jeudi 3 novembre 2016

Complainte de l'agnostique


"Je suis le proscrit qui se voile,
Qui songe, et chante, loin du bruit,
Avec la chouette et l'étoile
La sombre chanson de la nuit. (...)
Oui, mon malheur irréparable,
C'est de pendre aux deux éléments,
C'est d'avoir en moi, misérable,
De la fange et des firmaments !"
V. Hugo, A celle qui est voilée
Les Contemplations.

"The end of all things has drawn close." 
"La fin de toutes choses s’est approchée."
1 Peter 4:7, NWT 


Comme un sourire dépasse le visage des choses.

Un rictus flaccide empreint d’une pincée d’amertume saumâtre.

D’un souci laiteux, cotonneux, sans aucune finesse finalement.

Sans pardon. 

Les aubes méritantes sont des arêtes dans ma vie. 

Et ainsi vint la fin. 

Pas de mots pas de cris. 

Un chuchotis peut-être, une ridule dans l’été calme, étale, sans fin. 

Mer d’huile et de tournesols fatigués. 

Un jeu gratis et on se barbe sans retour à la case donjon.

Vérité prisonnière. 

Vaste blague à tabac qui circonscrit le mensonge avec une contiguïté certaine. 

Comme une sorte d’affinité et de copinage sans maniérisme pérenne. 

La mer, je l’ai vue à l’instant, véritable et têtue, comme les faits. 

Elle danse et chante le monde avec une manière de slogan envahissant, sourd, presque aveugle. 

Une rare trace de pattes palmées parsème le littoral déserté par le populo frileux. 

Une rime sans finalité, seule à résonner avec son image, avec elle-même. 

Comme si elle était célibataire. 

Un soupçon de beauté sur ses jambes dénudées. 

Une espèce de reste de charme sans faveur qui était, c’est visible, l’apanage courroucé de la jeunesse. 

Je suis dans l’entre-trois. 

Entre les troncs nerveux, la cime de l’arbre. 

Et l’espace instantané de l’interstitiel. 

L’amie qui versait la beauté au compte de la flatterie caressante. 

Une sibylline noirceur, un monstre sans tête ni corps, une sorte de baobab de la Contrescarpe. 

Pourquoi nul peut-être, en tout cas pas moi, capable de saisir les profondeurs sans fond de ses errements. 

Faut-il boire un tonneau entier de bon vin pour oublier le non-sens apparent de la vie. 

De la vie tout court, toute crue. 

Je sais que je vais faire hausser les épaules de certains croyants, 

Mais regardez autour de vous : tous ces insectes, tous ces animaux, toutes ces plantes qui hurlent leur douleur et leur fin qui approche.

La vie leur est ôtée comme un linceul souillé.

Est-il plus tard que je ne pense...
(...)

On a volé le journal ce matin. 

Les nouvelles sont prises dans le magma miteux des mythes. 

Les nouvelles coûtent un euro. 

Je suis les bras ballants dans l’incertitude d’une certaine certitude. 

Les non-dits sont appariés, et les mots s’accouplent en public, sans la moindre miette de vergogne. 

Les concaténés sont impudiques. 

Je zèbre mon regard d’obliques propensions. 



Le reggae danse dans l’homer de ton transport. 
Il faut calquer ma vie sur la celtitude. 

Je ne suis pas savant, sais-tu, je tente seulement de m'envoler avec les pennes des autres, volatiles, pour prendre un semblant d’essor, une ascendance au-delà le néant.

Qui me permette de voir mes peines sous un autre jour. 

Un regard extérieur, comme on dit.

Un regard d'aigle, et/ou de rat-taupier, de la fange et du firmament...

Offrande balancée.






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