dimanche 13 novembre 2016

Du point de vue d'un spermatozoïde malchanceux...

Ce que j'ai vu à la Bibliothèque publique d'information, la BPI du centre Beaubourg, à Paris, m'effare sur le moment et m'enfonce un peu plus dans mes réflexions : 

tant de cerveaux qui s'allument, travaillent, qui tentent le coup, leur coup, leur chance 

(pourtant, je n'aime pas ce mot qui masque et dévoile l'aléa, le hasard, la contingence, le coup de dés, le choir, le surseoir, l'involontaire sursaut, sais-je encore) 

qui cherchent leur place dans la corne d'abondance de notre "affluent society": 

un peu comme la valse sans hésitation des spermatozoïdes dans le vagin vers l'utérus : 

beaucoup resteront sur la touche, s'écraseront contre une paroi en s'étiolant, sans parvenir à féconder l'Esprit. 

Nous sommes dans une impasse, et nous régurgitons nos aperceptions prédigérées, nos instincts inscrits quelque part, peut-être dans nos gènes, peut-être dans l'épigénèse, nos préformatages de conduites autorisées et le plus souvent autarciques. 

Car tout nous détermine, et se croire libre est un leurre, un de plus dans la panoplie séraphique de la vie sauve. 

Nous nous heurtons aux sirènes et aux Piliers de la création, aux sept piliers de la sagesse, aux "socles mortaisés" de la planète et ils nous incommodent, nous font reculer, déguerpir même, et nous condamnent à la résipiscence. 

Notre devenir, un rien l'escamote, notre futur est barré d'infranchissables horizons, notre petitesse de spermatozoïdes vainement agités nous écrase.

Argutie de première classe, chanter son malheur c'est rallier les imbéciles, en hochant la tête, en opinant du bonnet rouge (avant qu'ils n'existent en Bretagne...), en signant la Pétition. De Vaclav Havel ?

Lettre morte dans l'infini des hameçons, ceux qui nous précipitent dans l'absence de vie, avec la célérité des événements inattendus (parce que parfois trop longtemps attendus). 

Nous sommes happés par une machine infernale, un engrenage sans fin, une déchiqueture nous minusculise. 

Nous émascule. 

Ou nous dé-féminise (comme par une excision criminelle). 

Nous sommes à l'abri dans la paroi ou sur la muqueuse. 

Mais cette sécurité préside à notre fin, à notre débandade. 

Nous circulons dans le couloir de la mort, comme dans les allées de la morgue, avec un filet de morve au coin des lèvres, hagards et hébétés. 

Nous sommes cernés par le non-être, la camarde (camarade...) et nous l'apprivoisons à grand-peine à force de supporter, de fréquenter, de tenter d'incorporer, donc de phagocyter les entourages de la gueuse. 

Hideuse et fatidique gueuse. 

Pleine de tourments et de lueurs toxiques, quasi méphitiques.

Celui qui seul peut vaincre tarde-t-il tant ?


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