mardi 30 août 2016


Du bon usage de la science... petite promenade épistémologique...


"Le malade est plus reconnaissant à la médecine qui le guérit 
qu'au conseil qui le préserve."Vicente Espinel



Le phlogistique 
Fluide calorique
Ectoplasme 
De pléonasme...

...L'homme de Piltdown
En perd son âme
Le Rayon N
Ses partisanes...

  
Effet Kirlian, la preuve par l'image ??
...Cahin-caha 
Tous les fatras
Astrologie
Et paradis
Artificiels
Effet Kirlian 
Mémoire de l'eau
Et gargamelle 
De nos poubelles
Vont au cachot
Aux oubliettes...
De la Vachette


Mais de la Science 
Sur nos étals
C'est la défiance
Effet létal
De transhumance
Retour de flamme


Quel grand dommage
A l'oriflamme
Au vieil adage
Sapience... 
Conscience...



Savoirs de terre
Source de jouvence
Prescience de mer
Graal immense


Qu'avons-nous fait
A notre abri
Nous sommes surfaits
Bel et bien pris
Au grand filet
D'une longue nuit

Quand la technique
A la rescousse
Tourne nos pouces
Dans sa gymnique 
On croit rêver
De gros billets
Très antalgiques

L'rayon de la haine
A c'qui me semble
Dès cet été
Et en confiance
Veut rattraper 
Le temps perdu
Dans sa crédence


Ça fait obus
Dans un couloir
Et vérité
Déboussolée...

M'sieur Dam'
J'suis qu'un quidam
(En son comptoir)
Je n'en veux pas 
Aux scientifiques
Mais à l'abus 
De leurs pouvoirs
La honte est bue...
Pardonnez
 L'impéritie
Incontrôlée
De malappris...
De hérisson
Pelotonné
 Dans sa raison
Émoustillée
Mais la planète
Tourne ma tête,
J'aimerais donner
Encore encore
Un peu de paix
A ce grand corps

Changer l'décor...



samedi 27 août 2016

Déclin ou renaissance ?

"Je suis pessimiste avec la tête et optimiste avec le coeur" Joseph Joubert   


"Quel dieu, quel moissonneur de l'éternel été,
Avait, en s'en allant, négligemment jeté
Cette faucille d'or dans le champ des étoiles"
Victor Hugo, Booz endormi

Dire ou ne pas dire, taire ou ne pas taire, panser ses plaies avec sa plume, d'un bec flâneur, se laisser porter par les vagues-à-l'âme, qui comme des trompettes de la mort sont des sirènes qui chantent en silence et baptisent l'été virulent de regrets amers... Tâche cyclopéenne et futile ? Renaissance d'un déclin ? Déclin d'une Renaissance ?

J'ai comme la nostalgie des vies simples et rudes des Orientaux. Des Mongols. Des Aborigènes d'Australie. Des Touaregs. Des peuples autochtones.

Mah-jong et feuille morte recroquevillée. Ne sommes-nous pas tous
un peu recroquevillés dans notre société ? ©Michel Marchand
Dans notre société – ce jeu de société – enrhumée par ses propres dilutions allopathiques, ses vapeurs technologiques, ses aléas diaboliques sur l'échiquier et ses comédies létales (au niveau mondial)... les aigreurs et les relents, les reports sine die et les ratés, les faux-départs et les bruits de couloir, sont des symptômes d'un mal (nécessairement ?) mortel. Nous nous dirigeons vers une fin malheureuse, sans le sauf-conduit d'une vraie éthique, sans le laisser-vivre paraphé de l'authentique moralité, oui, nous nous dirigeons vers un rictus mortuaire, grimace dessinée sur un masque aux couleurs changeantes mais ternes - et pourtant, autrefois si belles... ces couleurs délavées... dans des cœurs compassés.

Si seulement tout cela n'était qu'une illusion de la mélancolie... si seulement j'avais tort dans mon analyse d'un alarmisme rampant... je ne demande vraiment pas mieux...

Mais nous allons bel et bien au désastre, nous les humains si fiers de nos réalisations, de nos voyages dans l'espace et de nos réseaux planétaires... notre bateau part à la dérive et fait eau de toutes parts, les éléments se déchaînent alentour...

Notre cuirassé n'est plus, en fait, face aux forces de la nature en colère, qu'un frêle esquif au long des récifs immergés; devant tous ces formidables bouleversements, notre civilisation est comme une épave condamnée à orner les paysages sous-marins, une mécanique dépassée par les éléments désenclavés et débridés.

Nous coulons, tout simplement, nous coulons... et pas grand monde pour écoper... en tout cas pas assez, semble-t-il.
C'est comme si l'univers en avait soute de nos simagrées.
Vade retro homme déluré... voudrait nous dire le vent mauvais. 

Avec panache (c'est notre restant de grandeur), mais qu'importe après tout - les jeux sont faits - nous saluons un monde finissant...
En attendant le jour qui vient toujours après la nuit. 
Car tout, fort heureusement, n'est pas fini. Intime conviction d'un rescapé de la vie... comme nous tous, en sursis.


Nous sommes pour autant sans émulsion salvifique, comme égarés et condamnés par la faucille qui moissonne nos vies dans la nuit battante... 
Misère et petitesse de l'homme si faible face aux défis du monde moderne.




samedi 20 août 2016

Point d'orgue



Taper dans le mille, alors que l’univers tape dans le billion.

De la lenteur comme d'un choix de vie

C’est une chose terrible que de penser l’impensé d’hier, et celui de demain. Les ornithorynques de la vérité sont hybrides et ont une quantité faramineuse de paires de chromosomes. Inclassables et fétides. 


On arpente le gré à gré de nos poussières et on fait de la macro sans objectif pour régler nos lunettes. Je sens la brise enlevée et légère remonter mon corps allongé sur la terrasse où s’insurgent les élans phoniques du brouhaha d’en bas. Là est la richesse, sur cette terrasse isolée et presque funèbre, sur le bois de sapin de nos paris ratés, de nos malheurs passés. Car de cet édifice construit comme un mausolée, il y a nos regrets, nos hésitations, nos vaines décisions. 

Je clame seul et sans faire aucun bruit que la vie actuelle est funeste, le plaisir fugace, la joie éphémère, le bonheur et la félicité transitoires et souvent dévastateurs. Mais J-J. Rousseau l’a dit bien avant moi, dans les notes de ses musiques passagères, dans son herbier de folle avoine, dans son île sans habitants d’humaine condition. Nous voguons au fil de l’eau comme dans un seau, nos circumnavigations sont plates comme la terre elle-même semble plane et livide et c’est sous les cieux d’airain que la vérité se meurt, se meurt de n’avoir pas vécu. 




Premier mai 2007

©Aline Wery
Ce jour que je consacrais naguère à la reprise du travail, je l'ai usé en activité fébrile et vaine : je suis allé après avoir lu quelques articles dans la revue Esprit, voir les « Vacances de Mr Bean ». Cliché pour cliché, le sang de la « méguerre » me semble gaspillé et c'est comme si on n'avait pas avancé d'un poil de « poilu », dans ce Verdun glacé des journées moroses. Un Chemin des dames où le pion est pipé, où rentrent les moissons de nos amnésies d'amnisties, comme si j'étais devenu l'ombre d'un étudiant, le report des voix sur l'abstentionniste illusionniste, grevé de dengue ou de malaria. Une pure folie, l'amour, mais (qu'en sais-je ?) la plus belle, la plus notoire, la plus entachée de notabilité. Il y a, et ce n'est pas peu dire, une sorte de « mannequinage » du côté de la politique, qui tremble à l'idée même de sa spectacularisation, de son inachèvement sans l'apport, le support même, de son public.
Je suis un corps calleux, et de cette callosité je me fais une carapace, avec au fond le jeu vivant des désirs secrets, des amours désuets, de cette déchéance qui semble être formatrice pour le vent de ce monde. Mais ce monde gît au pouvoir du Trompeur, et le « pouvoir trompeur du péché » a entamé la vision de nos mécontemporains, m'atteignant moi aussi, comme partie non prenante, mais comme tenté de l'être, comme privé dans mon cœur de la sagesse qui appartient à ceux qui sont dans l'équilibre et non dans le manque psychique de la vérité. (...) Les combats internes sont les plus sangsues, ils captent et dérivent une énergie qui autrement aurait pu servir à l'obtention d'une beauté, d'une intention, d'un dessein, d'une vérité. Alors épuisé par tant d'intestines rancœurs, je me laisse aller à envier la place d'un autre que moi, ou l'existence d'un autre moi, plié aux cadres rigides de la société occidentale : je brigue la place de secrétaire, d'agent administratif, en vue d'une sombre perspective, et avec ce paraître qui semble combler un ego assoiffé de sécurité et de cette grandeur conférée par les tâches subalternes. Car dans cet adjectif il y a « terne », et dans ce terne-là on croit voir des brillances, d'obscures et vraies lueurs, sans autre éclat que le reflet de la lune rieuse, de l'apprentie qui initie à ses douces remontrances, dans une mansuétude aussi dense que peut l'être celle d'une mère sereine, tendre mais sévère et exigeante à la fois.

(...) Insensible au temps qui passe, je reste en attente de ce bonheur de trouver un maître, son maître.

vendredi 19 août 2016

Although men are accused of knowing
their own weakness, yet perhaps few know
their own strength
Jonathan Swift


Olive noire bruissante de soleil
tu m'as donné la couleur nonpareille
comme un sépia de photo ancienne
tu arrimes l'art de mes antiennes

je parle avec toi à travers le passé
les années passent mais ne t'oublie jamais

je t'aime comme le vent
aime jouer dans les rideaux
il nous faut remonter au temps
merveilleux des cadeaux

le temps perdu de l'enfance
le pain bénit de l'amour
comme si tout autour
était obsolescence

Olive noire, luisante de vermeil
comme un angelot serti de vérité
si tu savais combien de sang j'ai donné
dans les étangs striés de merveilles

comme  un bébé dans son berceau
comme un fœtus un embryon
une cellule fécondée

avant de me retourner
au fond de l'aube des éons
au for intime du néant


Olive noire, je n'arrive pas à t'oublier
il manque toujours un jour à mon calendrier




dimanche 14 août 2016

Manu militari


Trois rencarts de requins-marteaux
un enchevêtrement d’Orpailleur
un grand trafic sur les canaux 
de vénusiens vaporettos

une orque de barbaresque
un ou deux fretins rêveurs
du renoncement au burlesque
comme un para-spleen pour le cœur

(le lion en cage
de Marivaux)


...
 © Aline Wery

  Métastase de malheur
  par l'écheveau de Polycarpe
  tu matricules la contrescarpe 

  des vins moqueurs
  des vins matraques
  de notre peur





si je dois chanter ces mots
en plumitif
ou les graver au gérondif
en biographe


sur le rempart aux cachalots
ou sur les monts
même autographes 

du tac au tac
en hérésiarque

je le ferai sans ablation
et sans façon

pour la survie des parigots
et des foutraques
comme un cancer aurait éclos
dans mon cerveau

je le ferai en ingénu
pour les pays non alignés
les pauvres types et les ratés

les refuzniks
ambigus
et les beatniks
attardés

pour l'humble requête 
missionnaire
des lanceurs d'alerte

tu le sais je le ferai
et même... peu me chaut... 
en solitaire
s'il le faut

vendredi 1 juillet 2016

...
Ce soir ou bien jamais,
Ce sieur couleur de jais
Parlait
Comme un robuste dans la pénéplaine
De ses vœux dépassés par la haine

Je parle au temps et participe à l’art
Comme un lézard 
             fait luire son soleil
Que repoussent les vitres porte-faix
Au pardessus de l’humble 
             dirimant bazar

A Istanbul j’ai bien cru me convertir
Dans une autre vie peut-être le devenir
Fraiera avec l’effroi
Et l’œil sombre beffroi
Aux patenôtres des apôtres
Clignera d’aise dans le déboire
De ce grand soir

... moment de mise au propre...
Ce soir ou bien jamais
M’ont dit les hommes du Biafra
Il faudra bien qu’on fiche la paix
À  ces malfrats

Attendre encore un jour encore une heure
Sans contrefait
Et parapluie de ton abstrait
Aimer encore les fournisseurs

N'a guerre que Jadis

Que dire de la désolation
de la déréliction
de la déliquescence des chairs
dans la folie et dans une barbarie sans nom

Qui dit barbare (!!) est lui-même barbare
disait Lévi-Strauss
et nous qui chaussons nos bottes
et nous qui armons nos fusils
et nous qui criblons de coups de canon
les meurtriers contemporains

Nous sommes les reflets inversés
des grands cadavres à la renverse
nous sommes les oublieux
de tant de terrains adverses

On ne peut pas rester sans rien faire
il faut répondre au feu par le feu ?
mais au fond y a-t-il une seule religion
qui ne déterre pas la hache de guerre...

Dans l'émotion et l'amalgame
il faut trier les vagues à l'âme
et sérier comme il faut les problèmes
en attendant la suite pour violon blême

Nous sommes tous des parisiens pressés
par l'image décondensée
simulacre et simulation
n'ont plus cours dans nos maisons

Nous sommes tous concernés
et c'est nouveau on n'en parlait
pas tellement pour nos voisins d'Irak
quand la guerre du Golfe a commencé

Nous voilà donc en première ligne
nos alibis sont des esbignes
et tout est à renouveler
qu'un sang impur...
nous dit-on ?

Tenez la dragée haute
à ces Bartók des grandes orgues
les vauriens et les paltoquets
qui sont aussi des va-t-en guerre
c'est ce qu'on veut nous faire avaler

dans notre café du matin



lundi 18 janvier 2016

Dans le vaporetto des confettis du temps





Un jour ici un jour là-bas
une nuit après l'autre parle de toi

dans les soubresauts et les cahots de la vie
je pense encore et je crois encore à toi

la vie roule sa bosse comme une toupie
qui va tournebouler les choses

et me donner la vacuité des ondes
comme un appel vers une autre blonde

je pense que le vent voile la face du monde
et tout est souillé quand tu t'en vas

même la bière que je bois



Un homme ici et l'autre là-bas
tous les hommes se ressemblent tu vois

A part toi

et dans le tourniquet du parc à l'ombre
des micocouliers de Londres

je reçois encore des messages de joie
des appels à la ville et des combats





Un enfant je te l'ai déjà dit

un crime horrible dans le pourvoi
a déclenché une avalanche

de pourquois

samedi 17 octobre 2015

L'abattoir d'Alès

Un autre drame se joue des orties brûlantes de mes joues
                            je rougis comme un malade
         le sang jaune de mes ictères

si tu veux nous irons                                                            où j’ai vu enterrer grand-mère
du côté des bouges immobiles,                                     sirupeux souvenir de nos années manquées
là où sirotent les blafards les blêmes et les                            éthérés de service
dans le creux des arbres morts,                                 où s’installent les écureuils en proie à leurs fausses couches

un drame immense qui ne fait rien que de cesser de s’écrire pour la fin des vœux et des aveux
                un carrousel affreux de lueurs sans pareilles de foutaises et de tourne-poubelles

le fouilleux interstice de nos velléités fait tomber l’archifesse de nos grands camaïeux sur les épaules avachies

de l'archimandrite d'Eurasie

demain au rôti variqueux               et après 
l’alibi    le paltoquet de nos chansons, 
                 le bibelot cru de nos soupières de nos          grimoires de magistères
        nous irons là pensifs et bas embouteillés                        de fausse joie comme portés sur les échasses de guingois 
                          qui nous servent de guides dans le maquis de nos soupirs

je mugis comme un lion de Belfort
silencieux et... mort

les humbles connaissent les transferts de public en public
jusqu’au dernier port

un autre râle pour terminer ce bout de rien un déclic pour la dernière pose
ce matin, je panse mes plaies avec du sainfoin

Les images de l'abattoir me laissent glacé et rougissant
l'insoutenable                                     à bout portant

(Les enfants manifestent à côté du Concordat,
et je pense qu’ils ont raison de vouloir vivre
et de crier la vie, la vie, la vraie (!)

avant qu'il ne soit trop tard)

comme un train de la mort
passe sur un pont

et s'éloigne 
tranquillement

septembre 2007- octobre 2015
Photos : musée Miniature et Cinéma, Lyon prises en 2013

vendredi 16 octobre 2015

Poste Restante

comme une lettre à la Poste restante
comme un ciseau défait de sa paire
comme un rond de serviette sans son linge
comme un oiseau sans pattes condamné à voler 
jusqu'à l'épuisement

comme un sourire tronqué 
et comme le ventre de la ville morte

comme un orang-outang aux pattes palmées

Musée Miniature et Cinéma, Lyon
koala et paresseux

coryphée d’insoumission
étrave sans eau
phare sans feu

comme un oublié de l’histoire
un substitut du remplaçant

l’Observateur du Rivage des Syrtes

le prévaricateur de la non-science
l’orage bleu et la terre inféconde

cette instance de débilité folle mais vraie

je voudrais ne plus être diarrhéique 

je voudrais folle mais vraie envie retenir le temps passé
me retrouver dans le présent
Image décomposée du match de la vie...


au lieu d’attendre un avenir cadenassé
un avenir d’épave au fond des océans trop pacifiques


je voudrais aimer.



Entre les ambres et les ors

Musée Miniature et Cinéma - Lyon, 2013

Entre les ambres et les ors

Lumière tamisée sur le chemin de vie,
Un soupçon d'éternel compose son bouquet,
Éclatant silence qui mobilise nos cœurs,
Comme un regret informulé aux douceurs exquises,
Nous sommes les passagers d'un aéronef aux couleurs de la nuit
Nous sommes des étrangers dans un système transi
Nos amarres sont ailleurs, elles sont au paradis
Où le poète a dit qu'il irait avec les ânes
Avec les humbles et les petits

Nous sommes au fond d'un tableau, et dans le clair-obscur
Nous tentons de faire briller nos lampes de masures
Inconstance de la vie, brouillards encapsulés
Notre voie est tracée
Et notre galaxie
Lactée pour l'infini
Brille de mille et un feux de Bengale
Entre les ambres et les gris or
Au sein du Père et avec lui

Nos corolles ouvrent les sépales
Et laissent entrer les fragrances qui montent
Tel un encens dans le vieux temple
Tel un firmament de l'exemple
Exprimant le temps d'un sourire
Toute la mansuétude de Dieu
Musée Miniature et Cinéma, Le Parfum,
décor reconstitué
Son exacte démesure
La dormition de l'azur
Pardonnée comme un aveu

O cymbales qui retentissent
Janissaires du néant
Jusques à quand
Jusques à où
Engendrerez-vous le tourment
Cimeterres d'une armée fatale
Pour quoi l'ombre dans le regard
Pour qui l’œil sombre et le visage pâle
Fuyez loin de nos escales
Mucem, Marseille
Vous et vos yeux hagards

Nous sommes dans le coin d'un tableau
Notre présence vous semble importune
Mais nous peuplons notre infortune
De ces reflets au fil de l'eau
Sur nos tréteaux improvisés
Nous avons mis de quoi manger
Nous peuplons les instants fragiles
D'un ravissement intranquille

O cymbales qui retentissent
Épousailles du précipice
Destinées à entrer en lice
Contre la force et les délices
De la vie
Aux vertes magies

Festival de Jazz de Junas (dans le Gard) 20 juillet 2013
ambiance surréaliste pendant la montée d'un ballon musical...
O soupirs aux trompeurs accents
Dans l'attente d'un grand changement
Vous abreuvez nos solitudes
De la sève douceâtre
Des longues habitudes

Vous nous faites entrer
Dans l'art de curieux épices
Nous goûtons aux saveurs 
De la suave mélisse
Du millepertuis
Et du souci
De la voussure des cieux enflammés
Nous voici soudain infusés
Nous pénétrons les aîtres secrets
De la maison des candeurs

De la certaine et vraie grandeur
Là où puisent les beaux paysans
Dans le retour vers l'avant
Dans les étangs aux tristes splendeurs
Dans les yeux des enfants sans heurts
Au confluent de nos cœurs
Reconstruire...

Vous nous faites rêver
De plus forts nautoniers
Qui traverseraient les enfers
Pour nous guider vers la Terre

Au confluent des deux bonheurs


7 avril 2006






jeudi 8 octobre 2015

Work in progress : un jour de Fête du Travail



Elle bruine son crachin quand il fait beau et sourit sous l’orage
Je parle avec mes mots de vérités hors d’âge

Ma poésie résulte d’une mauvaise équation imaginaire/réalité
De prurits insensés et de cibles ratées
Ma poésie ne mérite pas son nom, ni ses sonorités

Elle a comme scissiparité la division cœur/esprit
Une sorte de conglomérat de nations ennemies
Un sigle et un portrait aux colères infinies

Aux couleurs tintamarres et aux sons vivipares
Comme un rejet vers le grand large
Des bateaux et des barges

Je parle mais est-ce vraiment moi qui oeuvre 
La bouche grande ouverte comme pour un cri

Et qui émets une virgule méprisable
De cœur manquant et l’âme coupable

Ridule sur la surface égale de ce plan d’eau
Comme une légère grimace sur un tableau

Mes poèmes enlacés se trémoussent et se traînent
Comme des racines investissent et se reprennent

L’une à l’autre le terreau qui gît tout au fond
Là où nul n’entre sauf à être lombric ou raton

Je perds encore ma contenance devant cet hémicycle
Mes paroles sont denses avec ces mots qui giclent

Je me mets à rimer si dangereusement
Comme un pauvre églantier sur une terre qui ment

Tous mes sauts à l’élastique se perdent
Dans les espaces cadrés de mauvaises herbes
Et je meurs chaque instant de me découvrir là
Pendant et lamentable comme un grand échalas

Je me mets à laisser mon erre m’emporter
Et alors c’est la fin de mes vertes années

Je deviens sec et dru comme un coup de bâton
Mon art lui s’ingénie à demeurer baron

C’est la fin d’une chanson jetée aux candidats
Les mots s’alignent et pleurent de leur orphelinat

Je compte les pieds comme on compterait les ronds
Mon coeur a froid soudain et c’est comme un ronron

Que de peurs subalternes sont ainsi entamées
Qui finissent de pourrir du côté du grenier

Je périple ma vie en un grand entonnoir
Finirai-je mes jours comme dans un roman noir

Le work in progress se délite lui à souhait
Débouté de l'amour et sevré de l’abstrait…

1er mai 2006/2015



mardi 6 octobre 2015

Embryon de poème

Formage de tes mains dans le cœur de mon sein
Dessin éventail, oeuvre d'une chinoise (Mme Cao) selon l'art
traditionnel chinois
Comme un radeau ivre sur la mer des montées

étonnant ce radeau médusant ce fromage

si l’art nous est conté comme un autre sévère
que Septime le septième du centenaire centime
de nos centaines d’années

(un ruineux dispendieux somptuaire concasseur)
cette lune qui répond à l’abstrait par son sourire vengeur




le sourire d’une Joconde au bord des larmes

le temporaire dégoût face aux vineuses décences

un rien dans un tout à l’égout

et ainsi le fœtus va pourrir
dans la station d’épuration

au milieu des non-sens et des alluvions de l’incontinence

comme un fétu de paille dans un grand tourbillon
entraîné dans les espaces et les allusions rhétoriques

tout un spasme de friture
de fric et de ratures

dans les derniers recoins de la prairie exfoliée

dans les ex-libris de nos retombées

le drame n’est pas là, mais dans l’arithmétique

des ex-voto

dimanche 4 octobre 2015

Nous avons été tués à Muttur

 Nous avons été tués à Muttur

menés à l’abattage comme des souriceaux un bétail de sérail
ô lumières et dérision simonie et parcimonie

nous avons été tués comme de simples moucherons nous dévoués à une cause humaine notre corps gît sans                              vie sur le parvis de votre sanctuaire

                                           périlleuse mission et pauvres missionnaires

                 dérisoire mémoire qui se rappelle à nous nous qui sommes muets du mutisme des morts des                                                    boires et des déboires rester là au milieu des combats
                           nous sommes des saints laïcs nous sommes des meules à bras

                    nous avons aiguisé l’œil perçant des aiglons et notre déchéance a fait leur triomphal cortège
                              nous sans arme et eux bardés de munitions
                                             nous en larmes et eux riant comme des curés
                leur gâchette était lâche
                                  et nous étions sans vous
                      si un blanc avait été là nous aurions pu sauver nos âmes mais voilà
                   nous sommes le sang des martyrs
                                         nous sommes virils jusque dans notre repos éternel
                   car au fond il y a la peur vrillée
                                      en nous pénétrant avant la balle qui nous transperce

                                17 sri-lankais tamouls ou musulmans pour vos talmuds
                                                 toute la rangée de vos bréviaires
                                                        guerre aux haltères que vous nous avez voulu voir porter.

                              guerre à la guerre   

dimanche 24 juin 2007


Le 4 août 2006, 17 travailleurs humanitaires d’une célèbre Ong qui oeuvre contre la faim dans le monde étaient exécutés dans la ville de Muttur située au Nord-est du Sri Lanka. Ce massacre constituait le crime le plus grave perpétré contre une organisation non gouvernementale. Trois enquêtes ont été engagées au Sri Lanka et aucune n’a abouti. Après ce qui vient de se produire en Afghanistan, je me permets de donner la voix à ces "éliminés" par erreur (???)... pour vous livrer ce petit texte. Simple dommage collatéral ?? Loin de prendre parti dans cette affaire je m'efforce de rester neutre, bien sûr, dans ce conflit. Les responsables sont toujours impunis.



samedi 3 octobre 2015

Des hymens et des hymnes



Le maximum de confort de lecture

pour un minimum d’effort de compréhension

c’est la route que j’emprunte quand je déchiffre la vie
          comme si je dribblais l’incurable

et je parle je parle comme un enfant de larme
          je descends sur ta joue
pour un départ brisant
                            après la griserie de manille

le mûrissement lent dans mes chais
          se passera de tes pourritures nobles

et je prête à chacun le crédit de mes primes
          comme si la déprime cassait la routine

et je parie certain que mon cheval gagnant
           sera comme un mistral dans la bouche de l’égout

tout se passe comme si nous avions à revendre
          les dernières pommes du vieux tremble

tu mens comme si tu pouvais respirer sans mentir
          tu me protèges derrière le roman de ma vie

la munificence de l’indécent fait des ronds de fumée
          des ondes de polluants envahissent ma pensée
et je prévarique avec tes mots comme un enfant du métro
          un Gavroche attardé
                              un horla de sémiose

rien ne sert de pâtir quand on fait dans l’abscisse
          l’ordonnée n’est pas loin
                              qui décrit nos désirs

Le pseudo-mort a parlé l’as-tu entendu
          Tous ses mots alignés font une faran-faribole

                         et je plagie ta vénusté de faïence délicate


                                   comme une tige de fleur sur l’eau opaque





mercredi 30 septembre 2015

L’angoisse de la page blanche, et rouge...

L’angoisse de la page blanche
Cymbale retentissante
Henri Dunant, créateur de la Croix-Rouge,
première ONG au niveau mondial, initiée
lors de la bataille de Solférino
Oripeau d’infini
C’est la hantise du dilettante
Qui vous écrit

Elle parle de ventre moche
De moustaches raccourcies
Et de ces vilains boches
Qui ont les paradis


(...)

Car l’art est une chanson
Qui s’arrête à l’hameçon
Et mord sans se blesser
Le vers que l’on a fait

Il festoie dans la nuit
Comme une poussière d’étoile
Qui remuerait amie
Les couleurs de tes toiles

Si zut pouvait compter
Comme un pied sans orteils
Le thé serait comblé
D’un vertueux réveil

A la fraîche et comme gris
Zigzaguant les sentiers
Battus par tant d’armées
Que le fol ennemi

A bel et bien souillés
De ses bottes tannées

Amateur de surprises
L’ennui est une lise
Qui borne mon chemin
Et me rend plus mesquin

Qu’un artiste raté
Il est un assassin
De mes vertes années
Et des baisers si vrais

Dont j'aurais tant voulu
Il change mon portrait
Dans un rire étouffé
Et me fait un poilu
La mine ébouriffée

Dessin de l'auteur,
d'après un tableau de MC Escher (?
Je ne me rappelle plus qui l'a peint...)
Dire je c’est parier
Sur un futur réel
C’est signer de plus belle
Au bas d’un beau papier

Dans l’herbeuse vallée
Où gémissent prostrés
Les soldats déboutés

Un rongement des chairs
Une gangrène au désert
C’est à Solferino
La bataille achevée

C’est à Solferino
Henri humble et discret
Que tu as condamné
L’horreur et son credo

Tous ces corps déchirés
Portaient le lourd fardeau
Des combats inégaux
Et de leurs héritiers

Là un sbire estourbi
Quelqu’un à amputer
Un enfant de la vie
Aux membres écartelés

Frontispice égueulé
Des canons mortifères
Un autre appelle sa mère
Dans son sang écrasé

Le champ est en labour
O vide et désamour
Semailles ensanglantées

Qui reviennent nous hanter

Aux esses et aux détresses
Un cadavre accroché
Fait mine de paresse
Quand il est remué

Un vent fait la promesse
Détestable caresse
Des échangeurs de paix
Contre cet art abstrait

Les travailleurs poètes
N’ont que faire de vos fêtes
Armistices écuelles
Aux souffreteux cruels

Dans l’étouffoir farouche
La croix vermillonnée
Épouvantail aimé
Vient apposer sa bouche

Sur les abandonnés