mardi 4 septembre 2018

Extrait d'un futur roman (?) intitulé : Germain







Il y a là tout le tintouin du monde, comme une mare aux reflets mordorés, comme un critère de perfection dans une absurdité de dartre laid et même hideux. 

Tu restes un instant devant ce spectacle sans nom, sans sens, sans vertu, et tu te retournes soudain, habité par cette unique pensée : cela ne sert à rien de chercher pourquoi tu es ce que tu es, pour quoi tu vis ta vie sans tain, pour quoi tu meurs à toi-même dans le sainfoin du sang.

Tu n'es rien d'autre qu'une énigme, au fond, tu n'es rien d'autre qu'un déviant peut-être, ou un malade, ou une bordée d'injures à l'état larvaire, un grouillement d'incertain et de veulerie, une sorte de primat des primates, un singe hurleur dont on aurait coupé les cordes vocales. 

Tu n'es rien, et ça ne sert à rien de chercher ton identité, les raisons profondes de ta pâle figure, de ton destin sans but, les horreurs de ton moi semblent retarder à jamais le printemps de ta vie, tu n'es pas un secret pour les autres, mais tu l'es à toi-même, à tes passions, à tes pensées intimes.

Tableau de Jean Recart, Photo © M.M.
Au moment même où tu te tournes, où tu renonces, où tu veux marcher en sens inverse, une pensée t'atteint, comme une flèche son cœur de cible, et te transperce le cœur. 

Tu es en colère, Germain, en colère depuis ta jeunesse, depuis les prémisses de ta vie, depuis le surabondant cortège des jours passés à pleurer, à chercher, à chercher à pleurer. 

Germain, tu es comme ce petit enfant qui se mettait dans des colères destructrices parce qu'il manquait d'amour, parce qu'il manquait de l'essentiel, que tu avais lu avec intérêt dans un mensuel :

"Un jeune New-Yorkais de 14 ans était constamment d'humeur coléreuse et n'arrêtait pas de se battre. Grâce aux investigations d'un médecin, le garçon a finalement reconnu : « Je n'admettais jamais que j'avais besoin d'aide, que je voulais quelqu'un à qui parler. (…) On a peur de ne pas être aimé." 

C'est toi, Germain, ce petit d'homme en colère contre le monde entier.

Tu es profondément, dans ton anabolisme même, en rogne, en rage, en révolte, en soulèvement permanent, mais de façon sous-jacente, de façon invisible à l'œil et à l'oreille, de façon viscérale sans qu'une traduction littérale de ta bible interne ne soit jamais parvenue aux oreilles d'un parent, ou d'un ami tout simplement.





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