mardi 7 août 2018

En écoutant « Les Choristes »



"Mais qu'était donc cet appel du sujet au-delà du vide de son dire ?"
"Écrits" de Jacques Lacan (1966)



Le surgissement d’une voix
Fluette, aigrette de la joie
Dans le désert grivois
Des ormes pleureurs

Le naïf et fol espoir
Qui naît dans le soir
Tel un oiseau noir

(Il changerait de couleur
Pour marier le bonheur
Et l’aubier des heures)

Un parlêtre de l’art
En proie à la misère
Et qui dépasse les critères
Qui déterminaient son écart

© M.M.

Dans l’arbre je vois
Comme un oiseau bleu
La couleur de ces yeux

Qui retiennent ma voix
Prisonnière de la loi
Comme un enfant je dois
Dérouler mes trésors



Devant l’armée des corps
Qui périt dès l’émoi
Ce toi qui es si droit

Comme un chagrin
De peau maigriotte
Disparu sous la botte
De tant de mauvais biens

De tant de malandrins

La voix dans le désert grimé
Répond faiblement : un écho
Et dit : marche marche dans les blés
Ne te retourne jamais
Cueille, cueille les souvenirs tannés

Par le chemin qui mène en haut

Du côté de la lumière et du repos
Du côté de l’arbre à oiseaux
Bleuté par le ciel si gros
Qu’un nuage s’y grise de beauté

Balafré de milliers de farfadets
Comme autant d’hymnes à la paix

Parle, parlêtre aux blancs soucis
Peuplé de ces doux peupliers meurtris
Qui susurrent dans le vent des nuits

(Comme des abbés qui prient
Dans leur sombre abbaye)

Si le temple était rebâti
Nous ferions des tours de guet
Nous ferions des parapets
Pour les enfants de la vie

Nous chanterions comme des enfants
Comme les choristes
Avec des trompettistes
Comme des sous-fifres épatants

Armures de tant de bannières
De tant d’éclats
De tant de voix

Qui s’élèvent dans le désert grivois
Autant de fanions-liberté

Comme des ballons d’air si frais
Si pommelés de vérité
Ils y éclatent de cette manière

Qu’on attribue seulement à Dieu




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire