samedi 1 septembre 2018

Que ce papillon vive...



« Les armes de Satan c’est la sensiblerie
C’est censément le droit, l’humanitairerie,
C’est la fourberie et c’est la ladrerie. » 
 Péguy, Tapisserie Ste Geneviève et Jeanne d’Arc, 1913, p. 85

Musée du papillon, Avallon (89) © M.M.



Dans la brûlure tu ressens le vide absolu de ce regard qui te transperce pourtant comme un poignard gravé de signes hiéroglyphiques que toi seul sais déchiffrer. 

© M.M. 
Le temps qui sépare l'armure et la guerre en réel est de plus en plus court, tu sais. 

Tu le sais, n'est-ce-pas ? 

Que reste-t-il de tous ces gens qui avant toi ont gravi le monde, ont espéré aimé vaincu pour survivre ? 

Des cendres grecques et des poussières latines, comme dit le poète... 

Mais chaque vie vaut pourtant la peine d'être vécue, chaque instant pesé, chaque jour porté. 

Dans l'art si honnête du vent il y a la dérision vaine, cette ironie mordante du néant, qui scande à notre être : tu passes tu passes tu passes tu es bientôt passé, te voilà presqu'envolé... 

Et nous finalement, aux portes de la mort, nous répondons tels de faibles échos pavanés d'insouciance : encore une fois, encore une fois, un jour, une heure, obstinément...

Ce papillon mort de la chaleur d'une lampe, croyait-il ? 

Avait-il besoin de voir pour croire ? 

Et il a vu. 

Que ce papillon vive et alors nous vivrons et croirons, nous surpasserons nos antiques aïeux, nous dormirons dans les hamacs joyeux, nous baignerons nos corps aux hammams d'encens et d'essences de cardamome, de benjoin et de cinnamome.






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