Le vin qu’on tire des meilleurs
cépages ne peut être que bon dit-on, mais si c’est un Bourgogne par exemple,
il peut parfois être lourd, un peu empesé, pas forcément « bon »
pour d’aucuns, au palais plus ou moins éduqué à des crûs moins "épais", moins charnus, moins charpentés.
Affaire de goût seulement ? Pas forcément :
des critères objectifs même si quelque peu inordinaires peuvent
aussi présider la critique.
Des critères de jeunes loups aux dents longues dans la tourmente politique.
Travailler, travailler,
travailler, ne peut soi-disant que mener à cette réflexion agencée
selon un plan prédéterminé.
Travailler, mais à partir des
empêcheurs de tancer en rond, dans le dernier cercle infernal des circonvolutions médiatiques.
Avec l’habitude viendrait la
méthode, a priori.
Mais chacun sécrète sa coquille,
résistante, spiralée, efficace.
On a son crâne dur sauf
fontanelle tardivement formée.
Mais que dire de la rencontre des
grands esprits, portés comme il se doit, comme il le faut, comme il
est inévitable, par la vague à surfer que le passé récent nous
donne.
Récent, s’entend. Pas d’interdit à cumuler la sagesse
millénaire.
La sagesse des coraux. Qui se défont comme fidèles
sentinelles dès qu’une variation de température les
oblitère.
Donc respect et révérence pour les constructions intellectuelles du passé.
Quoi qu’on en dise par
ailleurs.
Car si la vie est longue
pour nous, en moyenne, elle le fut aussi pour pas mal de penseurs
attitrés du passé, même lointain.
Ferrailler avec eux, précurseurs de la
modernité, permet de mouiller le pinceau sec de leurs pensées, de
le récupérer en quelque sorte, pour un usage plus vulgaire, plus
commode à dégrossir la (les) tâche(s).
Plus de vérité
foncière. Plus de joie durable. Plus de victoires faciles.
Un
soubresaut de pacification préalable, d’arrangement précoce.
Certes on roule sur des rails déjà-là, on n’innove que par
suite.
Certes on copie les plans et on les applique.
On fait œuvre
d’érudition si on va dans les longueurs quasi schubertiennes des auteurs classiques.
On
porte le fer et le heaume.
Poissons pris au filet mauvais de la vie éphémère dans un monde piégeur... |
Alourdis par l’armure, on est gêné aux
entournures, on doit pallier la pesanteur par des efforts quelquefois
surhumains, on titube au début, on s’écroule à la fin (si on n’a
plus la force de terminer l’opus).
Destinée festonnée de Sisyphe.
Mais on capitalise, on évite
les critiques fondées, forts de ces certitudes (contestables) qui
cuirassent notre thorax, protègent nos articulations.
C’est une
reproduction aurait dit Bourdieu. Quoique. (...)
Nous
sommes à la merci des idées reçues, étouffés par les œillères
qui nous empêchent de brouter l’herbe tendre, nous contentant donc
du bois pourri… que de bêtises à ne pas écrire, dans la prudence
et l’incroyable de l'incrédulité.
(...) Que de sottise m’habite
encore, quel impénétrable fouillis végétal que ma friche tropicale à
essarter méthodiquement...
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