samedi 29 septembre 2018

Amour, amour...



Il y a dans la sensualité une sorte d'allégresse cosmique
- Jean Giono



Les merveilles de tes trésors
Sont nombreuses et véridiques
Dans l'orbe si doux de ton corps
J'ai plongé mon alambic

Musée de Sens, Bourgogne, © M.M.
Tous les câlins du monde entier
Ne valent pas le temple d'amour
Que tu tendis à mon été
Comme un fol écrin de velours

Toi, toi valeureuse et fidèle
Au grand regret des colporteurs
Qui nous vendraient la bonne nouvelle
Tu me donnes le vrai bonheur

Les soupentes nées de tes arcs
Sont autant de retours sur soi
Qui tienne bien contre tes marq'
Il semble qu'il n'y a pas de loi

Alors je panse tes doux sourcils
Avec l'encre de l'habitude
Dès que j'écris le mot « souci »
Musée de Sens, © M.M.
Il tombe en désuétude

Pourtant la beauté de tes gestes
A la fois mesurés et grands
N'est aucunement funeste
Mais devient comme un océan

Océan de sollicitude
Qui donne et jamais ne reprend
De la beauté de tes études
La danse me rend intelligent

Et je te couvre de baisers
En enfant entièrement nu
Avant de venir paresser
Entre tes beaux bras étendus.





mercredi 26 septembre 2018

The mud flower




"Whenever you should doubt your self-worth, remember the lotus flower. Even though it plunges to life from beneath the mud, it does not allow the dirt that surrounds it to affect its growth or beauty." 
- Suzy Kassem




© M.M.
   Welcomed guest in the chest
   sometimes I feel aghast 
   my own despondency corresponds 
   to nothing maybe
   feelings are flimsy 
   and scared by the sea
the restless sea



Welcomed rat in the sewer system
© M.M. Musée de la Camargue, Arles
I work my guts out to understand
you went berserk 
when I took 
this rat
by the tail

Welcomed bat in the cave
among so few others !
yes this sneak preview 
is an everlasting purpose

a prosthesis in the mud
a black frost flower...

for your hearty smile
my dear Odile


September 26th, 2018








lundi 24 septembre 2018

Blorpicème à plumitard



Ti piges kek'chose toi à c'te charabia ?
(Char à boeufs ? Char à quoi ?
Fier-à-bras ? Bras de fer ? Faire et défaire, c'est toujours travailler ?)
Bafouillage bredouillage baragouin tortillage amphigouri
Absconses ténèbres  abstruse incontinence d'un inconnu
Volapük cacographe embrouillamini verbo-dég...




      Bérévie       incontinard        dans le plusier des                     observagisants

            paralune              des lomaticorps au                                propagène du plumus

nez-taron de parafumise



Céruman rond de parophyse

    cérésie des hominidards dans le principiage                                             des oblatofs

Lacroiquéjavelle de blé-drouatier
                           un cérécrone qui promatise dans les soupranciées 

                  
     des carastrictosangsues-raies


                                               (A suirivasiger)










Sibylle et Thétis



"...la route de la Soie, ce chemin initiatique..."
Olivier Weber, Sur les routes de la Soie (2007)


Tu n'étais pas née du côté de l'Orient
Tu en avais pourtant le parfum envoûtant

Les vents violents de tes regards calmes
Me donnaient l'amour agile de l'entame

Et les mains expertes de tes abîmes sans fond
Couraient à ma perte comme autant de hameçons

Tu n'étais pas bâtie comme le grand Sanctuaire
Mais tu en avais le lapis-lazuli outremer

Oeuvre de Pierre Merlier, sculpteur qui mériterait
une meilleure reconnaissance © M.M.
Je t'aimais comme aiment les enfants
Sans calculer l'heure même du Ponant

Et nous dormions ensemble au fond d'un grand lit bleu
Au coeur de la terre du fer et des odeurs de feu

Comme si nous coulions dans les à-pics de la ville
Et renaissions aux lianes d'une forêt indocile

(Je t'aimais comme on aime le présent
Un cadeau de plus pour celui qui le prend)

Je ne saurais t'oublier désormais
Tu es celle qui as vaincu et détourné
Les Atrides et les Érinyes
Les lutins et leurs faux incubes
Les djinns et les vieilles furies
Les vieux démons et leurs succubes

Tu m'as débarrassé des fils de l'insomnie
Et m'as trempé dans le Styx de l'envie
Ma chérie ma Thétis 
Mon seul talon d'Achille
Toi mon oracle, ma Sibylle 

Oui, ma complice


24 septembre 2018






samedi 22 septembre 2018

Raconter sa famille




Même sur les eaux stagnantes poussent des fleurs, en groupe familial...
© M.M.




Raconter sa famille, c’est un peu finir une histoire, se démarquer de la vacuité due à l’éloignement, à la fois trahir et aimer, poursuivre et être poursuivi, dans un jeu de miroirs entre la mise en abîme et l’embaumement d’une part, et l’exorcisme facile par la plume, prolongement de la main, qu’elle soit clavier ou stylo bille.

(...)


Raconter ça, c’est tomber mal, tomber et se faire mal, se décider à dégoiser les paroles qui fument, les paroles qui enflamment, les propos hors de propos, les cassations sans pourvoi, les condamnations sans appel, les prévoyances ratées, les regrets paternels, les petits plats mijotés de celle qui fait la mijaurée, la pimbêche, ou la pasionaria effacée.




Raconter ça, c’est grandir les contours de sa vérité filiale, de sa filiation quelconque, du hasard éternel qui revient à chaque génération avec les numéros gagnants de sa loterie dantesque et fantasmatique. Nous, les M***, nous sommes un peu des parias, des maudits, des mi-hommes, mi-humains, mi-animaux de ménagerie, objets des regards, si pas des paroles, objets du mépris pour notre situation de non-riches, de misérables traficoteurs de néant, petits parmi les petits, épouvantés par les commérages, les ragots, tout le gossip de notre gros bourg de 3150 habitants à tout casser.

Avec les Braque, les Schatz, les Mortin du village... tous les pauvres, les gueux, les douteux, les merdeux...



Raconter ça, c’est s’ouvrir le ventre et compter ses boyaux, gratter ses intestins de tous les affronts, de toutes les rebuffades, des anti-sinécures de notre anti-monde, de notre univers rétréci, couloir absurde et encombré, corridor sombre et sans issue valide, comme celui de la rue du Marché, si vous voyez ce que je veux dire, qui débouchait sur le Faubourg, mais était habité du tas de chutes de bois que papa achetait à bas prix pour le chauffage parcimonieux de notre maison aux murs épais.

(...)


(A suivre)


lundi 17 septembre 2018

Le trèfle à 5 feuilles







Ceci n’est pas un poème
Une chance de gagner sur la haine
Une provision de divine providence
Un artefact de dame nature

Une nature morte plus vraie que la vie

C’est un trèfle à cinq feuilles.



©M.M. photo retouchée -une fois n'est pas coutume...




vendredi 14 septembre 2018

Ma déclaration (d'un pot) d'amour






Je t'aime (tu le sais maintenant)
Les mots si faibles pour traduire le vrai sens
Sont des écrins d'où les diamants de la pensée et du sentiment
Ont souvent disparu dans ce monde froid et techniciste


Mais ils recèlent leur forme, les gestes traduisent leur couleur, les yeux leur substance même
Ils ont la vie en eux, comme imprimée à l'envers
Et tu sais que ces mots ont vraiment un sens finalement


Un sens profond, réel, porteur
Parce qu'il exprime la force de mon cœur
La vie et le sang de mon âme

Je t'aime te le redire me renforce dans l'idée que j'en ai mille et une raisons solides
Te le redire le plus souvent possible, parce que tu es bonne
Et que tu gardes les miennes portes secrètes

Fermées pour d'autres, ouvertes seulement à toi

Pleines de tes fibres, des tes muscles, de ta vigueur
Et de ta solide ossature
De sportive

Je t'aime

Comment te le signifier pour entrer au plus profond de toi
Pour toucher le centre caché, ténu, fragile
De ton être

Mais sans te forcer en quoi que ce soit

Sans te donner un poids mort au fond de toi
Sinon celui des ailes qui te permettraient peut-être de t'envoler
De te rapprocher des nuages légers de l'été

Je t'aime

Et de gravir les montagnes du son même, du sens même, de la teneur même des faits
Ce fait tout simple, ce fait tout nu, ce fait si grand en quelque sorte :
Je t'aime.
Voilà ce que je voulais te dire, te répéter, à l'infini de nos désirs.



lundi 10 septembre 2018

Le tambour et le xylophone







Un oreiller tendre et doux comme un appel de Sirène

je pense à toi qui m’as aimé et au xylophone silencieux à présent           au grenier


Près de Sermizelles, Yonne. © M.M.
je me distingue et je ne te distingue plus                                      c’est ainsi que la vie nous a séparés

je parle à vide comme un tambour

hein tu me comprends      toi là-bas     toi là-haut                        toi l’amie

je n’ai pas une seule parole de consolation…

mieux vaut me taire pour aujourd’hui




vendredi 7 septembre 2018

Fuir, fuir, fuir encore.






Fuir, fuir, fuir encore. 

Ce soir-là, je veux marcher dans la brousse, au clair d'une lune incandescente, avec un seul but en tête : comprendre, me comprendre. 

Pourquoi j'échoue sans cesse à garder mes pensées équilibrées, à me laisser gagner par la ligne droite en mon cœur, comme tracée à la craie sur le pavé de mon enfance, comme un jeu de marelle ou d'osselets sans nombre, comme un retour au pays de mon innocence. 

Sangsues au souk d'Istanbul. Ma vie comme sucée par des sangsues...
Pourquoi je bute sans cesse sur mon indigence mentale, mon débris visionnaire de pansement mal fagoté, comme une surinfection dans mon âme litigieuse et même presque lithique. 

Alors je prends la voiture, je vais au bout du chemin, et je marche, je me voyage comme aurait dit Julia Kristeva, je me transporte vers les confins de moi-même. 

Je crible mes instants d'interrogations souterraines, de velléités et de volitions, de pourquoi et de comment.

Je marche, je marche dans la brousse, tout droit, en suivant le rivage de loin, en me laissant bercer par ces vagues de l'océan Pacifique qui effraient leur devenir dans une révolte sans fin. 

Je vois les crabes des cocotiers qui grimpent prestement sur les arbres à mon arrivée, qui migrent comme souvent je les ai vus au crépuscule, migrer vers leur lieu privilégié de villégiature. 

Je marche, je suis marchant comme un enfant marche en rond dans le ventre de sa maman. 

Je veux savoir, comprendre, oui je veux aller au bout de la terre pour comprendre, saisir enfin l'insaisissable, l'inavoué, le véritable. 

Je suis têtu, comme si le cliché sur les bretons se réalisait sur moi, en moi, qui suis d'origine bretonne par mon père... ce que je hais au fond de moi, comme un jeu de quilles à renverser, comme un rêve à chasser, comme un cauchemar à bannir de mes souvenirs.

Comme une fuite au fin fond de l'abîme intérieur.





mardi 4 septembre 2018

Extrait d'un futur roman (?) intitulé : Germain







Il y a là tout le tintouin du monde, comme une mare aux reflets mordorés, comme un critère de perfection dans une absurdité de dartre laid et même hideux. 

Tu restes un instant devant ce spectacle sans nom, sans sens, sans vertu, et tu te retournes soudain, habité par cette unique pensée : cela ne sert à rien de chercher pourquoi tu es ce que tu es, pour quoi tu vis ta vie sans tain, pour quoi tu meurs à toi-même dans le sainfoin du sang.

Tu n'es rien d'autre qu'une énigme, au fond, tu n'es rien d'autre qu'un déviant peut-être, ou un malade, ou une bordée d'injures à l'état larvaire, un grouillement d'incertain et de veulerie, une sorte de primat des primates, un singe hurleur dont on aurait coupé les cordes vocales. 

Tu n'es rien, et ça ne sert à rien de chercher ton identité, les raisons profondes de ta pâle figure, de ton destin sans but, les horreurs de ton moi semblent retarder à jamais le printemps de ta vie, tu n'es pas un secret pour les autres, mais tu l'es à toi-même, à tes passions, à tes pensées intimes.

Tableau de Jean Recart, Photo © M.M.
Au moment même où tu te tournes, où tu renonces, où tu veux marcher en sens inverse, une pensée t'atteint, comme une flèche son cœur de cible, et te transperce le cœur. 

Tu es en colère, Germain, en colère depuis ta jeunesse, depuis les prémisses de ta vie, depuis le surabondant cortège des jours passés à pleurer, à chercher, à chercher à pleurer. 

Germain, tu es comme ce petit enfant qui se mettait dans des colères destructrices parce qu'il manquait d'amour, parce qu'il manquait de l'essentiel, que tu avais lu avec intérêt dans un mensuel :

"Un jeune New-Yorkais de 14 ans était constamment d'humeur coléreuse et n'arrêtait pas de se battre. Grâce aux investigations d'un médecin, le garçon a finalement reconnu : « Je n'admettais jamais que j'avais besoin d'aide, que je voulais quelqu'un à qui parler. (…) On a peur de ne pas être aimé." 

C'est toi, Germain, ce petit d'homme en colère contre le monde entier.

Tu es profondément, dans ton anabolisme même, en rogne, en rage, en révolte, en soulèvement permanent, mais de façon sous-jacente, de façon invisible à l'œil et à l'oreille, de façon viscérale sans qu'une traduction littérale de ta bible interne ne soit jamais parvenue aux oreilles d'un parent, ou d'un ami tout simplement.





samedi 1 septembre 2018

Que ce papillon vive...



« Les armes de Satan c’est la sensiblerie
C’est censément le droit, l’humanitairerie,
C’est la fourberie et c’est la ladrerie. » 
 Péguy, Tapisserie Ste Geneviève et Jeanne d’Arc, 1913, p. 85

Musée du papillon, Avallon (89) © M.M.



Dans la brûlure tu ressens le vide absolu de ce regard qui te transperce pourtant comme un poignard gravé de signes hiéroglyphiques que toi seul sais déchiffrer. 

© M.M. 
Le temps qui sépare l'armure et la guerre en réel est de plus en plus court, tu sais. 

Tu le sais, n'est-ce-pas ? 

Que reste-t-il de tous ces gens qui avant toi ont gravi le monde, ont espéré aimé vaincu pour survivre ? 

Des cendres grecques et des poussières latines, comme dit le poète... 

Mais chaque vie vaut pourtant la peine d'être vécue, chaque instant pesé, chaque jour porté. 

Dans l'art si honnête du vent il y a la dérision vaine, cette ironie mordante du néant, qui scande à notre être : tu passes tu passes tu passes tu es bientôt passé, te voilà presqu'envolé... 

Et nous finalement, aux portes de la mort, nous répondons tels de faibles échos pavanés d'insouciance : encore une fois, encore une fois, un jour, une heure, obstinément...

Ce papillon mort de la chaleur d'une lampe, croyait-il ? 

Avait-il besoin de voir pour croire ? 

Et il a vu. 

Que ce papillon vive et alors nous vivrons et croirons, nous surpasserons nos antiques aïeux, nous dormirons dans les hamacs joyeux, nous baignerons nos corps aux hammams d'encens et d'essences de cardamome, de benjoin et de cinnamome.






jeudi 30 août 2018

L'armée de terre...





Il me reste un brûlot un bûcher et un croc
Que répondre à ceux-là qui disent que j'en fais trop



Creuse, creuse, souviens-toi des trésors
Cachés au nœud des ondes et des décors
Qui roulent leur force étale dans les aubes
Chine, Terracota soldiers, © MM 2011
Éclatées par tant de forces que dérobent

Les printemps passés, les étés d’hier
Les sculptures brisées les mauvaises prières

Approfondis les vérités dernières,
Les soucis éphémères
Et les pouvoirs secrets
De magnifiques versets

Scellés dans la tourbe
De tes beaux yeux courbes




lundi 27 août 2018

Un rien végan




Il suffirait de presque rien, peut-être...
Serge Reggiani



Un rien trois fois trop gros
pour faire le tour de ce portail

comme un ruminant qui fumerait du H
et si tu veux ça peut durer l’histoire d’une éternité

trente-six morts sur la route de ton bonheur
tous suicidés par la faute de tes yeux enjôleurs

comme pour te dire fais attention
un enfant tombe à ton côté

Dessin d'O. Pakara
là-bas

un rien trois fois trop pourtant
quelque dérèglement sans fin

qui telle une vis trompeuse
va jouer un tour de force sur la poudreuse

de tes yeux

ruminant éclectique qui descend comme Homère
des aèdes convaincus qui ont chanté son âme

et ont ramené l’art à une simple attitude
ce présage sans parole qui fait de l’ombre une étude

ici-bas

et cela

nous rend seuls
aveuglément et folâtrement seuls

un rien pour ton rein
ton pain vaut bien mon rein

et tu redémarres sur les pentes
douceâtres de la vie qui va

tu es une force qui vague

et moi une farce qui vogue

cochonnet sans remake de nos humbles requêtes

et cela

comme si demain s’avançait à grands pas
se traînant comme un ivrogne
que j’aime ce mot d’un amour ambivalent

et cela

comme si

Canard laqué, Beijing, Chine
de-ci de-là
tu passais sur le ventre
de toutes les années pendues au désespoir

comme à une esse de boucherie

bêtes d’embouche
préparez nos assiettes

et taisez nos silences

car nous sommes votre épouvante
de dernier sentiment

viande stressée
qui va orner comme une guirlande

nos petits légumes embaumés.





vendredi 24 août 2018

Les rades inconnues






Sur le chemin humide de la beauté cachée
Sur les fanions primés de la course effrénée
Dans les étoiles d’un monde où l’amour n’a pas d'prix
Face aux lumières fanées d’un autel vert-de-gris

Aux anses impensées d’un drôle de parapet
Avec l’aube pour cachet et la moire pour souci
Rien ne semble parfait : pourtant tout est fin prêt
Sur la courbure d’une douce mélodie

Quand on sait débarquer aux rades inconnues
Sous le soleil aux dards imprévus
Quand l’ombre croît tel un grand oiseau gris
Se posant sur le sol, à côté du ruisseau
Compulsion de faconde vers le haut
De nos rires, primevères indociles
Aux caresses du zéphyr
A l’angle de l’hiver
Nîmes, Jardins de la Fontaine, © M.M.

Quand rugit le silence
Et qu’entrent dans sa danse
Les insectes graciles
Chassant le triste sire
De leurs ailes de bourdons

Comme bourdonne l’eau qui sourd
En traçant son sillon
Un sillon de fraîcheur
Sur le fond des vallées

Déjà loin le dégel
Et le fracas des glaces
Qui tombent en se brisant
En milliers d’étincelles

La sente semble meurtrie
Qui respire comme une brasse
La sortie de la nuit

Les oisons vont bientôt
Entamer leurs sanglots
Et plus fort dans le ciel

Vont perler les nuées
Qui ourleront de miel
L’échafaud fracassé

De l'aube assassinée




Eh ! L'ami !




Rien ne nous trompe autant que notre jugement. Leonard de Vinci


Un instant s'il-vous-plaît, vous avez dit ???
J'ai dit un mot après l'autre comme d'habitude
Oui... enfin, il nous faut rejoindre la quiétude
Et aussi le plus humble des abris !!

Musée de l'Architecture, Paris. Le Jugement dernier ?
A l'instar de nos pluies d'horizons inespérés
Vous me donnez un peu de raison et pas assez de grive
Nous nous contenterons des merles de la rive
Et de quelques parapluies dorés

Je vous emmène avec moi votre compte est bon
Alors partons ! il me tarde de rejoindre le Vésuve
Et jamais encore je n'ai lu Vitruve
Oui, c'est cela allons-y ! Partons !

Vous finirez par comprendre mon ami
Oui mais trop tard je le crains
Que tout se termine dans le bain

Celui qu'on appelle Pas radis ! 



mardi 21 août 2018

Salut à toi



Accueillez la voix qui persiste
Dans son naïf épithalame
Allez, rien n'est meilleur à l'âme
Que de faire une âme moins triste !
Paul Verlaine



Salut à toi,

Comment vas-tu ? Es-tu trop prise pour envoyer des news ?

Comparses de l'aléatoire, les nouvelles nous rafraîchissent et nous rassurent
Il y a une limite éternelle à ce bouquet d'étincelles
L'étain n'est pas un métal noble et puissant
Le cheval n'a pas besoin de nos selles

Quand fleurit le rivage de mille coquilles de noix
Concassées par les flots,
Alors je parle à la mer comme un promeneur de guingois
Harassé et falot

Etang de Thau 2018 © M.M.
Si seulement les rimes pouvaient en s'entassant
Faire des gilets de sauvetage pour les passants
Et donner un sauf-conduit à nos péchés
Dans la boue et le marasme de cette année
(Dans la boue et le marasme de l'étang
Où plongent le regard sombre
Les alliés du néant et du grand vent
Comme de lourdes palombes)

Si tu peux donner signe de vie
Tu transformeras mon hallali
En un rire prolongé et mon âme
Tremblera d'un doux et prolongé dictame

Comme si le ventre de la ville
T'avait ramenée pour un instant
Sur le profond velours des ans
Et tous les souvenirs alarmés
Déboulant comme une armée
De cédilles
Avaient donné un coup au temps
Qui godille

A quand mon amie de toujours
Mon âme mon cri mon amour ?

Je t'attends encore et encore mon amour...




vendredi 17 août 2018

A charge pour toi



En écoutant les chansons de Léo Ferré



A charge pour toi d’ouvrir les valises de tes yeux
De me décrire les pleurs qui les gonflent
Dans le sombre lit de tes aïeux
Dans le plumard où tes mains ronflent

Comme il est tard tu vois le train de 23 heures
Passé comme se doit dans le sens de la peur
Tu parles sans rien dire et tu dis sans parler

On ne peut pas ne pas communiquer

Comme Léo le brave est une pure eupatoire
Ce poète survivant dans ses mots qui ex-istent
Comme lui soudain je me sens  anarchiste
J’ai envie de crier et j’ai envie de croire

A la force du vent à l’amorce de sang
- Qui prédit l’infini retrouve ses amis
Sans pouvoir les serrer tout à fait contre lui
Avec ses bras coupés et ses dorénavant -

Tu restes phénomène dans l’aube accoutumée
Tu pleures sans sourciller et tu dépenses ta vie
Fleurer le temps dans un cri souvenir sous pli
Comme le vide-ornières du pré contrecarré

Que tu nous as construit.





lundi 13 août 2018

Le défroqué




A friend is someone who makes it easy to believe in yourself - Heidi Wills



Il y a comme un dégradé un défroqué un perd-patience
Il y a le prytanée de nos errances

Et l'imbroglio improbable de nos attentes
Tout nus dans le vers de nos proses 

Tout verts dans le nu de nos danses
Et l'impromptu de nos psychoses
Collectives éruptives disruptives

Il y a... 
Mais chut ! On vient ! fermons la porte  à clef 
Et redevenons les biches sauvages de l'apprêt

Dans les coulisses du devenir autre
Au pied des humbles hommes apôtres

De la déconvenue




samedi 11 août 2018

Nous plaisons aux tardigrades




"Au fond, c'est une jouissance que d'attendre l'épouvante" - Henrik Ibsen, Maison de poupée





                     Une douceur de sangle                                        douleur d’exsangue                       je pense à toi et toi
dans la rue                                              je danse comme une toupie je tourne        je vire                 je volte
                                 si le souvenir me hante              l’art me crotte
                     rien n’est pareil à ce demain
où s’élèveront les hautes mains                               de nos désirs où                  pleureront les délires effarants                               quand tous nous renaîtrons           comme des anges     dans     l’armistice de nos tendres gaffeurs                 nés                     nous plaisons aux                                 tardigrades

                  Ibsen l’avait dit et redit mais nous n’avons pas écouté
         LA GUERRE EST VENUE TOUTE SEULE
                COMME UNE GRANDE nous n’avons pas été vigilants
                                                       et la revue des mondes dépecés            nous a raconté le café Balmoral

                   nous sommes des sous-hommes tous autant que nous sommes                            le message est passé                                                                                         mais nous sommes restés et alors
LE MONDE ENTIER NOUS A DECORES DE CIMETIERES
                               Voltaire et Montesquieu et aussi Lacordaire
                     des apôtres                                         nous vers nus comme des sous neufs
                                                                                                                           nous trempons notre plume dans le nectar des brumes et                 nous nous heurtons aux difficiles retrouvailles avec le bœuf musqué et l’aigle blessé nous pour d’autres semailles et d’autres hivers dans la plaie ouverte de nos enfermements
 
NOUS SOMMES PERDUS 

0 SOUVIENS-NOUS ET RAMENE NOUS A TON BERCAIL PRECEDENT

                      Passage à Tabernas
                                                         et haut de hurlevent





mardi 7 août 2018

En écoutant « Les Choristes »



"Mais qu'était donc cet appel du sujet au-delà du vide de son dire ?"
"Écrits" de Jacques Lacan (1966)



Le surgissement d’une voix
Fluette, aigrette de la joie
Dans le désert grivois
Des ormes pleureurs

Le naïf et fol espoir
Qui naît dans le soir
Tel un oiseau noir

(Il changerait de couleur
Pour marier le bonheur
Et l’aubier des heures)

Un parlêtre de l’art
En proie à la misère
Et qui dépasse les critères
Qui déterminaient son écart

© M.M.

Dans l’arbre je vois
Comme un oiseau bleu
La couleur de ces yeux

Qui retiennent ma voix
Prisonnière de la loi
Comme un enfant je dois
Dérouler mes trésors



Devant l’armée des corps
Qui périt dès l’émoi
Ce toi qui es si droit

Comme un chagrin
De peau maigriotte
Disparu sous la botte
De tant de mauvais biens

De tant de malandrins

La voix dans le désert grimé
Répond faiblement : un écho
Et dit : marche marche dans les blés
Ne te retourne jamais
Cueille, cueille les souvenirs tannés

Par le chemin qui mène en haut

Du côté de la lumière et du repos
Du côté de l’arbre à oiseaux
Bleuté par le ciel si gros
Qu’un nuage s’y grise de beauté

Balafré de milliers de farfadets
Comme autant d’hymnes à la paix

Parle, parlêtre aux blancs soucis
Peuplé de ces doux peupliers meurtris
Qui susurrent dans le vent des nuits

(Comme des abbés qui prient
Dans leur sombre abbaye)

Si le temple était rebâti
Nous ferions des tours de guet
Nous ferions des parapets
Pour les enfants de la vie

Nous chanterions comme des enfants
Comme les choristes
Avec des trompettistes
Comme des sous-fifres épatants

Armures de tant de bannières
De tant d’éclats
De tant de voix

Qui s’élèvent dans le désert grivois
Autant de fanions-liberté

Comme des ballons d’air si frais
Si pommelés de vérité
Ils y éclatent de cette manière

Qu’on attribue seulement à Dieu