Torturé au fond de toi-même, papa, tu l'as été, comme tenaillé par la faim et la soif de richesses, de confort matériel, de sécurité intérieure et extérieure.
Toujours mal assis sur la selle de ta mobylette, oeuvrant par tous les temps pour un gagne-pain difficile, difficultueux même, pour des clients rassis par l'âge, dans des communes éloignées de Saulieu, Liernais, Thoisy-la-Berchère, papa, tu essayais (vainement ?) de trouver une sortie, une issue à ta précarité fondamentale.
Issue que tu as trouvé en fin de vie, grâce à ta maigre retraite d'artisan et d'ancien combattant.
Brancardier de toi-même, hospitalisé à domicile en quelque sorte à la fin, papa, tu as été le baron de Münchhausen qui réussissait paraît-il à se soulever lui-même en se tirant par les cheveux, mais toi c'est grâce aux cheveux de tes clients fidèles que tu as réussi à vaincre la pesanteur de la pauvreté.
(à suivre)