vendredi 27 octobre 2017

Petite mise au point





"La flamme nous force à imaginer"
G. Bachelard



Cela me rappelle irrésistiblement ces moments particuliers que j'ai passés avec maman, lorsque nous allions tous deux, moi très jeune, comme deux compléments d'objet, à la salle de réunions par le train, une fois tous les quinze jours.

Nous passions ensemble ces moments rares qui repeuplaient notre vide intérieur de l'étoffe moirée du but à conquérir, à atteindre, de la tension vectorielle vers le Créateur. 

Car il occupe (selon toute apparence) chez ma mère une place centrale depuis qu'elle étudie la Bible. 


Dieu, Personne bien vivante au creux de son oreille, selon ses dires, lui qui sauve et qui juge, drapé alors d'une froide et hautaine austérité ce me semble, au fond de la chapelle symbolique de sa vie. 

Plinthe de son intérieur, la croyance vient harmoniser le décor et accommoder les contraires. 

Rien ne semble plus monolithique chez elle que sa foi, indivise, entière, sans lui communiquer pour autant un zèle de fanatique. 

Elle est un peu comme Elsa Triolet, toutes choses étant égales par ailleurs, une « fanatique douce », pleine de l'assurance logique et objective que communique la foi quand elle s'assoit sur un fondement, sur des raisons valables, quand elle s'est bâtie sur un raisonnement, sur la/une connaissance. 

Elle aurait trouvé, à l'origine de sa conversion, ce que Pierre dans ses épîtres appelle « une foi ». 

© M. MM

Bancale parfois, mais assez robuste à ce qu'il semble car nourrie à une même et unique source.

C'est avec peine que je m'essaie dans cette tentative de portrait (j'avais écrit protrait : tout chez elle semble pour moi reposer sur un certain nombre de non-dits, à interpréter avec le temps qui passe). 

Même en l'ayant côtoyée suffisamment, j'ai encore du mal à débrouiller l'écheveau de sa personnalité complexe – pour moi tout du moins. 


J'ai du mal à la scruter réellement, car ce qui sous-tend tout cela m'est étranger et même étrange, parfois.

La vraie personne, la personne cachée du cœur, elle, jamais, ne me l'a réellement dévoilée.

Ainsi va la vie dans ce monde où tout nous échappe dans sa profondeur idéelle.