jeudi 10 août 2017

La vérité si je meurs ...





L’originalité de la pensée, le biseautage de l’intellect, l’ornement post-rhétorique, tous les petits encarts de notre ami intime, semblant se faire appeler Désiré(s). 

Car nous avons tout le saint frusquin de nos plèvres, de notre sternum, de notre dure-mère, de nos méninges, entre autres tissus plus ou moins adipeux. 

Entassés dans les courbes de notre crâne, ou coincés ailleurs. 

Gagner de la place pour que perdre la vie soit une énigme insupportable. 

Évoluer vers la conscience de ce néant qu’est la mort. 

(...)

Car si loin que nous allions, c’est toujours au bout de nous-mêmes, et le vaillant caparaçon que nous nous sommes offert pour ce tournoi absurde est un carcan qui nous immobilise, une concrétion calcaire au bouge de notre déploiement silencieux. 

Bouge, bouge, bouge. 

Toujours le trirème de notre incompétence, et même de notre sauvagerie refoulée, régurgitée pourtant dans les mots. 

Notre inappétence à la sève même de la vie. 

(...)
Nous sommes les maîtres de ce que nous mangeons.

Point. 

Comme des arbres, nous nous recroquevillons dans notre enracinement, cachés comme l’aubier derrière l’écorce rugueuse et souvent habitée d'insectes ravageurs aux tarières térébrantes, ou de leurs larves. 

(...) Que de ramures épaisses et vraies dans le cyprès de nos remords. 

(...) Une sorte de codicille à mon insuffisance, à ma préférence de cachalot dans la Mare Nostrum de mes cent intérêts. 

Si et seulement si. 

Avec l’humour déteint le linge, et les couleurs criardes de la vérité s’amortissent ainsi. 

(...) Les comparaisons. 

Elles s’ameublissent en mottes de beurre sous un couvercle translucide. 

Méta amphores de mes impavides moiteurs, Nicéphore Niepce comme lors de la découverte tremblotante de la capture de la lumière. 

Comme reflet, certes, comme leçon, pas. 

Les mots sont là pour me piéger, avec leur évidence d’hermétiques. 

Ils ont une pâleur d’indigènes et un pastel de natifs.