dimanche 26 mars 2017

Comme un passant... qui reste...





Je pense et je divague. 

Ce n’est pas là renouveler le mot, le monde du mot. 

C’est piétiner allègrement les galeries et les bandes-son (assez plates souvent) de Sa Majesté des Louches. 

Mauvaise pioche. 

Je pense donc je me dé-truis, je perds le sens secret, anagogique, de mes années passées, aussi bien que le vocable familier et la phrase bien née. 

Tous les dimanches je devrais écrire, passer mon après-midi à écrire. 

Ce serait un peu de fleurs séchées autour de mon gilet de sauvetage. 

Que de paroles vraies restent cachées en soi, qui demandent l’humidité de l’encre pour s’épanouir, grandir, se multiplier.




mercredi 22 mars 2017

Aux rhéteurs du Palais




(Toute ressemblance avec des personnes existant ou ayant existé serait fortuite et involontaire.)




Un éléphant aux pattes très sensibles
faisait le tour des armées indicibles

Il a rencontré un rhino-dendron
avec un très joli chignon
Sur sa corne glacée
A l'oignon

Ça a fait du remous dans les couloirs de l'assemblée
Et les gens se sont posés des questions en effet

Cascades de cheveux et rivières de diamants
comme des orifices couleur de firmaments

Pour les initiés ça posait pas de problème
Ont dit les artificiers à tous ceux qu'ils aiment

Lais de papier peint dans le frou-frou du Très-Saint
Comme un rire au gosier d'un établi d'étain

Par hasard la chose se sut comme un bonbon collé
Aux basques de la ville - aux marches du Palais

Et comme tout s'ébruite dans ce monde antilope
Alors on dit de lui : "Ad patres ! Et hop !!!"

Est-ce que je dois m'envoler vers d'autres cieux 
Dit le philosophe aux pattes d'éléphant

(Un peu désarmé par le chant des rouges-queues)
Pour échapper aux regards moqueurs des permanents ?

Car tout dans ce bas monde est acheté par l'argent
Sauf l'amour, le vrai, évidemment.





dimanche 19 mars 2017

Le tigre et le cyclone intérieur (servage et sevrage)






Ses volontés sont des exigences de justice et d'égalité (des chances et des malchances), des vérités qu'elle tend à ériger en réalités communes, universelles. 

Elle fait le beau temps par sa présence et la pluie ou le grain en son départ. 

C'est du moins ce que j'ai ressenti quand nous nous sommes quittés à Port Vila. 

Tempête entre deux oreilles, sous un crâne ou dans un cœur, pour moi, avec cyclonisation de mes perceptions sensorielles, une radicalisation de mes recherches d'absolu. 

Sans aucun absolutisme.

Cela, c'est le symptôme, car elle est -était ?- pour ainsi dire mon inconscient. 

Mais trêve de parlure égocentrée, disons que la force qui nous anime, nous, ses enfants désolés, c'est son amour, qui irradie tel un foyer allumé, un focus, un centre dans nos for intimes. 

Nous ne le reconnaissons pas toujours, c'est vrai. Et c'est dommage.

Mais au fond, tacitement, elle nous dit : vivez en moi, vous mes enfants, vivez en paix et en joie. 

Dans les privations – et c'est là le problème qui nous révolte quelque peu – dans l'accouchement difficile et solitaire de vous-mêmes. 

Dans les retouches incessantes de votre personne, dans l'ascèse et sa répétition.




mercredi 15 mars 2017

Retrouvailles




Tiens ! toi ici ! 
Le monde est si petit 
Je te croyais parti
au zoo
Avec nos amis 
les animaux

Le monde est si petit !
Comme un mouchoir de roche 
un astéroïde de poche
dans la profonde nuit
de nos rêves
de nos trêves
d'ahuris
de nos vies
équarries

Le monde est petit :
tu m'avais dit : demain !
On se retrouvera
A Paris ou Bali...
Après bien des ennuis
je te retrouve enfin
aujourd'hui

Et nous serrons nos cœurs
Dans l'âtre du malheur
On a brûlé nos rires
Etonnés
L'un contre l'autre
comme deux vieux amis

Réunis...





lundi 13 mars 2017





Il est là, entier, comme un grand mystère au milieu de sa vie, comme un père qu'elle n'a jamais eu, comme un être voilé mais compatissant, attifé d'une force bienveillante qui irradierait jusqu'en son tréfonds. 

Dieu, Personne bien vivante au creux de son oreille, Dieu qui sauve et qui juge, drapé alors d'une froide et hautaine austérité ce me semble, au fond de la chapelle symbolique de sa vie. 




Plinthe de son intérieur, la croyance vient harmoniser le décor et accommoder les contraires. 

Rien n'est plus monolithique chez elle que sa foi, indivise, entière sans lui communiquer pour autant un zèle de fanatique. 

Elle est un peu comme Elsa Triolet, une « fanatique douce », pleine de l'assurance logique et vraie que communique la foi quand elle s'assoit sur un fondement, sur des raisons valables, quand elle s'est bâtie sur un raisonnement, sur la/une connaissance. 

Elle a ce que St Pierre dans ses lettres appelle « une foi ». 

Bancale parfois, mais assez robuste car nourrie à une même et unique source.




samedi 11 mars 2017





"J'en viens alors à me demander si la belle et touchante iconographie de l'Abbé Pierre n'est pas l'alibi dont une bonne partie de la nation s'autorise, une fois de plus, pour substituer impunément les signes de la charité à la réalité de la justice"
- Roland Barthes



By the way did you open my heart and see what is inside ?

By the way will you open my letter and listen to me for just a little while ?

Yours sincerely,
The Black Virgin








jeudi 2 mars 2017

Le feu de bois





Dans un pays lointain
Un homme au visage de parchemin

A rencontré la vie 
A rencontré l'amour

Il est revenu là
Comme un porteur de bois

Et a versé son sang
Dans le creux de nos rangs

Vois-tu l'étranger
Ce pays si lointain

A pour nom amitié
Et pour donner sa main

A tous les assoiffés
Les exclus les damnés

Il t'a tendu la mienne
Jusqu'à c'qu'elle te parvienne

Accepte-la si tu veux
Tope dans la paume du Vieux

Et ainsi tu auras 
Le sourire de la loi

Et l'amour du grand Roi
comme un grand feu de bois



dimanche 26 février 2017

L'abscisse et l'ordonnée





Dans les gués de Monsieur Jourdain
Réserve de Sigean © A. Maury

J'ai trouvé un gredin
Voyez-vous, un gredin
J'ai aussi trouvé son gourdin
Voyez vous, son gourdin

Et face à l'absence de crédence
Je restais en errance
Comme une pierre de patience
Entre tes mains
Pauvre de tain

Dans les arbres où montent les chèvres
Au Maroc au fond du terrier d'un lièvre
J'ai passé des moments de fièvre
Pétulants de présence
Et de danses

Comme si tu venais demain...




mercredi 22 février 2017

Hubo un pronunciamiento que me dio mucho trabajo...





Recale-citron dans l'aube des antiennes

Un enfant tombé
Pièce de Musée aux rythmes pétrifiés
au fond d'une fosse


Me fait redoubler de personne-alitée
Et dans l'enfer des molles d'avis bâclés

Donne un travail dont l'orbe n'est pas ancienne...
Gardez-vous de juger au rythme des écosses

Pénétrez-vous bien de la valeur d'une vie
De peur d'être aussi recalés de la nuit

Et de finir au geindre de la morgue...




dimanche 19 février 2017

La nouvelle Héloïse ?





Quartier libre d'une vieille lune, à laquelle je me suis honnêtement habitué, comme si dans l'espace étonné de ton regard je pouvais entrevoir d'infinis paysages, ou plutôt une infinité de paysages, de montagnes, de villes-fantômes, de prodromes d'un paradis retrouvé. 

Une ouverture vers les grands espaces peut-être, une vraie et sobre reconnaissance de mes différences. 

Rien au fond n'a changé entre nous, sinon que je me découvre plus libre et gorgé de cette enivrante défaite, de cette débandade joyeuse et un peu surfaite, de ce noir lumineux de certains morceaux de charbon cassé. 

Mon hymne est là, dans ma gorge, prêt à se départir de son étrave retenue, et à se déployer comme l'étendard claquant sous l'effet défripant d'un souffle puissant.

Repassé par le vent, détendu et heureux, je sèche là, au soleil de ta rue, comme déshabité de mes habitudes, comme défait de mes invraisemblables (in)certitudes. 

J'attends et pourtant tu es déjà là, confiante et vraie, pulpe de fruit et d'agrume, mêlée de joie, de délassante réassurance, de 'célestitude' et aussi, comme en surplus, d'ornements propices.

Ma pauvre Héloïse, mon crucifix verbal, mon attirante vénusté, je bois à l'aube de tes regards comme à celle de soleils multiples, sans cesse renouvelés, sans cesse ressuscités. 

Je sais que tu m'attends, au rivage de mes mains, comme une enfant perdue, comme une poitrine gorgée de lait et de ces riches suavités qui valent la vie, comme le palindrome d'un drame (ou d'une drachme retrouvée).



Tu es la ride sur une eau dormante, d'où pointe le fer de lance de cet œil étonné qui rime à l'infini.

Tu es l'étable où mon hier et mon hiver ensemble se sont finis.



mercredi 15 février 2017

Arrivez sans décombres...





Dans l'art de la moliéresque tenure
Un orme pleure sur sa déconfiture
Fait semblant de croire en toi le ferme amant
Quand tu l'attends enfin au firmament

Il sculpture les baies bémols 
Et transfère les banques Schmoll
Comme si demain apportait
Un seul souvenir épais et figé

Et les surlendemains habillés de saumure
Ou de déconvenues aux arbres de l'épure
Par-delà les nuées en un rythme chagrin
Je perdure un instant dans les bras du matin

Je perdure un instant dans les bras de l'azur
Habité de destin et consolé sans mesure
Car la farce tranquille qui me fait de grands signes
Dans l'armoire est rangée où on taille la vigne

Avec un outil vrai sorti comme une furie
Et le trait en dessin de la verte envie



Et celui du génie des elfes déportés
Vers un courageux fief aussi blond que les blés

De la raison



Photo © Aline Maury


vendredi 3 février 2017

Le lion et le cachalot



Le seul fait d'exister est un véritable bonheur
Blaise Cendrars


Être profondément soi, est-ce renier le moi boursouflé et bouffi qui gisait en travers de ma voix, grand cadavre inversé de toutes mes projections, de mes retours au bercail, de mes lâchetés déguisées en prudence. 

Il pleut sur la ville 
et la mort travaille, 
tranquille, 
sans bruit aucun, 
dans les profondeurs et les ressacs des êtres, 
animée d’une perpétuelle indentation, 
furieusement tranquille, 
comme harponnant le cachalot du monde vivace et laissant là une trace de sang, 

là-bas du spermaceti, 
qu’elle ose recueillir en geignant, 
comme une petite vieille ratatinée attise son feu avec le tisonnier court, 
arme de poing plus que grand estoc dans un combat, une lutte, 
un corps à corps âpre et plein de sa finitude bariolée de misère. 

Car la misère est la richesse du néant.

Elle est le lion assis qui contemple les usagers du Musée des vivants.




mercredi 1 février 2017

Le vieux mendiant et son habit



"Longtemps, longtemps, longtemps
après que les poètes ont disparu
Leurs chansons courent encore dans les rues.
Un jour peut-être, bien malgré moi,
Un jour on chantera cet air
Pour bercer un chagrin,
Ou quelque heureux destin.
Fera-t-il vivre un vieux mendiant
Ou dormir un enfant ?"
L'Âme des Poètes, chanson de C. Trenet, 1951

Une fondrière, c'est ce que ta vie est devenue. 

Il te faudrait rebâtir sur les pentes de cette énorme ornière, où tu gis, dans ton sang, qui coagule lentement. 

Tes routes sont sinueuses, et peu de gens y passent, tu as donc peu de chance d'être secouru, entouré, aidé. 

Tu hurles et personne ne prête attention à tes rugissements.

Tu hèles alentour, et personne ne répond à ton interpellation. 

Alors tu te contentes de geindre, une prière inassouvie, in-amortie, sort de ton âme fusillée de violences symboliques, comme une plainte et comme une vaine doléance.

Tu es le printemps silencieux de la présence-absence, de la vie/non-vie, de la fin non finie.

Embastillé dans la misère, comme un prisonnier dans un camp arraché à son humanité et marqué dans ses rides du sillon lugubre et froid de la nuit.

...



dimanche 29 janvier 2017

L'olifant dans un tunnel...




"Il se repaya un bon coup d'olifant et s'immobilisa, 
figé dans un garde-à-vous impeccable.
Et Alexandre le Hihant apparut, le visage épanoui, les bras tendu, 
entouré de ses familiers et de la considération générale." 
P. DAC, "Du côté d'ailleurs et de partout. Romans loufoques".


Un arbre tombe au fin fond de la cuillère du monde

Comme un regard perdu aux confins de la sonde 
spatiale ou inter-étatique dans les méandres de la nuit

et pour finir le tremble fait du charme aux chaînes de la vie
nectar pour deux comparses dans un tunnel de misère

près de l'orme rieur aux années de lumière

près de l'yeuse aux rizières de flamants fiers et froids

dans le paradis franc aux mieux-vivre guingois 

Parapente du vent dans le cerne indécent 
de tous les olifants.



© photo A. Wery, Parc Ornithologique du Pont-de-Gau


jeudi 26 janvier 2017

Mal d'Aurore...






Les lueurs de Maldoror m'éblouissent encore, mon cerveau en surcharge (pondérale) de cellules gliales, se met à trembloter comme le crépuscule pour le prophète Isaïe. 

Ainsi je parachève ma glissade îlienne, je termine en impasse dans une mansarde de verdure mes humbles récriminations de membre jugé indigne du commun des mortels, de la piétaille des humains, et même de toute soldatesque. 

Je fais des mots croisés, pour une Jérimadeth apostate.

Soir. (...)

Je me sens à la fois libre et esclave, éther et plumbum metallicum, comme une flamme qui vacille, qui brille, mais dans la faiblesse, l'irrecevable et insoutenable faiblesse, sorte de part cachée, icebergienne, du handicap des ans qui s'entassent. 

Chaleur et froid me travaillent et m'émiettent à la fois, 
je panse comme on le fait en bon palefrenier, 
mais je flambe, inexorablement, comme une braise se détache mollement d'une bûche en feu et vient révéler son cœur entre les chenets. 

Je choppe à moi-même, je brumasse et m'effiloche, aheurté par la violence sourde et subreptice, qui se glisse dans les intervalles, les interstices de ce maudit instrument qu'est l'accordéon. 


Avec ses flonflons.



(...)

L'aquarium des merveilles se refera demain.




lundi 23 janvier 2017

Entrer, ne pas entrer...





Tu es l'orgueil de la honte et comme l'orteil du géant aux pieds d'argile et de fer mélangés. 

Dessin original d'O. Bakara, un jeune Africain 
Regarde-toi : tu rates ta vie comme un ivrogne, 
tu ne marches pas droit, 
ton genou se disloque, 
tu égrènes un chapelet brisé, 
avec toutes ces perles dispersées sur le parvis d'une église fermée, 
dont tu as la clé mais où tu n'entreras pas. 

A moins de.

La vie quelqu'un a dit est une longue chute horizontale.

Il s'agit de transcender le train de sénateur des choses.

Mon train s'arrête à toutes les gares, comme programmé pour un jour de repos d'exception.

D'exception.




vendredi 20 janvier 2017

Fumigation...





Dans la soif et le sang, dans la sueur et le frais, la douceur et la rigueur quasi climatériques, sources d'aurores australes et de cyclones organisateurs, rassembleurs, pleureurs de lumière, dans la sécheresse et l'aride de nos désertitudes ou de nos dé-certitudes, dans le foisonnement tropical de nos sentiments contraires, malhabiles, dans le plan et dans le chaos, penser à l'Art, et tenter de lui donner cette touche personnelle que je regrette toujours autant, ne sachant atteindre, cueillir et transmettre cet à-soi qui signe et dédicace un morceau, sorte de bravade plutôt que bravoure, essai transformé par une volonté tenace, têtue, sagace, en un Pont suprême, un Absolu à portée de voix, qu'il m'aurait semblé parfois pouvoir héler, comme ça, sans désinvolture aucune, loin de là, mais avec un possible comme titre de propriété, comme agencement interne, infrason pénétrant, efficace pour l'ébranlement de murs ou de remparts d'une Jéricho symbolique. 




Chine, Vallée du Fleuve Jaune.

Comme une fumigation dans l'esprit détraqué d'une locataire gâteuse, comme un soupir libérateur de tension, l'apparence d'un spectre sur un tableau noir, apparence laiteuse, vaporeuse, inégalable.




mardi 17 janvier 2017

C'est-à-dire...




C'est-à-dire 
le plus qui change un toit gris 
en surface brillante après la pluie, 
quand une lueur solaire vient courir 
le long de ses pentes d'ardoise... 
une apparition attribuable 
au hasard de la rencontre 
d'une minuscule intelligence photonique 
en devenir 
avec les circonstances de la vie, 
sans pareilles, 
éphémères dans un mouvement pourtant 
presque éternel par son retour perpétuel... 
et 
quelques disparitions temporaires, 
régulières, 
prévisibles, 
dans ce mouvement même de création 
de la beauté 
fugace et contractile
si subtile





dimanche 15 janvier 2017

L'instant propice





Saisir au vol cet instant privé, privilège de l’âge et de la pierre philosophale gravée des hiéroglyphes de la vie en société, entre souvenir et devenir perchés. 

Savoir dompter le compte inexorable de nos années perdues, c’est ce que je cherche, ce vers quoi je tends. 

Essai transformé en quête inassouvie, comme un carré rouge qui regrette le bleu de son insomnie.

Car le compte est double, il y a celui de l’aller et celui du retour, celui du lancer et celui du ramasser. 


Opéra en un acte, (cataracte ?), pour le souvenir de nos vertes saisons.



De nos années sauvées.

Je rime avec bonheur, je ne suis pas à l’heure, je gravis les montagnes sous-marines avec un remontant, avant de m’enfoncer, perdant, dans les dorénavant.




vendredi 13 janvier 2017

Intérieur rouge




Il est quinze heures et je suis dans le bruit de la Brioche Dorée. 

Des relents de musique entrecoupés de remarques et de velléités de paroles me parviennent et troublent l’eau calme de mon « intérieur rouge ». 


"Intérieur rouge" Musée des Bx-Arts, Dijon

C’est ce tableau du Musée des Beaux-Arts de Dijon qui évoque pour moi le plus nettement ce que je suis en fond de cale, ce que je porte en moi et ce qui m’habite. 

Vraiment ?

Les friselis de la compassion médiatique orientent l’agitation naturelle de la vie des êtres, et font de ces instants des êtres eux-mêmes, replètes répliques de la (vraie) vie des entités qui composent la réalité. 





dimanche 8 janvier 2017

L'iris de tes yeux





Un art sans honte viendrait-il de naître entre mes bras (j’entends l’ambulance), lové dans les circonvolutions de mon cerveau gauche (et gauche à plus d’un titre) ? 

Arrière ! Ether vaporeux et espèce de vareuse sans manchon pour l’ordre du vital. 

Quoi de plus incessant que le triste et doux fanal du regard d’une mère attentive et enveloppante ? 

Ce holding vaut bien un trust. 

Et ce trust un cartel. 
Tache de couleurs dans l'iris de tes yeux...


Sauf que le monopole est interdit à tout Interpol qui se respecte ! 

Mon art est destiné à brûler les étapes, à gravir les bas étages, à partir du 36ème dessous et je me retrouve comme une borne impériale dans les voies romaines tracées il y a deux mille ans et plus par les sourciers rieurs de la rectitude vraie. 

Oh once de bonheur et lever sépulcral ! 

Oh honte de connaître la couleur viscérale ! 

Simple aversion suppliante et abolition pédante de nos Marie-Antoinette au fond des yeux vairs. 

Je veux dire inversion redressée pour nos yeux ‘rayonnants’. 

Nous voyons l’envers d’un monde que nous prenons pour l’univers de face ! 

Alors nos volontés câlinent les objets et cherchent leur(s) clé(s). 

Sémiologie de l’ordre de la grandeur et valeur marchande de nos températures secondes. 

Je digresse.



jeudi 5 janvier 2017

D'où viens-tu ? Où vas-tu ?






Ce dernier week-end a été bon. 

Voilà qui explique ma faconde. 

Un rien de parution et un peu de sésame ; comme il est craint le Vrai, comme on aime le Beau ! 

Alors nous bricolons une théorie, nous sommes adeptes d’une culture de pauvres, nous blessons l’amitié de la vérité avec le canif de nos yeux esthètes et batailleurs. Avec le sentiment éduqué par la vie occidentale.

Nos recrues sont décentes, et le casting ne fait pas froid dans le dos, ni aux yeux, habitués du clair et de l'obscur.

Pour une circumnavigation intellectuelle et physique...
Rivière de diamants minuscules, de « drops of beauty », nous enfilons les perles de nos circumnavigations au risque de passer pour réellement stériles. 

Notre hachoir est trouble, notre viande avariée, et pour toute poêle à frire nous avons l’historiette. 

Nous ne superposons pas une carte grandeur nature à nos natures mortes et à notre redondance cadavérique (?)

Tout se complaît dans nos sourires, et l’absolu aussi est annexé à nos désirs. 

Comme s’il jouxtait notre cortex pré-frontal, comme s’il dormait à l’unisson de nos rots benêts en mal de devinettes. 

D’où tu viens, renégat, d’où tu viens. D'un pays sans frontières, d'un exil sans retour...

Les places assises sont rares pour l’immortalité, et on offre un pâle reflet des élections « célestes ». 

Comme si nous allions par le monde étouffés, partants d’une autre caravelle, porteurs d’un signe nonpareil. 

Avec le sifflet de nos bouges et le flûteau de nos regards, nous essayons (en vain) de scruter l’infini. 

Dans le boudoir de notre argent, il y a le dais et l’alcôve de velours qui pendent nos regrets. 

Ad vitam aeternam ? Ad libitum, ad nauseam, semblent répondre les nuées chargées de futures moissons.




dimanche 1 janvier 2017

Gaspard, Melchior et Balthazar...






Je suis au concert des chances retrouvées. Et c'est exactement comme quand je te vois.

C'était hier et aujourd'hui et pour toujours.

Laisse-moi te le dire avec mes mots rassis, avec mes mots d'amateur incrusté.




Les grilles claquent, la patine des bancs est encore accentuée au gré de la pénombre et de l'éblouissement de la scène édulcorée de lumière crue.

C'est vrai que nous sommes comme dans un temple et les fidèles prennent place qui susurrent sans le vouloir, et qui brisent les phrases dans la douceur des chuchotis.

Asseyons-nous ici... Tiens, mon manteau. C'est la fin d'une grande journée et l'exorde d'une autre. 

Les trois musiciens ont des noms d'apôtres, mais par quel dieu sont-ils envoyés ?

Melchior, Gaspard et Balthazar qui accordez vos instruments ou placez vos feuillets, qui donc vous a payés pour cet accueil exorbité ?

Car c'est bien vous n'est-ce pas qui passez par amour donner vos arts sublimes ou éthérés aux pauvres prisonniers de la vieille Cité ?

Melchior, tu as violon et cheveux blonds. Tes boucles sont des rondes avec des dièses d'aigle. Tu es porteur d'un archet et les cris presque feutrés qui fusent de sa scansion sont gerbe en débandade, sortant en grand décolleté de l'antre de ton âme.

Gaspard est au piano, au noir piano à queue dont le couvercle est encore rabattu, et Gaspard est le Maître incontesté de sa tribu. N'est-ce pas qu'on le voit bien, lui qui se tient si droit et dont les maigres doigts comme enflammés de soie sont déjà les lumières de sa témérité étoilée.

N'est-ce pas que son visage est un creuset d'espoir n'est pas qu'ne lui se fondent les couleurs de la vie, les autres teintes meurtries et tous les paradis.
Gaspard même tes yeux sont droits et ton regard plus noir que le jais de ce piano géant engendre cette paix et cettte sérénité qui sont asphyxiées chez tant de nos amis. 

Gaspard ne connais-tu pas Germain, ne sais-tu pas ce gosse qui gîte à Folie Ferme et joue la vérité sur le clavier des herbes. Gaspard tu es sous l'empire de la musique et c'est toi qu'elle choisit pour unique parler.

D'abord Beethoven, c'est toi qui l'annonceras, un morceau surnommé les Esprits, c'est toi.

Et Balthazar au violoncelle est comme un albatros aux ailes moites. 

Le projecteur, Balthazar, le projecteur change tes cheveux en bataille contre les ombres d'un soupirail sur la figure d'une barricade.
Balthazar violoncelle qui nous fixe hagard, avec cette insomnie indolente et grisée dans un regard croisé. 

Balthazar sera la résonance des pas dans un escalier en colimaçon et ce sera Beethoven qui prendra d'assaut mon coeur embastillé.

Le violon en nous ôtant même le temps d'y croire , en nous usant la mémoire de l'instant, sera plus homme que le soir.

Le violon dans tes mains gicle un entrain délicieux où il  y a des allées, des mails ombragés et voluptueux.
et c'est l'ombre d'un espalier pour ceux qui reposent au cimetière de ta guerre.

Violon tais-toi ! laisse ton grand frère bougonner, l'enfant trouvé.
C'est une charmille et le soleil facétieux fait mille taches sur la terre arasée entre les racines de la vigne et celle de l'olivier.

Les doigts de Balthazar font de ces enjambées sur la touche de buis l'arbre transfiguré...

Gaspard ! à toi ! Tu vois bien qu'on se noie et tu vides un étang après l'autre, une écluse après l'autre pour passer de l'autre côté... tes billes dégoulinent et des grilles tombent sous les accords soudain plaqués de ton cheval de bois et d'acier.

Gaspard, tu ébahis ! Une cavalcade de liberté, de frénésie facile et virtuose... le mort est enterré, voilà l'ultime pelletée avant de le ressusciter...
Fossoyeur du matin, qui traîne dans tes pans les feuilles recroquevillées, qui enfume d'une haleine acidulée, et qui chatoie le tympan ébranlé de mon entendement.
Gaspard tu oses.

C'est terminé. Déjà !!

Et que diras-tu Germain si tu savais combien de joie ils m'ont donnée... et si je leur ai demandé ensuite quelques pleines poignées de beauté, c'est bien que tout autour de leur buée, il y avait un grand jardin.

Aria de Bach, Paraphrase éclatante de Liszt que je découvre, Schubert et enfin Ravel à la Toccata des merveilles.

Une fête pour mon ouïe seule, un cadeau dans un linceul d'intimité retrouvée.

Toutes les patiences de l'infini avant de tomber dans la rue où tous me toisent sans déconvenue, mais avec courtoisie, ce qui est pudeur et peine perdues.

Je veux aller, je veux courir et je veux pleurer... tout ce que j'avais vu jusque-là n'était donc ? que falbala...


Melchior représente l'Europe, Gaspard l'Asie et Balthazar l'Afrique dans la mythologie populaire chrétienne...




samedi 31 décembre 2016

La carte qui est si délirante....




"Like any dealer he was watching for the card
that is so high and wild
he'll never need to deal another
(...)
And then taking from his wallet
an old schedule of trains
he'll say I told you when I came I was a stranger
I told you when I came I was a stranger"
Léonard Cohen, The Stranger Song


Le jeu de mots m'est souvent facile, comme si le ludion mental pouvait remplacer, chez Lacan version supermarché ou supérette, la vraie pensée. 

Celle qui génère.


Que reste-t-il après coup ? Un signe de la main, le caractère voisé d’une syllabation laborieuse. 

Le sentiment d’une boiserie dans la vieille maison de mon enfance. 

Le pourtour évasé du sourire des choses.

Je prends souvent conscience de ma petitesse, de mon trublion intérieur, qui m’injecte des suggestions didactico-drôlasses, par autant de canaux qu’une radio libre dans la bande passante. 

Et quelle passante patiente dans la rue qui chante ! 

(...)

Adieu les armes simplissimes et les motus carrés. 

Mon orbe est cent villes et mon monde est poterne. 

(...)

Mes ratiers sont sur pied et le fourrier en chef aussi. 

Il prépare dans l’ombre un coup dur et une rude besogne le tient attelé à sa maçonnerie d’hyménoptère hypnotiseur. 

Solitaire. 

Dans la famille des guêpes, je demande la maçonne. 

Un rien de soupçonneux arrivisme lui (me) donne envie de dégainer plus vite que tout le monde. 

Comme Lucky dans Beckett (En attendant Godot) il reste attaché à son ombre, à son nombre, à son nom.

J’ai de la chance me dis-je parfois, car j’ai tiré la "carte qui est si délirante" comme dans la chanson de Léonard Cohen, qu’elle vaut toutes les autres et bien plus que cela. 

Et que je n'aurai donc plus jamais besoin d'une autre...

Sauf si...




mardi 27 décembre 2016

Et le désert avance...




Écris sans avoir rien à dire, me souffle le vent, n'écris que pour la beauté du geste, pour le doux délire de vivre un peut-être d'éternité. 

C'est comme si j'avais avalé par mégarde un champignon hallucinogène, une sorte de détrompe-la-Mort avant l'heure, un hémicycle de députés dépités en proie à une fébrile agitation (j'allais écrire « adoration » : c'est que le centre les regarde, et que, insensiblement, il les attire ; il faut un point focal à notre déraison même parlementaire). 

Nous voguons sur une mer souvent démontée, souvent en colère, sans Jésus qui dorme au fond de la cale, sur un oreiller, capable de se réveiller et de calmer les impétueux flots cérébraux. 

Laissons nous donc emporter jusque là, où l'incandescence est vivante, comme un œuf déposé dans un autre œuf, qui se perce et éclate et berce le néant du devenir gérant. 

Et peut-être demain le mystère s'éclaircira qui vibrant et têtu empoisonne le fétu de nos râles.

Il mesquin qui me semble. 

Qu'avant j'avais des idées, que soudain quelque chose s'est figé, en se brisant, sans éclats, sans débris, sans rien en fait. 

Une fausse persévérance aux ameublements hautains. 


Je ne suis pas écrasé, mais je m'écrase. 

Je ne suis pas boueux, mais je m'ensable, je périclite, je m'envase. 

Mes paroles sont tristes et mon cache-col vissé est synthétique. 

Ecclésiaste des mots, je me dépatouille comme je peux, rameutant leur troupe dispersée et volage, dansant comme un gymnaste déréglé et (dé)porté par le courant, sans courtepointe dans le déchaînement de leurs forces contraires, au fond de ce vaisseau aux mâtures inverses. 

Je mure mon silence dans notre conversation. 

Je me cogne contre la vie, comme auprès d'une source sous-marine, où vibrent et remuent des êtres aveuglés par tant de ténèbres.

Mon art ne subsiste que dans mes allumettes grillées, semble-t-il, au fin fond de mon âme esseulée.

Avec comme programme : connaître l'humain. 

Cet humus qui respire, ce terreux qui décolore la vie et qui nous encolère parfois. 

Quoi, cette vaguelette, ce rien, et cet impact de météorite au beau milieu d'une terre désertique.

Car le désert avance !