lundi 8 mai 2017

Bienfaits et méfaits des instants tannés



"Paras, Lud and Put were the warriors in your army... They made you radiant... Beth-Togarmah traded horses...for your wares... Dedan was your agent for saddle blankets...they put dust on their heads...in despair they weep for you...all the company that is with you
 - they all sank into the sea's depth on the day of your demise."
- Ezekiel 27 - Common English Bible


Ah ! les querelles intestines... qui resurgissent dans mon usine...

Je tousse quand il glousse, je m’assois, vanné, quand il plastronne et qu’il frime, je me ruine à lui expliquer la démarche à suivre alors qu’il produit, lui, de son superflu, matière à rire et à aimer. 

Ah ! Ver infâme que je suis, vis-à-vis de ce géant de supermarché bifide, de ce prévaricateur de bonbons de tous genres et de tout acabit. 

© MM 2017 (ou avant)
Aztec ! Asticot ! Vermine ! Cloporte, espèce de crustacé inutile et non constructible ! Que fais-je face à ce mastodonte bien dentelé, face à ce tableau dans son époque ! Face à ce féru de pénibilité !

Moi à contretemps, contre-vie, contre-mordant, lui à pleines dents,  et moi, moi, moi, emporté à la pièce, ce fascicule périmé d’une énième mise à jour de Jurisclasseur obsolète ! 

Contraste des contrastes, victoire à la godille, élections à la gomme ! 

Moi, simple troufion matriculé dans la troupe innombrée des maux et des démos, moi qui m’entends à vouloir travestir ma non-vie par des étalages de bienséant poil à gratter, que fais-je sur cette terre salée de galères !!??

Si j’avais su écrire l’histoire d’un autre, si j’avais pu me mutualiser !

Mais le regard inquiet et l’âme bien calleuse, prise dans sa gangue et impossible à dénouer, je n'ai plus l’Art de l’arbre au tronc élancé, aux branches nombreuses, l'arbre qui vibre à tous les vents, d’où qu’il viennent, l'arbre qui se livre dans sa superstructure aux regards étonnés, et pour ses racines térébrantes, aux champignons symbiotiques et aux terreurs métamorphiques du magma figé et de la terre tassée.

J’aurais pu me transmuer, devenir autre, ne serait-ce qu’un instant, et te ressembler, héros aphone, incolore et transperce-cœur, dans tes méandres et tes reculs comme dans tes volontés souveraines et ton audace à perdre haleine. 

Le monde se restructure en toi, tu es une divinité topique, s’il s’annihile en moi, sans doute de manière locale, mais pour moi c’est tout le même, tout ça ressemble à un faux poème, façon de parler, c’est d’un pareil… à me déplaire définitif.

Brave déchéance de l'haruspice. 

D'Abram à Abraham, le h de l'inspiration ?? et d'augure à haruspice, la grande Hache de l'Histoire ???

De l'Histoire à méditer ??? Ou un herbier sans attrait ???







vendredi 5 mai 2017

"Mit brennender Sorge..."*



* en allemand : Avec une brûlante inquiétude. Encyclique du pape Pie XI, publiée le 10 mars 1937, distribuée en cachette en Allemagne. Elle a été rédigée exceptionnellement en allemand au lieu du latin habituel. Elle portait la date du 14 mars.


Tout le décorum, tous les ornements, toutes les rivières de faux diamants, de zirconium et même les paillettes contrefaites de la religion nouvelle semblent demeurer au-dessus de nous comme le nuage glorieux au-dessus du Tabernacle dans le désert hurlant. 

(...)

Tout est languide. 

Une sorte de soupe diluante nous empoisonne, qui désagrège peu à peu les inlandsis attiédis par le réchauffement climatique mondial, et des blocs se détachent, entraînés par une lente et suave débâcle, dans un fracas de silence apocalyptique. 

(...)

Ce n'est pas une décadence auschwitzienne, (...) c'est une déliquescence lente en une érosion subreptice et tranquille. 

Un porte-à-faux solidement planté qui ploierait cependant peu à peu sous le fardeau de la bêtise agrégée. 

(...)

Un danger sournois, pernicieux, celui de la fosse et du délitage. 

Un danger de la vie qui démange l'être et le néant.

Un danger d'aucun instant en particulier, et donc de tous les instants emboîtés dans une sorte de déférence et un protocole comme fixés à jamais. 

L'instant corrobore l'instant précédent, le temps s'engendre lui-même comme un grand démolisseur, une camarde insidieuse et omniprésente. 

(...)

C'est ainsi que les Allemands appellent die Unruhe le balancier d'une horloge, aussi bien que le trouble ; ou le Besorgnis, l'inquiétude, le souci, l'appréhension. 

© Exposition temporaire de masques
à Lausanne (Switzerlaand)
(...)

Mélange ou complémentation, là encore ne sauraient se mêler - de ce qui ne les « regarde » pas - les subtiles associations de sentiments délicats ou brutaux, et d'idées qui accroissent l'homme de toutes leurs complexités parfois superfétatoires, mais souvent essentielles, véridiques, porteuses d'espoirs. 

Nous sommes nous et un peu plus, nous livrons à nous-mêmes les échanges qui nous font fructifier dans la nature et la culture (nature and nurture, l'essence et la praxis). 

Intellectualisme à la petite semaine...




jeudi 4 mai 2017

Du Beau comme un point de vue





André Breton
« Le 'beau comme' de Lautréamont continue le manifeste même de la beauté convulsive » (L'Amour fou)


Le beau a longtemps procédé chez moi de l'étrange et de l'inquiétant. 

De l'inquiétante étrangeté du Verbe, du Logos en quelque sorte. 

Il y a toujours un peu de malaise dans le beau, un petit point d'interrogation qui 'poignarde', pour le dire ainsi, le simple pittoresque. 

Et qui rend sensible le vrai, oui, une vérité pas bonne à cacher point dans la virevolte et les escapades du texte ou du tableau.

Savoir manier le verbe comme un lanceur de couteaux qui ne veut blesser personne, et surtout pas sa compagne : ce n'est ni chose aisée ni chose donnée à tout un chacun. 

Tirer à un cheveu près c'est sûrement atteindre les sommets de l'art byzantin. 

L’Icône est une œuvre quasi posthume. 

Le roman lui aussi participe d'une intemporalité qui lui donne un statut d’Icône, un regard de prière et un miroir pupillaire. 



mardi 2 mai 2017

Les papillons et le scolopendre.





Il est nécessaire de croire, sinon on s’entasserait vite dans les wagons plombés par l’ennui de la fausse joie des quotidiennetés.

A moins qu'on ne soit déporté sur la gauche par un fort tirant d'eau...

Que faire, que vais-je faire pour ne pas devenir le perdant ou le titulaire du délire ambiant ? 

Tu seras écrivain, dit la voix à Balzac. 

Moi, rien ne me parle, même pas le ventre fécondé de mes désirs. 

A moins que.

Je suis seulement plaqué or, car le silence… 

Car je ne suis pas (encore ?) le métal noble massif, un rien m’égratignait il y a peu encore.

Un métal en transmutation alchimique ?

Il reste cette apparence de brillance qui passe à l’usage. 

Mon entrain s’use, je ne fais pas fureur, sinon l’espace de temps d’un long feu. 

Quoique je pense, que je fasse, je reste un sou élimé au fond d’une poche reprisée. 

Pas même la valeur d'une drache perdue : rien qu’un semblant, une valence.

Ou alors une valeur linguistique, par opposition de phonèmes intérieurs...

Toute une grammaire interne de scolopendre ??

A moins que je ne sois le pape des escargots, comme disait l'écrivain régionaliste bourguignon Henri Vincenot...








jeudi 27 avril 2017

Pérennité de la trace mnésique dans l'histoire collective





Ce "mémorial" aura été marquant pour moi car j’ai assisté à la session anglaise. 

SL a une vision apolitique du monde, une approche idiosyncrasique basée sur les réalités économiques (plutôt macro) et techniques (à mi-chemin entre le macro et le micro). 

C’est sans bavure, sans parure, sans ordure. 

Mais le discours aura été un non-événement, exécrable en matière d’accent à couper au marteau. 

Des anglais peu intéressés l’auraient  sans doute exécré, rejeté, vomi en quelque sorte. 

Il écorchait les oreilles, cet orateur anonyme, par ailleurs plein de bonne volonté et manifestement aussi de bonne composition. N’est-ce pas ce qui compte par-dessus tout ? C'est du moins ce que tout le monde francophone croit.

Moi, je crois en l’amour. 

C’est une politique du moindre pire, ou du moins pire, comme on voudra. 

Découvrir au détour d’une personnalité une certaine complexité, un imprévu, une originalité peu banale (comme un oiseau dont la parure est diversifiée du mâle à la femelle, peu reconnaissables l’un à l’autre, je veux dire qu’on n’associerait pas spontanément en position de découvreur de l’espèce, dans un monde nouveau hypothétique), c’est peut-être déceler un amour naissant, une prise solide à l’ascension des cœurs.

[[C’est comme si je laissais mon inconscient dérouler son discours, en continuant par des pirouettes linguistiques les erreurs de frappe que je commets régulièrement, en recopiant cet extrait de mon journal.]] 

Je crois au peu de crédibilité a priori de l’ « éprise » amoureuse. 

Il ne faut pas considérer les amours comme nécessaires, mais plutôt comme contingentes, sans toutefois donner dans la relation du Castor avec Jean-Sol Partre. 

Il faut pourtant un jour se déterminer, sceller un pacte, s'engager.

C'est la condition d'une judicature pérenne.


© MM - Viaduc de Millau





mardi 25 avril 2017


"Ma vie est un roman qui m'intéresse beaucoup"
H. Berlioz



La vie est une romance qui intéresse beaucoup

Mais ma vie n'est pas encore un roman qui m'intéresse vraiment.

Cependant mettre de l'ordre dans son histoire est toujours utile à quelque chose, si ce n'est à quelqu'un(e). 

Terminer un ouvrage, pour en recommencer un autre peu après, c'est poser deux parpaings l'un sur l'autre, avec un peu de ciment stylistique, en espérant que cela tienne l'épreuve du temps. 

On pourrait dire que la vie est une maison, mais elle n'est certes pas une machine à habiter, comme certains architectes conçoivent leurs innovations créatrices. 

Elle se compose de dédales intimes, où nous nous perdons nous-mêmes, et correspond à certaines descriptions du Nouveau Roman, qu'on ne peut pas réellement reconstruire logiquement. 

La vie est exactement l'oubli, et la demeure même de l'oubli. 

Elle est habitée par des fulgurances d'êtres, des éclairs de voix, des débris de lumière, des échafauds rouillés et inutiles, des pots de chambre nuptiale, des oripeaux glorieux, des sirènes hurlées et muettes, des chansons (le mot qu'il ne fallait pas convoquer car il convoque à son tour un ordre) à boire, des verres à pied ou en voiture, des chapeaux haut-de-forme, des têtes à claque, des parnasses se reposant sur d'humbles paillassons, des rires et des ballades d'infantes défuntes, des lallations en partance, des timbres de Poste restante, des malles-poste venant d'une vie antérieure ou fantasmée, des résistants aux occupants squatteurs de notre liberté, des stupeurs bleues et des peurs noires, des oiseaux lugubres dans des greniers mal aérés (mais par où passent-ils pour entrer), des senteurs sublimes ou intimes, des portes qui grincent et des gonds mal huilés, des pênes grincheux et des clenches qui se plaignent, des souricières vides et des fromages entiers, des entames d'été et de sournois hivers, des livres reliés cuir et des ronds de sorcières (les serviettes en skaï sont apparues plus tard), des moments d'inattention et des rêves d'antan, des serpillières usées et des somnifères effervescents, des draps épais et empesés et des lanières de martinets (on ne peut pas toujours empêcher ces oiseaux noirs de chercher un trou où se fourrer), des tempêtes de Shakespeare et de vraies pluies d'automne, des 25 décembre neigeux et des couettes à couper, des parfums de vieux salons de coiffure et des brises légères, des octopodes médicamentés et des baleines salées, des acrobates tombés dans les filets de truites, des atomiseurs d'odeurs de champignons fricassés et des champignons à peu près atomiques ou « moabites », des coupures de journaux et des durillons d'oreilles, des houspilles en règle et des notes sans papiers, des instants d'éternité et des langueurs d'après-midi, des auspices agréables et un hospice pour les vieux cacochymes, un souffle de présence et des cacahuètes aussi salées que la note d'électricité d'un grand hôtel étoilé, des bars enfumés et du hareng au bon fumet, une cour d'école et de récré et un préau bétonné, des bakchichs mérités pour des mendiants assermentés, des mélopées déchirantes et des bobos recousus main, des calumets de la paix et des glaives enflammés, des paradis d'artificiers et des artilleurs défroqués, des escarboucles -oh ! Le vilain mot- cadenassées dans des coffrets à bijoux, des dés lancés et des pirouettes inachevées, des traversins hantés de rêves et des pantoufles toutes mitées, des orteils en éventail et des vins éventés, des noix dé-cernées qui deviennent de petits bateaux sachant voguer, des téléphones muraux et des mûres en salade, des plats bien concoctés dans un faitout en alu argenté, des « vox populi vox Dei » et des oukases d'Upanishads, des taloches méritées et des coïts interrompus, des franchement pas formidables et des presque parfaits, bref une espèce de mesclun (ou de mescla), un salmigondis d'idées fortes et un ramassis de documents sonores de toute sorte, des fossiles au fond d'une grotte, des déchets dans les poubelles de nos oreilles, dans nos orifices nasaux et autres, dans le vortex de notre nombril devenu corne d'abondance et lieu où tout a commencé à foirer, et où tout, nécessairement, certainement, absolument, doit un jour se terminer...

Quoique, aurait dit mon ami Devos...

C'est tout pour aujourd'hui !




vendredi 21 avril 2017





Elle est une pierre semi-précieuse, et brille peut-être mieux que le diamant par sa robe émeraude de jaspe à taches rouges plutôt bien parsemées dans sa gangue.

Le vert d’ailleurs lui sied comme d’accoutumée. 

Je l’imagine volontiers votant pour les verts, ou pour l’extrême gauche (sur certains projets précis), ce qui va bien avec son caractère visiblement bon, indulgent, humainement compréhensif et donc d’humaniste éclairée.

Mais de la modération comme attaque de la vie. 

Quoi de plus vrai que cette prise de position en faveur du droit et de la Justice, ce qui est justiciable de l’opinion, fût-elle commune, fût-elle vulgaire au sens noble du terme. 

Il ne FAUT jamais avec elle, on ne DOIT pas, il y a toujours le cœur et ses déraisons valables, le raccourci du sentiment dans la dentelle de l’âme délicate, ce poteau de supplice dans la grandeur du temps, le débat intérieur teinté de pondération positive, de bricolage sublime pour la plus humble des magnanimités.

Mais il est temps d’aller manger.


Manger ou manquer : une activité compensatrice qui requinque le moi quasi fémoral, osseux, à la moelle si tendre, aux répons si durs. 

Oublier en mangeant qu’on n’est pas faits pour vivre. 

Vivre sans mourir, sans fin. 

Manger c’est manger sa propre mort en fait, un début d’enterrement et de dernier repas, avec le déguisement ubuesque des nouvelles nourritures dans l’assiette : on en oublierait presque que c’est du vivant qu’on absorbe, du vivant mort (par notre faute) et que nous aussi nous garnirons les gamelles : cercueils capitonnés pour d’autres que nous, des nécrophages comme nous, des insectes (nuisibles comme nous), des phagocytaires d’environnements en décomposition, sûre et lente, comme notre vie a été lente et rapide à la fois, et que nous restituons à la nature le vrai sens du moi.




jeudi 20 avril 2017





Nous sommes les portes de nos demeures, nous sommes les loquets et les pênes de nos serrures, nous tournons sur nos gonds avant de nous immobiliser face aux autres, fermés ou bien béants aux suggestions générées par la situation ou par ses participants, ratifiés ou non ratifiés, présents ou même absents.



Nous sommes reclus en nous-mêmes, voyageurs immobiles derrière nos fenêtres changeantes, ouvriers de la Nuit à l'écoute de chauves-souris dont nous semblons capter les ultrasons.



Escalators de nos abris, escaladeurs de l'alibi, nous tournoyons dans notre casemate, en proie à la maladie mauvaise du maton dans sa prison, ou en haut de sa guérite protubérante.




mardi 18 avril 2017

La guerre, vous dis-je, la guerre*





Encenser le monde de rodomontades imprévisibles
violer le cercle éviscéré de nos volontés communes

soulever le voile de l'ignorance consentie à coups de subventions
donner le change aux trafiquants d'influences noethériennes

garder le roi dans sa tour d'ébène et de mahogany
suppléer l'absence de volonté épigone dans le sarcloir de nos porte-immigrés

saler le poilu dans la tranchée éponyme et mal ficelée de l'in-différence
© MM - Atomium de Bruxelles, 2017
le soldat inconnu a peut-être finalement plus à dire que toutes nos revues

il a pénétré l'épais manteau de nos soubassements idéaux-logiques
il a prêté son âme au jeu croissant de nos échanges de mauvais procédés

dans la souvenance stéréotypée des ombres du destin
une margelle autour d'un puits sans fond

où il est plongé, chutant de mors en mort par la fente de la Terre
lorsque soudoient les caporaux et scintillent les ineffables pectoraux

le tabac reste comme un cadeau devenu inutile,
glaisé de morve et anti-salon de la Grand'Morgue


la guerre, vous dis-je, la guerre*


1er octobre 2005

* Exemple du Cours de Linguistique Générale de Ferdinand de Saussure, tendant à montrer que chaque occurrence d'un mot, selon le contexte et l'intonation qu'on y ajoute, a une portée sémantique légèrement voire radicalement différente.

dimanche 16 avril 2017

Le temps






Je n'ai pas écrit aujourd'hui mais j'ai pourtant la sensation persistante d'avoir passé une bonne journée. Ce qui me donne ce sentiment gratifiant, c'est peut-être le repas de ce midi et la discussion avec Marc le Bibliothécaire recruté par concours interne.

J'ai une chance sur cinquante peut-être d'être sélectionné pour ce travail, mais je n'ai pas non plus, comme Marcel Proust en son temps, l'esprit rigoureux, systématique et classificateur nécessaire (et suffisant?) pour ce genre de boulot.

L'apparition de nouveaux livres tonitruants sur le plan de la fanfare intellectuelle ne devrait pas passer inaperçue, au moins pour les bons gestionnaires, capables de détecter la richesse particulière de la grande nouveauté.

© MM - Musée du Cinéma, Lyon
Il me faut rester zen dans mes choix, sans parti pris ni équivoque. 

Équivoque car l'équinoxe doit être atteint sans coup férir, et donner un panorama assez exhaustif de l'état des connaissances actuelles dans le monde intellectuel en perpétuelle et versatile ébullition.

Gérer la température de la casserole pour ne pas se laisser déborder par l'afflux constant des nouvelles connaissances. Nouvelles d'ailleurs ou mises à jour ? Travesties en nouveautés ou indiscernables dans leurs origines obscures et en partie masquées ?

Là encore, le discernement est de mise qui ne saurait s'acquérir du jour au lendemain.

Avoir une belle approche, féconde, forte, équilibrée, non entachée de vrais défauts ni entamée par des failles ou des lacunes, une espèce de cybernétique de la connaissance et un feedback permanent des grandes théories en jeu dans le domaine prescrit par les « conservateurs ».

Initier autrui, c'est aussi s'enseigner soi-même. J'ai parfois l'impression d'un verbiage aventureux et pas assez plantureux encore pour dépasser les prolégomènes, les remarques liminaires et la table des matières.

Trouve un sens nouveau à des tâches de ballots, même si c'est dur quand on est une sorte de balourd dans ce genre d'activité.

(…)

Il est temps de penser à partir. Jeter un dernier regard à mes journées passées ici et les résumer en un mot : plénitude trompeuse, halètement intellectuel semblable au halètement du chien qui vient de courir le guilledou et de boire à grandes lapées...

Infarctus ?





samedi 15 avril 2017

Rondo Florentin... ou philistin...




"Si la Terre était vraiment aussi ronde qu'on le prétend,
les ivrognes seraient peut-être moins ronds qu'ils semblent l'être
quand ils le sont comme une boule." 
Pierre Dac, Les Pensées, 1972



Comment dire la honte de ce système couronné de bêtise

la paranoïa sanguinaire d'une partie de la terre

le lent endormissement des consciences tandis que le monde sombre


et tous les avenants à ce mouvement de scansion par lequel le vent, beuglant

tel un bœuf décorné tire l'arche de l'été comme pour nous la ramener

dans le vif et ardent devenir du néant... 

(aux costumes du passé je joins le permanent)




mardi 11 avril 2017

Le 18 juillet de l'an 15





Dans les retours sur soie
et les allers simplistes
un enfant de la loi
faisait ses exercices

Exerce-toi beauté
travaille en ton emploi
comme un service à thé
dans les palais des rois

Trime, trime
et esquinte ta voix
prime, surprime, déprime
dans les palais des rois

Au grenier l'éphémère
a des prix à baisser
dans le bois de ta mère
moi mon store est cassé

Je dis n'importe quoi
et mon cœur est bordé
de frimousses éthérées
mon cœur tout de guingois 

Est comme désabusé
Tout comme dégingandé





dimanche 9 avril 2017

In vino veritas




Le vin qu’on tire des meilleurs cépages ne peut être que bon dit-on, mais si c’est un Bourgogne par exemple, il peut parfois être lourd, un peu empesé, pas forcément « bon » pour d’aucuns, au palais plus ou moins éduqué à des crûs moins "épais", moins charnus, moins charpentés. 

Affaire de goût seulement ? Pas forcément : des critères objectifs même si quelque peu inordinaires peuvent aussi présider la critique. 

Des critères de jeunes loups aux dents longues dans la tourmente politique. 

Travailler, travailler, travailler, ne peut soi-disant que mener à cette réflexion agencée selon un plan prédéterminé. 

Travailler, mais à partir des empêcheurs de tancer en rond, dans le dernier cercle infernal des circonvolutions médiatiques. 

Avec l’habitude viendrait la méthode, a priori

Mais chacun sécrète sa coquille, résistante, spiralée, efficace. 

On a son crâne dur sauf fontanelle tardivement formée. 

Mais que dire de la rencontre des grands esprits, portés comme il se doit, comme il le faut, comme il est inévitable, par la vague à surfer que le passé récent nous donne. 

Récent, s’entend. Pas d’interdit à cumuler la sagesse millénaire. 

La sagesse des coraux. Qui se défont comme fidèles sentinelles dès qu’une variation de température les oblitère. 

Donc respect et révérence pour les constructions intellectuelles du passé.

Quoi qu’on en dise par ailleurs. 

Car si la vie est longue pour nous, en moyenne, elle le fut aussi pour pas mal de penseurs attitrés du passé, même lointain. 

Ferrailler avec eux, précurseurs de la modernité, permet de mouiller le pinceau sec de leurs pensées, de le récupérer en quelque sorte, pour un usage plus vulgaire, plus commode à dégrossir la (les) tâche(s). 

Plus de vérité foncière. Plus de joie durable. Plus de victoires faciles. 

Un soubresaut de pacification préalable, d’arrangement précoce. 

Certes on roule sur des rails déjà-là, on n’innove que par suite. 

Certes on copie les plans et on les applique. 

On fait œuvre d’érudition si on va dans les longueurs quasi schubertiennes des auteurs classiques. 

On porte le fer et le heaume. 


Poissons pris au filet mauvais de la vie éphémère dans un monde piégeur...


Alourdis par l’armure, on est gêné aux entournures, on doit pallier la pesanteur par des efforts quelquefois surhumains, on titube au début, on s’écroule à la fin (si on n’a plus la force de terminer l’opus). 

Destinée festonnée de Sisyphe.

Mais on capitalise, on évite les critiques fondées, forts de ces certitudes (contestables) qui cuirassent notre thorax, protègent nos articulations. 

C’est une reproduction aurait dit Bourdieu. Quoique. (...) 

Nous sommes à la merci des idées reçues, étouffés par les œillères qui nous empêchent de brouter l’herbe tendre, nous contentant donc du bois pourri… que de bêtises à ne pas écrire, dans la prudence et l’incroyable de l'incrédulité. 

(...) Que de sottise m’habite encore, quel impénétrable fouillis végétal que ma friche tropicale à essarter méthodiquement...







jeudi 6 avril 2017

Le blues du Mafieux symbolique



Le poisson meurt à cause de la gueule ouverte (à méditer)
Remarque d'un gangster



De tous les printemps
Je n'ai pas connu
Les mornes changements


J'suis né dans la rue
D'Caracas les Bains
Et c'est ainsi fait


Que je suis parrain
Du crime dans l'abstrait

(Aie pitié de moi
Ô Dieu souverain
Si j'ai pas ta Loi
Comme utile écrin...)

Il me reste à vivre
Ces derniers moments
Dans la rue des livres

En déboulonnant
La statue du Temps

Et en étant ivre
Du Calice vivant...




mardi 4 avril 2017

Déclaration






Je signale à tous mes lecteurs qu'on s'est de nuevo introduit dans ma vie privée et mon appartement et que je suis victime depuis longtemps déjà d'atteintes à mes droits fondamentaux. Je ne sais même pas toujours comment j'ai survécu, mais jusqu'à présent je survis, ce qui n'est malheureusement pas le cas de tous ceux que ces mafieux malavisés et malpropres se sont octroyé le droit discrétionnaire de supprimer...

Je déclare publiquement qu'en aucun cas je ne me suiciderai quoi qu'il advienne et que mon combat consiste à défendre les droits fondamentaux des êtres humains et de l'environnement si menacé.

Veuillez en prendre bonne note.

M. MARCHAND

dimanche 2 avril 2017

L'orme de joie et le saule pleuré


"Mon adversaire n'est pas mon ennemi, mais un futur ami"
Auteur anonyme


Le squatteur intérieur est comme enfermé dans ses derniers retranchements. 

Il vit encore certes, mais il n’a pas le droit ni la chance de sortir, il se meurt peu à peu dans les couloirs sans fin du for intime. 

Nous nous évitons, autant que possible.

Pas de procès, pas de délit, pas de peine. 

Une sorte de halo nous indique vaguement que quelqu’un s’éclaire à la bougie dans notre moi, mais au fond on n’y prête pas attention, parce que le temps estompe la conscience de l’autre et nous oblige à demeurer assis quand le théâtre d’ombres se gîte au fond de nous-mêmes.

Ainsi en est-il pour mon frère, loin des yeux, loin des pleurs. 

On sait qu’on s’aime mais le sang reste figé au fond de nous. 

Le temps ne fait souvent qu’un seul tour, son tour de passe-passe, il nous pétrifie dans nos volontés respectives, nous livre à la vindicte du non-être, nous laissant hérissés de protubérances diverses, de pustules d'une esthétique douteuse pour la plupart. 

Certes, mais auxquelles on a fini par s’habituer et sans lesquelles on ne serait plus nous-mêmes.




jeudi 30 mars 2017






Point de décentrage en elle, sinon ce décentrage vers ses enfants, qu'elle rendait proprets avec des vêtements usagers, des achats d'économe avisée (en rapport avec le budget alloué à la « sainte » famille par le Pater Familias désargenté). 

Elle avait alors cette fierté humble qui parait son foyer à multiples reflets et tenait de la manière dont nous étions vêtus (habillés serait plus juste, si on confère à ce participe passé un sens plus neutre, moins en rapport avec les tendances – fâcheuses car imprévisibles – de la mode, car nous étions habillés mais non vêtus comme des roitelets, ni comme des petits princes, plutôt comme des valets et de simples serviteurs). 


© M. MM


Mère, tu parles avec ton cœur, tes mains, tes yeux, tu promènes sur chacun un regard positif, mais sévère, plein de cette tendre sollicitude qui s'inquiète à la fois du bien-être et du savoir-être de ses enfants.

Avec trois ficelles tu faisais un panier, tu rafistolais les choses pour les faire durer, et servir. 

Ainsi va ta vie, sur sa fin maintenant, selon les critères d'un monde en déshérence fondamentale avec les capacités maximales dont nous a dotés la vie.

Sur sa fin : en ce sens se collectent les choses, en ce mot un peu raide qui semble être le but ultime du film-épopée de la vie : The End. 

Un mot terrible par ce qu'il signifie en fait : on passe à autre chose, on tourne la page, la dernière du journal de l'amour, on rouvre une autre boutique, on termine puis on s'en va (chacun vers sa propre fin, vers son miroir aux alouettes, vers son apothéose de poussière, vers le dernier café-crème de l'ontose).

La vie dévide ainsi sa bobine comme on démêle l'écheveau intriqué d'un monde ancien, pour en refaire un nouveau juste après, nouvelle saga, nouveaux décors, les mêmes gestes pourtant, comme gravés dans le microsillon de tes rides, et transmis de façon subtile à travers le grand-livre des années passées, des années perdues, des années qu'on ne rattrape plus.

Des années laides de nos vies ratées.

Ou bien remplies. 

C'est selon.



dimanche 26 mars 2017

Comme un passant... qui reste...





Je pense et je divague. 

Ce n’est pas là renouveler le mot, le monde du mot. 

C’est piétiner allègrement les galeries et les bandes-son (assez plates souvent) de Sa Majesté des Louches. 

Mauvaise pioche. 

Je pense donc je me dé-truis, je perds le sens secret, anagogique, de mes années passées, aussi bien que le vocable familier et la phrase bien née. 

Tous les dimanches je devrais écrire, passer mon après-midi à écrire. 

Ce serait un peu de fleurs séchées autour de mon gilet de sauvetage. 

Que de paroles vraies restent cachées en soi, qui demandent l’humidité de l’encre pour s’épanouir, grandir, se multiplier.




mercredi 22 mars 2017

Aux rhéteurs du Palais




(Toute ressemblance avec des personnes existant ou ayant existé serait fortuite et involontaire.)




Un éléphant aux pattes très sensibles
faisait le tour des armées indicibles

Il a rencontré un rhino-dendron
avec un très joli chignon
Sur sa corne glacée
A l'oignon

Ça a fait du remous dans les couloirs de l'assemblée
Et les gens se sont posés des questions en effet

Cascades de cheveux et rivières de diamants
comme des orifices couleur de firmaments

Pour les initiés ça posait pas de problème
Ont dit les artificiers à tous ceux qu'ils aiment

Lais de papier peint dans le frou-frou du Très-Saint
Comme un rire au gosier d'un établi d'étain

Par hasard la chose se sut comme un bonbon collé
Aux basques de la ville - aux marches du Palais

Et comme tout s'ébruite dans ce monde antilope
Alors on dit de lui : "Ad patres ! Et hop !!!"

Est-ce que je dois m'envoler vers d'autres cieux 
Dit le philosophe aux pattes d'éléphant

(Un peu désarmé par le chant des rouges-queues)
Pour échapper aux regards moqueurs des permanents ?

Car tout dans ce bas monde est acheté par l'argent
Sauf l'amour, le vrai, évidemment.





dimanche 19 mars 2017

Le tigre et le cyclone intérieur (servage et sevrage)






Ses volontés sont des exigences de justice et d'égalité (des chances et des malchances), des vérités qu'elle tend à ériger en réalités communes, universelles. 

Elle fait le beau temps par sa présence et la pluie ou le grain en son départ. 

C'est du moins ce que j'ai ressenti quand nous nous sommes quittés à Port Vila. 

Tempête entre deux oreilles, sous un crâne ou dans un cœur, pour moi, avec cyclonisation de mes perceptions sensorielles, une radicalisation de mes recherches d'absolu. 

Sans aucun absolutisme.

Cela, c'est le symptôme, car elle est -était ?- pour ainsi dire mon inconscient. 

Mais trêve de parlure égocentrée, disons que la force qui nous anime, nous, ses enfants désolés, c'est son amour, qui irradie tel un foyer allumé, un focus, un centre dans nos for intimes. 

Nous ne le reconnaissons pas toujours, c'est vrai. Et c'est dommage.

Mais au fond, tacitement, elle nous dit : vivez en moi, vous mes enfants, vivez en paix et en joie. 

Dans les privations – et c'est là le problème qui nous révolte quelque peu – dans l'accouchement difficile et solitaire de vous-mêmes. 

Dans les retouches incessantes de votre personne, dans l'ascèse et sa répétition.




mercredi 15 mars 2017

Retrouvailles




Tiens ! toi ici ! 
Le monde est si petit 
Je te croyais parti
au zoo
Avec nos amis 
les animaux

Le monde est si petit !
Comme un mouchoir de roche 
un astéroïde de poche
dans la profonde nuit
de nos rêves
de nos trêves
d'ahuris
de nos vies
équarries

Le monde est petit :
tu m'avais dit : demain !
On se retrouvera
A Paris ou Bali...
Après bien des ennuis
je te retrouve enfin
aujourd'hui

Et nous serrons nos cœurs
Dans l'âtre du malheur
On a brûlé nos rires
Etonnés
L'un contre l'autre
comme deux vieux amis

Réunis...





lundi 13 mars 2017





Il est là, entier, comme un grand mystère au milieu de sa vie, comme un père qu'elle n'a jamais eu, comme un être voilé mais compatissant, attifé d'une force bienveillante qui irradierait jusqu'en son tréfonds. 

Dieu, Personne bien vivante au creux de son oreille, Dieu qui sauve et qui juge, drapé alors d'une froide et hautaine austérité ce me semble, au fond de la chapelle symbolique de sa vie. 




Plinthe de son intérieur, la croyance vient harmoniser le décor et accommoder les contraires. 

Rien n'est plus monolithique chez elle que sa foi, indivise, entière sans lui communiquer pour autant un zèle de fanatique. 

Elle est un peu comme Elsa Triolet, une « fanatique douce », pleine de l'assurance logique et vraie que communique la foi quand elle s'assoit sur un fondement, sur des raisons valables, quand elle s'est bâtie sur un raisonnement, sur la/une connaissance. 

Elle a ce que St Pierre dans ses lettres appelle « une foi ». 

Bancale parfois, mais assez robuste car nourrie à une même et unique source.




samedi 11 mars 2017





"J'en viens alors à me demander si la belle et touchante iconographie de l'Abbé Pierre n'est pas l'alibi dont une bonne partie de la nation s'autorise, une fois de plus, pour substituer impunément les signes de la charité à la réalité de la justice"
- Roland Barthes



By the way did you open my heart and see what is inside ?

By the way will you open my letter and listen to me for just a little while ?

Yours sincerely,
The Black Virgin








jeudi 2 mars 2017

Le feu de bois





Dans un pays lointain
Un homme au visage de parchemin

A rencontré la vie 
A rencontré l'amour

Il est revenu là
Comme un porteur de bois

Et a versé son sang
Dans le creux de nos rangs

Vois-tu l'étranger
Ce pays si lointain

A pour nom amitié
Et pour donner sa main

A tous les assoiffés
Les exclus les damnés

Il t'a tendu la mienne
Jusqu'à c'qu'elle te parvienne

Accepte-la si tu veux
Tope dans la paume du Vieux

Et ainsi tu auras 
Le sourire de la loi

Et l'amour du grand Roi
comme un grand feu de bois