Premier mai 2007
©Aline Wery |
Ce jour que je consacrais naguère à
la reprise du travail, je l'ai usé en activité fébrile et vaine :
je suis allé après avoir lu quelques articles dans la revue Esprit,
voir les « Vacances de Mr Bean ». Cliché pour cliché,
le sang de la « méguerre » me semble gaspillé et c'est
comme si on n'avait pas avancé d'un poil de « poilu »,
dans ce Verdun glacé des journées moroses. Un Chemin des dames où
le pion est pipé, où rentrent les moissons de nos amnésies
d'amnisties, comme si j'étais devenu l'ombre d'un étudiant, le
report des voix sur l'abstentionniste illusionniste, grevé de dengue
ou de malaria. Une pure folie, l'amour, mais (qu'en sais-je ?)
la plus belle, la plus notoire, la plus entachée de notabilité. Il
y a, et ce n'est pas peu dire, une sorte de « mannequinage »
du côté de la politique, qui tremble à l'idée même de sa
spectacularisation, de son inachèvement sans l'apport, le support
même, de son public.
Je suis un corps calleux, et de cette
callosité je me fais une carapace, avec au fond le jeu vivant des
désirs secrets, des amours désuets, de cette déchéance qui semble
être formatrice pour le vent de ce monde. Mais ce monde gît au
pouvoir du Trompeur, et le « pouvoir trompeur du péché »
a entamé la vision de nos mécontemporains, m'atteignant moi aussi,
comme partie non prenante, mais comme tenté de l'être, comme privé
dans mon cœur de la sagesse qui appartient à ceux qui sont dans
l'équilibre et non dans le manque psychique de la vérité. (...) Les
combats internes sont les plus sangsues, ils captent et dérivent une
énergie qui autrement aurait pu servir à l'obtention d'une beauté,
d'une intention, d'un dessein, d'une vérité. Alors épuisé par
tant d'intestines rancœurs, je me laisse aller à envier la place
d'un autre que moi, ou l'existence d'un autre moi, plié aux cadres
rigides de la société occidentale : je brigue la place de
secrétaire, d'agent administratif, en vue d'une sombre perspective,
et avec ce paraître qui semble combler un ego assoiffé de sécurité
et de cette grandeur conférée par les tâches subalternes. Car dans
cet adjectif il y a « terne », et dans ce terne-là on
croit voir des brillances, d'obscures et vraies lueurs, sans autre
éclat que le reflet de la lune rieuse, de l'apprentie qui initie à
ses douces remontrances, dans une mansuétude aussi dense que peut
l'être celle d'une mère sereine, tendre mais sévère et exigeante
à la fois.
(...) Insensible au temps qui passe, je reste en
attente de ce bonheur de trouver un maître, son maître.
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