lundi 2 avril 2018

Extrait d'un mémoire sur l'Actualisation verbale : Freud et les actes langagiers manqués


Freud et les actes langagiers manqués


Freud, esprit pénétrant s’il en fut, ne s’est pas laissé tromper par le caractère apparemment aléatoire des actes manqués, mais y a presque d’emblée reconnu une marque de l’action de l’inconscient sur l’individu. Il est reconnu maintenant que nos actes sont la traduction de notre état intérieur, et qu’il ne faut donc pas dissocier notre moi profond de notre moi « extérieur » ou externe. La périphérie est au centre pour ainsi dire, et le sujet est voué à dévoiler sans le vouloir ses pensées profondes, inconscientes, cachées, par des actes ou des oublis significatifs. Le langage n’échappe pas à cette règle générale, étant le reflet de nos états d’âme et de notre inconscient.
Nous pensons que l’actualisation - en tant qu’opération mentale dont nous avons vu le « tuilage » des instances - est directement concernée par l’approche de Freud sur la « psychopathologie de la vie quotidienne » pour reprendre le titre de cet ouvrage célèbre paru en 1901, et réédité complété plusieurs fois du vivant de son auteur. En effet, les défauts d’actualisation ou oublis, ont été étudiés par Freud dans les chapitres un à trois de son ouvrage. Freud donne de nombreux exemples avec force détails, qui montrent le caractère non anodin de l’oubli des noms propres, des mots d’origine étrangère et de suites de mots. Ces oublis revêtent une importance qui peut s’avérer capitale dans la compréhension de la personne intime qui les commet. Le « vouloir-dire » pour reprendre l’expression guillaumienne n’est pas toujours un « savoir-dire » : il y a loin comme de la coupe aux lèvres. Des notions associées interviennent dans les mécanismes d’oubli (souvent partiel d’ailleurs) (...) La psychanalyse permet heuristiquement de donner un sens –caché au premier abord- à ce refoulement, lequel a lieu dans l’instance de l’à-dire, c’est-à-dire avant le seuil d’actualisation qui se déplace temporellement sur la ligne de la parole prononcée. Ainsi le conscient est du côté du discours ou de la parole, et la langue se trouve, elle, du côté de l’inconscient. Les idées-écrans (Deckeinfälle « idées-écrans qui viennent ») ne sont elles pas refoulées vers l’inconscient, mais elles peuvent en venir plus facilement que l’idée refoulée, et s’actualiser par la réflexion introspective. Ainsi le note Freud :
Berlin, le monde va changer...
« Lorsque j’analyse les cas d’oubli de nom que j’ai observés sur moi-même, je trouve presque régulièrement que le nom qui est victime de rétention possède une relation à un thème touchant de près ma personne et qu’il est capable de provoquer en moi des affects puissants et qui me causent souvent de la gêne. (…) le nom qui se soustrait aurait effleuré en moi un « complexe personnel ». La relation qu’a le nom à ma personne est une relation inattendue, généralement établie par l’intermédiaire d’une association superficielle (caractère équivoque d’un mot, homophonie) ; on peut la caractériser, d’une façon générale, comme une relation latérale. » (1901/1997 : 65-66)
Les lapsus, c’est bien connu, peuvent de même être révélateurs, jouer le rôle de dévoilement de la pensée secrète ou semi-secrète qui nous anime. Ainsi ma mère regardant Bernard Tapie à la télévision en train de chanter « J’aurais voulu être un artiste », me fit cette remarque quelque peu étonnante dans sa bouche (elle qui est plutôt puritaine) : « Il chante en play-boy » (visiblement plutôt en play-back…) Elle avoua que son charme, en fait, ne lui était pas indifférent. Freud note dans son ouvrage augmenté au fil des années un certain nombre de lapsus faits en allemand, évidemment. Il donne l’explication suivante :
« (…) régulièrement, le facteur positif qui favorise les fautes d’élocution – le flot non inhibé des associations – et le facteur négatif – le relâchement de l’attention inhibitrice – obtiennent ensemble leur effet, ce qui fait que l’un et l’autre ne sont que des facteurs différents du même processus. C’est qu’avec le relâchement de l’attention inhibitrice le flot non inhibé des associations entre en activité ; ou, pour dire les choses sans laisser prise au doute : du fait de ce relâchement. » (ibid. : 121)
Ainsi l’actualisation – et Freud a montré qu’elle pouvait être « fautive » aussi bien orale qu’écrite1 – est formatée par le jeu des pulsions conscientes et inconscientes qui sont souvent en conflit. L’auteur de la méthode psychanalytique le rappelle dans le dernier chapitre de son livre :
« Un seul fait signifiant peut être retenu de ces investigations ; plus la motivation de l’acte manqué est innocente, moins la pensée est choquante et, partant, moins elle est capable d’accéder à la conscience, et plus il devient facile aussi de résoudre le phénomène quand on lui a accordé son attention ; les lapsus les plus légers sont aussitôt remarqués et spontanément corrigés. Là où la motivation est due à des motions vraiment refoulées, alors il est nécessaire, pour trouver la solution, de faire une analyse minutieuse, qui peut elle-même par moments buter sur des difficultés ou échouer » (ibid. : 439-440)
(...)
Le mot B, traduction d’une pensée inconsciente, elle-même générée par une pulsion non moins inconsciente, prend la place du mot A, qui est reversé dans l’inconscient immédiatement, mais qui peut resurgir très facilement en général. Parfois le lapsus est un mélange de deux mots, et donc la construction actualisée se trouve être différente de ce schéma de base. Le remplacement d’un mot par un autre surgi de l’inconscient, peut parfois se répéter sans que le sujet s’en rende compte.
A partir de là, on en arrive aux troubles de l’élocution qui ne sont plus à proprement parler des lapsus, « parce qu’ils portent préjudice, non pas au mot pris séparément, mais au rythme et à la réalisation du discours tout entier, comme par ex. le balbutiement et le bégaiement dus à l’embarras. Mais, ici comme là, ce que le trouble de l’élocution nous révèle, c’est le conflit intérieur. » (Ibid. : 182) On peut déceler ce genre de trouble même à l’écrit :
« Une façon claire et dépourvue d’ambiguïté nous enseigne que l’auteur est ici en accord avec lui-même, et là où nous trouvons une expression contrainte et contournée, qui, comme on le dit si justement, louche sur plus d’un mirage, nous pouvons identifier la part prise par une pensée compliquante, insuffisamment liquidée, ou entendre la voix étouffée de l’autocritique que fait l’auteur. » (p. 182-183)
Nous pensons que ce que Freud a apporté sur le plan de l’explication des origines inconscientes ou préconscientes de l’actualisation est capital pour la compréhension et la connaissance de l’inconscient. Nous n’avons pas suffisamment de lectures psychanalytiques à notre actif pour en faire une critique actualisée. Notre escapade dans le domaine freudien nous a malgré tout bien plu, et nous recevrons avec joie vos remarques et critiques, qui pourront utilement compléter notre savoir si limité.

Conclusion


Ainsi la vie de l’esprit, quoique complexe, ne se dérobe pas totalement à l’analyse, et l’actualisation, bien définie par Bally et Guillaume et, à leur suite, par les praxématiciens, peut enfin nous apparaître, partiellement émergée, dans une approche en partie linguistique, en partie psychologique, voire psychanalytique2. Il n’est pas possible de séparer le sujet psychologique de l’actualisation qu’il effectue. C’est ce que Freud a montré dans ses recherches minutieuses dont nous avons brièvement rendu compte. Les poètes modernes de leur côté ont intuitivement compris et intégré les caractéristiques de l’actualisation (surtout orale).
Les cognitivistes auraient certainement beaucoup à nous apprendre également sur les opérations mentales que nous faisons lorsque nous actualisons des virtualités linguistiques. Mais leur approche nous semble très ardue et nous n’avons pas tenté un examen même superficiel de leurs apports dans le cadre de ce dossier.
Enfin, nous pensons que la notion d’actualisation pourrait constituer un sujet de thèse à elle seule, et que nous n’avons pu embrasser qu’une infime partie de tout ce qu’elle implique, de tout ce qui la complique, de tout ce qui la constitue.
Environs de Berlin
L’actualisation nous intéresse sous ses multiples aspects et nous pensons qu’on n’a pas fini de découvrir des particularités nouvelles dans les divers effets de sens que nous produisons lorsque nous actualisons des unités de la langue. Paul Siblot, dans sa contribution à l’ouvrage collectif sur l’actualisation (Barbéris et al. : 160), donne quelques pistes de recherche sur le sujet, et notamment souligne le fait suivant :
« De façon paradoxale, la praxématique ne s’est pas arrêtée à [la référenciation,] cette manifestation pourtant fondamentale de la relation du langage au réel, qui concerne l’actualisation nominale plus directement que toute autre partie du discours. »
Nous pensons qu’il y a effectivement là un défaut dans la théorie, ou du moins une lacune, et par là nous adoptons un point de vue légèrement distancié sur la complétude éventuelle de la praxématique.
Comme l’ont montré Bally et Guillaume, lequel était chagriné du fait qu’on accorde la paternité de cette notion au co-rédacteur du Cours de linguistique générale plutôt qu’à lui-même, l’actualisation est toujours graduelle, différenciée selon les contextes et est un bon révélateur des richesses de nuances du langage en général. On dit que les langues les plus anciennes découvertes à ce jour étaient d’une complexité très grande, il n’en est pas moins vrai que nos langues modernes recèlent des trésors d’expression et de ressources quasi illimités. C’est pourquoi la linguistique en tant que science du langage nous intéresse aussi profondément. L’actualisation est un des points névralgiques où se meuvent les dynamiques propres à la langue et à la parole, un phénomène-jonction entre les deux mondes intérieur et extérieur, et c’est une des raisons pour lesquelles la praxis de linguistique a intérêt à se prononcer et à continuer la recherche dans ce domaine.

1 Freud donne de nombreux exemples (dans son chapitre 6) de lapsus calami qui montrent encore une fois la force des déterminations inconscientes sur l’orientation du discours élaboré pourtant dans le calme de l’écrit. Par exemple, il écrivit un jour à un de ses parents : « … d’ailleurs, je te recommande, sans plus attendre, d’aller voir le professeur X. pour l’insulter. » Il avait naturellement voulu écrire : « consulter ». La cause de cette erreur lui apparut clairement dès qu’on la lui fit remarquer : il en voulait inconsciemment à ce docteur, qui avait refusé – très peu de temps auparavant - de lui établir un certificat qui était d’une grande importance pour lui…
2 Que la psychomécanique de Guillaume ait fait de nombreux émules (...) la base d’une compréhension dynamique des processus en jeu dans la parole.


le 25 avril 2004, à 17:15



Hôtels, Autels, Ôte-ailes...

Mirrors on the ceiling,
The pink champagne on ice
And she said, 'we are all just prisoners here, of our own device'
And in the master's chambers,
They gathered for the feast
They stab it with their steely knives,
But they just can't kill the beast
Hôtel California - Eagles

- Salut Dédé, comment vas-tu mon ami de la rue ?

- ça va, bien sûr ça pourrait aller mieux, mais bon je me plains pas trop... mais...

- Mais tu serais mieux à l'hôtel ?? non ?

- Ah non ! car comme je suis châtré depuis tout jeune j'ai des problèmes dans les hôtels !!!

- Non mais tu veux rire !!!

- Ah mais non ! dans les hôtels on a des problèmes quand on n'a pas le secret qui permette de se faire bien recevoir, bien traiter, voire d'avoir des avantages... euh... sexuels moyennant échange de bons procédés...


- Comment ! tu prétends que les hôtels sont des maisons de passe ??

- Ben, pas tous bien sûr mais un certain nombre et des chaînes connues, en plus !! Ce sont de véritables lupanars parfois, on échange les conjoints, on fait des petits codes en tapant contre les murs à certaines heures et on se retrouve... à heure fixée d'avance... pour, enfin, tu vois ce que je veux dire...

- Ahan ! Tu m'en bouches encore un coin, mais c'est généralisé ça ?

- De plus en plus, je peux te l'affirmer, car j'ai usé l'élastomère un peu partout en Europe, en Afrique et ailleurs, et je peux te dire que les hôtels sont devenus des lieux de rendez-vous pour Eros et non plus pour le Tourisme seulement !!!

- Ouille ouille ouille, mais il y a pourtant des touristes honnêtes ???

- Oui, bien sûr mais s'ils n'ont pas les codes tu sais ce qu'on leur fait ???

- Non...

- Ils sont carrément mis dans la "chambre maudite" et subissent des mises en danger et atteintes à la santé : oreillers souillés, draps contaminés, tête de lit, etc ! Et en plus c'est souvent le cas de la chambre pour handicapés !!! 

- MAIS C'EST UN SCANDALE !!!

- Oui, Sodome et Gomorrhe ne sont pas loin, seuls les collabos du système moralement déchu peuvent être sûrs d'être bien traités je crois, d'après ce que j'ai vécu et ce que d'autres ont raconté dans leurs pérégrinations à travers le monde...

- Bon sang !!! 

- Ne saurait mentir... 

Signé mon ami Dédé, SDF sans vie sexuelle... officielle... à prendre au conditionnel... je crois, mais je ne suis pas sûr de tout ce qu'il m'a dit...


mercredi 28 mars 2018

L'un pronom Sable



"Ange est le seul mot de la langue qui ne puisse s'user"
Victor HUGO les Misérables... 1862


orme de loi dans la courbure de l’espace-temps
ceint d’un espoir qui s’efface lentement comme anastomosé de rivières de diamants

je parle comme toi, le même langage décodé et inconnaissable
car l’épilangue se mutine constamment contre la sangle des mots

© Aline Maury Coquelicots sur un crochet...
et alors dans un gémissement rauque comme une lamproie qui éclate
tu montres le chemin qui monte au cimetière

et je gravis longuement les marches alizées les vibrations de mes pas résonnent dans le préau et l’hymne à la joie mute et se transforme

comme un escalier qui n’en finirait pas comme le trublion sourd de mes déconvenues

arme de ton œil qui foudroie et sidère toi le borgne qui règne en roi sur mes terres

faucon au pied agile dans l’arbre de ton corps et cédille sans patine sur les meubles du vent

souviens-toi bien de ces trois mots qui peuvent sauver ou perdre
Pernambouc carafon délétère

souviens-moi des sentes de la mystique redonne de la force à mes pas dans l’ombre des dariques…

A bientôt sur la terre où gisent les passés
entassés comme des feuilles dans l’humus de ta lave
    
Ectoplasme ou matière grise ? © M.M.

je prends la première à gauche comme guidé par des voix
et là je retrouve ton nom si fidèle à mes ouïes
comme résonnent les allées d’un air de tragique toi te voilà nue sous la pierre d’éther et de mystère comblée par-devant les sinistres notaires

je me penche sur ton âtre froide et délaissée dévasté de chagrin je plonge mes mains dans l’orbite de mes yeux et le long fleuve de la vie fait un ruisseau tari

car au fond je suis aussi fort que la ville...






mardi 20 mars 2018

acajou et amadou



"Sur le canal Saint-Martin glisse,
Lisse et peinte comme un joujou,
Une péniche en acajou,
Avec ses volets à coulisse..."
Les Contrerimes. Paul-JeanToulet (1979)


couleur primaire ou secondaire, du quaternaire ou du cambrien
toi toute seule avec moi

une éraflure à ma voiture et je me cabre comme un notable
toi et moi dans le froid de la ville noire
je suis le soir qui revient comme l’assassin qui habite au 21
ma responsabilité est grande - je crois à la responsabilité et à l’enchaînement des causes
pour la bonne (cause)
amadou et acajou sont deux laveurs de vitres et deux étalagistes

mets les produits dans la vitrine et fais de ton mieux ouvrière de fac

je me détrône de mon tabouret
et je pars, l’esprit aux aguets aguiché par une vitrine
qui porte un beau pantalon
c’est si bon de se retrouver en dilettante dans une soupente
pour terminer devant sa soupe à la limace des contes de Grimm

© M.M.
(je parle de César et de Cunégonde)
mon horreur quelle horreur mes lavis sont plutôt maintenant défraîchis
rime dream crime frime

je me retouche comme un vieux futal je déraille
puis je râle
j’attends le souvenir des enfants mort-nés

celui d’un préfet sur le flanc du monde qui se souvient de ses féeries profondes au sein de la terre-mère et de la terre réfractaire comme disait Prévert

je râle les français râlent toujours alors je râle et je me tais soudain, à tout jamais je suis un gosse en pâte d’amande

j’étais une bonne pâte
amadou et acajou

et me voici au sous-sol de la morgue dans l’Hôpital St Louis avec mes congénères

je suis le dernier vers... de ton poème inachevé





mercredi 14 mars 2018

De la fin des mondes pourris



Il était une fois une planète bleue comme une oronge vraie
Habitée des mille feux de la civilisation avancée :
C'est-à-dire d'une multitude croissante de complexes militaro-industriels

Pour la poésie un mot pareil quelle aubaine !!!

Cette planète se trouvait menacée de plusieurs côtés
Elle devenait exsangue, elle suait sang et eau pour sa survie
Toujours remise en question toujours momentanée...

Pour la poésie une telle situation quelle veine !!!

Il aurait fallu opérer des changements réels profonds réfléchis médités
Concertés des changements réels profonds réfléchis concertés
Bien concertés bien médités

Pour la science du savoir gouverner quel progrès ç'aurait été !!!

Mais voilà on n'a pas voulu obtempérer à la plus simple des exigences
Celle de la justice, réelle fondée réfléchie raisonnable équitable pondérée
Et on a viré du côté d'une démocrature mondiale à coups de produits rajoutés à la nourriture !! 

Quelle chance pour les animaux qui eux bien entendu, n'y comprenaient rien !!!

Alors la planète au lieu d'être sauvée est devenue la proie d'aigrefins
Dictateurs de Sodome qui au lieu de tolérer les agneaux inoffensifs
Ont voulu leur apprendre à tout prix à sacrifier à l'Eros divinisé

Quelle chance pour les castrés, les impuissants, les phimosés !!!

Et ainsi se termina l'histoire si bien commencée d'une planète qui d'oronge vraie
Est devenue une amanite tue-mouches indigeste et pustuleuse

Pleine des scrofules de l'argent mal gagné
De l'argent trafiqué
Et des riches ligués contre la simple vérité


14 mars 2018
Hôtel le Petit Prince




lundi 12 mars 2018

Histoire pour thésards découragés

© MM Aéroport d'Orly


   
C'est l'histoire d'un lapin qui fait une thèse. Un loup lui demande :
- Que fais-tu dans la vie ?
- Une thèse !
- Et c'est quoi ton sujet?
- "De la supériorité du lapin sur le loup"
Le loup n'en croit mot. Et le lapin de répondre :
- Si tu ne me crois pas, tu n'as qu'a venir chez moi, je te montrerai !
Le loup, se disant qu'après tout il pouvait manger ce lapin quand il le
voulait, accepte le rendez-vous. On ne le revit jamais plus.
 
Un mois plus tard, le lapin rencontre un tigre qui lui demande quel est
son sujet de thèse :
- "De la supériorité du lapin sur le tigre"
Le tigre n'en pouvant plus de rire, accepte un rendez-vous chez le lapin,
et disparaît.
 
Un renard encore subit le même sort : il disparaît sans laisser de traces.
 
Un mois plus tard, un deuxième renard rencontre le lapin, et là encore, même
Scénario. Le deuxième renard va chez le lapin. Là il découvre un tas d'os
de loup, de tigre, de renard, et, trônant au milieu de la pièce, un lion :


le directeur de thèse.

- Anonyme




mardi 20 février 2018

A toi, mon (futur) amour...





"La géographie. Où la Seine se jetterait-elle si elle prenait sa source dans les pyrénées ?" Jean Tardieu.




Des primevères des primevères déprime vers
quoi de neuf sous le pont Octabeau coule le sandre sur les flocages
des sans-patrie

Mon amour est passée sous la ligne de flottaison
et je me noie dans ses yeux qui sont deux hameçons
pour mon âme sans parti

que reste le temps de la ville et que les jonquilles fleurissent
pour mon narcissisme désabusé et toutes les feuillaisons de la mort


© M.M.

je vais à vau-l’eau et je parle de mort comme un agonisant dans un vieux lit
ruinaison des horizons et par hasard d’apprenti sage




ô sublime pâleur de la vie dans ses instants suppliques
Rome est à deux pas

il me semble que le vent s’étrique comme un châlit qui vibre
je ne suis pas comme les autres, je vibre de façon indue et je pense comme un charlatan ou comme un vrai-faux poète ranci de France

Sertissure de bas étage comme un montage de toutes pièces
un homme se meurt à l’étang et je suis comme tétanisé d’avaries.

pour sûr rien ne vient colmater les brèches et ciseler l’absence
et je me cherche dans tes yeux tes seins ton abondance de matrie

je ne crois pas avoir trouvé le vent contraire, le vent contraint.

Syllabe de purin comme un crotale dans l’or comme un portail dehors

je pense et je bée…




mardi 13 février 2018




https://fr.wikipedia.org/wiki/Langue_des_oiseaux :




Au clerc de la lune
Mon ami pie héraut
Prête mots à ta plume.
Pour écrire un mot :
Mâche chant d'ailes, et mots heurte.
Jeu n'est plus de feu,
Ouvre mots à ta porte.
Pour l'âme, hourde d'yeux.
Ce texte contient un message codé qui peut se décomposer comme ci-après :
« Au clerc de la lune » fait référence au messager de l'ombre, le « clerc » étant habillé d'une soutane noire, proche de la nuit. Les versions très anciennes de cette chanson indiquent le mot « lume » et pas « lune », c'est-à-dire « lumière » en français moderne. Le « clerc de la lume » deviendrait alors « le gardien de la lumière », entendu comme « lumière intérieure ». « Mon ami pie héraut » : le clerc est le porteur du message qui est la « pie hérault » qui peut s'entendre comme la source d'inspiration : l'oiseau qui annonce une vérité. « Prête mots à ta plume » fait référence symboliquement aux mots comme des sens volatiles, à interpréter dans un sens figuré, aérien comme les oiseaux. « Mâche chant d'aile, et mots heurte» enjoint à briser la structure des mots pour en faire ressortir le sens phonétique, but de la langue des oiseaux. « Jeu n'est plus de feu » : il existe un sens caché dessous, une autre lumière, « defeü » signifiant en ancien français « misérable » (« je n'est plus misérable »). « Ouvre mots à ta porte » appelle à accepter les mots comme ils sont. Enfin, « Pour l'âme, hourde d'yeux » s'entend : si l'on veut connaître l'initiation, il faut ouvrir les yeux, savoir regarder, ce qui renvoie à la condition de spontanéité nécessaire au décodage de la langue des oiseaux.




dimanche 28 janvier 2018

La ligue a tort





 Ce sombre la qui résonne dans tes pas
Comme un sémaphore de catadioptre embué

Une sorte de parole facilement lacée
Quand tout vous articule au pourtour de la ville
décadenassée

Rime sans fond qui travaille au café
Toi sur le zinc moi côté pile

Et nos embrassements de débutants
comme des poubelles bien lavées
sur le zinc où chante la pièce de monnaie
 Ce sombre la qui résonne dans tes pas
Comme un sémaphore de catadioptre embué

Une sorte de parole facilement lacée
Quand tout vous articule au pourtour de la ville
décadenassée

Rime sans fond qui travaille au café
Toi sur le zinc moi côté pile

Et nos embrassements de débutants
comme des poubelles bien lavées
sur le zinc où chante la pièce de monnaie...

© M. MM

Avant de s’écraser lascive
dans un murmure de fin d’été







lundi 22 janvier 2018

Un pêcheur de pensées en ellipse: Avec tout mon respect pour la vie sacrée

Un pêcheur de pensées en ellipse: Avec tout mon respect pour la vie sacrée: Mais c'est là le raisonnement de celui qui ne sait pas distinguer entre ce qui est en puissance et ce qui est en acte  - Maïmo...

Avec tout mon respect pour la vie sacrée







Mais c'est là le raisonnement de celui qui ne sait pas distinguer entre ce qui est en puissance et ce qui est en acte 
- Maïmonide, Le Guide des Égarés 
1ère partie 
Chap. 69



Encenser le monde d'une parade imprévisible
voler le cercle éviscéré de nos volontés communes

soulever le voile de l'ignorance consentie à coups de subvention
donner le change aux trafics d'influences hérodiades

garder le roi dans sa tour d'ivoire et de parapluies dorés
suppléer l'absence de volonté d'accueil vrai dans la passoire fatale de nos pauv'immigrés

Musée d'Art moderne, Paris. © M.M.
saler le poilu dans la tranchée synonyme de mort assurée 
le soldat inconnu a peut-être finalement plus à dire que toutes nos revues




dimanche 14 janvier 2018

Le Grand Roque


« Je ne veux pas en parler par peur de faire de la littérature – ou sans être sûr que ce n’en sera pas – bien qu’en fait la littérature s’origine dans ces vérités. » Roland Barthes

Si l'autorité n'a pas d'oreille pour écouter, elle n'a pas non plus de tête pour gouverner - Proverbe danois



Un cours de vie courante 
Est parti en courant
On l'avait mis au courant
Capture d'écran
Qu'il avait la courante

Dans les escales de son courage
Il y a toujours de la rage
Et au tréfonds d'un cœur blessé
La haine profonde de la fausseté
De l'hypocrite lâcheté

Il eût fallu comprendre avant
Pour éviter fatal instant
Les déconvenues de la bévue
Et les imprévus de la Grand'Rue
Quand Justice rencontre Bardu



© 14/01/2018



mercredi 10 janvier 2018

Echec en vue...


"On trahit un cœur qui aime, on ne le trompe jamais"
Paul Bourget



Amour empenné de misère
Matrice de nos douces rémissions
Dans l’harmonie de belles terres
Tu fonds mes crues rédhibitions

Amour saluant la rivière
Qui coule entre nous et l’Autre
Tu nous fais mauvais apôtres
Des rimes aux poudres délibèrent

Amour ô vraie âme du jour
Comme la Reine Esther
Un sel minéral impair
La trouvaille de nos atours

Amour aux sangs mêlés
Aux rythmes renoncules
Amour aux tronches tranquilles
Dans mon cœur minuscule été

Des vases tu remues
Tu nais et tu meurs nu
Sur les murs de ma ville
Musée d'Art moderne, Paris. © M.M.
Tu me parles d’éternité

Amour cadeau empoisonné
Quand tu es emprisonné
A dose infinitésimale
d'un système orifice
Dans les reins des sophistes 

C’est alors que tu fais mal

Simple cueillie sur le chemin
Graminée brize intermédiaire
O toi ma plante florifère
Tu nous conduis jusqu'à demain

Tel un Vaporetto cinglant
Petit radeau au fil du temps
Qui nous amène vers cet îlot
En clapotant tout doucement

Vers le feu unique grand et beau

Vers le Père qui est en haut




Au creux de l'airain



« Scrupules du songeur sur ce qu’il a songé »
- Le verso de la page (V. Hugo)


Ce fond d’écran m’inspire
x est comme y
i grec comme zed
le prunus niger 
ça dégénère
me fait des niques
et les enchevêtrements se débilitent

ce fonds de thym me gêne
comme si la mathématique me parlait
la Coelé-Syrie me rejoint
j’antioche-épiphane l’antenne de tes soins

ce marivaudage sans ambages 
comme un rire se fait ravage
traversin sans une plume
étouffoir sans Béthune
pour écrire tous mes rêves
dans l’arbre vivant de tes nuits-trèves

Musée d'Art moderne, Paris. © M. M.

si tu viens me voir avant minuit 
je te ferai un bisou épaté et recuit

car si le rond-de-cuir me dessert
c’est parce que j’ai l’esprit trop disert

et ainsi le vent trace mes amitiés 
comme autant de pistes qu’il déblaie


la Coelé-Syrie me semble vraie mais rien
n'y pèse sinon ton sein

et x est comme y ou z
je suis dans la précarité qui précède

la gloire factice des aèdes

et mon numéro d’identifiant me détruit
x est comme a ou b ou c ou t (-l’instant t)

si je reviens souviens-toi de moi
mes habits sont tristes comme un clown qui glapit
et je me dédouble dans l’hiver de tes yeux épris
comme sur l’onde fripée les racines du ciel au mois le mois

car au fond un arbre est une ossature sans relief
il plonge dans l’atmosphère les reflets de ses branches en f

x est dans y comme je suis en toi
nous sommes les créatures oubliées 
d’un Dieu sans emploi

et nous nous heurtons à la nuit heurtée

comme si attachés à la raquette des années passées
à nous attendre dans la nuit heurtée

et le mur que Hugo avait vu comme un écran aux siècles
reste là livide mort blême et métèque
le fond d’écran m’inspire

je suis prisonnier volontaire de la liberté
et je déconstruis vos empires







jeudi 28 décembre 2017

Les Amis inconnus

        « Je veux être seul en Enfer »
Khalil Gibran


« Pardon pour vous, pardon pour eux, pour le silence
Et les mots inconsidérés,
Pour les phrases venant de lèvres inconnues,
Qui vous touchent de loin comme balles perdues
Et pardon pour les fronts qui semblent oublieux »
J. Supervielle


© M. M.

Dans les phrases
Dans les rires
Dans les sarcasmes gratuits
Des apôtres de ma fatuité
Vide, vide et vacuité

Enfer ô triste commère
Muette comme la mer
Miroir qui renvoie le fini
Perpétuel et imparfait
Dans le tain de son verre dépoli

Mets ta redingote
Prends ton chapeau mou
Ton bâton tes gants
Ton pardessus de route

Repars d’où tu venais
Tu es la moindre motte
Où je trébucherais
Avant que d’être fou
Ou d’être au garde-à-vous
Aux pieds des nazis niais
Pourtant pourtant
Partant
C’est dans tes pans roussis
Que je me réfugie
Et là sublimement
Je reprends souffle avant

Que d’être à jamais englouti ??

Mon cœur bat son plein pas le tien ?
Mon cœur bat la mesure de tes rancunes
et c’est pas sûr non pas du tout
Que j’en sorte vainqueur
De ce col du fémur

A prendre un bain de sel malin
A trempe-la-Mort je suis pas fin
C’est mon entrain qui bat le fier
Quand il est faux
Et je me terre
Dans les fanaux

De la soupière

Ou du bord de la mer

Poème de jeunesse


dimanche 24 décembre 2017

Synecdoque de l'anecdote ou apologue des fabliaux tronqués



On ne conçoit pas plus une maison sans lampe qu'une lampe sans maison. Gaston Bachelard


L'anecdotique des anacondas est relativement constrictif, il faut bien le reconnaître

les péries mouches de l'escarmouche rencontrent souvent leur contraire, ne croyez-vous pas

un nauséabond retour sur investissement semble se mariner parfaitement au ginseng serré de l'entrechat

carrément vitupérant en venant comme par hasard dans les soupentes du suspense, un oligarque plutôt énarque fait trembler les sous-fifres au parti prenant

c'est toujours - c'est bien connu - les lampistes qui prennent, en parlant de prendre
© M. MM, 24 sécembre 2012

un homme plutôt bavard se taisait sur mon boulevard depuis qu'Higelard et Arrêteski ne faisaient plus la paire de hobereaux avinés

ce qui fait pas mal de temps

pendeloque du pendable et hémicycle du cycliste à la cystite de mon cytise bicolore de Cornouailles

les hommes politiques sont tous des veinards : ils ne sont pas engagés par leurs promesses d'un soir... ce sont des buvards invétérés, qui absorbent les voix du peuple et se laissent impressionner par les urnes scellées... des années futures

Prurigo intense du monde des insectes dans le réservoir de la mère Pétard

Il faut bien en finir avec les mots, comme on en finit avec les morts, mais pas si facilement qu'on le croit

Reste à dédramatiser le chlore comme substituant d'ersatz du produit de remplacement... et l'accepter comme succédané d'objet transitionnel

Tout un maelström de dérisoire incandescence, froid comme le Rhin un soir d'hiver.

Pardonnez mon insouciance, le mot la masque mal, le mal inspire le mot...






vendredi 22 décembre 2017

Complinthe de l'ahuri





J’étais la cloque
Tel un jérémiaque
Hérésiarque

Je plantais mes clous comme des paroles de sapience
J’énervais le vide

Dans l’aube je ruminais mes réparties
Comme un soliloqueur
© M. MM

Je pensais, avec mon corps
Et avec mon sang

J’arrivais dans un pays
Lointain
D’où personne
Ou presque
Ne revient

Je mâchais mon urgence
Comme un viatique
Pour la partance
De mes tripes

Effaceur,
Apollyon
Ange de l’extermination

Mon être buvait le temps
Comme un ciboire
Et de déboire
En contre
Et en déconvenue
Je paressais à travailler
Avec la force de l’arme
Tranchante

J’étais la cloque
Un jérémiaque
Hérésiarque

Porteur d’une semence
Un peu étrange
Un peu commune

Je bichonnais
Mes infortunes
Elles me valaient
Comparaison
Et portique de confirmation
De mes désirs
Les plus secrets.

J’étais à un point de non-retour
Un check point Charlie
On allait me descendre
De mon piédestal
Maudit

J’étais maudit
Je portais l’opprobre
Et dérivant
Je quittais l’orbe
De la terre
Pour alunir
Sur un astre
Pétant
De dix mille volcans

Mes pensées et mes actes
Sont partout
Comme des rimes
Fatales
Qui transpercent tout

Lisez : Rien
Car l’imaginarque
Est un manteau
Pour le gueux
Croyant en Dieu
Envers et contre
Tout

Je ruminais
C’était fatal
Ça se savait
Les gens le disaient
Il fallait faillir
Et sans faiblir
Comme un tire-marque

Une tire et deux plombes
Quelques osselets brisés
Ou la rotonde
Une Faculté
A rebours
Une contrescarpe
Pour toujours…


vendredi 16 juin 2006