Ce que j'ai vu à la Bibliothèque publique d'information, la BPI du centre Beaubourg, à Paris, m'effare sur le moment et m'enfonce un peu plus dans mes réflexions :
tant de cerveaux qui s'allument, travaillent, qui tentent le
coup, leur coup, leur chance
(pourtant, je n'aime pas ce mot qui masque et dévoile l'aléa, le hasard, la contingence, le coup de dés, le choir, le surseoir, l'involontaire sursaut, sais-je encore)
qui cherchent leur place dans la corne d'abondance de notre "affluent society":
un peu comme la valse sans hésitation des spermatozoïdes dans le
vagin vers l'utérus :
beaucoup resteront sur la touche, s'écraseront
contre une paroi en s'étiolant, sans parvenir à féconder l'Esprit.
Nous sommes dans une impasse, et nous régurgitons nos aperceptions
prédigérées, nos instincts inscrits quelque part, peut-être dans
nos gènes, peut-être dans l'épigénèse, nos préformatages de conduites autorisées et le plus
souvent autarciques.
Car tout nous détermine, et se croire libre est
un leurre, un de plus dans la panoplie séraphique de la vie sauve.
Nous nous heurtons aux sirènes et aux Piliers de la création, aux sept piliers de la sagesse, aux "socles mortaisés" de la planète et ils nous incommodent, nous font reculer,
déguerpir même, et nous condamnent à la résipiscence.
Notre
devenir, un rien l'escamote, notre futur est barré
d'infranchissables horizons, notre petitesse de spermatozoïdes vainement agités nous
écrase.
Argutie de première classe, chanter son
malheur c'est rallier les imbéciles, en hochant la tête, en opinant
du bonnet rouge (avant qu'ils n'existent en Bretagne...), en signant
la Pétition. De Vaclav Havel ?
Lettre morte dans l'infini des hameçons, ceux qui nous
précipitent dans l'absence de vie, avec la célérité des
événements inattendus (parce que parfois trop longtemps attendus).
Nous sommes happés par une machine infernale, un engrenage sans fin,
une déchiqueture nous minusculise.
Nous émascule.
Ou nous
dé-féminise (comme par une excision criminelle).
Nous sommes à l'abri dans la paroi ou sur la
muqueuse.
Mais cette sécurité préside à notre fin, à notre
débandade.
Nous circulons dans le couloir de la mort, comme dans les allées de la morgue,
avec un filet de morve au coin des lèvres, hagards et hébétés.
Nous sommes cernés par
le non-être, la camarde (camarade...) et nous l'apprivoisons à grand-peine
à force de supporter, de fréquenter, de tenter d'incorporer, donc
de phagocyter les entourages de la gueuse.
Hideuse et fatidique gueuse.
Pleine de tourments et de lueurs toxiques, quasi méphitiques.
Celui qui seul peut vaincre tarde-t-il tant ?
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