mardi 1 novembre 2016

La kacha*... d'Ivan Denissovitch



Des barreaux des barbelés
des kilomètres échevelés
des miradors bien policiers
des journées des semaines des années

la pâte honteuse de l'extrême
la patte griffue de la haine
des bourreaux des juges autoproclamés
des barbelés
des kilomètres de vies cernées

des chiens trop bien dressés
un univers entier cadenassé
des jours des mois des années
un microcosme sans pitié

de faux médecins
comme assassins
de vrais gardiens
pour matraquer
les importuns

des soupes froides 
Crachat
la kacha 
d'Ivan Denissovitch
des siècles des milliards d'années 
gâchées

des kilomètres de mauvaise santé
des vies vides et inversées
du travail du travail des barbelés
des chaussures éculées
des slogans barbelés

Arbeit macht frei...
Jedem das Seine...
les ordres éjaculés
des secondes 
ô froide éternité
des manteaux déchirés
semblance de nue vérité
rotondes

le regard tourné vers le passé
le sourire absent
l'œil émacié
des secondes des minutes des quarts d'heure
de létalité
des journées entières à crever

et les chambres à gaz de Himmler
et les brûleries de la chair étiolée
et le bruit des pas bottés
sur le gravier
et le gibet 
et les punitions collectives

l'hiver ne fait que commencer
Dieu qui parais éloigné...

à quand l'été

* kacha : soupe ou brouet infâme qu'on servait aux prisonniers dans l'Archipel du Goulag

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