Coloscopie pour ceux qui parlent de travers (méthode que n'aurait pas reniée Victor Pauchet) :
peut-être que du tréfonds de leur être sourd une maladie mesquine (comme la plupart des maladies, qui prospèrent et profitent sur notre désespoir) maladie mesquine qui déforme leurs vues sur la langue la plus belle (non chargée comme dit ma mère).
C'est-à-dire pour chacun, pour le professeur empesé dans sa redingote intérieure et pour l'enfant-oiseau – le garçon – ou la fille-fleur, pour l'armurier et le mousquetaire, pour l'arroseur et l'arrosé, pour le bateau et l'hydravion, le canadair et la forêt.
Tout parle, tout remue, tout vit.
Même la plus immobile des heures, la planète vide et lointaine, l'objet mort et enterré, la couleur terne des années perdues à te chercher en vain.
Mon âme et moi pensions la même chose alors (comme dit la chanson), un fétu de pensée nous attelait au monde, un seul et unique trait, mais flammèche, mais étendard au manche piqueté de vers.
Je restais alangui sous de vrais platanes verts, dans les recoins du mépris d'une société obsédée par la vie et le vieillissement, par le mouvement, et par l'or qui est bien terne dans la ville.
Je me durcissais lentement comme un noyau dans le fruit, comme une cosse de silence qui retient ses doux grains, ses haricots blottis en son sein diaphane et soyeux.
Je crois que je parle de ministère sacré, d'une armure dérisoire ou d'un épieu planté, une cuirasse et son bouclier, sur un champ de bataille improvisé.
Je suis dans un tournoi, à tenter de desceller l'absurde de mon rire.
Et de discerner ce que veulent dire les yeux tremblants des enfants.
Ces grands enfants aux cheveux gris.
* Des enfants aux cheveux gris, recueil de nouvelles de G. CESBRON