Il me semble, ce soir,
Que nous sommes entrés dans le jardin, dont l'ange
A refermé les portes sans retour.
Yves Bonnefoy - L'été de nuit, I
Nos corps étaient faits pour se
connaître pour s'épouser
L'étoffe du rêve nous a conquis le
temps passé
Et nous nous sommes reconnus dans la
nuit la plus sombre
le glas de nos allers a sonné celui de
nos retours
Et nous n'étions plus que des ombres
Avant que de nous rencontrer
Dans le couloir noir à t'attendre
Je percevais obscurément l'arc de tes
jambes
de tous tes pas l'ambre
si tendre
le regard profond de ton pourquoi
Dans le suroît oblitéré des nombres
voilà ton nom
Abey...
L'aube aux abois
Le méplat de nos mains
Et la paume de tes seins
Et ton âme
Éperdue comme un chien
Errant à travers les nues du matin
Cherchant son chez-soi chez les autres
et attendant la provende du vent
Et les bienfaits du vendre.
Abey...
L'arme des arrois
Un rien qui t'arrime à la loi
et ce sida qui te hante
comme un meurtre sans meurtrier
Comme un feuillu sans feuilles
et une herbe sans brin
Abey...
La force de ma joie
Une arme sans objet
Un objet sans rejet
Une armoire sans son ventre
Un étal sans chalands
des rimes sans argent
La mie sans pain et le pain sans amis
Comme une crinière sans vent
Sans jamais de vent
Cheval fourbu sans écurie
Dans le ruisseau des herbages drus
sans abri
Je t'aime d'autant que je ne te
comprends pas tout à fait
Et cela me donne envie de te retrouver
De t'aimer sans explications
Sans remontrance sans délation
Et de remonter le temps
avec tes cheveux d'un blond cendré
Abey tes ors passés
Tes reins cambrés
Et tout le morne de la vie
Im-partie
23 mai 18 - 22 juin 2018