"... elle tendait à mes lèvres son triste front pâle et fade sur lequel, à cette heure matinale, elle n'avait pas encore arrangé ses faux cheveux, et où les vertèbres transparaissaient comme les pointes d'une couronne d'épines ou les grains d'un rosaire... " - Marcel Proust, Du côté de chez Swann, Combray (le narrateur raconte la visite chez la tante Léonie)
Ah ! Vertu du décor mat et des
ramures verdoyantes dans leur noirceur mirobolante et torve.
Simple rigolade ou douce
fatalité.
Les mots viennent sans peine à qui a déjà beaucoup
peiné pour les trouver, forts de leur maturité théologale, dans les textes
sacrés des religions syncrétiques.
Car il y a une religion pour
chaque auteur et un autour de la religiosité dans chaque grand
texte.
Suis-je bien à l’aise dans cet aluminium froid où penche
mon stylo.
Il manque la dernière vertèbre à ton front d’invétéré vertébré.
Alors je me mets à picorer comme une sittelle, j’y
vais de mon crayon, de ma faible plume, je martèle avec ce bec pour
faire sortir la pulpe, le sens secret, le chas de l’aiguille trop
fin pour la grossière filasse de ma pensée.
Jamais cela ne tiendra
en un livre.
Je serais ennuyeux, je crois, mon texte serait plein de redites, autant
de coups marqués au jeu de tricotage de mes pattes de mouche.
Je
serais imberbe comme le prophète rasé à moitié par ses
adversaires, humilié pour défaut ou manque d’humilité. A moins que je ne sois le soir ingambe d'un empire moribond.
Car au
fond, l’orgueil mime l’humilité, et il est un hommage à cette
petite (petite, à son idée) et falote (selon lui) vertu si sympathique.
Car nous sommes tissés, nous sommes
pétris, nous sommes formés d’infamie, dans son sens premier.
Notre petit rire
égocentrique se love dans les qualités et la tolérance des autres,
se pelotonne dans les lacis de nos enchevêtrements mutuels.
Nous les humains hurlons de douleur mais en taiseux, toute la vie est forte de souffrance,
l’habitude à cette souffrance est fatale à notre liberté, semble crier notre cœur meurtri.
Rose et épines que nos silences dribblent et que nos doigts effeuillent
(épétalent) machinalement.
J’aime
ce thé.
Mais la force de nos prouesses, c’est la faiblesse de nos
cœurs.
C’est l’églantier qui donne naissance à la rose.
C’est
Mendel qui fait les OGM, tellement comprendre c'est manipuler.
Nous fleurissons nos tombes, à défaut de
flétrir nos usages, et de friper nos visages nous mène à cette
beauté subtile de notre plus grand malheur : qui n’est qu’une
philosophie, celle d’apprendre à mourir.
La mort en je, comme une
image en je*.
Le regard en
je est une sentence de petite mort... ou une bénédiction de vie ?
La
mortelle intens(t)ion tue le petit fretin de l’extension.
C’est une
ressource propre.
Je pense et je divague.
Ce n’est pas
là renouveler le mot, le monde du mot.
C’est piétiner allègrement
les galeries et les bandes-son (assez plates souvent) de Sa Majesté
des Louches.
Mauvaise pioche.
Je pense donc je... je perd le sens secret, anagogique, de mes années aussi bien que le vocable
familier et la phrase bien née.
Ce serait un peu de
fleurs séchées autour de mon gilet de sauvetage.
Que de paroles
vraies restent cachées en moi, qui demandent l’humidité de
l’encre pour s’épanouir, grandir, se multiplier. De paradis artificiels point n'est besoin pour transmuter le monde des artifices que propose la société moderne.
Que tout se recrée, c’est un désir tu en
moi, que revienne le temps des épousailles du mot et de l’idée.
Créer, voilà bien le 'merveilleux malheur' inhumain dont l’absence est encore
plus grand malheur pour l’humain.
Humanité de nos cicatrices ;
perversité (voulue ?) de nos enfantements.
Idéations. Tout paraît qui doit disparaître.
Et les journaux sont le ricin qui pousse sur la tête des Jonas
modernes.
Ils se dessèchent par le vent d’Est, et l’homme se
morfond au creux de son bonheur triste.
Rivière, rivage, révolte cyclique de
nos âmes délitées.
Je parle de gypaètes barbus et de chats-huants.
Alors je carapate les automnes épars et
irradiants, et là vient terminer l'arrière-monde.
Deux morts de plus sur la Grand'Route de l’oubli.
(Ave Imperator Morituri te salutant+)
* Une image en je en publicité est une photo ou portrait dont le regard nous interpelle directement.
+ Ave Empereur, ceux qui vont mourir te saluent. (Paroles des gladiateurs dans l'arène quand ils officiaient devant César...)
(Ave Imperator Morituri te salutant+)
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+ Ave Empereur, ceux qui vont mourir te saluent. (Paroles des gladiateurs dans l'arène quand ils officiaient devant César...)
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