dimanche 9 juillet 2017

Envie d'écrire ?






"Love sought is good, but given unsought is better"

Shakespeare, Twelfth Night, Acte III, Scène 1.


Je n’ai pas envie d’écrire. 

Mon être résiste, ne veut plus se plier à la douce inspiration qui ressemble à cette femme que j’aime et qui m’aime et qui n’est jamais tout à fait la même. Ni tout à fait une autre (car je n'aime pas ce que j'écris). 

Est-elle autre ou le clivage se joue-t-il sur un rien, un néant, « cette écume, vierge vers » ? 

Je n’ai plus envie de piqueter la roche avec mon piolet pour tenter de monter un peu plus haut, vers la cime, dans un effort qui, aidé par les instruments de sa réalisation, ne serait pas tant surhumain - mais pourtant ! - il n’est consenti que par une faible proportion de la population. 

Quatre pour cent seulement écrivent régulièrement...

(...)  Car écrire sans être lu, voilà une espèce de gymnastique en solitaire et en salle, une série d’exercices sans solution. 

On oublie les gestes et les procédures. 


Dans le flou d’une photo de brouillard dans la montagne, dans les brouillons bouillonnants de la vie… la montagne, quelle ironie du sort, ne répond plus à mes cris que par un écho mauve et faible, une sorte de vague parnassien ouaté, ou une espèce de rythme à la Ray Charles, dans la chanson Georgia on my mind par exemple, car le frère est peut-être ou plutôt sûrement un être fantastique qu’on a perdu jeune, comme Ray, et qui ne répond plus avec nous d’aucunes manières. 

Mais qui nous correspond pourtant étonnamment. 
(...)

Mais le lointain peut devenir une barrière infranchissable quand le temps s’ajoute à la distance. 

Il y a un mur de Planck au fond de chacun de nous, sans doute. 

Nous aurions pu être autres, mais nous eût-il été loisible de le devenir ?

Alors nous sommes ce que nous sommes, dans l'humilité et l'humidité de nos pleurs retenus ou lâchés, de nos cœurs épanouis ou chiffonnés, dans nos âtres où se sont consumés tant de baisers qu'on n'aura pas osé donner...

Ou qui ne nous ont jamais été pris.