vendredi 7 septembre 2018

Fuir, fuir, fuir encore.






Fuir, fuir, fuir encore. 

Ce soir-là, je veux marcher dans la brousse, au clair d'une lune incandescente, avec un seul but en tête : comprendre, me comprendre. 

Pourquoi j'échoue sans cesse à garder mes pensées équilibrées, à me laisser gagner par la ligne droite en mon cœur, comme tracée à la craie sur le pavé de mon enfance, comme un jeu de marelle ou d'osselets sans nombre, comme un retour au pays de mon innocence. 

Sangsues au souk d'Istanbul. Ma vie comme sucée par des sangsues...
Pourquoi je bute sans cesse sur mon indigence mentale, mon débris visionnaire de pansement mal fagoté, comme une surinfection dans mon âme litigieuse et même presque lithique. 

Alors je prends la voiture, je vais au bout du chemin, et je marche, je me voyage comme aurait dit Julia Kristeva, je me transporte vers les confins de moi-même. 

Je crible mes instants d'interrogations souterraines, de velléités et de volitions, de pourquoi et de comment.

Je marche, je marche dans la brousse, tout droit, en suivant le rivage de loin, en me laissant bercer par ces vagues de l'océan Pacifique qui effraient leur devenir dans une révolte sans fin. 

Je vois les crabes des cocotiers qui grimpent prestement sur les arbres à mon arrivée, qui migrent comme souvent je les ai vus au crépuscule, migrer vers leur lieu privilégié de villégiature. 

Je marche, je suis marchant comme un enfant marche en rond dans le ventre de sa maman. 

Je veux savoir, comprendre, oui je veux aller au bout de la terre pour comprendre, saisir enfin l'insaisissable, l'inavoué, le véritable. 

Je suis têtu, comme si le cliché sur les bretons se réalisait sur moi, en moi, qui suis d'origine bretonne par mon père... ce que je hais au fond de moi, comme un jeu de quilles à renverser, comme un rêve à chasser, comme un cauchemar à bannir de mes souvenirs.

Comme une fuite au fin fond de l'abîme intérieur.





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