Voici un texte un peu difficile
écrit il y a bien longtemps...
quand son identité vacille
on s'exprime en grisant
les marges du codicille
que l'on croit rétractile
Rédige ton testament il te reste un printemps
dans l’âtre brûlent tes
dernières journées
et tu percoles ta mort
en humble roturier
tu meurs
regarde-toi
en face, dans la glace qui fond
tu es comme un coupable
avant la décapitation
ton sang se coagule dans tes yeux
injectés
et tu arbores une mine défaite
comme un vieux manteau
tu trembles sans bouger tu conduis comme un fou
alors qu’à deux pas les gens
rient et sont saouls
Source tarie et son bassin (on appelait ça une pile dans notre jargon familial) |
si seulement
ton or pouvait servir à te racheter
l’âme aurait un second
souffle tu serais ranimé
mais las ! les marins ont
perdu pied et l’arme passe à gauche
tes espoirs envolés font des froufrous des libertés statues
et toi tu
t’enfonces dans la glu de demain, dans l’arbre déconnecté
je pense à toi qui pleures
et moi aussi je pleure
tu pleures de peur j’ai peur de pleurer
tu
frissonnes comme un sergent-major dégradé
un prêtre défroqué face à
la mort qui l’appelle
et moi je
range mes souvenirs dans la malle au grenier
je pense à toi malingre je me
tais
si tu voulais tu pourrais griller toutes tes journées mais tu attends l’impassibilité
et tu rages de vouloir tout
casser et de ne pas pouvoir
je me garde un recoin pour rêver, une cachette d’espion, un
nid d’aigle
et tu me rejoins là
soudain
avant que s’abatte le
couperet
Reflet sur la ville ou la ville n'est-elle qu'un reflet ? A-t-elle son double dans les replis secrets de notre cerveau ? |
que la veuve noire te plaise
et que j’aille l’embrasser
pour une exécution pour les
basses marées des œuvres basses
je galope vers la vie tu
m’entraînes vers l’ennui
je trace tu me rattrapes et me
happes comme un vulgaire moustique
je suis le puceron d’une
pucelle enfermée
(je brûlerai avec elle)
comme un brasier tes yeux
semblent briller d’une haine forte et dense
et je sens soudain que tu
saisis mes mains
me voici !
laissez donc partir l’autre
mes hommes ont combattu pour
tu sois livré
si tu recommençais le parjure de
la vie
tu ferais même chemin
jusqu’à cette infamie infâme
tu loverais ton sourire dans
cette victoire de lâche
surprise au bout d’un fil
(le pendu est détruit - quel est ce jeu stupide)
et je suis sans moi-même
devenu aussi gris qu’un marbre
de tombeau
qu’un granit du Morvan posé
sur ta dépouille
ci-gisent bien enlacés
moi et mon double
profané
samedi 21 avril 2007
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