mercredi 1 février 2017

Le vieux mendiant et son habit



"Longtemps, longtemps, longtemps
après que les poètes ont disparu
Leurs chansons courent encore dans les rues.
Un jour peut-être, bien malgré moi,
Un jour on chantera cet air
Pour bercer un chagrin,
Ou quelque heureux destin.
Fera-t-il vivre un vieux mendiant
Ou dormir un enfant ?"
L'Âme des Poètes, chanson de C. Trenet, 1951

Une fondrière, c'est ce que ta vie est devenue. 

Il te faudrait rebâtir sur les pentes de cette énorme ornière, où tu gis, dans ton sang, qui coagule lentement. 

Tes routes sont sinueuses, et peu de gens y passent, tu as donc peu de chance d'être secouru, entouré, aidé. 

Tu hurles et personne ne prête attention à tes rugissements.

Tu hèles alentour, et personne ne répond à ton interpellation. 

Alors tu te contentes de geindre, une prière inassouvie, in-amortie, sort de ton âme fusillée de violences symboliques, comme une plainte et comme une vaine doléance.

Tu es le printemps silencieux de la présence-absence, de la vie/non-vie, de la fin non finie.

Embastillé dans la misère, comme un prisonnier dans un camp arraché à son humanité et marqué dans ses rides du sillon lugubre et froid de la nuit.

...



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire