jeudi 12 octobre 2017

Père, voilà pourquoi...





Mon p'tit papa, tu la voyais pas comme ça ta vie, tu la voyais pas comme ça.

Tu avais monté ton entreprise, à la fin des années 40 ou au début des années 50, le Crédit Philatélique de France et Colonies, C. Banque de France PARIS N° 048010889, C. C. Postaux Paris N° 546.261, immatriculée par le Ministère des Finances sous le n° 766.7510.90596, au Registre du Tribunal de Commerce de la Seine N° 359.091 B, Siège social : 9, Rue Fromentin, Paris, dans le neuvième arrondissement, tout près du Métro Pigalle, où je suis descendu plusieurs fois sans toutefois aller voir sur place où se trouvait ton magasin, maintenant un peu connu à travers ce blog...


Essayez de jouer les numéros de compte à la loterie... peut-être
aurez-vous un lot de consolation... © M. MM


C'était uniquement pour essayer de sortir de la misère, pour construire un mini-Empire aux portes de la Finance.

C'était uniquement pour nourrir ta famille, et tes espoirs de réussite, lesquels te faisaient vivre et te dépasser à bien des égards, toi, sans instruction, sans certificat d'études, sans connaissance approfondie du droit.

Tu faisais des contrats de souscription à 30 ans avec des placements à intérêt progressif, de 6.50 à 8.50 % par an, mais ça n'a pas plu, tu penses bien, à ces magnats de la Banque, à ces manitous de la Finance, à ces vauriens en col blanc, bardés de diplômes et de relations en tout genre (et comme le gaz à cette époque, à tous les étages...)^et tu t'es vu accusé de monter un système pyramidal, de placements où les nouveaux placements payaient les intérêts des anciens...

Tu voulais juste fuir la misère, tu n'étais pas instruit des rouages de la vie, tu venais de Treffendel, en Bretagne, tes parents vivaient dans une ferme au sol de terre battue, 

Tu n'avais pas la force physique de continuer l'exploitation de la ferme, tu voulais t'en sortir, tu voulais vivre... normalement, avec si possible une place dans la société des gens "normaux", des gens "bien"... des gens qui ont pignon sur rue.

Tu t'es retrouvé à l'ombre, tu as été emprisonné pour ton entreprise, ton avocat a été lâchement tué si l'on t'en croit, tu n'as plus eu que toi et ton faible bagage pour te défendre,  vaillamment tu t'es battu, tu as perdu contre les grands très argentés, tu as tout perdu... sauf ton courage de reconstruire : tes vignes, tes maisons, tes placements...


© M. MM
Mais quand tu es sorti de prison, tu as fini par TOUT rembourser aux gens qui t'avaient fait confiance, tu as TOUT réglé pour ne rien devoir à personne. 

Tu as gagné ta bataille - symboliquement parlant, tu t'es montré valeureux et fort, malgré tes faibles moyens, malgré tes limites et ta maladie.

Tu as compensé tes pertes, et la perte de ta santé, en faisant des enfants et en reprenant ton métier premier : coiffeur...

C'est toi qui m'as dit tout cela, mais peut-être as-tu caché des choses, je peux comprendre ça, peut-être as-tu déformé les faits, je peux accepter ça, parce que tu avais été profondément humilié dans cette affaire, tu avais été traité comme un chien, et pire même qu'un chien battu.

Je suis fier de ce que tu as fait, en cette affaire, et si après tu es devenu ce que tu es devenu, je te pardonne, de tout mon cœur, parce que tu étais, tu es pour moi un homme courageux, qui as élevé tes enfants en trimant comme un gueux.

Voilà ce que je voulais te dire aujourd'hui, mon père.