dimanche 22 juillet 2018

Amant... amante...







Amant                       amante                             nos cœurs                    
           se sentent                   les aubes aussi                                      font         du joli
nous                 nous amis                     ou bien sans rire                  nous sommes foutus 
                                                  de nous aimer
                        comme des ratés

Amant...   amante                                    et amarante                                                 les mots se suivent                           dans leurs vacuoles
de plaisir frivole               de durée atone                                              de prairie riante
comme des années                               d'attente
                                     confiante

Amant/amante                                          nos airs                          se marient                                                                                        nous sommes unis                          comme des oisillons
                                                        à leur nid

et nous voguons sur le Grand Fleuve à la limite de nos royaumes

alors                      alors                                   alors                 c’est la vie            qui gagne
                                                    à tout prix
              
Musée d'Art moderne, Paris, © M.M. - pour les 2 clichés


jeudi 19 juillet 2018

Le festin de la vie





Lors d'un mariage...

La demande, la requête d'amour est pour moi comme 
l'attente du repas pour une couvée d'oisillons, qui le bec ouvert, tendus vers leur mère nourricière, tentent d'avoir un peu de cette provende terrestre, un peu de ce suc vital, de cette victoire sur la mort toujours possible. 

Une demande qu'un peu retarde, fait perdurer, prolonge, que beaucoup comble, quand le surplus fait une couronne à la satiété. 

Mais aujourd'hui, tellement de nos contemporains semblent blasés, ayant déjà tout entendu, tout vu (ou le prétendant). 

Mais c'est dans les choses simples de la vie, dans une poignée de main chaleureuse, dans un regard de sollicitude et d'attention, dans les cercles -vertueux- de l'amitié, dans un petit d'homme, dans la force d'un orage ou la violence d'une débâcle, dans le spectacle renouvelé d'une nature qui se réveille ou au contraire replie ses ailes pour s'endormir pendant la saison froide, dans l'hymne à l'amour que nous chante le printemps, dans les 

Repas à Istanbul, dans une gargote
symphonies éclatantes ou discrètes du souvenir, quand l'âme se retrempe dans la douce nostalgie de l'enfance, dans les détours d'un chemin ombragé, dans le sillon du laboureur fatigué, dans le repu d'un repas plantureux, dans le souci de l'autre qu'on aime tant, dans le friselis des glaçons sur le bord du toit, à l'orée du monde, au plus secret de la matière, là où palpite l'univers microscopique, où se marient les couleurs et les sons, le goût des choses vraies, la potentialité présente en chacun. 

C'est là sans aucun doute que se joue l'essentiel du vibrion vivant et du mariage de la matière et de la pensée.

Et pourtant ce ne sont que des mots qui habillent pauvrement les réalités si riches, si crues qu'elles en semblent rebondies, replètes sans perdre pour autant leur part de rêve, de bonté et de joie. 

Le réel que les philosophes nous disent inaccessible, nous le retrouvons pourtant autour de la table du festin de la vie.

Nous le touchons comme nous mêmes touchés par le doigt de Dieu.





mardi 17 juillet 2018

Le bug de l'abbé Mol majeur






Abbé dans ton grand pays
Comme au fond de ton abbaye

Tu rêves à un autre être-là
Un enfant sauvé du trépas

Tu bugues, pantelant, comme un regard qui luit dans la touffeur de la vie
Avec des fuyards dans la nuit

Il reste des suffragettes et des arrête-de-vivre
Comme des cimeterres cachés au fond des livres

Il reste à déterminer le flux et le reflux
Toute l’armada des rixes et guerres de malotrus

Tout le printemps qui va vers toi 
Dans un habit de gala

Oh si je voulais je pourrais pourrir
Si je pouvais j’aimerais tant courir

Et puis les vacances sont de mise dans l’arbre de villes
Où pétaradent les rimes et les rires de Granville

Tu panses pensée et je pense panser
Nous sommes les valets de la vraie déboutée

Arrêtons-là les dégâts et les en-cas sans rien d’autre
Vivre dans les gravats et mourir dans un lit de mauvais apôtre

Comme si nous étions foule et gabarit de ce bas monde
Comme si nous étions anoblis par les fichaises de nos arondes

Encapuchonnés et encapsulés comme l’hémoglobine dans son globule
Et désireux de passer telles des ombres dans l’utopie des nuls

Car le monde n’est pas possible hein !
Cela on peut le prouver
C’est bien le problème des cartes à l’échelle 1/1

Et tout le fatras de tes bondieuseries qui sévissent
Alors qu’autour de nous meurent les braves et les peaux-rouges

Il faut retenir le vent - avant
Et après il faut retenir  - l’apprêt

Et transmettre tout en un don
Unique et vrai
Minuscule géant

Adieu donc puisqu’il nous faut partir
Abbé, tu fugues, je ne saurais te retenir...






jeudi 12 juillet 2018

Ô regard !



© M.M. 2018, Maroc
« Le peintre, à celui qui doit être devant son tableau, donne quelque chose qui, dans toute une partie, au moins, de la peinture, pourrait se résumer ainsi : - Tu veux regarder ? Eh bien, vois donc ça ! Il donne quelque chose en pâture à l’œil, mais il invite celui auquel le tableau est présenté à déposer là son regard, comme on dépose les armes. C’est là l’effet pacifiant, apollinien, de la peinture. Quelque chose est donné non point tant au regard qu’à l’œil, quelque chose qui comporte abandon, dépôt, du regard. » 
- Lacan Jacques, Le Séminaire XI, Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, Paris : Editions du Seuil, p. 116.


Ô regard
Regard d’or
Qui pénètre les replis
Sacrés de l’âme

Qui entre dans les chambres intérieures
Et secrètes
Le répit tu nous donnes
Comme un habit de moine
Qui ne trompe personne
Sauf que c'est idoine
Pour l’Argentalet 
De nos recels

Ô remeil
Remeil d’art
Où poussent les jonquilles d’ambre jaune
Où passent les ombres folles
Qui habitent le marais
Et sortent au soir si blond
Pour faire un grand ballet 
Un ballet costumé
Larme à l’œil
Goutte de rosée
Qui bataille avec le nez rond
Dans les traits enflammés 
De l’entre-deux soirs

Une nèpe aux reflets argentés
Par la réverbération
S’enfonce lentement dans la vase
Avec la grâce d’une soucoupe volante
Et la douceur d’une graine ailée 
Qui se poserait
Sur le pré humide et pâle
D’un vert mordoré


Regard : ami ennemi
Tu plantes tes dards dans l’abri
Où nous nous sommes repliés
Pour la nuit







mardi 10 juillet 2018

¡¿Quoi ?!





¡¿Quoi ?! Rien qu'des rimes sans fin
Une sorte de souffreteux chagrin
Un mesclun mesquin
Un pleureur pleurant
Un saule qui rissole
Un assassin assassiné
Une espèce d'abbé qui abat
Un abat-jour qui aboie
Un ormeau sans ornière
Une oeillère sans oeillets

¡¿Quoi ?!
Un enfant qui louche sur la louche
Un chelou qui chaloupe la chaloupe
Un étang qui étanche la soif des temps
Présents passés inconnus dirimants
Un passif alourdi par mes dettes personnelles
Dans les comptes de la nation des puissants et rebelles
Un hortensia qui Hortense ! Ne connaît pas le plagiat
Alors que le coucou du couscous secoue la rescousse
Que la rascasse t'agace et le temps s'éternise doucement
Doucettement même je devrais dire
Plutôt Pluto que Médor au grand tirage au « sors 
Le chien qu'on lui compte les pattes ! »
les passes les chiasses les brasses
les crasses

¡¿Quoi ?!
Un apéro sans un seul héros
Un hélico sans écho
Un Cairote qui rote
Un stambouliote qui pleurote
Un jerrycane sans sa cane
Un mouroir sans encensoir
Une pissotière sans ses graffoutus
Un clafoutis sans frontière !!!

¡¿Quoi ?!
Une sorte d'espèce de genre de sexe
Sans braguette ni trompette
Un générique sans son Eric
Un poussif sans poncif
Un puritain sans rupin
Un maritain sans marmite
Un potin sans potier
Une course en sac sans anse !!!
L'Anse Mitan sans sa mi-temps...

Décidément...




samedi 7 juillet 2018

Larmes automatiques




Comment peut-on faire croire qu'en vendant des armes on apportera la paix ? 
- Roland Poupon, internaute. 



Mise à feu automatique
de toutes les forêts aquatiques des chevelures d’anges et des coiffures de titans

dans le bourbier de nos naissances un regard nous transcende
c’est le devenir de tout un chacun

mise à feu par aube interposée
dernière manière de danser sur les vaguelettes de l’hamour

enamourés que nous sommes à l’humour sans vergogne
à l’âtre de nos cœurs, à l’hormone sauvageonne

et nous allons portés par des courants sans fond, des vides sans fin, des rumeurs blondes

enseignés à la révolte, écartelés de l’hôte qui nous dévore tranquille

comme porte-drapeaux de l’inconnu du pays des insus
du pays des mort-nés et du pays des blés

de l’épeautre et des apologues,
de la mitraille du monde

La mort cerne la vie comme l'arbre est cerné dans son intérieur même
© 6/2018 M.M. à Montpellier.
car au fond, ce qui se joue en chacun, c’est le petit bruit de la monnaie au fond d’une poche
ou sur le zinc

mise à feu et à sang

cent et mille
mille et cent

détruits comme des varlopes détruisent l’aspérité

et nous dans tous les états écartelés
transfrontaliers de l’inconnu du pays des insus

comme dribblés de lumière
auréolés d’instinct

nous mourrons de nos morts violentes et assassines
bariolés de ce sang pour sang

celles dont la mise à feu serait automatique
qui seraient capables de tuer dans les angles et derrière les murs

l'arme capable de transformer l’anoure
et nous...

comme dribblés de poussière et de vaine gloriole
enseignés à mourir

dans les doux souvenirs…
d'un monde inabouti.




mardi 3 juillet 2018

Dans la peau d'un desperado... inoffensif.







C’est une via dolorosa
Appassionata

Je perds mon temps dans les dédales de tant de labyrinthes
Que je pense à abandonner
A vouer ma vie à Bandon

Pour en finir avec le rire
Qui est comme des épines sous une marmite

Et je parle comme à travers la ville
Une ciboulette de printemps
Dans un rouleau de néant

Je pensionne mes chats comme si c’étaient des soldats

Et tout est à reprendre
Le plan est remanié
Tour d'horizon dans le Luberon © M. M.
Le déroulement doit changer pour de bon
Le panoramique 
De la panique

Et c’est camino doloroso
Desperado


Comme un livre qu’on referme
Avant d’avoir fini
Pour toujours

On n’en connaîtra pas la fin
Car on n'a plus envie de le parcourir
A la recherche d'un dessein
Ou d'un souvenir

Perdu
En chemin


dimanche 12 novembre 2006 - mardi 3 juillet 2018





samedi 30 juin 2018

L'amour sublime...




Merci pour vos messages ensoleillés d'amour...

L'amour, l'à mourre (jeu de mots lacanien), face à l'éternel, le grand, le sublime amour. 

Il transforme et nettoie, il est purificateur (le mot vient du grec "to pur", qui veut dire le feu) et incantatoire, il convoque les vivants autour d'un feu de bois, dans le crépuscule des dieux, près d'une orée, dans un paysage de bocage et de chemins terreux.

Flamme and Co. ©M.M.
L'amour évoque et l'amour tue, l'amour fait marcher les paralytiques, il envole les inerties, il dégage l'énergie de la pierre ensevelie, l'amour décalque le printemps à toute saison, l'amour bricole comme un génie, avec des restants de jeunesse, il défalque sur nos impôts le dû et le dur, il embranche les chemins, vers un pays d'azur, il massicote les négations et retricote les relations. 

L'amour voit, quand nous sommes aveugles, l'amour parle, quand nous nous taisons. 
Il délivre les horizons prisonniers de notre vision, il arrache les coeurs meurtris à leurs funèbres oraisons, il manigance l'ahurissement pour mieux tromper nos insomnies. 

L'amour côtoie les gérants du vrai, l'amour déploie un clair-obscur, qui nous attire dans le coin d'un tableau de Vermeer ou de Brueghel. 

L'amour étaie nos vieilles pierres, il embouteille nos misères. 

L'amour est flot d'émerveillements, il inonde nos jardins secrets. 

L'amour gravit toutes les montagnes, il arrose tous les déserts, il est paradis et éther, il emmène jeunes et vieux vers la mer, l'amour étanche toutes les soifs, l'amour dérange et l'amour croît, comme un bambou sorti de terre, qui deviendrait banian ou baobab.

Ah si l'amour nous est conté, c'est qu'il est pur, se contresigne par un paraphe, un blanc-seing à l'amitié, l'amour joue de nos timidités, il chasse d'un coup l'inimitié. 

L'amour crevasse nous fait chuter, l'amour cravache nous fait gagner. 

L'amour à-coups ou l'amour velours, l'amour avec tous ses atours, est comme une perle mise en valeur, au front d'une femme-fleur. 

L'amour est un sacré grigou, un vrai voyou quand il s'y met, il crache sur les conventions, avec une sorte de prétention, qui n'est que pure provocation.

L'amour... si l'art est parfois abstrait, l'amour lui reste concret, il est pourtant si haut placé, qu'on sait qu'il est privatisé, il n'a pas de marché car il n'est jamais esclave... comme l'art, il est éternellement libre... tout en nous obligeant.

L'amour plaide et l'amour gagne, il est l'avocat du prisonnier, le défenseur des opprimés. 

L'amour bravade n'est entravé, que par les sots battant monnaie. 

Il se distingue par son côté inestimable, indiciblement irremplaçable... 

Il défie nos définitions, il corrige nos imperfections. 

Il poétise nos chansons et termine sa grand'course par des pirouettes enchaînées, comme un enfant terrible qui n'aurait pas fini de nous étonner par sa souplesse et son cachet.



mercredi 27 juin 2018

Le chien de ma chienne...



"Hier, j'étais un chien. Aujourd'hui, je suis un chien. Demain, je serai probablement toujours un chien. Bon sang ! Il est vraiment difficile d'obtenir de l'avancement !" - Snoopy, Charles Monroe Schulz.



Écrire pour écrire
je pense bien à toi
seulement
une petite chose me taquine
est-il vrai…
que tu n’as pas sorti le chien et qu’il a fait partout dans la maison,
ou alors…

Parier pour parier
ça veut dire ne plus espérer gagner,
juste garder un chien de sa chienne au vainqueur qui a forcément triché
quelque part ça rassure de participer, même si…
Attention au chien ! © M.M.
au fond on ne peut s’en sortir de sa mauvaise passe
et manque…

Tu gardes ta répugnance pour ma danse
et il faut bien admettre que le beurre est rance et la rime en transe facile et gracile

nullos mon truc de toutou attardé

Épée contre estoc
j’ai de la colère en trop
un débord de sabords
et juste avoir du chien ça décolle les oreilles et les avions à réactions… aux abois.

je veux dire c’est ainsi qu’on peut savoir le fin du fin… à la fin des temps. Pas à la mi-temps

je déballe tout et je recommence
Écrire pour écrire…


mercredi 20 juin 2007








lundi 25 juin 2018

Quand on n'a que l'humour... Pistaches... de pastiche...




"Si tu veux critiquer, fais l'humour, pas la haine..."
Paul Carvel, Sel d'esprit, 989 - 2005

Quand on n'a que l'humour
Pour calmer les mâtins
De caresses du jour
et de peaux de chagrin

Quand on n'a que l'humour
Pour diminuer l'aigreur
Du vin âcre au détour
De ses mortes couleurs

Quand on n'a que l'humour
Dans le blanc de tes yeux
Pour singulier Kippour
Ou baiser mystérieux

Mike au Logis... © M.M.
   Quand on n'a que l'humour
   A l'aune de tes mains
   Pour unique chemin
   De simple troubadour

   Quand on n'a que l'humour
   Pour forcer Présidents
   Ministres et leur grand'Cour
   A être indépendants...



Alors sans voir grand-chose
Que le teint matinal
Et la pâleur d'une rose
Officiante de fanal

On aura dans nos cœurs
Le sang du vrai bonheur
Un vin d'une vraie teneur
Une amphore de douceurs

Mais oui tenez-vous bien
Froment et vous levains
On aura dans nos pas
Du pain pour tous les gars

Du monde entier !!!

Les 22/23 mai 2018



vendredi 22 juin 2018

Poème en trois secondes







Le peintre Michel Solé en train d'oeuvrer au couteau... © M.M.


Poème en trois secondes
Une deux trois
Quelques points noirs
Et très franchement

Pas assez de luminosité
Sur ton écran
Je suis victime

Des pas de géant
Que tu t’imposes
Quand le retour
Vers le possible
Devient amour
De codicille





mardi 19 juin 2018

Alaternes épreurés... ou cette lutte...







Qui sera meilleure, vraie comblée cette patrie
Pour l’amour de laquelle nous nous sommes évanouis
Dans l’heure nous prairies nous vallons jadis gris
Resplendissons d’aurore, d’un millénium, au prix

Eglise Saint-Lazare, Avallon.
De la fin d’un système, de la césure d'un thème
Qui leitmotive le monde dans son noir érythème
De la fin compassée des outrances agréées
Soutenues et payées par les grands condamnés

Par ceux dont la conduite est à jamais noirée
Encadrée comme un faire-part d’endeuillés

Alaternes esseulés dans la belle forêt
Où mourront empalés les futiles regrets

Comme portés par les vents dans le mail des déchets




samedi 16 juin 2018

Abey...



Il me semble, ce soir,
Que nous sommes entrés dans le jardin, dont l'ange
A refermé les portes sans retour.
Yves Bonnefoy - L'été de nuit, I


Nos corps étaient faits pour se connaître pour s'épouser
L'étoffe du rêve nous a conquis le temps passé
Et nous nous sommes reconnus dans la nuit la plus sombre
le glas de nos allers a sonné celui de nos retours
Et nous n'étions plus que des ombres
Avant que de nous rencontrer
Dans le couloir noir à t'attendre
Je percevais obscurément l'arc de tes jambes
de tous tes pas l'ambre
si tendre


le regard profond de ton pourquoi

Dans le suroît oblitéré des nombres
voilà ton nom
Abey...



L'aube aux abois
Le méplat de nos mains
Et la paume de tes seins

Et ton âme
Éperdue comme un chien
Errant à travers les nues du matin
Cherchant son chez-soi chez les autres
et attendant la provende du vent
Et les bienfaits du vendre.

Abey...
L'arme des arrois
Un rien qui t'arrime à la loi
et ce sida qui te hante
comme un meurtre sans meurtrier
Comme un feuillu sans feuilles
et une herbe sans brin



Abey...
La force de ma joie
Une arme sans objet
Un objet sans rejet
Une armoire sans son ventre
Un étal sans chalands
des rimes sans argent



La mie sans pain et le pain sans amis
Comme une crinière sans vent
Sans jamais de vent
Cheval fourbu sans écurie
Dans le ruisseau des herbages drus
sans abri

Je t'aime d'autant que je ne te comprends pas tout à fait
Et cela me donne envie de te retrouver
De t'aimer sans explications
Sans remontrance sans délation

Et de remonter le temps
avec tes cheveux d'un blond cendré
Abey tes ors passés
Tes reins cambrés
Et tout le morne de la vie
Im-partie


23 mai 18 - 22 juin 2018






jeudi 14 juin 2018

Prière d'amour de l'autiste






J’aimerais bien avoir ta manière
- douceur d’un été sans plaie –
Tu es mon cœur plénier
Tu es ma mère

J’aimerais tant connaître l’enfer
Où tu cherches à m’entraîner
Même si tu t’en défends ma mère
Et que je me laisse guider

J’aimerais gravir l’escalier
Qui mène dans les greniers
Pleins de grains et de beautés
Et que tu te laisses guider

Dans le blockhaus de mon état
De gosse
Où je suis bel et bien enfermé
Moi l’autiste, moi le précoce
Je cherche la sortie câblée

Arrimé à ces amarres
Montpellier, le 13 juin 2018. © MM
Qui m’emprisonnent à moitié
Je crois que j’en ai vraiment marre
De cette intenable amitié

Sans cahot, sans accroc
Comme si la cicatrice
M’était rectrice
Qui défigure toujours trop

Je t’aime comme un passereau
Comme un étourneau falot
Tu as pansé mes plaies et mes pleurs
Tu as la teneur du bonheur

Je perce mes dents sans douleur
Et j’entends le pas rassurant
De ma mère qui tout à l’heure
Viendra me bercer doucement

Dans ton absence-présence
Je creuse mes méninges à chercher
Pour qui d’autre tu dépenses
Tes paroles calmantes à souhait

Je cherche la félicité
Entre tes bras sans concurrents
C’est du moins ce que dorénavant
Je m’attacherai à prouver

Oh maman, étoile du jour déclinant
T’en souvient-il s’il te plaît
De ces morts insoupçonnées
Qui décoraient mon étang

Je vivais et je mourais,
Comme étant et déjà dépassé
Je pleure encor sur ce temps
Où nous renaissions autant

L’un que l’autre dans cette étreinte
Qui nous ressuscitait
Comme deux êtres qu’éreinte
Le départ des embarqués

Dans une histoire inachevée


26 avril 2006

mardi 12 juin 2018

Semi-Detached House ou le SDF et la paix entre les deux Corées.




"Ce qu'il faut surtout pour la paix, c'est la compréhension des peuples. Les régimes, nous savons ce que c'est : des choses qui passent. Mais les peuples ne passent pas." - Charles de Gaulle

"Et je pense à Coré l'absente ; qui a pris 
Dans ses mains le coeur noir étincelant des fleurs
Et qui tomba, buvant le noir, l'irrévélée,
Sur le pré de lumière - et d'ombre. Je comprends
Cette faute, la mort. (....) Mais oui, je prends.
La faute de la fleur coupée nous est remise,
Toute l'âme se voûte autour d'un dire simple,
La grisaille se perd dans le fruit mûr.

Le fer des mots de guerre se dissipe 
Dans l'heureuse matière sans retour."
Yves Bonnefoy - le Dialogue d'Angoisse et de Désir, II


Japon : arbre 

  • Bonjour Dudule, comment tu vas aujourd'hui ?
  • Ça va, ça va bien, même !!
  • Ah ! Voilà une chose qu'elle est bonne !!
  • Oui, je suis heureux de la poignée de mains des présidents Trump et Kim Jong-Un... à Singapour, je l'avais presque prévue dans mes rêves les plus sensés... ou insensés, comme tu voudras...
  • Ah bon ! Raconte-moi un peu !
  • Eh bien, lors d'une pérégrination à l'étranger, le pays je le dirai pas, la date non plus sauf que c'était en début de cette année, j'ai rencontré un jeune Coréen instruit avec lequel j'ai voyagé en autocar, et je lui ai expliqué, en anglais, pendant des heures, comment je concevais une paix possible entre les deux Corées.
  • Ah ! Tu parles anglais ???
  • Oui, entre autres langues, je parle six langues, et étudie encore d'autres langues quand j'ai le temps, l'occasion, et que la Médiathèque m'accueille malgré mes odeurs de... sainteté !
  • Hahaha !!! T'es en odeur de sainteté !!! Mais parle-moi un peu de ta théorie de la paix entre les deux Corées, ça m'intéresse...
  • Oh ! Elle est simple, tu sais. Je compare les deux Corées à une « semi-detached house », comme une maison jumelée avec deux étages, un grenier, un sous-sol par unité, et pour faire la paix entre les deux familles en bisbille, il y a une solution simple : il faut des "passages" à tous les niveaux de la maison mitoyenne, des voies de communication entre les sous-sols, les rez-de-chaussée, les étages et aussi au faîte, bien sûr, entre les greniers. 
    Aux étages supérieurs, le commerce international, les contacts d'entreprise à entreprise entre les deux pays : il y en a forcément au moins un peu, et aussi les journalistes, les équipes de télévision, les documentaristes en tournée parfois en Corée du Nord, et vice-versa, puis au sommet de la pyramide, comme aux Jeux Olympiques de Pyeongchang - ce n'était pas réellement le sommet, mais c'était quand même très "officiel" très visible au niveau mondial-, ou lors de rencontres entre homologues des deux pays concernés. Ainsi la paix est rendue possible : tout ne peut se dire officiellement, certaines choses doivent se dire mais rester en partie secrètes... la communication sera établie au sous-sol, puis à divers niveaux d'interrelation. La compréhension mutuelle exige des efforts à ces différents échelons.
  • Ce qui veut dire ??? 
  • Ce qui veut dire que si on veut faire la paix entre les deux Corées, il y a des choses différentes et adaptées qu'on peut se dire à différents niveaux des deux sociétés : au niveau des « taupes », des espions, des agents doubles et des « cloportes » de la cave, les bas-fonds de la société, mais sur ordre du sommet, on peut donner des infos toxiques ou pas, mais réellement mesurées... et au niveau des ouvriers et des employés du rez-de-chaussée symbolique, même chose 
  • Comme on a pu le faire dans la « politique du ping-pong » dans les années 70 entre les USA et la Chine – lors de rencontres de ping-pong, au Japon je crois, des Américains et des Chinois ont noué des liens et favorisé la paix entre les deux puissances –. Ah ! Je vois ! Tu veux une paix à tous les niveaux !
  • Oui : c'est très important, si on veut réunir les deux Corées, et cela doit se faire ou s'amorcer bien avant les pourparlers officiels. Le pouvoir nord-coréen pourra peut-être alors accepter la réunification...
  • Et tu crois que le pouvoir nord-coréen voudra abandonner la partie ? Les dirigeants risquent, si on fait réellement la paix, de perdre leur place, voire d'être jugés par le peuple qu'ils ont -si mal- dirigé... ???
  • Oui, mais si, par exemple, on échange la dénucléarisation de la péninsule contre l'assurance d'une place au soleil pour les dirigeants nord-coréens, une « retraite dorée » pour ainsi dire, un peu comme pour Gorby (qui a fondé la Green Cross International au moment de son éviction de la politique intérieure)
  • Oui, il a fini par faire autre chose que du communisme mâtiné de libéralisme...
  • Et si on assure Kim Jong-Un et son gouvernement d'une impunité totale pour leurs erreurs et leur mauvaise gestion...
  • Oh ! Tu vas un peu vite en besogne je crois... il y a aussi les membres influents ou non du Parti...
  • Oui, bien sûr, mais j'aimerais tellement qu'il y ait la paix, c'est ce que j'expliquais au Coréen que j'ai rencontré en voyage... je lui ai même fixé un délai raisonnable pour y arriver...
  • Ah bon ! Combien de temps ?
  • Je te le dirai si ça se réalise... hihihi
  • Bon, Dudulle, tu sais pas, ta théorie me donne des idées pour le conflit israélo-palestinien...
  • Eh ben ! Ça serait pas trop tôt qu'on trouve des solutions pour les problèmes épineux de ce genre, crois-moi...
  • On en reparlera peut-être... je dois filer.
  • A bientôt, et n'oublie pas la petite pièce pour le clodo polyglotte... et un peu foutraque...





samedi 9 juin 2018

Je me rue sur mon éther, je me saoule, je m'enterre...





« On ne plaint jamais dans autrui que les maux dont on ne se croit pas exempt soi-même. » - Jean-Jacques Rousseau
« Quand on se plaint de la méchanceté d'autrui, on oublie cette autre méchanceté plus redoutable encore, celle qu'auraient les choses s'il n'y avait pas autrui. » - Gilles Deleuze




Il aurait bien voulu s'exprimer, non pas faiblement, d'une façon qui lui aurait alors semblé une imposture, une usurpation, mais avec des mots crus, bien assaisonnés, loin des fadaises qui sortent habituellement de la plume des grands pontifiants, des farcis de culture cultivée, des farceurs de l'intellect dégingandé.

Il lui semblait qu'ils pullulaient ceux-là, et qu'après s'être nourris des restes des géants, ils pondaient leurs déjections, leurs boules de poils, leurs ruminations gastro-duodénales des Classiques (dont on dit qu'ils éclairent tels des fanaux nocturnes le monde grouillant des ports de commerce de la littérature mondiale).

Rien ne pourrait, lui, le rassurer sur sa concision, sur le peu qui sortait de ses tripes, sur le non-sens de ses précisions maladives et indigestes justement.


Cirque de Navacelles, Gard, © M. Marchand
Un monde entre le peuple tonitruant et loquace, sûr de sa faconde et qui piétine en dansant les parterres de la vraie littérature, et lui, avec son quant-à-soi et son laconisme, cet abrivent bien vu par les connaisseurs de la vraie économie, celle des mots et des concepts.

Car pour sûr il ne fallait pas une pléthore de pensées, mais un essentiel, un compendium, un vademecum de l'idée.

Derrière les regrets éternels et éternués de sa prose, on sentait l'étourdissement et les vapeurs de l'alcool, les remontrances subtiles de l'éther.

Voilà la couleur secrète de son ton lapidaire. Le prurit invariable qui le démangeait si souvent.

Foin de toutes les influences, assez de cette horde de « maîtrelets » qui vagissaient sur la grand-place en dessous de son balcon. 

Las ! 
Rien ne pourrait perdurer -encore moins percer- de ses lamentations intérieures, délicates, intimes, surannées comme des marrons glacés de l'hiver qu'on sortirait de leur boîte en été...

Il divaguait.

C'était abrupt, finalement, cette falaise de mots, le saut dans l'inconnu, les rocs découpés et la mer houleuse des phrases possibles à l'infini.

D'un côté le désert, de l'autre l'océan vide et hurlant.

Son imbécillité, et l'innombrable pluriel des virtualités à concrétiser.

Qu'il aurait tant aimé rendre réelles, même à travers la nébuleuse des flacons de l'ivresse.

Être, à travers l'espace du temps.


20 avril 2007 - 9 juin 2018