jeudi 8 septembre 2016

Un amour de Paule... (2)





Le bleu du ciel comme une image d'avenir radieux... © MM


...Les rangs d'oignons de nos files d'attente, dans les salles de pas perdus de Pôle Emploi, sont des témoignages de notre rage impuissante et futile, rage de ne plus pouvoir, de ne pas pouvoir, de ne plus savoir, de ne pas savoir. De n'avoir jamais su nous y prendre...

Sur les consoles qui nous désolent nous tapons nos lugubres parcours, habillant de longueurs nos petits jobs mouillés aux salaires étriqués, délaissant le réel pour cette simulation du vrai, ces simulacres de possible que nous aimerions croire nous-mêmes.

Avant de tenter de faire passer ces échecs successifs pour une montée irrésistible vers le podium, et de le faire admettre et adopter par nos potentiels employeurs imberbes et impérieux, ces empereurs modernes et soupçonneux. Entre nécessité de formations, de bonnes compétences, de jeunesse et d'années d'expérience, nous risquons à chaque entretien d'être recalés de toute manière, une fois de plus...

Et nous avons perdu l'insolence de la beauté, nous avons des cernes noirs au bout des doigts, des manteaux râpés sur le dos et des chaussures usées aux pieds, nous sommes une immense armée en déroute, comme si placés en retraite de Russie anticipée, face à un ennemi invaincu, un bourreur de crânes et de portefeuilles, l'Employeur exigeant farci de complétudes et de calculs aussi froids que le gel, mais aussi blancs que l'immaculée conception... après la plaine blanche une autre plaine blanche... agrémentée d'un stage un peu rémunéré...

Une sorte de néantisation dans une boîte de bonbons acidulés. Un parachèvement de ratages obsédants et toujours plus radicaux, à mesure que le paysage des années s'en va.

Florestan et Eusebius hantaient les articles de critique musicale de Robert Schumann... ils cohabitent maintenant dans le conatus des légataires universels aux dons cachés... que nous sommes censés être... 

Et sans sucre ajouté.  




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