mercredi 30 septembre 2015

L’angoisse de la page blanche, et rouge...

L’angoisse de la page blanche
Cymbale retentissante
Henri Dunant, créateur de la Croix-Rouge,
première ONG au niveau mondial, initiée
lors de la bataille de Solférino
Oripeau d’infini
C’est la hantise du dilettante
Qui vous écrit

Elle parle de ventre moche
De moustaches raccourcies
Et de ces vilains boches
Qui ont les paradis


(...)

Car l’art est une chanson
Qui s’arrête à l’hameçon
Et mord sans se blesser
Le vers que l’on a fait

Il festoie dans la nuit
Comme une poussière d’étoile
Qui remuerait amie
Les couleurs de tes toiles

Si zut pouvait compter
Comme un pied sans orteils
Le thé serait comblé
D’un vertueux réveil

A la fraîche et comme gris
Zigzaguant les sentiers
Battus par tant d’armées
Que le fol ennemi

A bel et bien souillés
De ses bottes tannées

Amateur de surprises
L’ennui est une lise
Qui borne mon chemin
Et me rend plus mesquin

Qu’un artiste raté
Il est un assassin
De mes vertes années
Et des baisers si vrais

Dont j'aurais tant voulu
Il change mon portrait
Dans un rire étouffé
Et me fait un poilu
La mine ébouriffée

Dessin de l'auteur,
d'après un tableau de MC Escher (?
Je ne me rappelle plus qui l'a peint...)
Dire je c’est parier
Sur un futur réel
C’est signer de plus belle
Au bas d’un beau papier

Dans l’herbeuse vallée
Où gémissent prostrés
Les soldats déboutés

Un rongement des chairs
Une gangrène au désert
C’est à Solferino
La bataille achevée

C’est à Solferino
Henri humble et discret
Que tu as condamné
L’horreur et son credo

Tous ces corps déchirés
Portaient le lourd fardeau
Des combats inégaux
Et de leurs héritiers

Là un sbire estourbi
Quelqu’un à amputer
Un enfant de la vie
Aux membres écartelés

Frontispice égueulé
Des canons mortifères
Un autre appelle sa mère
Dans son sang écrasé

Le champ est en labour
O vide et désamour
Semailles ensanglantées

Qui reviennent nous hanter

Aux esses et aux détresses
Un cadavre accroché
Fait mine de paresse
Quand il est remué

Un vent fait la promesse
Détestable caresse
Des échangeurs de paix
Contre cet art abstrait

Les travailleurs poètes
N’ont que faire de vos fêtes
Armistices écuelles
Aux souffreteux cruels

Dans l’étouffoir farouche
La croix vermillonnée
Épouvantail aimé
Vient apposer sa bouche

Sur les abandonnés

vendredi 25 septembre 2015

Cariatide



"I will return the cities my father took from your father, Ben-Hadad offered."You may set up your own market areas in Damascus, as my father did in Samaria."
Ahab said, "On the basis of a treaty I will set you free."1 Kings 20:34 - NIV





Cariatide
Callipyge éternelle nuages de l'oubli
Comme une cicadelle sur ma main refermée

Comme un roseau panserait les jours d’assuétude
Les sourires dépensés et des cadenas ouverts

                      (Une telle dépense onc ne dessert)

Œuvre de l'artiste chinoise Wang Xiao Yan (WXY) peinture sur bois 2015
Je puise dans le cœur de l’insoupçon
Et je ridule le feu de mon art supplanté

Mon arme est la patience, qui s’énerve tranquille
Sur les rues enfermées, dans le dos des études

Sur les sentiers croisés qui indiquent la mort
                         Qui s’enfoncent dans le temps avec la force molle

De ceux qui savent la fin proche qui sont découragés
                          Et qui croient qu’un instant peut les reformuler

Dans la honte des années perdues
A rechercher à farfouiller à se départir de ses tripatouillages

Comme si

                                  Et aussi le prétoire où parlent les femmes au dos des keufs
Là où se jouent les libertés conditionnelles
                                  Les serpes qui retombent au cou des prisonniers

Tous les souvenirs hantant les tourelles de l’ennui

Oiseaux noirs et glauques dans le courant des nuits passées

Passées à espérer à échafauder des théories
                                                                         à déambuler lugubres
Dans la cellule noircie par tant de cigarettes

Dans le formidable tir des poubelles qui tombent
                                             Au fond du camion qui emmène les cadavres

                 Et défait nos lits au carré

Comme si

Et puis les formidables matraques qui s’abattent sur la tête
Les coups de poings les serre-dents et les autres péris

Tout un camouflage d’alibis
                                une série printemps gris

Tant que

Les tanks ne seront pas surpris dans la ville
                     Que les roquettes tomberont comme des pluies de puits

            Pour une archéologie de la haine
Toute une série de sirènes sans bruit
                   Qui défilent porteuses de la morgue des thrènes

Des anciennes chansons pour boire l’insomnie

                                                                     Et la non-vie.

                                  Dans l’arbre mort j’aimerais trouver un coin de miel
                                 Mais il n’y a que de vieux papiers gras et des bouteilles

                Des canettes de bière et du soda évaporé



Comme lui.





mercredi 23 septembre 2015

Objection, votre Honneur !

- Pourquoi es-tu distrait : qu'est-ce qui ne va pas ?
- Laisse-moi tranquille, ne t'occupe pas de moi !

- Mais tu es d'une humeur massacrante, pourquoi  ?
Je ne t'ai rien fait, j'espère, allez, dis-le moi !
Dessin de Plantu, dans le journal Le Monde,
pour les XXVIIIes rencontres de Pétrarque, 2013

- Comment ne serais-je pas inquiet quand mon frère souffre
Comment me savoir libre et lui au fond d'un gouffre

Mon frère est emprisonné, il est bâillonné
On ne le comprend pas, on le vêt d'un droguet

Il souffre pour ne jamais faire souffrir quiconque
Il attend sa sentence comme un coup de gong

Il prie chaque jour, chaque nuit
Le monde entier est devant lui
Je sais qu'il n'a pas d'ennemi

Il donne sa liberté pour ne pas laisser perdre
Leur raison de vivre aux ennemis de l'Hydre

Étau autour de lui les barreaux se resserrent
Les murs dérobent la lueur bleue de l'éther

Il étudie la moindre parcelle de la Loi,
Fait du cachot un temple à son Dieu Jéhovah

Rien ne le trouble comme la rumeur des bottes
Le bruit noir des canons et la charge des chars

Il ne peut en conscience œuvrer pour nulle guerre
Son nom est inconnu mais sa chandelle est fière

Dehors la vie remue telle un fleuve impassible
Les enfants sont joyeux et tirent sur des cibles

Les chiens jappent gaiement ou pour une menace
- Inaudible à leurs maîtres - au centre de la place

- Pourquoi es-tu inquiet pour un soldat de moins
- Eh ! T'a-t-il nui l'ami de quelconque manière

Son droit est de dire non au bruit des cartouchières
Son silence est un long et douloureux témoin

Comme si demain un grand conflit mortifère
Allait ensanglanter son pays attaqué

- Son amour pour ses frères va-t-il donc l'emporter
- Si déjà il acceptait d'apprendre la guerre

- Gott mit uns ! disaient les nazis à la Seconde
Lui se tait et remet ses pensées dans son cœur

(Mais on frappe à sa porte : objecteur c'est ton heure
Voici venu du temps des juges la faconde

De refus d'obéissance il te faudra répondre
Tu moisiras des années dans ce cachot sombre

Vrai prisonnier de l'espérance
Porte le seul flambeau qui danse

Pulsion de vie pulsion d'amour
Contrecarrent encor plus fort
La pulsion de mort...)




mardi 22 septembre 2015

Champs Élysées, statue de De Gaulle

25 septembre 2006




Les riverains du fleuve sont privilégiés par leur proximité avec le bonheur, ou plutôt avec la douleur d'être heureux, ce qui n'est pas exactement le bonheur même. En fait. Tempus fugit et les ardoises à régler sont aussi vraies que les marrons qui dégringolaient tout à l'heure dans cet espace vert où logent les passants, fleurant bon le cyprès (et aussi le sapin). Nous sommes cernés par la ville, écartelés entre passé et futur, à la merci des vents contraires qui font ployer le navire et menacent notre traversée. Ce n'est pas bien d'écrire quand on n'a rien à dire. Mieux vaut arrêter là et se taire, en attendant que les voiles gonflent et que le bateau reparte. Même si c'est en sens inverse.

dimanche 20 septembre 2015

Golem duplicata

Voici un texte un peu difficile
écrit il y a bien longtemps...
quand son identité vacille
on s'exprime en grisant
les marges du codicille
 que l'on croit rétractile




Rédige ton testament il te reste un printemps
dans l’âtre brûlent tes dernières journées

                                   et tu percoles ta mort
en humble roturier tu meurs

regarde-toi en face, dans la glace qui fond
                                                     tu es comme un coupable avant la décapitation

ton sang se coagule dans tes yeux injectés

                                     et tu arbores une mine défaite comme un vieux manteau

tu trembles sans bouger tu conduis comme un fou
alors qu’à deux pas les gens rient et sont saouls


Source tarie et son bassin (on appelait ça une pile dans notre jargon familial)

                     si seulement ton or pouvait servir à te racheter
                l’âme aurait un second souffle tu serais ranimé

mais las ! les marins ont perdu pied et l’arme passe à gauche
                      tes espoirs envolés                  font des froufrous des libertés           statues

et toi tu t’enfonces dans la glu de demain, dans l’arbre déconnecté

je pense à toi qui pleures et moi aussi je pleure
                       tu pleures de peur                                           j’ai peur de pleurer

         tu frissonnes comme un sergent-major dégradé
                                           un prêtre défroqué face à la mort qui l’appelle

et moi je range mes souvenirs dans la malle au grenier

je pense à toi malingre je me tais

si tu voulais tu pourrais griller toutes tes journées               mais tu attends l’impassibilité
                          et tu rages de vouloir tout casser et de ne pas pouvoir

je me garde un recoin pour rêver, une cachette d’espion, un nid d’aigle
                                                     et tu me rejoins là soudain
             avant que s’abatte le couperet
Reflet sur la ville ou la ville n'est-elle qu'un reflet ? A-t-elle son double dans les replis secrets de notre cerveau ?
                                                              que la veuve noire te plaise
                 et que j’aille l’embrasser
                       pour une exécution pour les basses marées                            des œuvres basses

                        je galope vers la vie tu m’entraînes vers l’ennui

                   je trace tu me rattrapes et me happes comme un vulgaire moustique

                                     je suis le puceron d’une pucelle enfermée
        (je brûlerai avec elle)

comme un brasier                      tes yeux semblent briller d’une haine forte et dense
et je sens soudain                          que tu saisis mes mains

                        me voici ! laissez donc partir l’autre

                                         mes hommes ont combattu pour tu sois livré
                   si tu recommençais le parjure de la vie
                                         tu ferais même chemin jusqu’à cette infamie infâme

               tu loverais ton sourire dans cette victoire de lâche

              surprise au bout d’un fil

                                                     (le pendu est détruit - quel est ce jeu stupide)
et je suis sans moi-même

                                                            devenu aussi gris qu’un marbre de tombeau

qu’un granit du Morvan posé sur ta dépouille

                     ci-gisent bien enlacés
                                                 moi et mon double
profané




samedi 21 avril 2007

jeudi 17 septembre 2015

Démission





Un pas vide
                           des ortho lents
                                                 quels sont les pris 
                                                                                                                        de nos braves paris

je reste las                                                                  tel un renard
                    dans sa tanière


                                                forte de ses petits
    l’arme est toujours fatale
                                                                                       le regard gris
                              et les soupçons fondés

Un pot vide
                                          des armistices
                                                   quoi de plus honnête
                                                                                   que l’argyronète

                                               je plante les mâchoires
                   de mon étau
                                                     et je rabote
     j’ai larme facile
                                          mon soupir de prisonnier
             et les soupers à la grimace

Un mot vide
                                   des abris bus
                                                         quelle est la joie
                                   de mes intrus
                                                                         vous qui restez
                                             ne demeurez jamais factices
                                                               comme des bouteilles d’exposition

dans la grand'cave 
                         

de l'oubli

Un mot ride
                                                       et son prix...






mercredi 16 septembre 2015

Ce retard coutumier





Ah ! Douleur incessante au regret amer
Comme des pépites de chocolat pur et sans miellat

Le supplice du goutte à goutte, de date à date
Comme des pavanes insolites dans un ballet nuptial
Ces sertissures de paroles
De mauvais engagements qui cerclent le printemps

Je me charge de moi comme d’un ânon bâté
Comme d’un rire pour de faux
Comme d’une tignasse à recoiffer

Et tous les gens autour qui crient leur désamour
Qui criaillent et qui piaillent dans leur basse-cour
Nous laisseront-ils rêver un dernier temps d’aimer

Toi, toi entière comme un sourcil dressé
Une écoute si précieuse pour mon cœur esseulé

Ce délicieux indispensable et impensé
Retard coutumier




mardi 15 septembre 2015

La danse sur le bord du monde



J’ai dansé sur le meuble effort de tes jours
ma stupeur de ne pas te connaître avant la fin du monde
c’est un abécédaire de l’inconnu qui serpente entre nous
comme une chanson mutique et un rythme sans ordre le bord du monde
penser c’est d’une fatigue sans nom
il faut ramener le désespoir à de justes propensions et le fin du fin c’est la fin d’une onde

je me partage entre deux boulevards au Monopoly des starisations
et du hasard des provocations
si tu veux nous irons nous chauffer sur le radiateur à silence
et alors nous prendrons une bonne tranche de vie dopés à l’infini de la chaleur blonde
et à la fin du monde nous irons en chantant vers l’échafaudage de nos vingt ans
© MMM
J’ai pleuré sur le mol essor de nos biais
si tu veux nous opterons pour la craie bleue
nous écrirons sur la carte blanche
nos peurs rouges et le danger sur tout ce qui brille
le discobole de nos quadriges
de nos imbus

je panse les chevaux de tes reins un rien retourné et c’est un rein
corrompu par l’ablation sublime de tes mains au fond de nos regards un hymne à la foi comme un pommier dans l’azur
comme une fleur dans un désert et le pourquoi pas de nos rires
cédille inconsciente de nos désirs

ô syllabique majeure de nos doigtés mellifères
nous dormons au cœur de nos affaires

comme des répliques sans passiflore
et des chemins sans bas-côté
comme le sillon d’un bateau enivré de lumière phosphorescente



dimanche 7 octobre 2007

dimanche 13 septembre 2015

Un terme à la chanson



Pas un poète    pirouette                                         je me répète

                                            juste un assassin des maux
Les mots font mal parfois mais sont si beaux par d'autres côtés...
et pour l’exemple                             et la vindicte                                                          populaire

car les maux                                                         il faut le dire à ma décharge
                              ou à la leur c'est selon
ils nous trahissent comme de rien

                                                                       et j’ai l’impression d’être en reste
                      coquin de sort matutinal
              qui fait des divisions rénales

                                                                                                           aux profondeurs du printanier
                                           panel (de crabes)

dans les ordures                                                          et par les vaux
                                       il y a la bure et le cadeau

                                                      délivre-moi de ma poussière
                 et de mes couronnes de lois

                                                                     table rase de mes décibels
                                          retable de rebelles

                je ne suis juge                                                                                  que par dépit
                                               et mon lasso               fait               des prisons

                                   où croupissent                                                           les humbles dépris
                                                                   de mes regards inassouvis

                                                               pas un poète un machin chouette
                                      une petite pointure du milieu                                             (aquatique)
                        qui fait des bulles                                           de vos losanges
                                                         et un retour                                      vers la mésange

vivier ludique                                                                  entre souvenir et artifice
                                comme un porte-drapeau                         obèse
Les oiseaux, tel ce circaète Jean-le-Blanc sont-ils des poètes de la voltige
aérienne
quand ils sont blessés à vie comme ici au Parc ornithologique du
Pont de Gau ?

                                                             qui continue son ombilic
                                                                                              par la hampe de son tissu d'absurdités

je me répète                                                                  et tu me tues
                                quelques préfets à ma tablée
                                                            et deux ou trois champignons noirs

                            venus de Chine                                                                                  par mon tiroir

                                               Je ne crois plus en mes déboires
                                                                                cela clôt toute investigation

                                                                                                                   et met un terme à ma chanson





31/03/2007

samedi 12 septembre 2015

Cendres dispersées...

Fuligine de tes cheveux
Aux premiers rangs des cœurs

Fuligineuse libellule sur un chemin de la Réserve ornithologique du Pont de Gau
Un bleu si calme et si serein
Comme un incertain souvenir

Pourtant si vif
Un retour sur soi

L’abrutissement de nos rêves de nos lois

Dans l’aubier infus de ton haleine
Comme le retour d’une longue peine

Aussi 

J’ai déharnaché mon âme

Mon regard dans le tien
Comme un aquarium aux requins

Où je passe pour un faux parnasse
Un habitant désarrimé

Sage comme un doux migrant
Héron gris cendré (?)  au Parc ornithologique du Pont de Gau
Qui se débat avec la langue

Pour masquer une sorte d'insouciance

Son ignorance 
pourtant si docte

Maintenant qu'il est arrivé

Vif-argent de ta prunelle
Comme un diamant, un silex, un glyphe

Et moi qui pends la crémaillère 
A mes regrets
De ne pas t’avoir connue
Plus vite

De ne pas savoir te donner le change
Aux prises avec les codes

Les lois tout ce qu’ont fait les hommes 
Qui ne pensaient qu’à eux

Pourtant si vif
Ce retour sur toi

Dans la pénombre d’un coin de bar

Au fond d’une taverne sans sésame
Aux séismes de la table bancale

J’oppose mon coude
Je prends ma tête
Je la penche vers toi

Je t'écoute

Toujours au Parc Ornithologique du Pont de Gau, 13460 Stes Maries de la mer, crâne de chouette (?)
















J'aimerais te dire :
Pense un peu à toi

A travers tes souvenances
Tous les contresens de l'absence

Tes réminiscences 
En solitaire
Tes pas de danse
Sur la banquette

Je te le dis :
Tu n'entends pas

Mais...
Tu me quittes

Au soupirail un chat se cache

Et je reprends mes vieilles cartes

Tu pars
Me promettant un sourire
Bien incertain…

Alors je dis :
A demain

vendredi 3 novembre 2006



Diastole et pistole...

Écrire une page chaque jour, laisser vagabonder son imagination de ligne en ligne avec la légèreté d'un papillon diurne ou même crépusculaire, se laisser bercer par les mots, leur sonorité, leur redondance familière, aller comme ça au gré du courant, dans un état de torpeur où la douceur le dispute à la langueur, où s'accrochent les frondaisons qui descendent presque jusqu'à l'onde, qui font des pleurs cristallisés sur la surface des eaux dansantes. Je pense à riveter le monde dans un tunnel de verdure, je n'ai qu'un vague-à-l'âme : (...) je soupire lentement, dans une respiration de sommeil sans rêves, je respire et toutes mes inspirations sont faites pour ce coupant soupir, ce dirimant navire intérieur qui fait la vérité des ombres et la moiteur des tempes...

Il y a un mystère, une sorte de mystère, qui tait, qui ouvre, qui ferme à son gré les sépales de l'âme, c'est la douce diastole de la vie même, je veux dire la vie de l'esprit, le vide sanitaire de nos enfantements idéels, qui n'est sans doute pas l'inconscient.

A travers le temps, comme malgré lui, nous nous regardons comme des permanents sur cette humble planète, comme des tableaux vivants accrochés au pan d'un mur blanchi à la chaux. Nous nous croyons donc importants, puisque nous avons le droit de vie et de mort sur nos désirs (dans la mesure de notre maîtrise de soi, notion qui est plus noble que celle de self-control) et que nous avons une pensée d'éternité, une notion de survie, dans la surpuissance de notre affect fondamental. Il fait chaud, mais nous ventilons, nous climatisons notre vie avec des protubérances de synthèse, des prolongements de nous-mêmes, des prothèses de toutes sortes. Sorcellerie que tout cela aurait dit notre aïeul idéal, que nous percevons comme l'apparition de la figure de l'aède, notre prédécesseur sur l'hémisphère de nos consciences.
Oui, figure d'idylle mentale, schématise nos vérités, enclenche nos allures modernes, embraie sur la grand-route de nos vides cachés. Oui, impossible mentor, fais de nous les marionnettes que nous sommes, ou que nous fûmes, délivre-nous du mal de vivre, des bleus à l'âme, des ulcères purulents. Oui, ancêtre sans une tache, lave-nous de nos billevesées, délivre-nous encore une fois de l'ombre grandissante sur notre chemin, qui appelle les premiers coléoptères nocturnes, les sphingidés aux formes inconnues et les chauves-souris suceuses de sang.

Empare-toi de nos récits, fais-nous vibrer aux tiens pareils.



Nous nous sauverons de l'imbécile grandeur de nos déboires, comme des rats quittant le navire aux soleils couchants. Erreur : nous ornons nos vides de mille erreurs infatuées. 
Noble aède, proue de notre foi, dirige-nous vers le port de notre plaisir.

vendredi 11 septembre 2015

                                                                       Désirs et zébrures du matin calme
                                             un pays de pourquoi et de tendreté femme

comme un hameçon dans l'eau à travers des poèmes
                    je tente                                             de gagner                            un semblant de bohème

tous les artistes sont vrais                                tous les artistes sont beaux
              tant qu'ils ont des créations                             à leur actif

et à leur bilan ?                                                                  pas de passif
                     c'est rigolo !!!

si on pouvait refaire le monde                                                     avec des trop

et casser                         la tirelire
                de ces grelots
pour détaler empire

dans un galop

                   (comme un ornithorynque se joue des classifications
                                                                                    et de la théorie de l'évolution...)

                           on dorerait                                                         sur tranche
           comme                                               des                                                          camelots
                                                                                  le temps et ses revanches

                              le temps                                       des avalanches
                                                       de baisers sur la peau

                                          comme des bisous étanches
                                                                                                                 de cachalots !!!








jeudi 10 septembre 2015

Postmodernité et espérance

            Quand on lui a demandé s’il croyait au Diable, l’historien Jean Delumeau a répondu : “ Comment pourrais-je nier le pouvoir du mal quand je vois ce qui se passe — et ce qui s’est passé — depuis que je suis né : la Seconde Guerre mondiale qui a fait plus de 40 millions de victimes, Auschwitz et les camps de la mort, le génocide cambodgien, la tyrannie sanglante du régime Ceaucescu, la torture érigée en système de gouvernement un peu partout dans le monde... La liste de l’horreur est interminable. [...] Je crois donc que nous avons raison de qualifier ces actes de ‘ diaboliques ’. Non parce qu’ils seraient inspirés par un Diable encorné et aux pieds fourchus, mais par un Diable, symbole de l’esprit et de la puissance du mal à l’œuvre dans le monde. ”
Dimanche 15.01.12
Je ne pensais pas que la vie me viderait peu à peu, j’avais la joliesse et la figue-plénitude de l’énergie juvénile, j’avais les montagnes pour amies et les vallées de douleur pour ennuis, mais je ne pensais pas que la vie se suiciderait autour de moi, que le monde tournerait à l’aigre et que le goût des temps révolus se masserait comme ça autour du boson de Higgs de la Nuit.
Deux chevaux contemplent la vigne nue aux poings tordus tendus vers le ciel


Non, je ne croyais pas à la mort au bout du monde, je ne m’appesantissais pas sur les rondes dubitatives et mortelles de la pollution aérienne, de la pesanteur des atomes brumeux qui forment comme une croûte "protectrice"


autour de nous. Les nouvelles vont bon train dans la stratosphère et la biosphère, et les dépressions maniaques de notre société conduisent l’homme vers une demeure « de durée indéfinie », comme dit si bien la Bible, j’avais comme une impression d’infantilisme dans les jeux interdits que l’homme se plaît à inventer, une impression moderniste et culturelle de la vie en société, où je déplorais le peu d’amour véritable et les enjeux internationaux de la famine dans le monde semblaient me conforter dans ces apprentissages de la sous-jacence des mondes clos.

Qu'y a-t-il de plus désarmé et nu que les ceps de vigne en hiver ?
Maintenant, je suis donc insidieusement, intimement persuadé que le monde va vers sa fin, dans un avenir plutôt proche, d’ailleurs le sort des nombreuses espèces qui disparaissent de notre globe est comme le début des métastases douteuses et possiblement létales qui s’installent un peu partout dans le tissu du vivant. Je suis donc pessimiste quant à l’avenir, postmoderne dans mon acceptation du monde, in-toléré comme un parasite suceur de sang dans le stigmate de nos vies ratées. Maintenant, et pour longtemps, je ne crois plus guère qu’à une chose, pas une chose nôtre, pas une cause entièrement nôtre, mais une chose, une cause, qui dépasse le simple entendement de l’homme, aussi instruit et fidèle à la vérité qu’il puisse être. On parle de démon, de horlà, de spirituelle influence - de néfaste à mortelle - , de cet ennemi princeps, le Diable.
Non, je ne crois plus en l’homme, je dépends d’une croyance en un inhumain fournisseur de diktats, en un fabricant d’oukases, en un prévaricateur en chef, tête de file de l’ensemble des humains, qui les conduit vers une dernière demeure : la tombe. Tout le monde suit, tout le monde tombe, tous meurent de cet olibrius énigmatique et grotesque. Ou presque.
Pourtant, c'est le cycle de la vie qui reste notre amie et la lumière des hommes
Nous nous croyons libres, nous autres humains, non, nous sommes enchaînés, nous nous croyons autres, nous sommes déboutés de notre foi, nous sommes les marionnettes, les clowns, les fous du roi et de la Loi, nous sommes comme des pantins entre les rires du Diable, soumis aux caprices de la nature et de la mort, soumis à l’improbabilité du monde, à l’inanité physique, qui nous emmène tout droit vers l’inanition clinique de notre esprit et de notre cœur.
J’aurais voulu changer le monde, mais personne ne m’a cru, sauf des niais, à croître comme un brun sépia sur une photo ancienne, à croire que j’en suis un, non, je n’en suis pas un, dites-vous, je suis LE niais.
Mais je le niais. Et ma naissance est un travail sans fin, je suis comme constamment accouché de mes niaiseries, et oh ! tout ce que j’écris a le goût et la cendre de la niaiserie naissante, de ce nystagmus de l’âme, qui bleuit l’œil ou plutôt la vision et empêche la simplicité.
Même au coeur du béton on peut lire la liberté éternelle de la vie qui triomphe de tout...

(...) Au fond, ce qui compte de notre embrouille, ce qui danse dans nos yeux délavés, ce qui parle au fond de nous, c’est les techniques qui l’ont détruit et qui l'achèvent, cet aion, ce système,  c’est l’aveuglement des machines de guerre, c’est le prééminent linceul de nos technologies de destruction de masse. Car il ne faut pas croire que nous désarmerons, non, il y aura la Guerre, je le crois, il y aurait belle lurette que ça se serait fait, si ça devait se faire.
Notre peau est un peu de chagrin, notre tambour n’a plus de peau, ni de caisse de résonance, mais seulement des baguettes pour frapper sur la tempe des hommes, des femmes, des enfants, de tous les innocents du monde perdu.

Et pourtant, je crois vraiment que l'amour vaincra la mort et l'idée même du Mal. C'est la seule chose qui me sauve, en quelque part que ce soit. Garde toujours l'espoir et l'espérance comme deux des anses ou côtés d'une ancre pour ton âme. Il n'y a pas de désespérance plus mortelle que celle générée par l'auteur du mal... L'antidote à la mort, c'est le Créateur souverain qui la fournit. Il nous prendra par la main sur le chemin celé qui mène à la vie véritable.

mercredi 9 septembre 2015

De la douceur comme arme

Lover son cœur contre son art
comme un enfant revenir sur ses pas pour les compter

donner un peu de vérité à chacun
et jamais de mensonge

laisser passer le temps comme un serpent sans rate
et courir à en perdre la tête

se constituer prisonnier à la balle au prisonnier
donner à la douce, douce vie un semblant de mollesse

aimer le beau stress de tes appels
répondre toujours présent en temps et en heure

dans les armoires cacher des pièces de monnaie
pour un usage ultérieur

se permettre de critiquer le monde
sans en faire partie, mais pour le refaire en partie

distiller des pensées sur un cahier jauni
se donner un temps pour rire un pour pleurer

câliner le chat dans son état d'âme sans regrets
lutiner le printemps avec les arrière-saisons de la vie

tout simplement aimer sa vie comme on aime l'accordéon diatonique
Gros-Jean comme devant les lianes de l'apocalypse

faire des boutons de la moindre mesquinerie
montrer qu'on a des chances de ne rien savoir de plus que les autres

les autres, les aimer comme s'ils avaient le droit et le devoir
enrubanner les attentions avec des merci ! à la ronde

donner donner donner comme on embrasse
et revenir sur ses pas pour les effacer sans les compter

se laisser emprisonner dans le couloir de l'amour
l'amour tout simple de celle-là qui délivre

celle-là qui des livres fait une chanson
douce douce douce comme l'illusion

veuille me faire parvenir une offre ferme
ferme comme un chocolat amer

pour l'échanson des deux rois
pour les douces douces douces chansons des rois



L'enfant échoué sur la plage...

"Accueillez la voix qui persiste
Dans son naïf épithalame
Allez, rien n'est meilleur à l'âme
Que de faire une âme moins triste
Elle est en peine et de passage
L'âme qui souffre sans colère
Et comme sa morale est claire !...
Ecoutez la chanson bien sage" - 
Verlaine (1844-1896) - Ecoutez la chanson bien douce


Une larme de trop sur le vieux tronc rugueux de la vie                                                   un enfant mort qui pleure sur la grève de l'amour
                  un enfant qui n'arrête pas de pleurer depuis la nuit des temps                   et qui a constitué de ses larmes de sang toute cette immensité cet océan d'indifférence   qui nous a tous séparés et aussi réunis dans notre insularité baveuse
                        et c'est l'Archipel du Goulag ressuscité

quid du poète assassiné                                                                                                   le long des plages de Turquie et de l'aube qui résistait comme une toupie folle                                                                                                 le grand soupir de l'ennui                                                   et tous ces falbalas de flagorneurs                                                                                                                                                                                               un enfant nous donne la clé des songes                            et des fratries                                         un grand vide et une absence                                                                                                       tous les prétérits de souffrance                                  pour sa Majesté des Mouches                                        dans le grand train de l'avis                   tain                                    qui plagie les gémonies                       de tant de tant de tant de bruits                            et de prières                                                               à mi-chemin entre la guerre                                           et l'opulence       
entre l'enfance                                                       et l'indécence               


Prélude aux facéties                                                        du monde entier 
des libérations                                       dans l'alcôve
                                     et le printemps fané sur ton cahier
                 corolle de colonel                                                          au détour des mangroves
                                                             si Verlaine était encore là
                       les oripeaux de l'insouciance et la joie de la vie
comme des pétales de Mayence                                                      et des instants tannés d'oubli
                                       feraient le tour de mes années et des horlas 
vénéneux et horripilés 
                                       tas de fatras

Donne-moi ta main                inconnue aux troublantes paroles
laisse-moi guider         par la délicieuse sente
qui va de ce soir à                                                                                               demain
ce sang de corolles

parente à           l'infini
et désirable                                                          que je vante

au grand pouvoir de la nuit