vendredi 11 août 2017

Le voyage sans retour





Les vaisseaux chargés de poétiques souvenirs
Qui trépassaient la ligne de l'horizon des lyres 
Tremblotant de désirs dans les fanaux du soir
Comme habillés de temps et drapés de déboires

Entrelacés dans l'âtre où la bûche brûlait
Encore ensanglantés, et suçant l'eau blessée
Enfin délivrés du pauvre et douloureux remords
Déboîtent en geignant du côté de la mort
          
            
            Du côté des épaves
            où morsure la rouille
            Étangs où fend l'étrave
            de leur morne pattemouille

Vaisseaux d'une longue et triple circulaire
Qui piègent l'éternité dans le bruit de leurs mâts
Et tranchent des sillons avec l'arme du glas
Au fond de nos pupilles leur chemin dégénère

            Tel un vortex qui s'obstrue
            Dans la rue
            Dans les prés hauts
            Au bout de chaque croc
             
Retrouver mon Aimée
La faire encore grandir dans l'âpre et fou baiser
Détruisant l'amitié pour mieux la transmuer

Viatique de chaque jour
Le voyage, mon Amour...

30 novembre 2006 - 11 août 2017

The vessels laden with poetic memories 

That crossed the line of the horizon of lyres 

Trembling with desires of evening beacons 

As if dressed in time and draped in woes

Entwined in the hearth where the log burned 

Still bloodied, and sucking the wounded water 

Finally freed from the poor and painful remorse 

They creak towards the side of death

On the side of the wrecks 

Where rust bites 

Ponds where the prow splits 

Their dreary swab

Vessels of a long and triple circle 

That trap eternity in the noise of their masts 

And carve furrows with the weapon of the knell 

In the depths of our pupils, their path degenerates

Like a vortex that clogs 

In the street 

In the high meadows 

At the end of each hook

To find my Beloved 

To make her grow again in the harsh and mad kiss 

Destroying friendship to better transmute it

Viaticum of each day 

The journey, my Love...


Espagnol :

Los barcos cargados de recuerdos poéticos 

Que cruzaban la línea del horizonte de las liras 

Temblando de deseos en los faros de la tarde 

Como vestidos de tiempo y envueltos en desdichas

Entretejidos en el hogar donde ardía el tronco 

Aún ensangrentados, y chupando el agua herida 

Finalmente liberados del pobre y doloroso remordimiento 

Se desencajan hacia el lado de la muerte

Del lado de los naufragios 

Donde muerde el óxido 

Estanques donde la proa se parte 

Su triste trapo

Barcos de un largo y triple círculo 

Que atrapan la eternidad en el ruido de sus mástiles 

Y cortan surcos con el arma de la campana 

En el fondo de nuestras pupilas, su camino degenera

Como un vórtice que se obstruye 

En la calle 

En los altos prados 

Al final de cada gancho

Encontrar a mi Amada 

Hacerla crecer de nuevo en el beso áspero y loco 

Destruyendo la amistad para transmutarla mejor

Viático de cada día 

El viaje, mi Amor...


Portugais brésilien :

Os navios carregados de memórias poéticas 

Que cruzavam a linha do horizonte das liras 

Tremendo de desejos nos faróis da noite 

Como se vestidos de tempo e envoltos em desventuras

Entrelaçados na lareira onde o tronco queimava 

Ainda ensanguentados, e sugando a água ferida 

Finalmente libertos do pobre e doloroso remorso 

Eles rangem em direção ao lado da morte

Do lado dos destroços 

Onde a ferrugem morde 

Lagos onde a proa se parte 

Seu triste pano

Navios de um longo e triplo círculo 

Que prendem a eternidade no ruído de seus mastros 

E cortam sulcos com a arma do sino 

No fundo de nossas pupilas, seu caminho degenera

Como um vórtice que se obstrui 

Na rua 

Nos altos prados 

No final de cada gancho

Encontrar minha Amada 

Fazê-la crescer novamente no beijo áspero e louco 

Destruindo a amizade para melhor transmutá-la

Viático de cada dia... 

A viagem, meu Amor...

En farsi :

کشتی‌هایی که از خاطرات شاعرانه پر شده‌اند که از خط افق چنگ‌ها عبور می‌کردند در فانوس‌های شب از آرزوها لرزان مثل اینکه در زمان پوشیده شده و در بدبختی‌ها پیچیده شده‌اند

در شومینه‌ای که چوب می‌سوخت در هم تنیده شده‌اند هنوز خونین، و آب زخمی را می‌مکند سرانجام از پشیمانی فقیر و دردناک آزاد شدند به سمت مرگ ناله‌کنان می‌پیچند

در سمت لاشه‌ها جایی که زنگ می‌زند برکه‌هایی که دماغه‌شان شکافته می‌شود پارچه‌ی غمگین‌شان

کشتی‌هایی با یک دایره طولانی و سه‌گانه که ابدیت را در صدای دکل‌هایشان به دام می‌اندازند و با سلاح ناقوس شیارهایی می‌برند در عمق مردمک‌های ما، مسیرشان منحرف می‌شود

مثل یک گرداب که مسدود می‌شود در خیابان در مراتع بلند در انتهای هر قلاب

عزیزم را پیدا کن او را دوباره در بوسه‌ی خشن و دیوانه بزرگ کن دوستی را نابود کن تا بهتر آن را تبدیل کنی

زادراه هر روز سفر، عشق من...


jeudi 10 août 2017

La vérité si je meurs ...





L’originalité de la pensée, le biseautage de l’intellect, l’ornement post-rhétorique, tous les petits encarts de notre ami intime, semblant se faire appeler Désiré(s). 

Car nous avons tout le saint frusquin de nos plèvres, de notre sternum, de notre dure-mère, de nos méninges, entre autres tissus plus ou moins adipeux. 

Entassés dans les courbes de notre crâne, ou coincés ailleurs. 

Gagner de la place pour que perdre la vie soit une énigme insupportable. 

Évoluer vers la conscience de ce néant qu’est la mort. 

(...)

Car si loin que nous allions, c’est toujours au bout de nous-mêmes, et le vaillant caparaçon que nous nous sommes offert pour ce tournoi absurde est un carcan qui nous immobilise, une concrétion calcaire au bouge de notre déploiement silencieux. 

Bouge, bouge, bouge. 

Toujours le trirème de notre incompétence, et même de notre sauvagerie refoulée, régurgitée pourtant dans les mots. 

Notre inappétence à la sève même de la vie. 

(...)
Nous sommes les maîtres de ce que nous mangeons.

Point. 

Comme des arbres, nous nous recroquevillons dans notre enracinement, cachés comme l’aubier derrière l’écorce rugueuse et souvent habitée d'insectes ravageurs aux tarières térébrantes, ou de leurs larves. 

(...) Que de ramures épaisses et vraies dans le cyprès de nos remords. 

(...) Une sorte de codicille à mon insuffisance, à ma préférence de cachalot dans la Mare Nostrum de mes cent intérêts. 

Si et seulement si. 

Avec l’humour déteint le linge, et les couleurs criardes de la vérité s’amortissent ainsi. 

(...) Les comparaisons. 

Elles s’ameublissent en mottes de beurre sous un couvercle translucide. 

Méta amphores de mes impavides moiteurs, Nicéphore Niepce comme lors de la découverte tremblotante de la capture de la lumière. 

Comme reflet, certes, comme leçon, pas. 

Les mots sont là pour me piéger, avec leur évidence d’hermétiques. 

Ils ont une pâleur d’indigènes et un pastel de natifs.




dimanche 6 août 2017

Ô temps jadis




Ô temps jadis qu'on ne doit regretter
Si tu viens à tremper ton doigt sur mes tablettes
Je respire à nouveau comme la souple belette

Ô temps passé à regarder les ondes
Si tu reviens jamais dans les torves étés
Je t'attends derechef comme un bon condamné

Ô temps qui passe et qui métamorphose
Si tu t'arrêtes comme au-dessus d'une aire d'éperviers
A Maheux le sait-on dans les blés lourds des proses

Je veux bien te donner un coup d'épaule
Pourquoi m'en priverais-je
Moi qui t'aime à jamais
Et qui n'ose
Espérer

Pourquoi m'en priverais-je si je puis te toucher
L'instant d'après le plaisir éprouvé
Comme un ressac dans un "Que sais-je ?"

Qui traiterait de toi
Et jamais n'en finirait

Pour toute éternité

Un livre pulse
Comme un cœur allumé

Dans le fond de mon âme
Que tout à l'heure révulse

Dans le fond de mon être
Tout à ton Être
Aimé

Nîmes, le 6 août 2017
72ème anniversaire désolant de la désolation d'Hiroshima.



jeudi 3 août 2017

Une naissance bien mouvementée ?






Ah ! Vertu du décor mat et des ramures verdoyantes dans leur noirceur.

Simple rigolade ou douce fatalité...

Les mots viennent sans peine à qui a déjà beaucoup peiné pour les trouver, forts de leur maturité, dans les textes sacrés des religions syncrétiques. 

Car il y a une religion pour chaque auteur et un autour de la religiosité dans chaque grand texte. 

Je ne suis pas à l’aise dans cet aluminium froid où penche mon stylo. 

Il manque la dernière vertèbre à mon cerveau d’invertébré. 

Alors je me mets à picorer comme une sittelle, j’y vais de mon crayon, de ma faible plume, je martèle avec ce bec pour faire sortir la pulpe, le sens secret, le chas de l’aiguille trop fin pour la grossière filasse de ma pensée. 

Jamais cela ne tiendra en un livre, je crois.

Je serais ennuyeux, je serais plein de redites, autant de coups manqués au jeu de tricotage de mes pattes de mouche. 

Je serais imberbe comme le prophète rasé à moitié par ses adversaires, humilié pour défaut ou manque d’humilité. 

(...)

Notre petit rire égocentrique se love dans les qualités et la tolérance des autres, se pelotonne dans les lacis de nos enchevêtrements mutuels. 


Un coin de ciel gris pour oublier la canicule du Midi...
Nous hurlons de douleur mais en taiseux, toute la vie est anti-routine, l’habitude est fatale à notre liberté, semble crier notre cœur. 

Roses que nos silences dribblent et que nos doigts épétalent machinalement. 

Roses aux croix mystérieuses et simples, comme l’obsession des démons chez le paranoïaque. 

J’aime ce thé. 

Mais la force de nos prouesses, c’est la faiblesse de nos cœurs. 

C’est l’églantine qui donne naissance à la rose. C’est Mendel qui fait les OGM. 

Nous fleurissons nos tombes, à défaut de flétrir nos usages, et de friper nos visages nous mène à cette beauté subtile de notre plus grand malheur : qui n’est qu’une philosophie, celle d’apprendre à mourir. 

La mort en je, comme une image en je. 

(...) La mortelle intension tue le petit fretin de l’extension. 

C’est une ressource propre.

Un emploi à pourvoir.





dimanche 30 juillet 2017

Un personnage





"Je m'appelle Albert, le merle maudit
Je m'appelle Albert Pompourrie"
Dick Annegarn, le Merle maudit

"Je m'appelle Albert, j'habite là,
derrière dans la vallée de Munster..."
"Albert de la vallée de Munster"
http://www.boiteachansons.net/Partitions/Patrick-Breitel/Albert-de-la-vallee-de-e mMunster.php#4FHG4j4Z7AeoChu0.99





Je trouve un personnage, sorti tout armé de ma tête, une antithèse de moi, un qui aime l’ordre et la discipline, un militariste convaincu, ancien scout débrouillard et joker, espèce de rigolard bon vivant, bien dans ses baskets et droit dans ses bottes (et dans son box d'accusé), avec ce zeste de Machiavel dans ses relations avec les femmes, comme avec sa femme. 

Un authentique (futur) arriviste, genre Bel-Ami, mais en plus in, sans un scrupule pour l’opportunité, sans timidité aucune dans ses relations amoureuses, la timidité en amour lui semblant la première des implosions de la personnalité, lui qui est bien plein de lui-même, mentalement fort comme un bœuf. 

Sorte d’anti-zombie vrillé de certitude et rempli d’un décorum virant à l’arrogance et à la cuistrerie ou plutôt à la j’ose-toujours, dès la première fois. 

Ce qui veut dire peut-être que je suis une sorte de zombie, n'en déplaise aux bigotes, un mort-vivant dans la pénombre de ma chambre.

Je pense qui que ce soit en fait, qui ne soit pas moi, qui retourne à ses premières amours comme un fantassin au combat, l’infanterie étant son école d’adoption, puisque dans sa verve juvénile il répond bien au jeune de 18-20 ans qu’on forme au métier des armes. 

Si moi, je dirais : le service national n’est plus là, vive l’absent ; mais lui réclamerait un ordre, une façon de peigner la tignasse de la société, vue comme populace et non plus comme peuple et regarderait avec cette ombre du regret qu’on a envers les morts quand nos actes envers les feux n’ont pas été pleinement assumés, c’est-à-dire qu’on ne s’est pas conduits humainement et avec l’apposition du sceau de la confiance, et des scellés de la conscience tranquille.

Le temps passe et ne fait que renforcer en lui ses convictions et lui donner satisfecit, alors qu’en moi les ravages de Chronos sont fils d’insu, l’inconscience de mes limites affleurant à marée basse comme des écueils qui m’ont toujours fait brûler mes vaisseaux endommagés. 



jeudi 27 juillet 2017

Supplique pour un bijou égaré sans son écrin





Stoppe la haine
mon vieux parrain
si tu veux pas que j'te dise
les vérités qui gênent
et qui sont prises
aux doubles feintes
des yeux acier
de nos étreintes

arrête tes crimes mon assassin,
tu fais s'étendre la bêtise
qui barde le mauvais mesclun
tu sais celui mélangé de traîtrise
et qui t'va plus très bien

mais alors plus du tout bien

car dans tes veines
coule encor' mon vieux
le sang mêlé du boutefeu
et les poncifs de la haine
pour les arrosoirs de Pétain
ils sont marqués au fer rouge
du faux ami le mot "destin"

ah ! la misère de ton bouge...

vas-y dis stop !
à tes potes 
qui vendent la came
en bas d'l'escalier à pétrin
essaie de t'ranger dans la gamme
sinon ça craint y a les copains
qu'ont la pétoire au bout d'la main
et le tromblon à fausses notes
dans le sous-sol de leur chagrin

stop aux affreux qui bandent leur arc
pour une pincée de fric - ou d'crack 
stop aux bouchers de la cité
oublie un peu les faux amis
qui font les poches aux p'tites mamies
pour un peu d'blé

essaie de r'garder ton chemin
ça te changera des têtes brûlées
qui te menacent les abattis
alors que nous on tend les mains :
non, pas d'embrouille
on t'prendra pas ça c'est certain
pour une citrouille

on comptera toujours sur toi
et on l'criera pas sur les toits

signe là mon vieux parchemin
ta vie s'ra plus une peau d'chafouin


ça c'est sincère l'ami
et c'est plus fort que tout l'tintouin 
qui t'emmène comme un assourdi 
jusqu'à la lisière de demain.


Nîmes le 27 juillet 2017


mercredi 26 juillet 2017

Erub... Cherub... Mérou... Pérou... Féru... Fétu... Étude... Mansuétude... ou de la diversité infinie des sentiments humains...




« Le réel, c'est quand on se cogne. » Lacan



Donc je n’ai pas envie d’écrire. 

Faute de croire en toi, Bret, faute de croire en moi. 

Un hiver nous habite qui semble bien installé, et recouvre les aspérités fécondes de nos sentiments d’une épaisse couche de neige, d’un velouté qui nous isole, d’une volonté sublime et consensuelle de taire les événements rugueux de nos vies passées.

C’est pas qu’on n’aime pas, mais comme dit la chanson, la vie sépare, la vie éloigne, la vie enivre, la vie entame le gâteau du partage, et elle se taille une part de félin. 

Une sorte de pesanteur, une perte d’appétit et d’intérêt, une soif autre aussi s’immisce doucettement - gentiment diraient les Suisses romands - au fond de nous et nous fait repousser sans geste de dédain et sans dégoût la part qu’on aurait dû aimer dans notre relation, réciproquement idem, et donc : pas de réponse à une supplique restée imprononcée, peut-être parce qu'impronçable. 


B.A. du film avec Romy Schneider
On campe sur des positions devenues un confort de compromis, voire de compromission, une espèce de procréation qui proroge et étaie notre profession de foi bancale et sans apport. 

Que dis-je, nous sommes grandis et rapetissés à la fois, grandis par cette distance et par l’effet loupe qu’elle induit, et en même temps amoindris par la promiscuité et l’exiguïté de nos sentiments, rabougris et élancés nous sommes dans l'entre-deux de la vérité du sentiment et du mensonge de la parole, car la parole ne peut tout dire, ne peut épuiser notre réel, ne peut signifier ni même singer convenablement et suffisamment la richesse infinie des affects et de leurs vecteurs sentimentaux.

Car je crois que nous n'avons pas que des sentiments euphoriques/dysphoriques, selon la distinction classique, mais des millions, des milliards de sentiments tous différents, comme des teintes et des nuances extrêmement variées, selon le moment, la personne que nous rencontrons, l'histoire de cette relation et l'anamnèse de notre histoire personnelle.

Comme le nez peut percevoir des trillions de trillions d'odeurs divergentes selon les recherches les plus récentes, de même nous possédons en nous des milliasses de milliasses de sentiments divers, variés, composés, patchworks, manteaux d'Arlequin, compositions florales de la vie intérieure... que sais-je encore ? 



vendredi 21 juillet 2017

La vie a bien un sens, mais est-il interdit ?




Les anciens avaient raison, qui frelataient le temps. 

Moi je suis Gros-Jean comme devant, mon plumard se défait, mon matelas (de billets doux) est éventré et son trésor se libère et se délivre dans d’autres cimetières. 

Dans le néant ?

La vie, me dit-on, n’a pas de sens. 

Lui en donner un, voilà ce que toutes les générations passées se sont ingéniées à faire. 

Nous sommes les vautours du printemps, et nous œuvrons au grand repas du soir, celui du désespoir ; dans le noir de nos yeux de jais il y a le coutelas à dépecer le semblable de nos vœux pieux, qui sont le reflet émouvant ou truqué du cœur, le sentiment.

Dans l’arbre de notre moteur, des supports amovibles et ténébreux dont la géométrie varie, comme éléphantesques par moments, et abracadabrantesques à d’autres instants. 

Il est interdit de photographier le cadavre de notre présent. 

Notre bourse est aphone, nos rentiers sont pauvres, et c’est en grinçant des gonds que notre porte nous libère de cette demeure.

Navigation hauturière, lasso spéculatif sans l’ombre d’une redoute. 

(J’attends ma prochaine livraison). 


Aux USA jardin en chœur... © MMM
Comme sittelle et poule mouillée, je me défais de mes arraisonnements inutiles, de mes scrofules superfétatoires, de mes vacantes écoutilles. 

Comme enfant terrible des années 2000, je dribble le prytanée de mes déconvenues, le blanc-seing de mes héritiers perdus.

Au cœur de mon ponton, je plante une livre de beurre doux, avec l’espoir fataliste d’arriver à faire glisser l’empereur ou son dauphin.

Sinon, rien de bien nouveau sous le soleil.

Malheureusement.



mercredi 19 juillet 2017

Le log de mes années passées





Le carnet de route, le log de mes vertes années est rarement indemne de la tuberculose du pauvre, et me semble parfois jonché de défaites, déconfitures, bévues et mécomptes.

Les pages striées de ce cahier où je note mes sautes d'humeur semblent là pour en témoigner, comme le vide se met à tourner et à emmener avec lui le reste des non-choses, des non-êtres évanescents, des fadaises frétillantes et des fredaines trop faciles.


Le vide, la nature l'adorerait-elle en se courbant devant lui - on parle de la courbure de l'espace-temps- , serait-il majesté ténébreuse qui aspire toute chose pour l'engloutir à tout jamais, ou le régurgiter à une adresse inconnue ?

Je ne le crois pas, mais...

Nous sommes poussière, nous brassons du vent et nous nous perdons en conjectures sans nombre, sans but, sans chemin. (...)

Peut-être que notre intimité nous mange de l'intérieur, nous empêche de voir le bas-ventre de la vie.

Celui qui grouille de monde, qui vibre de ces ondes porteuses capables de faire crouler les murs de Berlin, toutes les places fortes du monde, tous les périphériques et toutes les Capitales de la douleur.

Nous manifestons l'appartenance à des réseaux, quand notre firmament se laisse effilocher par la lumière de nos feux de croisement.

(...)

Nous sinuons, nos méandres se multiplient avant l'arrivée en eaux salées, c'est un peu ça l'épitomé de ce que nous apporte la médecine moderne.

Work in progress que notre vie, éternelle quête d'un absolu qui ne serait surtout pas le vide et encore moins le vide absolu.

Pas de nirvana symbolique pour nous autres les piétons d'un univers incommensurable, inimaginable, et nous nous consolons en attendant le monde de demain, qui vient à petits pas, doucement, ou parfois dans un boucan indescriptible, ou en fanfare, comme un défilé militaire...




samedi 15 juillet 2017

Je renonce




Unique portrait du baron Münchhausen en tenue de cuirassier (v. 1752).
Le fin fond de la brousse est aussi comme le fin fond de l'âme, ou de l'inconscient si vous voulez, un embrouillamini conséquent et structuré en lianes, en troncs, en branches, en feuilles, en ramures donc, en radicelles aussi, en mycéliums, en arborescences invisibles et touffues, en fractales entremêlées, en labyrinthes sans sorties, sans sens non plus.

Aussi ai-je trouvé en moi cet étrange palais, cet Angkor de firmaments et de tombes, une sorte de temple abandonné, livré à la forêt noiraude de la vie, et de son éternelle jeunesse. 

Je reste médusé, en proie à un trouble, une sorte de malaise de civilisation enfouie, de restes pourtant si bien conservés, de vide incroyable et fécond, peuplé d'êtres et d'aîtres comme autant de réponses à mon interrogation, et dans cette multiplicité même il y avait le sentiment d'être subjugué, envahi par contumace, comme énervé au sens littéral et donc de découvrir un monde interne complexe, fabuleux, verbeux, foutraque. 

Je renonce.

Je renonce, il est tremblement et terre neuve, il est scansion et immobilité, il est à la fois tout et son contraire, l'être que je suis, celui qui est au fond de moi. 

Je suis fasciné et repoussé à la fois, habillé et nu, comme ridé et déridé, abrité sous un arbre sans tronc ni branches. 

Il est nonce paroxystique et pustule insignifiant, un orme de joie sans autre essence que d'ombres, une osmose sans constituant, une onde sur l'onde, une particule élémentaire et un style sans mots, sans langage, sans rime ni raison. 

Un style vide.


Le violon abandonné. © MMM
On me véhicule et je suis le véhicule, on me porte et je me porte comme tiré par mes propres cheveux vers un mal-être de bellâtre, vers un état intermédiaire, une sorte de stupeur muette et un tintamarre de paroles sans significations, de visages aux bouches béantes et déformées comme par un cri primal, comme le visage du Cri d'Edvard Münch (Münch et le baron de Münchhausen, correspondance à établir...).




mercredi 12 juillet 2017

Trahison, espèce de crème à la cortisone...




Si je devais recommencer ma vie, je n'y voudrais rien changer ;
seulement j'ouvrirais un peu plus grand les yeux.
Jules Renard


Le printemps de tes yeux
avec une pointe d'iroquoise
et cette squaw brumeuse
qui tremble comme un saule dans la brise
M. M.


Je croyais naïvement en moi, c'était comme un chrême sur ma tête.

Comme un rire. 

Comme une sorte de tour de magie verticale. 

Un aimant qui collait, qui collerait à ma peau. 

Alors je puisais dans mon âme une sorte de miellat, une substance nourrissante et d'une facticité sans apprêt, sans faux-semblant, sans une once de trahison.


Trahison, espèce de crème à la cortisone qui dessécherait la peau.

Mais maintenant je crois en toi, qui vins à ma rencontre, comme disait le poète, dans les mornes apprêts de tant de vilenies.

Alors je revis, comme né de tes mains pures, comme plongé dans ton cœur, comme armé de tes yeux bleus turquoise...

Comme armé de ton rire, à jamais établi.


dimanche 9 juillet 2017

Envie d'écrire ?






"Love sought is good, but given unsought is better"

Shakespeare, Twelfth Night, Acte III, Scène 1.


Je n’ai pas envie d’écrire. 

Mon être résiste, ne veut plus se plier à la douce inspiration qui ressemble à cette femme que j’aime et qui m’aime et qui n’est jamais tout à fait la même. Ni tout à fait une autre (car je n'aime pas ce que j'écris). 

Est-elle autre ou le clivage se joue-t-il sur un rien, un néant, « cette écume, vierge vers » ? 

Je n’ai plus envie de piqueter la roche avec mon piolet pour tenter de monter un peu plus haut, vers la cime, dans un effort qui, aidé par les instruments de sa réalisation, ne serait pas tant surhumain - mais pourtant ! - il n’est consenti que par une faible proportion de la population. 

Quatre pour cent seulement écrivent régulièrement...

(...)  Car écrire sans être lu, voilà une espèce de gymnastique en solitaire et en salle, une série d’exercices sans solution. 

On oublie les gestes et les procédures. 


Dans le flou d’une photo de brouillard dans la montagne, dans les brouillons bouillonnants de la vie… la montagne, quelle ironie du sort, ne répond plus à mes cris que par un écho mauve et faible, une sorte de vague parnassien ouaté, ou une espèce de rythme à la Ray Charles, dans la chanson Georgia on my mind par exemple, car le frère est peut-être ou plutôt sûrement un être fantastique qu’on a perdu jeune, comme Ray, et qui ne répond plus avec nous d’aucunes manières. 

Mais qui nous correspond pourtant étonnamment. 
(...)

Mais le lointain peut devenir une barrière infranchissable quand le temps s’ajoute à la distance. 

Il y a un mur de Planck au fond de chacun de nous, sans doute. 

Nous aurions pu être autres, mais nous eût-il été loisible de le devenir ?

Alors nous sommes ce que nous sommes, dans l'humilité et l'humidité de nos pleurs retenus ou lâchés, de nos cœurs épanouis ou chiffonnés, dans nos âtres où se sont consumés tant de baisers qu'on n'aura pas osé donner...

Ou qui ne nous ont jamais été pris.





mercredi 5 juillet 2017

C'est une mère...





C'est une mère en Eden
une amie en pensée
une alliée dans mon cœur


C'est un arbre planté
un regard belle ébène
un œil en forêt


C'est une aube enchantée
Tantôt assassinée
dans les camps du malheur


C'est un être esseulé
qui finit en graveur
du verbe Résister


Par un simple petit mot
Un regard
Un sourire...

Par le retour d'aimer

© MM, 05.07.2017




dimanche 2 juillet 2017

BRISE MARINE de Mallarmé



(...)














D’être parmi l’écume inconnue et les cieux !
Rien, ni les vieux jardins reflétés par les yeux
Ne retiendra ce cœur qui dans la mer se trempe
Ô nuits ! ni la clarté déserte de ma lampe
Sur le vide papier que la blancheur défend
Et ni la jeune femme allaitant son enfant.

Je partirai ! Steamer balançant ta mâture,
Lève l’ancre pour une exotique nature !
(...)
Stéphane MALLARME, 1893



mercredi 28 juin 2017

La mort comme compagne indésirable






Le souci, une fleur de « gestorique » dans les couloirs de la fierté mal placée. 

Le voilà qui revient, comme un leitmotiv aux parures échevelées, dans nos lieux de vie, qui sont aussi le lieu de notre mort quotidienne. 


Pourquoi la mort, essentiellement irreprésentable pour nous autres encore survivants -mais pour combien de temps-, revient-elle nous hanter comme un rapace au paradis artificiel de notre vie ? 


Nous voulons vivre à tout prix, mais quel scandale nous fait chuter irrémédiablement dans le néant ? 


Quelles inflorescences vénéneuses, quels abois de chasse à courre, quels retraits stratégiquement inexplicables ou (encore) inexpliqués viennent nous enluminer de ténèbres ? 


Nous voguons à la surface du monde, comme menés par un démon de la bougeotte, nous promenons des poteaux indicateurs avec nous dans ces pérégrinations insensées, nous manœuvrons équivoques dans le grand cabas de notre civilisation, essayant obstinément, contre les lois de la nature, contre vents et marées, de nous hisser jusqu'au haut du panier. 


Briller, un instant, à la surface visible des choses, comme un reflet plus ou moins incertain sur le ventre d'une série de casseroles en cuivre poli. 


Vanité des vanités.


Exhalaison des exhalaisons.








samedi 24 juin 2017

Clin d'oeil





Clin d’œil
Clin d'Or
Clin d'art

Clin-deuil
Clin : Dors !
Clin dard 

Klein seuil
Klein dore
Klein phare...

Grain d'or
Grain d'ail
Grain Nord

Grain d'arme
Grain d'orme
Grain d'l'armes


Nîmes, le 4 avril 2018-le 26 mai de la même année.




mercredi 21 juin 2017

Petite mise au point ?






J'ai écrit comme si Dieu n'existait pas, je pense, tout en tenant compte de sa présence au monde, ce qui est paradoxal en quelque sorte. 

Il s'y trouve sans doute des erreurs, des à-peu-près, des a priori, des contre-vérités donc, ce qui échappe à l'homme quand il est aux abois. 

Je ne laisse pas de rechercher l'ombre fugitive sur le mur que la photo ne rend pas comme il faut, ni dans sa densité ni dans sa teneur d'ombre, de trouver l'endroit où reposent les pensées en attente de résurrections, de reviviscences, d'apothéoses (osons le mot). 

Il me semble que non, décidément, rien ne vaut, après tout, la liberté du ton, le précisé et l'impromptu, pour exorciser l'absurde apparent de la vie dans ce monde dément.



lundi 12 juin 2017

L'alambic du désespoir






Il semble que l’homme soit le jouet de tous les traquenards, le pantin de toute mauvaise farce, l’épée d’un Alexandre ne venant qu’une ou deux fois par décennie voire par siècle trancher le nœud gordien de nos malheurs. C’est la médecine (mise à part la technologie militaire) qui a le plus progressé en un siècle, on arrive même à ressusciter les morts ! Depuis que j’ai vu le feuilleton des valses médicinales je suis éberlué de tout ce que l’homme a accompli, les prodiges (misérables en fait, au regard de l’absolu aboli du regard) que sa santé lui permet, ce que le rationnel apporte au biologique, dans la transe finale d’un système où l’inflation des dépenses le dispute à celle des malades. Nous sommes imbibés de savoir, et gorgés de problèmes… notre vie rapetisse à mesure que le chagrin disparaît et que la couverture du livre se renfrogne… jamais heureux au fond de la bouteille à travers laquelle nous contemplons le monde. C’est terrible disais-je de voir l’homme se remuer frénétiquement comme un ver sorti de son milieu (tous les hommes sont des vers, mais moi je suis un ver luisant, disait Churchill…) en proie à des hallucinations.
Les protagonistes de mon histoire ne se pressent pas d’arriver, ils lambinent dans les couloirs, et le portillon automatique va se refermer, et le dernier métro arriver, puis repartir en geignant comme il était venu, et…


Musée du Cinéma, Lyon - décor du film
Le Parfum, d'après le roman de Patrick Süskind
("Das Parfum - die Geschichte eines Mörders") sauf erreur
de ma part © MM



mercredi 7 juin 2017

Ton corps...







Ton corps est aussi ineffable qu'amour pur
Transmet un message au goût bleu de l'azur
et me donne le tremblis de celui qui recule
empli d'admiration au redouté Hercule

Tes seins sont des fanions au bateau de mes rêves
J'ai dans tes mains trouvé les signes de la vie
et si demain tu pars je reviens à mes brèves
dans les lignes quotidiennes des beaux surplis

© MM
Je pense à toi sans cesse je te vois dans les rues
Je te vois dans le ciel, jusqu'à travers les nues
et si tu me rejoins je rayonne comme un astre
ô toi ma galaxie tu me tiens et m'embrasses

Je t'aime plus de raison de nous tenir au loin
Je t'aime et je sais que tu partages ma main
dans le vide sidéral des yeux mornes et gris
de ces chiens sculpturaux mais qui sont mal assis

alors que tout autour de nous invite à l'Amour
nous entraîne à la joie et au partage du jour
il est temps qu'on entrouvre les cadenas et les chaînes...

Dommage que le grand vent s'est tourné vers la Nuit
Il reste le souvenir intense et ébloui
de tes mains dans les miennes 
et nos regards aussi

4-8 juin 2017

dimanche 4 juin 2017

Des enfants aux cheveux gris*



Coloscopie pour ceux qui parlent de travers (méthode que n'aurait pas reniée Victor Pauchet) : 
peut-être que du tréfonds de leur être sourd une maladie mesquine (comme la plupart des maladies, qui prospèrent et profitent sur notre désespoir) maladie mesquine qui déforme leurs vues sur la langue la plus belle (non chargée comme dit ma mère). 

C'est-à-dire pour chacun, pour le professeur empesé dans sa redingote intérieure et pour l'enfant-oiseau – le garçon – ou la fille-fleur, pour l'armurier et le mousquetaire, pour l'arroseur et l'arrosé, pour le bateau et l'hydravion, le canadair et la forêt. 

Tout parle, tout remue, tout vit. 

Même la plus immobile des heures, la planète vide et lointaine, l'objet mort et enterré, la couleur terne des années perdues à te chercher en vain. 

Mon âme et moi pensions la même chose alors (comme dit la chanson), un fétu de pensée nous attelait au monde, un seul et unique trait, mais flammèche, mais étendard au manche piqueté de vers. 

Je restais alangui sous de vrais platanes verts, dans les recoins du mépris d'une société obsédée par la vie et le vieillissement, par le mouvement, et par l'or qui est bien terne dans la ville. 

Je me durcissais lentement comme un noyau dans le fruit, comme une cosse de silence qui retient ses doux grains, ses haricots blottis en son sein diaphane et soyeux. 

Je crois que je parle de ministère sacré, d'une armure dérisoire ou d'un épieu planté, une cuirasse et son bouclier, sur un champ de bataille improvisé. 

Je suis dans un tournoi, à tenter de desceller l'absurde de mon rire. 

Et de discerner ce que veulent dire les yeux tremblants des enfants.

Ces grands enfants aux cheveux gris.



* Des enfants aux cheveux gris, recueil de nouvelles de G. CESBRON