samedi 15 juillet 2017

Je renonce




Unique portrait du baron Münchhausen en tenue de cuirassier (v. 1752).
Le fin fond de la brousse est aussi comme le fin fond de l'âme, ou de l'inconscient si vous voulez, un embrouillamini conséquent et structuré en lianes, en troncs, en branches, en feuilles, en ramures donc, en radicelles aussi, en mycéliums, en arborescences invisibles et touffues, en fractales entremêlées, en labyrinthes sans sorties, sans sens non plus.

Aussi ai-je trouvé en moi cet étrange palais, cet Angkor de firmaments et de tombes, une sorte de temple abandonné, livré à la forêt noiraude de la vie, et de son éternelle jeunesse. 

Je reste médusé, en proie à un trouble, une sorte de malaise de civilisation enfouie, de restes pourtant si bien conservés, de vide incroyable et fécond, peuplé d'êtres et d'aîtres comme autant de réponses à mon interrogation, et dans cette multiplicité même il y avait le sentiment d'être subjugué, envahi par contumace, comme énervé au sens littéral et donc de découvrir un monde interne complexe, fabuleux, verbeux, foutraque. 

Je renonce.

Je renonce, il est tremblement et terre neuve, il est scansion et immobilité, il est à la fois tout et son contraire, l'être que je suis, celui qui est au fond de moi. 

Je suis fasciné et repoussé à la fois, habillé et nu, comme ridé et déridé, abrité sous un arbre sans tronc ni branches. 

Il est nonce paroxystique et pustule insignifiant, un orme de joie sans autre essence que d'ombres, une osmose sans constituant, une onde sur l'onde, une particule élémentaire et un style sans mots, sans langage, sans rime ni raison. 

Un style vide.


Le violon abandonné. © MMM
On me véhicule et je suis le véhicule, on me porte et je me porte comme tiré par mes propres cheveux vers un mal-être de bellâtre, vers un état intermédiaire, une sorte de stupeur muette et un tintamarre de paroles sans significations, de visages aux bouches béantes et déformées comme par un cri primal, comme le visage du Cri d'Edvard Münch (Münch et le baron de Münchhausen, correspondance à établir...).