Le pont de Trinquetaille
Je me sens tout à trac
par l'humeur envahi
d'un valétudinaire
en mal d’Eurasie
l'euphorbe de tes yeux de tes mains de
tes plis
me rend attentif aux feulements de la
ville
et dans le matin calme de la rime
facile
j'entends tourner sur mon divan lourd
de pluie
les larmes de l'orange
sont autant de plaisirs
pour repeupler l'étrange
de nos doux souvenirs...
Vincent van Gogh, le pont de Trinquetaille, 1888 |
dans un bruit éclaté
sur le parquet ciré
je pense à la belle mort
qu'a connue le miroir
le miroir de la paix
Je me sens tout à trac envahi
par l'oubli et le morne attrait de la
nuit
mes enfants autour
du paratonnerre
ont un mal d'amour
pour l'avant-guéguerre
tous mes amis ! Soyez intelligents
et gardez-vous de penser à l'argent
au pouvoir de la langue
et aux temples qui tanguent
mon âme ?
un quidam
qui ne sait où loger
te l'ai-je raconté
et j'ai cassé les pailles
de mon ballot d'été
pour pouvoir me terrer
du côté des faubourgs
sous un pont un peu gourd
le pont de Trinquetaille
celui de l'amitié
et de nos retrouvailles
ratées
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