Il suffirait de presque rien, peut-être...
Serge Reggiani
Un rien trois fois trop gros
pour faire le tour de ce portail
comme un ruminant qui fumerait du H
et si tu veux ça peut durer l’histoire
d’une éternité
trente-six morts sur la route de ton
bonheur
tous suicidés par la faute de tes yeux
enjôleurs
comme pour te dire fais attention
un enfant tombe à ton côté
Dessin d'O. Pakara |
là-bas
un rien trois fois trop pourtant
quelque dérèglement sans fin
qui telle une vis trompeuse
va jouer un tour de force sur la
poudreuse
de tes yeux
ruminant éclectique qui descend comme
Homère
des aèdes convaincus qui ont chanté
son âme
et ont ramené l’art à une simple
attitude
ce présage sans parole qui fait de
l’ombre une étude
ici-bas
et cela
nous rend seuls
aveuglément et folâtrement seuls
un rien pour ton rein
ton pain vaut bien mon rein
et tu redémarres sur les pentes
douceâtres de la vie qui va
tu es une force qui vague
et moi une farce qui vogue
cochonnet sans remake de nos humbles
requêtes
et cela
comme si demain s’avançait à grands
pas
se traînant comme un ivrogne
que j’aime ce mot d’un amour
ambivalent
et cela
comme si
Canard laqué, Beijing, Chine |
de-ci de-là
tu passais sur le ventre
de toutes les années pendues au
désespoir
comme à une esse de boucherie
bêtes d’embouche
préparez nos assiettes
et taisez nos silences
car nous sommes votre épouvante
de dernier sentiment
viande stressée
qui va orner comme une guirlande
nos petits légumes embaumés.
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