Des barreaux des barbelés
des kilomètres échevelés
des miradors bien policiers
des journées des semaines des années
la pâte honteuse de l'extrême
la patte griffue de la haine
des bourreaux des juges autoproclamés
des barbelés
des kilomètres de vies cernées
des chiens trop bien dressés
un univers entier cadenassé
des jours des mois des années
un microcosme sans pitié
de faux médecins
comme assassins
de vrais gardiens
pour matraquer
les importuns
des soupes froides
Crachat
la kacha
d'Ivan Denissovitch
des siècles des milliards d'années
gâchées
des kilomètres de mauvaise santé
des vies vides et inversées
du travail du travail des barbelés
des chaussures éculées
des slogans barbelés
Arbeit macht frei...
Jedem das Seine...
les ordres éjaculés
des secondes
ô froide éternité
des manteaux déchirés
semblance de nue vérité
rotondes
le regard tourné vers le passé
le sourire absent
l'œil émacié
des secondes des minutes des quarts d'heure
de létalité
des journées entières à crever
et les chambres à gaz de Himmler
et les brûleries de la chair étiolée
et le bruit des pas bottés
sur le gravier
et le gibet
et les punitions collectives
l'hiver ne fait que commencer
Dieu qui parais éloigné...
à quand l'été
* kacha : soupe ou brouet infâme qu'on servait aux prisonniers dans l'Archipel du Goulag
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