Il faut que chacun s'apprenne à échapper à la raideur des habitudes
d'esprit formées au contact des expériences familières.
Il faut que chacun détruise plus soigneusement encore
ses phobies, ses "philies", ses complaisances
pour les intuitions premières.
Gaston Bachelard, La Psychanalyse du feu, p. 18
- Plus que jamais, Monsieur mon meilleur pote !!
Rien de nouveau sous le soleil ??? Concernant les "codes" du système que tu as découverts ???
- Ben faut savoir une chose, une petite chose, c'est que quand les gens de l'honorable société essaient de te piéger, et que ça marche pas, parce que tu détectes leur trahison, tu sais comment ils le signalent à leurs collègues de ladite société ??
Non, mais je suppose que tu vas me le dire...
- Eh bien, ils reniflent légèrement, comme ça
(et il fait une respiration par le nez, en deux fois...)
Ah ! d'accord, et rien d'autre ???
- Eh ben, j'sais pas si t'as vu le film dans lequel on décrit une société imaginaire où on traque tous les gros, les obèses, les gens hors normes ?? Et où on les tue les uns après les autres ??
Oui, je l'ai vu une fois à la télé.
- Eh ben, figure-toi, dans notre société c'est un peu comme dans ce film, tu le croiras pas...
Noooon (je commençais à douter légèrement de sa santé mentale, mais j'étais de plus en plus curieux, en même temps, de savoir ce qu'il avait à me raconter...)
- Oui, les journaux imprimés, ils ont des codes pour décrire la personne qui "résiste" au système, qui veut pas marcher dans la ronde des sorcières si tu vois ce que je veux dire... c'est un peu le "gros" traqué dans le film... on les stigmatise par des codes qui mettent toute l'honorable société au courant de la situation, sans coup de fil -trop dangereux-, sans paroles -trop risqué-, avec les écoutes, les délations, les surveillances...
Alors là mon vieux tu m'épates, comment qu'tu sais ça ?? Tu débloques à fond je crois, dis-moi où t'as puisé tout ça...
- Je t'dirai ça une autre fois, mais sache que ''L'Equipe" par exemple, c'est du sport, si tu vois ce que je veux signifier...
Pfff !! T'as besoin d'un petit verre, toi, viens je te paie un calva.
- Oui, j'suis en manque, je crois, je commence à dézinguer tout ce qui m'énerve...
Vraiment besoin d'un traitement, pensais-je... Et je l'emmenai au bar du coin où il a commandé... une vodka.