mercredi 4 octobre 2017

Petites remarques de rien...





Un enfant anonyme
Si en Martinique on pense que celui qui garde sa barbe a sûrement quelque chose à cacher, alors oui dans un sens nous sommes tous barbus, et si nous nous rasons, c’est que justement nous voulons paraître n’avoir rien à dissimuler, ce qui est le début de l’hypocrisie, peut-on dire en manière de boutade. Dixit l'imprévisible de nos replis stratégiques...



Si nos péchés étaient inscrits sur notre front, le vieux proverbe irlandais le dit sagement, nous sortirions vite nous acheter un chapeau, même si nous étions les plus justes des hommes. 

Sagement, ou intelligemment, nos erreurs sont dans un sac à dos (elles nous pèsent sur les épaules), tandis que nos réussites sont sur notre tête, ou autour de notre cou, en guirlandes mises en valeur.

Quand on ne se fait pas agresser pour nous les dérober...

Il m’a fallu bien des errements pour arriver à la conclusion que tout cela est vanité et poursuite de vide, exhalaison de l'âme et buée de condensation. 

(...)

Alors il faut trouver un juste compromis entre mémoire et vérité, entre désir de paraître (paraître, ce que j’exècre au fond) et besoin de s’exposer, fût-ce aux quolibets et aux hypocoristiques décadents de la vindicte publique.

Décadence, aujourd’hui je rime avec toi, comme un non-fumeur qui appréciait l’odeur du tabac et les tabagies des pubs (avant que la loi ne vienne mettre de l’ordre dans ce melting-pot d’émanations). 

Un air de déjà-vu, délicieux de confondante illusion, de plongée directe et désorientée dans un indéfini passé, dans l’instant précédent où notre configuration mentale, nos zones « allumées » dans l’ensemble du cerveau étaient les mêmes, exactement. 

D’où ce temps retrouvé, en décadence diraient les grammairiens guillaumistes, et non plus en ascendance, comme à l’habitude.





dimanche 1 octobre 2017

Père, pourquoi... (suite)





Torturé au fond de toi-même, papa, tu l'as été, comme tenaillé par la faim et la soif de richesses, de confort matériel, de sécurité intérieure et extérieure.

Toujours mal assis sur la selle de ta mobylette, oeuvrant par tous les temps pour un gagne-pain difficile, difficultueux même, pour des clients rassis par l'âge, dans des communes éloignées de Saulieu, Liernais, Thoisy-la-Berchère, papa, tu essayais (vainement ?) de trouver une sortie, une issue à ta précarité fondamentale.

Issue que tu as trouvé en fin de vie, grâce à ta maigre retraite d'artisan et d'ancien combattant.

Brancardier de toi-même, hospitalisé à domicile en quelque sorte à la fin, papa, tu as été le baron de Münchhausen qui réussissait paraît-il à se soulever lui-même en se tirant par les cheveux, mais toi c'est grâce aux cheveux de tes clients fidèles que tu as réussi à vaincre la pesanteur de la pauvreté.



(à suivre)

jeudi 28 septembre 2017

Père, pourquoi... (suite)






Mais la maison ne fut jamais noire et silencieuse, elle se remplit de ces flèches dont le Psaume décrit l'intérêt pour le "carquois" d'un homme de tous les temps. 

La maison, ta maison, ton oeuvre, la réussite (partielle) de ta vie, l'aboutissement de ton travail et l'extrême point focal de ta route.

Père, tu étais un raconteur d'histoires, un raconteur de ton histoire, tu y mettais un point d'honneur, enrobant tes palabres de digressions qui me paraissaient le plus souvent inintéressantes, mais que tu savais émettre dans ton style inimitable, ta verve hachée, tes cheminements dispersés, souvent des impasses que tu ne contournais jamais, et dont tu sortais en escaladant le mur du fond.
© M. MM

Histoires de la guerre, de la grandeur minime d'un fils de fermier breton qui s'essaie - et parvient de temps en temps - à retirer son épingle du jeu, à défaut de réellement tirer les marrons chauds du feu.

Des histoires sans fin, à vous abrutir l'âme, des histoires vraies mais tellement rapiécées, tellement en manteau d'Arlequin, qu'il ne m'était permis ni d'en voir le bout ni de les retenir dans leur entièreté, dans leur déroulement, souvent en dehors de toute chronologie fiable, hors de tout ancrage apparent dans le prosaïsme de la réalité.

Quand un griot meurt en Afrique, c'est une bibliothèque qui disparaît.

Quand tu es décédé, c'est un pan de mur de bibliothèque qui s'est écroulé, avec ses livres adossés dans un ordre secret contre, tout contre, les balèvres en saillie de ta mémoire torturée.

(à suivre) 




mercredi 27 septembre 2017

Chien qui manque à l'appel pour avoir oublié de geindre...



© M.MM


Les autres ne sont pas notre enfer parce qu'ils sont les autres ; ils créent notre enfer lorsqu'ils n'acceptent pas d'entrer en relation avec nous. Albert Jacquard.


Là-bas le vent étoffe les premières étoiles. Il reste des candélabres sur la table noircie des siècles où traînent des miettes endolories et rabougries. les interstices se font énormes et le visage du temps est pareil à celui de tous les autres jours.

Non, tu n'es pas mon frère, qui crois me connaître. (...) Je ne bougerai plus et le matin se changera en soir, l'airain du ciel résonnera comme une écumoire dans un charivari.

Les dents sont trop usées pour parler vérité. A force de salissures toi qui es bien placée, survivras-tu mieux à l'orage qui glapira sur le loin ? 

Non, ne peux y croire : comme l'herbe fauchée tu étincelles de rosées éphémères. Comme l'arbrisseau d'un coup cassé te voici t'efforçant de paraître aussi belle qu'avant. Mais la stature est perdue.

Tes fleurs antan d'ornement sont là, flétries, comme pour misère combler... Ta tige est froide au vent d'été et elle ne remue plus sinon sous les souliers des gamins qui t'écrasent...

L'escargot te conquiert. La limace t'englue. La limace m'enchante...




samedi 23 septembre 2017





Père, c'est ainsi que tu te désignais toi-même, en appelant ton épouse "votre mère", décrivant ainsi son état civil de manière juste et appropriée (sur le plan purement psychologique) : ne plus considérer ses enfants comme des petits, mais déjà comme des grands, même si encore seulement appelés à le devenir...

Père, ce mot résume le sens d'une vie, car si tu étais, papa, désireux d'une chose, et c'était là sûrement la meilleure manière pour toi de traduire ton amour, cette chose était de transmettre. 

Transmettre, transférer sur tes enfants tes désirs inassouvis, incomplets, de réussite et d'insertion dans la société. 

Transmettre, à défaut d'affection montrée, ton amour par le peu de biens, par le maigre capital que tu leur laisserais à ta mort. 

Tu voulais qu'on se souvienne de toi en bien, qu'on garde de toi cette lumière froide et blanche de l'argent, ton agalma à toi, le suc même de ton âme, la quintessence de ta vie.

Il est vrai que tu en as tellement manqué. 

Le manque du manque, c'est pour les riches...


© M.MM
(...) Mais tu trouvais dans les Psaumes des paroles consolantes qui t'attiraient magnétiquement, tu étais abreuvé du même sentiment de persécution que laisse parfois transparaître David dans ses chants, poèmes à la puissance séculaire, millénaire même, et hymnes au Triomphe du Bien sur le néant du mal.

Trimer, c'est un mot que tu affectionnais. 

Tu as tellement trimé, tellement peiné (mais ce mot faible ne traduit pas bien le trimard que fut ta longue vie, ce chemin où tu besognais et t'escagassais à marcher, avec tes pieds plats et ton âme blessée, avec tes mains pulpeuses et flétries par tant de tâches usantes et tant d'années à œuvrer) tu as tellement trimé, dis-je que rien que d'y penser, nous autres tes enfants, qui avons partagé, par la force des choses, les conséquences funestes de ton parcours, nous devrions soupirer, sangloter, pleurer, geindre, oui gémir, sur ton sort, empêtrés que nous fûmes dans les aléas de tes itinéraires, poussant comme nous pouvions à la roue, toi esquinté par la vie, nous estropiés par cette faute, par ce méfait que fut ton procès aux conséquences accablantes pour toi, et débilitantes pour nous et pour notre mère.




mercredi 20 septembre 2017

Encore envie de vomir...




"Je n'ai pas une violence, c'est un arbre de violences." 
28', 20/09/2017 Grand témoin, La Colombie, une histoire de la violence.


Mais que ne suffit-il de prendre la plume et d’épancher son âme même sur le premier papier venu, pour faire œuvre d’écrivain !!! 

Mes inspirations sont en panne sèche, au chômage technique, je n’ai plus confiance en moi pour ce qui est de connaître le bonheur d’écrire, puis de recopier en corrigeant, en apportant ici une précision, là une pensée nouvelle, plus loin un paragraphe entier, un bourgeonnement de qualité ou un surgeon de vérités. 

Les mots sont des traîtres à apprivoiser, ils trahissent la pensée, ils sont faibles et assez goguenards, ils font gémir l’ensemble du texte, dans une dérisoire connivence avec l’auteur - cette sorte de connivence me soumet et me domine, ce qui la rend non pas libre –ô illusoire liberté- mais serve, non pas seigneurie, mais vassalité, non pas affranchie, mais esclave, car elle se sert de moi comme de son maître, alors que je n’ai aucun pouvoir pour la libérer !! 

Il me semble au contraire que toutes les choses sont teintées par elle, glauques de son fait, terreuses par son soc ; tel un araire elle creuse un sillon maigre et superficiel que les mots même n’ensemencent ni ne fécondent. 

Car la mauvaise herbe idéelle ne fait pas gazon, mais elle est hérissée d’épines et de chardons, de buissonneuses contradictions nous empêchent souvent de progresser, et nous nous contentons alors de peu de choses pour être heureux, de cette misère qui rend malade et asservit, et qui n’anoblit pas le cœur torve. 

Combien y a-t-il de mots dans mon vocabulaire ? 

Je pense peu en mots, mais ce sont des impressions, souvent les mêmes, qui guident mon stylo et ce sont des sentiments isolés qui bleuissent mon ciel. 


© M.MM
Par nuages, sans grande révolte, sans orage… je suis cotonneux comme un cumulonimbus. 

Y a-t-il une grève dans les airs, les aiguilleurs du ciel vont-ils tarir mes voies commerciales, et des traînées de vapeur d’eau vont-elles disparaître pour de bon faute de véhicules supersoniques pour les créer ?

Bof, je suis à quia (encore une expression scripturaire sans vie). 

Encore un mot mort. 

J’aurais besoin de voyager ! pour me changer les idées justement.



Je suis inquiet et las. 

J’ai encore envie de vomir.





dimanche 17 septembre 2017

Le Camisard et le Philosophe





"Pendant plus de vingt ans d'une histoire démentielle, perdu sans secours, comme tous les hommes de mon âge, dans les convulsions du temps, j'ai été soutenu ainsi par le sentiment obscur qu'écrire était aujourd'hui un honneur, parce que cet acte obligeait, et obligeait à ne pas écrire seulement. Il m'obligeait particulièrement à porter, tel que j'étais et selon mes forces, avec tous ceux qui vivaient la même histoire, le malheur et l'espérance que nous partagions." A. CAMUS, Discours de Suède, 10 décembre 1957. (Ed. Gallimard)



Ces propos du Camisard de la philosophie de l'absurde, semblent s'appliquer de manière particulière à ma propre histoire.

Et dans le rendez-vous bihebdomadaire avec vous, lecteur, qui prend peu à peu une place sacrée,  au moins dans ma vie, il y a cette idée importante je crois de partage d'une pensée encore influencée (encore encore !!) par l'idéologie ambiante.

S'arracher à son contexte - et à son co-texte - est un effort quasi surhumain pour moi, tenter de se porter vers des hauteurs sublimes par le seul jeu des signifiants ne semble même pas m'être permis.

Je ne suis pas un Mallarmé, je suis le maigre traducteur de mes propres infinitésimaux, comme victime de la subjectivité envahissante et dirons-nous, coronaire sans thrombose apparente.

(...)

Le temps, demandez-moi ce que c'est, sinon une portion d'âme, un animal caché par une froide journée d'hiver, au creux blotti de nos replis intimes.

© MMM
Dans la constellation des items catalogués, le temps est une virgule, un appendice nasal qui nous permet de respirer dans la pause transitoire et le tourment de fonds, et de sentir la vie sourdre en soi et hors soi, dans la pause et la tmèse de la phrase longue et sybilline de notre vie et aussi dans le tourment des événements pressés ou empressés qui trament notre état d'existants.

Le Temps retrouvé, un livre qui toujours dès la première occurrence de son titre dans ma prime jeunesse, m'a toujours paru être un majestueux et déjà célèbre bas-relief, le soubassement d'un Temple grandiose, un hymne à l'anti-mort, une sorte de camouflet littéraire ou littéral à la non-existence.

Virgule, non-existence, mort, résurrection par le mot.

L'écriture comme ressource et bâti, l'écriture comme retouche et parti.



jeudi 14 septembre 2017

Onirisme et Cie





Un homme au regard de couleuvre
Faisait ses rimes dans son grand-oeuvre
Quand soudain un rire fusa à l'horizon du jour
Et l'emporta dans la grand'fièvre de l'amour

Un lézard se prénommait Aristide
Il était gros comme si gravide
Et dans le rythme lent des après-midis
Il dormait au soleil de la vie

Une orange semblait coupée en tranches
Pour le fin fond de nos dimanches
Et elle roulait des mécaniques
En lançant des regards magiques

Pour ceux qui m'auraient pas compris
Tenez-vous pour dit l'inédit
Et pour les autres Garde à vous !
Les morts sont déjà presque debout...


14 septembre 2017

lundi 11 septembre 2017

Un agrégat de mots ensommeillés







Un agrégat de mots dans les stupres invisibles (et par là invincibles), que ma foi dégingandée connaît depuis longtemps, un ramassis mielleux et dégoulinant de clichés en forme de constats d’huissier (constats qui détaillent dans leurs listes interminables le mélange éclectique et désopilant des résidus de toute sorte qui s’accumulent dans la cage d’un escalier où j’ai tout de même un droit de passage), tout un monde, bref, entre pissotière et dépotoir, tout un monde qui constitue la maison où je vis. 

Car je vis dans une antre, entre des morceaux d’immeubles gigantesques, dans une bicoque qui a un peu du charme d’une masure, mais qui peu à peu se décompose, se divertit, s’interdit. 

Mon univers s’écroule sans bruit dans une dégringolade qui tient de la débâcle autant que de la déhiscence, il s’abrutit dans le doux devenir de mon âme (la chute de la maison Usher ?) car je réponds à sa désagrégation par mes pertes, physiques, de lambeaux d’une peau malade, de relâchements de sphincters et de gaz par tous les orifices de ma carcasse, et psychique, mes trous de mémoire et mes hésitations, mes lapsus et mes mésalliances verbales, dans le grand fourbis de l’avant-veille d’une fin de l’histoire. 


Dégénérescence, quand tu nous tiens… reste de conciliabule aux fortes prises de becs, aux mâchoires d’acier trempé, aux insoupçonnables inimitiés, traduites dans les atermoiements, les retards à l’allumage, les habits déchirés à l’entre-jambes. 

Rester seul après tant d’années passées à rêvasser dans l’oblique maison adossée aux rivières sombres, appuyée au roc suintant d’humidités généreuses et gavées à force de fendre la pierre, comme un nez qui coule, atteint d’une rhinite due à l’envahissement de l’entourage immédiat, comme un désir contenu mais plus puissant que la pulsion de la vie, une sève à vous bâtir des arbres plurimillénaires. 

Autant dire multimillionnaires.
Pourtant, je ne crois plus à ce que j’écris. 

Le sommeil me fuit, qui résistait avant à l’usine du temps. 

Délit, usure ou chienlit, éternité drue, passage à gué dans une rue inondée, monde inversé. 

Urinoirs de nos passions pour d’autres fonds de pension, pour le débit liquide de l’horizon, sorte de paillasson du dieu soleil, pour pénétrer appuyer sur le bouton ouvre-porte, et laisser entrer la chaleur immonde d’une belle journée.

J’écris mais je ploie sous le poids des mots, sous la chute des eaux, la machine à sous me sert une rasade, je rejoue.



mercredi 6 septembre 2017

A moitié pardonnée...




Conseil de lecture : "Ce que parler veut dire" de P. Bourdieu


Parler n'est pas dire et dire n'est pas avouer. 

Il semble alors qu'on se noie dans un verre d'eau déjà à moitié vide. 

Pour ma part, j'obtempère aux requêtes répétées, insistantes, incisives même, de mon moral en bas d'échelle. 

Car le premier degré de l'écriture c'est celui au-dessus du zéro absolu, c'est une agitation minimale, un minimum de propriétés foncières et foncièrement mortes. 

Je crois à l'absolu donc, à la frondaison ou à la limite de verdure qui signale l'Amazonie sur les mappemondes, au bord du Fleuve impassible et tiède, infesté de piranhas, ou de barracudas, je ne sais pas, et qui rend la vie à sa frontière.

Reste à parier sur le néant, à ne plus reculer face aux gouffres (dont a si bien parlé H. Michaux), qui donnent le change à mes peurs sans objet, je veux dire sans objection. 

J'écris pour me remeubler l'intérieur, qui en a tant besoin après les vacuités et les déserts hurlants que j'ai dû traverser. 

J'écris pour toi, pour ton amitié volée, toi qui vois la trame de ma pensée dans le filigrane de cette page. 

Le désert et ses serpents sans sonnette, et la mer dont toutes les vagues de cette crique qui circonscrit mon livre, sont semblables et différentes à la fois, comme mes pensées sont pareilles et difficilement différentiables dans le vrac de mon cerveau atrophié et rabougri par la maladie. 

Tu es ma psychanalyste et mon cœur s'abrite en toi, il reprend un peu de couleurs après avoir été tellement délavé, battu et rebattu comme un jeu de cartes écornées et presque déchirées. 

Les soleils, les gros temps, les vents et toutes les intempéries (et les intempérances) l'ont tanné, étiolé, balafré, scarifié, exposé mille fois à la mort certaine, le renoncement à toute vie.




C'est dire si je suis en train de me remettre de mes espoirs endoloris, de mon passage lancinant chez les sans-logis, les sans-amour, les sans-« être ». 


Je brame, je rée, j'appelle l'amie qui pourrait me rejoindre dans mon alcôve secrète, dans mon garni perdu, sauvage et nécessaire, mais qui me semble parfois à jamais dépeuplé par fatalité irrévocable.


lundi 4 septembre 2017

Carine ou le temps de vivre





Carine aime à connaître les choses cachées que les civilisations tout autres que la nôtre ont révélées à l’humanité. 

Le Feng-Shui, le chamanisme, le yoga, la philosophie et la poésie de Rabindranath Tagore, le dalaï-lama, et elle ajoute à tout cela la psychanalyse, la psychologie, l’herméneutique de la Genèse et d’autres connaissances qui dépassent les compétences, je pense, de la plupart de ceux et celles de son entourage. 

Catalyseurs de sa profonde et humaine –si humaine- personnalité, ces loci, ces topoï, ces lieux communs pour beaucoup ont chez elle le caractère fuligineux et chaud des âtres pleines de braises, où tirer les marrons. 

Un soupçon de scrupule, une exigence de délicatesse en fait, retient son âme de tremper dans le bain pour mortifier l’acier de sa pensée. 

Elle ne rayera pas le verre, sa pensée, mais pour autant elle n’est pas non plus faite de fausses gemmes. 

Elle est une pierre semi-précieuse, et brille par sa robe émeraude de jaspe à taches rouges plutôt bien parsemées dans sa gangue.

Le vert d’ailleurs lui sied comme d’accoutumée.

Je l’imagine volontiers votant pour les verts, ou pour l’extrême gauche, ce qui va bien avec son caractère visiblement bon, indulgent, humainement compréhensif et donc d’humaniste éclairée. 

Mais de la modération comme attaque de la vie. 

Quoi de plus vrai que cette prise de position en faveur du droit et de la justice-justesse, ce qui est justiciable de l’opinion, fût-elle commune, fût-elle vulgaire au sens noble du terme. 



mercredi 30 août 2017

La prison des cœurs...






Avant de prendre leur décision, rares sont les femmes et les couples qui se livrent lucidement au calcul des plaisirs et des peines, des bénéfices et des sacrifices. Au contraire, il semble qu’une sorte de halo illusoire voile la réalité maternelle. La future mère ne fantasme que sur l’amour et le bonheur. Elle ignore l’autre face de la maternité faite d’épuisement, de frustration, de solitude, voire d’aliénation avec son cortège de culpabilité.

Le conflit, la femme et la mère - Elisabeth Badinter

J'exagère son maintien, sans dessein particulier, sinon avec ce but inavoué, qui consiste à parer les possesseurs du pouvoir d'une aura particulière, d'une splendeur sévère, d'atours qui parfois détonent, comme si quelque chose du cuir de leur fauteuil, de la patine de leur mobilier, était venu en eux les faire rayonner plus que leur entourage immédiat. 

Déférence verbale sans doute, prestance particulière aussi. 

Devenir ce que l'on est au fond, c'est le tour de force que ces gens semblent avoir réussi. 


© Aline Maury-Wery
Je ne dis pas cela pour elle néanmoins, car elle m'apparaît trop mystérieuse pour que je croie savoir son fonds (débarrassé des fatras que la vie ne manque pas d'y laisser, pour peu que cette vie ait été ponctuée d'accidents ou plutôt d'incidents, de tracas, de ces cent inquiétudes qui en firent sans doute la trame et le tissu). 

Sincérité d'un mal-être, égalité des droits à l'humaine différence nous rendent souvent respectueux vis-à-vis du prisonnier de l'être et de l'étant qu'est le corps défendant.



dimanche 27 août 2017

Les nuages n'ont pas d'adresse



"- Eh ! qu'aimes-tu donc, extraordinaire étranger ?
- J'aime les nuages... les nuages qui passent... là-bas... là-bas... les merveilleux nuages !"
Baudelaire


Les nuages n'ont pas d'adresse
Ils traînent leurs guêtres au p'tit bonheur
Parfois ils pleurent parfois ils rient
© MMM

Comme des porteurs de parapluies

Ils tournent ils virent toujours gravides
Dans le ciel gris de nos Atrides

Les nuages n'ont pas d'adresse

Les lourds nuages au cœur du ciel
Comme des traîneaux de perles d'heures
Ils suivent les vents dans les ruelles

Les nuages n'ont pas d'adresse
La trace qu'ils laissent n'est pas jolie
Elle existe en délicatesses

Sur les arbres et dans les prairies.
Parfois ils vivent parfois ils meurent

Les nuages n'ont pas d'adresse
Ils irriguent les mers et les corps
Comme les signaux de nos détresses

Qui s'agitent avant de mouiller au Port.



22-27/08 2017



vendredi 25 août 2017

Le soi et le non-soi...




"Le moi, ce monstre insaisissable et fuyant" - A. MALRAUX



Ou bien y a-t-il une barrière inexpugnable, un gouffre infranchi ou infranchissable, une sévérité rédhibitoire, une dichotomie opératoire, entre eux et moi, ce rien pourchassé par le vent, ce fétu emporté avec la balle dans le grand tri effectué inconsciemment aux aires de battage de notre localité, la terre ?


Concert au Corum de Montpellier © MM
Ô lumière tamisée et intime, combien tu manques à l'appel du cœur (que viens-tu faire là mon cœur, mon "moi", battant, pulsatile, nerveux, servile, traître, enfariné de félonie, éternisé d'incertain, et tellement veule) à l'appel du corps parlant.

Les objets sont comme des dieux qui nous survivent le plus souvent, impassibles et absents, comme des chiens qui nous regardent et font semblant de nous comprendre, mais qui au fond, en fin, ne peuvent rien pour nous.




samedi 19 août 2017

La Cité Interdite






L’impression d’une grandeur inscrutable, indiscutable, dépareillée par la comparaison avec les châteaux de la Loire, une grandeur sans fond, comme délivrée des contingences du temps, des virgules du Monde, et même des voix fortes d’outre-tombe. 

Je pense à la richesse sculpturale de ces détails monstrueux, à la vérité des siècles qui s’écoulent, toujours renouvelés, comme une eau liquide sur cette chevelure impériale, sur ces friselis sans fin et ces toitures courbées sous l’effort de tenter de durer sans effort.

Je m’assieds pour boire un thé vert, et là, je vide mon sac, ma panse, en faisant la pause. 

Il est 11h15 et j’ai raté les carillons de la Zhongbiao Guan (la Salle des horloges).

Après le mémorable repas du soir, où j’ai mis en danger inconsciemment mes amis, je m’en aperçois et m’en repens aujourd’hui… je suis impardonnable car je me mets moi-même dans une ambiance de confiance et de paix, et j’agis comme si j’étais en France. 

Mais c’est vrai que les regards de certains membres du personnel étaient un peu mauvais, sans doute parce que nous étions restés tard.

Ici je revis, je respire, je me sens en pays ami, entouré de gens serviables et courtois. 

Je n’aurais pas dû avoir peur de venir. 

Et en même temps, à la façon chinoise, non à la façon des Han, on nous sert un peu de dictum, une façon aimable de vous servir sans y mettre une once d’état d’âme.

C’est ce qui devrait me faire peur. 

Mais c’est ce qui me rassure, je suis entre leurs mains. 
Près de la Cité Interdite, © M.M. en 2011

Ils ont fouillé ma valise, mais n’ont rien remarqué. 

Ce qui laisse à penser que tout est permis, que tout est licite. 

Voilà leur manière de me piéger. 

Voilà le Piège. 

Bienvenue et abandonnez toute espérance, en gardant quand même l’espoir. 

Je suis averti trop tard. 

Depuis peu. 

Je mesure le vent avec les cheveux gris d’autrui. 

Ils sont sclérosés, je suis scalpé.


Il faut que je reparte le cœur plein de cette douceur qui me tue et qui fait, à petit feu, le vrai caractère de ma Chine.

17h.

Au fond des yeux des chinois, il y a une vitalité blette, une fatalité muette, un désir de vivre (c’est-à-dire d’agir) sans véritable fin, du moins selon toute apparence. 

Je passe ma vie à essayer de comprendre et d’aimer, alors qu’ici on comprend et on aime dans la naturalité des choses. 

Dans le blanc des yeux, dans le jais du regard, dans l’étincelle – pupille de la Nation. 

Il faut accepter ce fait, se laisser porter par les choses pour naviguer avec elles. 

Elles nous amènent à l’endroit où elles sont, comme par le glissement guidé de l’œil sur une photo d'un courbe chemin. 

Elles nous distinguent de la bégueule occidentale, de la mégère et de l’hubris de nos pauvres années. 

Car on sent bien ici, dans cette foule compactée, dans ce monde que d’aucuns décrient comme étant uniforme et monolithique, mais vu de l’extérieur, une mosaïque de peuplades, de peuples, de people, une composition florale orientale et harmonieuse, une vérité vraie. 

Variété et facettes, vérité et finesse. 

Nuances sous les nuages et danse avec les sourires.


Mon pousse-pousse en arrivant © M.M.




mercredi 16 août 2017

Père, père qu'as-tu fait en nous quittant ?



A voice says, “Cry out.”
    And I said, “What shall I cry?”
“All people are like grass,
    and all their faithfulness is like the flowers of the field.
 The grass withers and the flowers fall,
    because the breath of the Lord blows on them. 

                                                                 - Isaiah 40: 6-7, NIV



La vie, comme un organisme qui se déploie, puis qui ploie,
et qui finit par se flétrir et se noyer dans le néant...  © MMM

Notre père, bien faible à l'heure où j'écris, hospitalisé et sous perfusion (ce qui lui redonne des couleurs, tant mieux) notre père dis-je, j'en ai déjà fait, par anticipation, une sorte d'éloge post mortem

Car j'étais emporté par la fougue que donne la parole libérée, l'appui de la psychanalyse, ou de son avatar personnalisé. 

Parce que j'étais un peu amoureux de son originalité, de sa différence, de ses possibles concrétisés dans ses entreprises dont certaines n'ont pas échoué (la famille, son salon de coiffure...). 

Une vie miteuse, avec ses compensations, en quelque sorte : maigres provendes. 

Un monde s'écroule doucement avec soi quand on vieillit, et on perd dans la danse avec le « système » ses forces, ses appas, ses défroques, ses guenilles même (comme ces grandes lépiotes « déguenillées » qui semblent sortir d'un asile de loqueteux). 

On perd – tu perds – le rictus ou la moue qui nous définissait - qui te définit encore, et un masque mortuaire vient lentement remplacer nos mimiques grimaçantes en se plaçant, tel un papillon posé sur notre nez qui ouvrirait ses ailes jusqu'à recouvrir nos oreilles, il tend à laisser à ses contempteurs une impression de faux, de bonheur truqué, de relâchement factice, qu'aucune grimace cependant ne viendra plus jamais troubler. 

Et je pense, insensiblement, insidieusement, demain peut-être, la mort s'installe, elle que je hais instinctivement, elle que j'oublie aussi tant que je peux, elle que je courtise, mais en pensées inconscientes seulement, quand le reste avec son goût sucré me fait désirer le pur cacao, amer, de ses avances.

C'est une injustice à ne pas commettre, vraiment, faire taire la figure tutélaire du père, avant que le doigt de Dieu ou du Diable ne se soit, subrepticement, posé sur sa bouche. 

Je pense, mais qui pourra le confirmer, que le temps vide les yeux et l'âme de leur substance éternelle, et en fait des portraits en creux, en filigrane au moins, sur notre face décomposée, ridée, déconfite. 

Comme désemparée.

Nous sommes des étangs vides avant même notre fermeture définitive. 

Des arbres debout mais déjà morts. 

Des linguistes distingués qui finissent aphasiques. 

Dans la trouble morbidité et la rigidité cadavérique.

[Il me semble maintenant que ma vie m'intéresse, ses bruits, ses odeurs, sa marmaille de loupiotes et de faux-semblants d'accordéons, son carrousel incertain et foutraque, ses tripatouillages de primates, son sens caché, qui est de goûter à chaque moment comme à un vin à la fois inconnu et habituel. C'est la vie je crois, une force qui se perd et perdure, qui lamine et construit, qui bouge et reste immobile dans le décours d'un même instant.] 

S'étioler, une force de rides et de gravides. 

Car la vie s'en va comme un puzzle se défait, pièce à pièce ou par pans limités, quand on a la chance plus si rare aujourd’hui de vieillir dans de bonnes conditions, dans nos pays privilégiés.




dimanche 13 août 2017

Ah l'écriture...




Revenu sur le métier à tisser, le texte étant étymologiquement un tissu, je fais et défais des phrases entières, des baisers au lépreux, aux murs lépreux des prisons intérieures, parfois aussi ces baisers-là sont pris pour celui de Judas.

Car il y a trahison des mots et de leur signification, dans le va-et-vient subtil entre le texte et la raison.

Les mots charrient non seulement les inévitables connotations qui leur plombent souvent l'aile, mais aussi tout un amas d'affinités électives avec des assonances, des consonances, des à-peu-près comme-ça-se-prononce, des échos, des résonances, des rebonds sémantiques ou verbaux, des coq-à-l'âne, des renvois en bas de page ou en bas de casse, des ronds dans Montaigne, comme Pascal en faisait parfois.

La scoliose ou la lordose de la pensée se traduisent par des vertèbres de sens déplacées, des accommodements régionaux ou particuliers, des sources bouchées voire détournées...


L'arbre à pensées hallucinées... © 2015 MMM
En fait les mots eux-mêmes déplacent notre pensée, la contraignent, l'empêchent souventefois de s'exprimer réellement.

La langue dicte et l'oreille écoute. 

C'est-à-dire obéit.

D'où la facilité avec laquelle des stéréotypes s'inscrivent dans le langage, et dire cela, malheureusement c'est déjà du stéréotype...

On est donc dans une mise en abyme qui s'époumone à résonner dans le labyrinthe créé par les deux miroirs qui se font face et se mettent de ce fait en abyme : la pensée et la langue.



vendredi 11 août 2017

Le voyage sans retour





Les vaisseaux chargés de poétiques souvenirs
Qui trépassaient la ligne de l'horizon des lyres 
Tremblotant de désirs dans les fanaux du soir
Comme habillés de temps et drapés de déboires

Entrelacés dans l'âtre où la bûche brûlait
Encore ensanglantés, et suçant l'eau blessée
Enfin délivrés du pauvre et douloureux remords
Déboîtent en geignant du côté de la mort
          
            
            Du côté des épaves
            où morsure la rouille
            Étangs où fend l'étrave
            de leur morne pattemouille

Vaisseaux d'une longue et triple circulaire
Qui piègent l'éternité dans le bruit de leurs mâts
Et tranchent des sillons avec l'arme du glas
Au fond de nos pupilles leur chemin dégénère

            Tel un vortex qui s'obstrue
            Dans la rue
            Dans les prés hauts
            Au bout de chaque croc
             
Retrouver mon Aimée
La faire encore grandir dans l'âpre et fou baiser
Détruisant l'amitié pour mieux la transmuer

Viatique de chaque jour
Le voyage, mon Amour...

30 novembre 2006 - 11 août 2017

The vessels laden with poetic memories 

That crossed the line of the horizon of lyres 

Trembling with desires of evening beacons 

As if dressed in time and draped in woes

Entwined in the hearth where the log burned 

Still bloodied, and sucking the wounded water 

Finally freed from the poor and painful remorse 

They creak towards the side of death

On the side of the wrecks 

Where rust bites 

Ponds where the prow splits 

Their dreary swab

Vessels of a long and triple circle 

That trap eternity in the noise of their masts 

And carve furrows with the weapon of the knell 

In the depths of our pupils, their path degenerates

Like a vortex that clogs 

In the street 

In the high meadows 

At the end of each hook

To find my Beloved 

To make her grow again in the harsh and mad kiss 

Destroying friendship to better transmute it

Viaticum of each day 

The journey, my Love...


Espagnol :

Los barcos cargados de recuerdos poéticos 

Que cruzaban la línea del horizonte de las liras 

Temblando de deseos en los faros de la tarde 

Como vestidos de tiempo y envueltos en desdichas

Entretejidos en el hogar donde ardía el tronco 

Aún ensangrentados, y chupando el agua herida 

Finalmente liberados del pobre y doloroso remordimiento 

Se desencajan hacia el lado de la muerte

Del lado de los naufragios 

Donde muerde el óxido 

Estanques donde la proa se parte 

Su triste trapo

Barcos de un largo y triple círculo 

Que atrapan la eternidad en el ruido de sus mástiles 

Y cortan surcos con el arma de la campana 

En el fondo de nuestras pupilas, su camino degenera

Como un vórtice que se obstruye 

En la calle 

En los altos prados 

Al final de cada gancho

Encontrar a mi Amada 

Hacerla crecer de nuevo en el beso áspero y loco 

Destruyendo la amistad para transmutarla mejor

Viático de cada día 

El viaje, mi Amor...


Portugais brésilien :

Os navios carregados de memórias poéticas 

Que cruzavam a linha do horizonte das liras 

Tremendo de desejos nos faróis da noite 

Como se vestidos de tempo e envoltos em desventuras

Entrelaçados na lareira onde o tronco queimava 

Ainda ensanguentados, e sugando a água ferida 

Finalmente libertos do pobre e doloroso remorso 

Eles rangem em direção ao lado da morte

Do lado dos destroços 

Onde a ferrugem morde 

Lagos onde a proa se parte 

Seu triste pano

Navios de um longo e triplo círculo 

Que prendem a eternidade no ruído de seus mastros 

E cortam sulcos com a arma do sino 

No fundo de nossas pupilas, seu caminho degenera

Como um vórtice que se obstrui 

Na rua 

Nos altos prados 

No final de cada gancho

Encontrar minha Amada 

Fazê-la crescer novamente no beijo áspero e louco 

Destruindo a amizade para melhor transmutá-la

Viático de cada dia... 

A viagem, meu Amor...

En farsi :

کشتی‌هایی که از خاطرات شاعرانه پر شده‌اند که از خط افق چنگ‌ها عبور می‌کردند در فانوس‌های شب از آرزوها لرزان مثل اینکه در زمان پوشیده شده و در بدبختی‌ها پیچیده شده‌اند

در شومینه‌ای که چوب می‌سوخت در هم تنیده شده‌اند هنوز خونین، و آب زخمی را می‌مکند سرانجام از پشیمانی فقیر و دردناک آزاد شدند به سمت مرگ ناله‌کنان می‌پیچند

در سمت لاشه‌ها جایی که زنگ می‌زند برکه‌هایی که دماغه‌شان شکافته می‌شود پارچه‌ی غمگین‌شان

کشتی‌هایی با یک دایره طولانی و سه‌گانه که ابدیت را در صدای دکل‌هایشان به دام می‌اندازند و با سلاح ناقوس شیارهایی می‌برند در عمق مردمک‌های ما، مسیرشان منحرف می‌شود

مثل یک گرداب که مسدود می‌شود در خیابان در مراتع بلند در انتهای هر قلاب

عزیزم را پیدا کن او را دوباره در بوسه‌ی خشن و دیوانه بزرگ کن دوستی را نابود کن تا بهتر آن را تبدیل کنی

زادراه هر روز سفر، عشق من...


jeudi 10 août 2017

La vérité si je meurs ...





L’originalité de la pensée, le biseautage de l’intellect, l’ornement post-rhétorique, tous les petits encarts de notre ami intime, semblant se faire appeler Désiré(s). 

Car nous avons tout le saint frusquin de nos plèvres, de notre sternum, de notre dure-mère, de nos méninges, entre autres tissus plus ou moins adipeux. 

Entassés dans les courbes de notre crâne, ou coincés ailleurs. 

Gagner de la place pour que perdre la vie soit une énigme insupportable. 

Évoluer vers la conscience de ce néant qu’est la mort. 

(...)

Car si loin que nous allions, c’est toujours au bout de nous-mêmes, et le vaillant caparaçon que nous nous sommes offert pour ce tournoi absurde est un carcan qui nous immobilise, une concrétion calcaire au bouge de notre déploiement silencieux. 

Bouge, bouge, bouge. 

Toujours le trirème de notre incompétence, et même de notre sauvagerie refoulée, régurgitée pourtant dans les mots. 

Notre inappétence à la sève même de la vie. 

(...)
Nous sommes les maîtres de ce que nous mangeons.

Point. 

Comme des arbres, nous nous recroquevillons dans notre enracinement, cachés comme l’aubier derrière l’écorce rugueuse et souvent habitée d'insectes ravageurs aux tarières térébrantes, ou de leurs larves. 

(...) Que de ramures épaisses et vraies dans le cyprès de nos remords. 

(...) Une sorte de codicille à mon insuffisance, à ma préférence de cachalot dans la Mare Nostrum de mes cent intérêts. 

Si et seulement si. 

Avec l’humour déteint le linge, et les couleurs criardes de la vérité s’amortissent ainsi. 

(...) Les comparaisons. 

Elles s’ameublissent en mottes de beurre sous un couvercle translucide. 

Méta amphores de mes impavides moiteurs, Nicéphore Niepce comme lors de la découverte tremblotante de la capture de la lumière. 

Comme reflet, certes, comme leçon, pas. 

Les mots sont là pour me piéger, avec leur évidence d’hermétiques. 

Ils ont une pâleur d’indigènes et un pastel de natifs.




dimanche 6 août 2017

Ô temps jadis




Ô temps jadis qu'on ne doit regretter
Si tu viens à tremper ton doigt sur mes tablettes
Je respire à nouveau comme la souple belette

Ô temps passé à regarder les ondes
Si tu reviens jamais dans les torves étés
Je t'attends derechef comme un bon condamné

Ô temps qui passe et qui métamorphose
Si tu t'arrêtes comme au-dessus d'une aire d'éperviers
A Maheux le sait-on dans les blés lourds des proses

Je veux bien te donner un coup d'épaule
Pourquoi m'en priverais-je
Moi qui t'aime à jamais
Et qui n'ose
Espérer

Pourquoi m'en priverais-je si je puis te toucher
L'instant d'après le plaisir éprouvé
Comme un ressac dans un "Que sais-je ?"

Qui traiterait de toi
Et jamais n'en finirait

Pour toute éternité

Un livre pulse
Comme un cœur allumé

Dans le fond de mon âme
Que tout à l'heure révulse

Dans le fond de mon être
Tout à ton Être
Aimé

Nîmes, le 6 août 2017
72ème anniversaire désolant de la désolation d'Hiroshima.



jeudi 3 août 2017

Une naissance bien mouvementée ?






Ah ! Vertu du décor mat et des ramures verdoyantes dans leur noirceur.

Simple rigolade ou douce fatalité...

Les mots viennent sans peine à qui a déjà beaucoup peiné pour les trouver, forts de leur maturité, dans les textes sacrés des religions syncrétiques. 

Car il y a une religion pour chaque auteur et un autour de la religiosité dans chaque grand texte. 

Je ne suis pas à l’aise dans cet aluminium froid où penche mon stylo. 

Il manque la dernière vertèbre à mon cerveau d’invertébré. 

Alors je me mets à picorer comme une sittelle, j’y vais de mon crayon, de ma faible plume, je martèle avec ce bec pour faire sortir la pulpe, le sens secret, le chas de l’aiguille trop fin pour la grossière filasse de ma pensée. 

Jamais cela ne tiendra en un livre, je crois.

Je serais ennuyeux, je serais plein de redites, autant de coups manqués au jeu de tricotage de mes pattes de mouche. 

Je serais imberbe comme le prophète rasé à moitié par ses adversaires, humilié pour défaut ou manque d’humilité. 

(...)

Notre petit rire égocentrique se love dans les qualités et la tolérance des autres, se pelotonne dans les lacis de nos enchevêtrements mutuels. 


Un coin de ciel gris pour oublier la canicule du Midi...
Nous hurlons de douleur mais en taiseux, toute la vie est anti-routine, l’habitude est fatale à notre liberté, semble crier notre cœur. 

Roses que nos silences dribblent et que nos doigts épétalent machinalement. 

Roses aux croix mystérieuses et simples, comme l’obsession des démons chez le paranoïaque. 

J’aime ce thé. 

Mais la force de nos prouesses, c’est la faiblesse de nos cœurs. 

C’est l’églantine qui donne naissance à la rose. C’est Mendel qui fait les OGM. 

Nous fleurissons nos tombes, à défaut de flétrir nos usages, et de friper nos visages nous mène à cette beauté subtile de notre plus grand malheur : qui n’est qu’une philosophie, celle d’apprendre à mourir. 

La mort en je, comme une image en je. 

(...) La mortelle intension tue le petit fretin de l’extension. 

C’est une ressource propre.

Un emploi à pourvoir.