jeudi 19 juillet 2018

Le festin de la vie





Lors d'un mariage...

La demande, la requête d'amour est pour moi comme 
l'attente du repas pour une couvée d'oisillons, qui le bec ouvert, tendus vers leur mère nourricière, tentent d'avoir un peu de cette provende terrestre, un peu de ce suc vital, de cette victoire sur la mort toujours possible. 

Une demande qu'un peu retarde, fait perdurer, prolonge, que beaucoup comble, quand le surplus fait une couronne à la satiété. 

Mais aujourd'hui, tellement de nos contemporains semblent blasés, ayant déjà tout entendu, tout vu (ou le prétendant). 

Mais c'est dans les choses simples de la vie, dans une poignée de main chaleureuse, dans un regard de sollicitude et d'attention, dans les cercles -vertueux- de l'amitié, dans un petit d'homme, dans la force d'un orage ou la violence d'une débâcle, dans le spectacle renouvelé d'une nature qui se réveille ou au contraire replie ses ailes pour s'endormir pendant la saison froide, dans l'hymne à l'amour que nous chante le printemps, dans les 

Repas à Istanbul, dans une gargote
symphonies éclatantes ou discrètes du souvenir, quand l'âme se retrempe dans la douce nostalgie de l'enfance, dans les détours d'un chemin ombragé, dans le sillon du laboureur fatigué, dans le repu d'un repas plantureux, dans le souci de l'autre qu'on aime tant, dans le friselis des glaçons sur le bord du toit, à l'orée du monde, au plus secret de la matière, là où palpite l'univers microscopique, où se marient les couleurs et les sons, le goût des choses vraies, la potentialité présente en chacun. 

C'est là sans aucun doute que se joue l'essentiel du vibrion vivant et du mariage de la matière et de la pensée.

Et pourtant ce ne sont que des mots qui habillent pauvrement les réalités si riches, si crues qu'elles en semblent rebondies, replètes sans perdre pour autant leur part de rêve, de bonté et de joie. 

Le réel que les philosophes nous disent inaccessible, nous le retrouvons pourtant autour de la table du festin de la vie.

Nous le touchons comme nous mêmes touchés par le doigt de Dieu.





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