samedi 27 août 2016

Déclin ou renaissance ?

"Je suis pessimiste avec la tête et optimiste avec le coeur" Joseph Joubert   


"Quel dieu, quel moissonneur de l'éternel été,
Avait, en s'en allant, négligemment jeté
Cette faucille d'or dans le champ des étoiles"
Victor Hugo, Booz endormi

Dire ou ne pas dire, taire ou ne pas taire, panser ses plaies avec sa plume, d'un bec flâneur, se laisser porter par les vagues-à-l'âme, qui comme des trompettes de la mort sont des sirènes qui chantent en silence et baptisent l'été virulent de regrets amers... Tâche cyclopéenne et futile ? Renaissance d'un déclin ? Déclin d'une Renaissance ?

J'ai comme la nostalgie des vies simples et rudes des Orientaux. Des Mongols. Des Aborigènes d'Australie. Des Touaregs. Des peuples autochtones.

Mah-jong et feuille morte recroquevillée. Ne sommes-nous pas tous
un peu recroquevillés dans notre société ? ©Michel Marchand
Dans notre société – ce jeu de société – enrhumée par ses propres dilutions allopathiques, ses vapeurs technologiques, ses aléas diaboliques sur l'échiquier et ses comédies létales (au niveau mondial)... les aigreurs et les relents, les reports sine die et les ratés, les faux-départs et les bruits de couloir, sont des symptômes d'un mal (nécessairement ?) mortel. Nous nous dirigeons vers une fin malheureuse, sans le sauf-conduit d'une vraie éthique, sans le laisser-vivre paraphé de l'authentique moralité, oui, nous nous dirigeons vers un rictus mortuaire, grimace dessinée sur un masque aux couleurs changeantes mais ternes - et pourtant, autrefois si belles... ces couleurs délavées... dans des cœurs compassés.

Si seulement tout cela n'était qu'une illusion de la mélancolie... si seulement j'avais tort dans mon analyse d'un alarmisme rampant... je ne demande vraiment pas mieux...

Mais nous allons bel et bien au désastre, nous les humains si fiers de nos réalisations, de nos voyages dans l'espace et de nos réseaux planétaires... notre bateau part à la dérive et fait eau de toutes parts, les éléments se déchaînent alentour...

Notre cuirassé n'est plus, en fait, face aux forces de la nature en colère, qu'un frêle esquif au long des récifs immergés; devant tous ces formidables bouleversements, notre civilisation est comme une épave condamnée à orner les paysages sous-marins, une mécanique dépassée par les éléments désenclavés et débridés.

Nous coulons, tout simplement, nous coulons... et pas grand monde pour écoper... en tout cas pas assez, semble-t-il.
C'est comme si l'univers en avait soute de nos simagrées.
Vade retro homme déluré... voudrait nous dire le vent mauvais. 

Avec panache (c'est notre restant de grandeur), mais qu'importe après tout - les jeux sont faits - nous saluons un monde finissant...
En attendant le jour qui vient toujours après la nuit. 
Car tout, fort heureusement, n'est pas fini. Intime conviction d'un rescapé de la vie... comme nous tous, en sursis.


Nous sommes pour autant sans émulsion salvifique, comme égarés et condamnés par la faucille qui moissonne nos vies dans la nuit battante... 
Misère et petitesse de l'homme si faible face aux défis du monde moderne.




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire