mardi 13 septembre 2016

Le bavard et le néant

Dégâts d'un incendie (intérieur ?), ou Ex nihilo nihil, © MM


Ah ! Ce monde intérieur que tant de gens décrient en adoptant les marques mondaines de leur inanité, les superflus clinquants de leurs insuffisances, les chiralités spéculaires des mises en abîme que procurent ou provoquent les modes et leurs gadgets sophistiqués, ce monde n’est pas peuplé de rires, de chants faciles, de réalités nulles. 

Il est porteur d'un message intime, d'une réalité que le discours courant qu'on veut nous faire adopter comme un prêt-à-penser commode et universel ne saurait décrire sans la déformer.

Il appartient à cette culture cultivée, à ce jardin candidement labouré dans la joliesse printanière de l’art, à tout un univers orné de mille facettes mordorées et pourtant funèbres. 

Même les naïfs savent que le savoir peut tuer. Et c’est pourquoi certains dégainent leur savoir comme une arme. Quelle bévue.

Que de rutilances dans la connivence avec le soi, dans l’impédance du haut parler interne. Rutilances de colifichets, ces colliers composés de perles raréfiées, de ces huîtres qui enrobent de nacre comme des sous-produits désirables le moindre grain de sable entré en leur coquille. 

Car – mais ce « car » est un alibi pour le crime gratuit d’aucuns – il nous faut trouver des dorures, des zébrures et des gravures de Gustave Doré dans nos livres de chevet.

Que dis-je, que dis-je ? C’est un rythme, c’est une saison, c’est une joie cyclique, que nous expérimentons et apprécions davantage à chaque fois que nous créons. Ou recréons.

Car créer est le propre du néant, disent certains (esprits chagrins ? artistes ratés ou créateurs frustrés ?) "Tout vient du néant et tout y retourne."

"C’est ce néant –car toutes les forces en présence dans l’univers s’annulent mutuellement, nous dit-on assurément - qui nous interpelle, c’est sa richesse mathématiquement sommée, c’est la pulsation inchoative, éphémère, étrange, qui repeuple nos limbes et informe nos sens. (...)" Que tout semble venir d'une singularité originelle ne change pas le point de vue des vains discoureurs.


D'ailleurs, je crois être assimilé à la légèreté ailée d’un pigeon qui picore, conduire de-ci de-là une réflexion éparpillée, sans lendemain, lente et sans passé décelable, être en somme un spermologos, un babbler, un bavard (Actes d'Apôtres 17:18) comme on a dit de Paul, l'apôtre, un "discoureur de graines" comme d'autant de remèdes.

Alors...

Do I have the guts for becoming a writer ? 








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