vase
Avec la grâce d’une soucoupe volante
Et la douceur d’une graine ailée 
Qui se poserait
Sur le pré humide et pâle
D’un vert mordoré


Regard : ami ennemi
Tu plantes tes dards dans l’abri
Où nous nous sommes repliés
Pour la nuit







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