dimanche 8 mars 2015

Hommage à Gabriel Randon, dit Jehan Rictus

Va rimailleur te faire pendre ailleurs
On n’a pas besoin de toi pour savoir quoi
Ni même de poème pour décliner des je t’aime

Va écrivaillon faire à d’autres tes leçons
Les enchantements artificieux et les donneurs de comptes en cieux
Sont bons pour d’autres que nous autres

Nous on s’en tape de tes détresses
Tes bons vouloirs tes hésitations tes doutes tes strophes
On s’en contrebalance, on a d’autres fouets à chasser
Jehan Rictus, par Steinlen, portrait
Et d’autres politesses à faire
Ou à faire faire

Mauvais apôtre et de surcroît
Englobé dans le vent du Nord
Tu loges à l’hôtel de la Gare
Comme si tu devais partir ce soir

Scribouillard baroudeur
Ou bourlingueur pour boulingrin
Tu nous fatigues à la fin tu nous escagasses
C’est ça le mot tu nous es-ca-gas-ses

Va te faire voir chez les voisins
Si tu peux leur dire un quatrain
Sans qu’ils te virent et te débottent
En hurlant : Dehors, sale mioche !

Va chez les étrangers là-bas
Dans les quartiers
Nul n’est poète en son pays
Tenter la chance c’est permis, non ?

Alors vas-y !
Et bonne soirée toi signataire
Qui singe bien mal les Hugo, les Lautréamont, les Voltaire
Dehors il fait un froid de Chine
Mais y paraît que ça t’inspire

Va donc ! eh ! péteur !
C’est tout vu : t’es qu’un prophète de malheur
Un Jérémie un abruti

Du genre qu’on proscrit par ici
Alors ramène pas tes frocs au bar
Et souviens-toi bien qu’une paire de claques
Vaut mieux qu’un escalier qui mènerait au paradis des zouaves
Même si la gouaille ça t’connaît,
Sache que nous en s’en battait
Avant qu’tu sois là
Comme un juge un scrutateur un déboussole-radiateur

Alors va-t-en
Va-t-en avant qu’on n’en vienne aux mains
Va culbuter les mots sur les grands chemins
Et faire ta rentrée littéraire
En compagnie ferroviaire

Suis ton cours tout simplement
Et fait pas suer les demeurés
Comme tu dois aimer les appeler
En maugréant

Me v’là pris au jeu des rimes...

Je te convoque en duel
Pour en finir avec toi
Mais que m'arrive-t-il ??

Ô Merveille...
Je me prends à ton escrime...


2 commentaires:

  1. Merci beaucoup de ton commentaire, j'aime beaucoup "Les soliloques du pauvre" de Jehan Rictus, qui apparaissent un peu comme de la paralittérature, mais vraiment c'est la préoccupation sociale qui l'inspirait et cela me touche profondément....

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