jeudi 27 avril 2017

Pérennité de la trace mnésique dans l'histoire collective





Ce "mémorial" aura été marquant pour moi car j’ai assisté à la session anglaise. 

SL a une vision apolitique du monde, une approche idiosyncrasique basée sur les réalités économiques (plutôt macro) et techniques (à mi-chemin entre le macro et le micro). 

C’est sans bavure, sans parure, sans ordure. 

Mais le discours aura été un non-événement, exécrable en matière d’accent à couper au marteau. 

Des anglais peu intéressés l’auraient  sans doute exécré, rejeté, vomi en quelque sorte. 

Il écorchait les oreilles, cet orateur anonyme, par ailleurs plein de bonne volonté et manifestement aussi de bonne composition. N’est-ce pas ce qui compte par-dessus tout ? C'est du moins ce que tout le monde francophone croit.

Moi, je crois en l’amour. 

C’est une politique du moindre pire, ou du moins pire, comme on voudra. 

Découvrir au détour d’une personnalité une certaine complexité, un imprévu, une originalité peu banale (comme un oiseau dont la parure est diversifiée du mâle à la femelle, peu reconnaissables l’un à l’autre, je veux dire qu’on n’associerait pas spontanément en position de découvreur de l’espèce, dans un monde nouveau hypothétique), c’est peut-être déceler un amour naissant, une prise solide à l’ascension des cœurs.

[[C’est comme si je laissais mon inconscient dérouler son discours, en continuant par des pirouettes linguistiques les erreurs de frappe que je commets régulièrement, en recopiant cet extrait de mon journal.]] 

Je crois au peu de crédibilité a priori de l’ « éprise » amoureuse. 

Il ne faut pas considérer les amours comme nécessaires, mais plutôt comme contingentes, sans toutefois donner dans la relation du Castor avec Jean-Sol Partre. 

Il faut pourtant un jour se déterminer, sceller un pacte, s'engager.

C'est la condition d'une judicature pérenne.


© MM - Viaduc de Millau





mardi 25 avril 2017


"Ma vie est un roman qui m'intéresse beaucoup"
H. Berlioz



La vie est une romance qui intéresse beaucoup

Mais ma vie n'est pas encore un roman qui m'intéresse vraiment.

Cependant mettre de l'ordre dans son histoire est toujours utile à quelque chose, si ce n'est à quelqu'un(e). 

Terminer un ouvrage, pour en recommencer un autre peu après, c'est poser deux parpaings l'un sur l'autre, avec un peu de ciment stylistique, en espérant que cela tienne l'épreuve du temps. 

On pourrait dire que la vie est une maison, mais elle n'est certes pas une machine à habiter, comme certains architectes conçoivent leurs innovations créatrices. 

Elle se compose de dédales intimes, où nous nous perdons nous-mêmes, et correspond à certaines descriptions du Nouveau Roman, qu'on ne peut pas réellement reconstruire logiquement. 

La vie est exactement l'oubli, et la demeure même de l'oubli. 

Elle est habitée par des fulgurances d'êtres, des éclairs de voix, des débris de lumière, des échafauds rouillés et inutiles, des pots de chambre nuptiale, des oripeaux glorieux, des sirènes hurlées et muettes, des chansons (le mot qu'il ne fallait pas convoquer car il convoque à son tour un ordre) à boire, des verres à pied ou en voiture, des chapeaux haut-de-forme, des têtes à claque, des parnasses se reposant sur d'humbles paillassons, des rires et des ballades d'infantes défuntes, des lallations en partance, des timbres de Poste restante, des malles-poste venant d'une vie antérieure ou fantasmée, des résistants aux occupants squatteurs de notre liberté, des stupeurs bleues et des peurs noires, des oiseaux lugubres dans des greniers mal aérés (mais par où passent-ils pour entrer), des senteurs sublimes ou intimes, des portes qui grincent et des gonds mal huilés, des pênes grincheux et des clenches qui se plaignent, des souricières vides et des fromages entiers, des entames d'été et de sournois hivers, des livres reliés cuir et des ronds de sorcières (les serviettes en skaï sont apparues plus tard), des moments d'inattention et des rêves d'antan, des serpillières usées et des somnifères effervescents, des draps épais et empesés et des lanières de martinets (on ne peut pas toujours empêcher ces oiseaux noirs de chercher un trou où se fourrer), des tempêtes de Shakespeare et de vraies pluies d'automne, des 25 décembre neigeux et des couettes à couper, des parfums de vieux salons de coiffure et des brises légères, des octopodes médicamentés et des baleines salées, des acrobates tombés dans les filets de truites, des atomiseurs d'odeurs de champignons fricassés et des champignons à peu près atomiques ou « moabites », des coupures de journaux et des durillons d'oreilles, des houspilles en règle et des notes sans papiers, des instants d'éternité et des langueurs d'après-midi, des auspices agréables et un hospice pour les vieux cacochymes, un souffle de présence et des cacahuètes aussi salées que la note d'électricité d'un grand hôtel étoilé, des bars enfumés et du hareng au bon fumet, une cour d'école et de récré et un préau bétonné, des bakchichs mérités pour des mendiants assermentés, des mélopées déchirantes et des bobos recousus main, des calumets de la paix et des glaives enflammés, des paradis d'artificiers et des artilleurs défroqués, des escarboucles -oh ! Le vilain mot- cadenassées dans des coffrets à bijoux, des dés lancés et des pirouettes inachevées, des traversins hantés de rêves et des pantoufles toutes mitées, des orteils en éventail et des vins éventés, des noix dé-cernées qui deviennent de petits bateaux sachant voguer, des téléphones muraux et des mûres en salade, des plats bien concoctés dans un faitout en alu argenté, des « vox populi vox Dei » et des oukases d'Upanishads, des taloches méritées et des coïts interrompus, des franchement pas formidables et des presque parfaits, bref une espèce de mesclun (ou de mescla), un salmigondis d'idées fortes et un ramassis de documents sonores de toute sorte, des fossiles au fond d'une grotte, des déchets dans les poubelles de nos oreilles, dans nos orifices nasaux et autres, dans le vortex de notre nombril devenu corne d'abondance et lieu où tout a commencé à foirer, et où tout, nécessairement, certainement, absolument, doit un jour se terminer...

Quoique, aurait dit mon ami Devos...

C'est tout pour aujourd'hui !




vendredi 21 avril 2017





Elle est une pierre semi-précieuse, et brille peut-être mieux que le diamant par sa robe émeraude de jaspe à taches rouges plutôt bien parsemées dans sa gangue.

Le vert d’ailleurs lui sied comme d’accoutumée. 

Je l’imagine volontiers votant pour les verts, ou pour l’extrême gauche (sur certains projets précis), ce qui va bien avec son caractère visiblement bon, indulgent, humainement compréhensif et donc d’humaniste éclairée.

Mais de la modération comme attaque de la vie. 

Quoi de plus vrai que cette prise de position en faveur du droit et de la Justice, ce qui est justiciable de l’opinion, fût-elle commune, fût-elle vulgaire au sens noble du terme. 

Il ne FAUT jamais avec elle, on ne DOIT pas, il y a toujours le cœur et ses déraisons valables, le raccourci du sentiment dans la dentelle de l’âme délicate, ce poteau de supplice dans la grandeur du temps, le débat intérieur teinté de pondération positive, de bricolage sublime pour la plus humble des magnanimités.

Mais il est temps d’aller manger.


Manger ou manquer : une activité compensatrice qui requinque le moi quasi fémoral, osseux, à la moelle si tendre, aux répons si durs. 

Oublier en mangeant qu’on n’est pas faits pour vivre. 

Vivre sans mourir, sans fin. 

Manger c’est manger sa propre mort en fait, un début d’enterrement et de dernier repas, avec le déguisement ubuesque des nouvelles nourritures dans l’assiette : on en oublierait presque que c’est du vivant qu’on absorbe, du vivant mort (par notre faute) et que nous aussi nous garnirons les gamelles : cercueils capitonnés pour d’autres que nous, des nécrophages comme nous, des insectes (nuisibles comme nous), des phagocytaires d’environnements en décomposition, sûre et lente, comme notre vie a été lente et rapide à la fois, et que nous restituons à la nature le vrai sens du moi.




jeudi 20 avril 2017





Nous sommes les portes de nos demeures, nous sommes les loquets et les pênes de nos serrures, nous tournons sur nos gonds avant de nous immobiliser face aux autres, fermés ou bien béants aux suggestions générées par la situation ou par ses participants, ratifiés ou non ratifiés, présents ou même absents.



Nous sommes reclus en nous-mêmes, voyageurs immobiles derrière nos fenêtres changeantes, ouvriers de la Nuit à l'écoute de chauves-souris dont nous semblons capter les ultrasons.



Escalators de nos abris, escaladeurs de l'alibi, nous tournoyons dans notre casemate, en proie à la maladie mauvaise du maton dans sa prison, ou en haut de sa guérite protubérante.




mardi 18 avril 2017

La guerre, vous dis-je, la guerre*





Encenser le monde de rodomontades imprévisibles
violer le cercle éviscéré de nos volontés communes

soulever le voile de l'ignorance consentie à coups de subventions
donner le change aux trafiquants d'influences noethériennes

garder le roi dans sa tour d'ébène et de mahogany
suppléer l'absence de volonté épigone dans le sarcloir de nos porte-immigrés

saler le poilu dans la tranchée éponyme et mal ficelée de l'in-différence
© MM - Atomium de Bruxelles, 2017
le soldat inconnu a peut-être finalement plus à dire que toutes nos revues

il a pénétré l'épais manteau de nos soubassements idéaux-logiques
il a prêté son âme au jeu croissant de nos échanges de mauvais procédés

dans la souvenance stéréotypée des ombres du destin
une margelle autour d'un puits sans fond

où il est plongé, chutant de mors en mort par la fente de la Terre
lorsque soudoient les caporaux et scintillent les ineffables pectoraux

le tabac reste comme un cadeau devenu inutile,
glaisé de morve et anti-salon de la Grand'Morgue


la guerre, vous dis-je, la guerre*


1er octobre 2005

* Exemple du Cours de Linguistique Générale de Ferdinand de Saussure, tendant à montrer que chaque occurrence d'un mot, selon le contexte et l'intonation qu'on y ajoute, a une portée sémantique légèrement voire radicalement différente.

dimanche 16 avril 2017

Le temps






Je n'ai pas écrit aujourd'hui mais j'ai pourtant la sensation persistante d'avoir passé une bonne journée. Ce qui me donne ce sentiment gratifiant, c'est peut-être le repas de ce midi et la discussion avec Marc le Bibliothécaire recruté par concours interne.

J'ai une chance sur cinquante peut-être d'être sélectionné pour ce travail, mais je n'ai pas non plus, comme Marcel Proust en son temps, l'esprit rigoureux, systématique et classificateur nécessaire (et suffisant?) pour ce genre de boulot.

L'apparition de nouveaux livres tonitruants sur le plan de la fanfare intellectuelle ne devrait pas passer inaperçue, au moins pour les bons gestionnaires, capables de détecter la richesse particulière de la grande nouveauté.

© MM - Musée du Cinéma, Lyon
Il me faut rester zen dans mes choix, sans parti pris ni équivoque. 

Équivoque car l'équinoxe doit être atteint sans coup férir, et donner un panorama assez exhaustif de l'état des connaissances actuelles dans le monde intellectuel en perpétuelle et versatile ébullition.

Gérer la température de la casserole pour ne pas se laisser déborder par l'afflux constant des nouvelles connaissances. Nouvelles d'ailleurs ou mises à jour ? Travesties en nouveautés ou indiscernables dans leurs origines obscures et en partie masquées ?

Là encore, le discernement est de mise qui ne saurait s'acquérir du jour au lendemain.

Avoir une belle approche, féconde, forte, équilibrée, non entachée de vrais défauts ni entamée par des failles ou des lacunes, une espèce de cybernétique de la connaissance et un feedback permanent des grandes théories en jeu dans le domaine prescrit par les « conservateurs ».

Initier autrui, c'est aussi s'enseigner soi-même. J'ai parfois l'impression d'un verbiage aventureux et pas assez plantureux encore pour dépasser les prolégomènes, les remarques liminaires et la table des matières.

Trouve un sens nouveau à des tâches de ballots, même si c'est dur quand on est une sorte de balourd dans ce genre d'activité.

(…)

Il est temps de penser à partir. Jeter un dernier regard à mes journées passées ici et les résumer en un mot : plénitude trompeuse, halètement intellectuel semblable au halètement du chien qui vient de courir le guilledou et de boire à grandes lapées...

Infarctus ?





samedi 15 avril 2017

Rondo Florentin... ou philistin...




"Si la Terre était vraiment aussi ronde qu'on le prétend,
les ivrognes seraient peut-être moins ronds qu'ils semblent l'être
quand ils le sont comme une boule." 
Pierre Dac, Les Pensées, 1972



Comment dire la honte de ce système couronné de bêtise

la paranoïa sanguinaire d'une partie de la terre

le lent endormissement des consciences tandis que le monde sombre


et tous les avenants à ce mouvement de scansion par lequel le vent, beuglant

tel un bœuf décorné tire l'arche de l'été comme pour nous la ramener

dans le vif et ardent devenir du néant... 

(aux costumes du passé je joins le permanent)




mardi 11 avril 2017

Le 18 juillet de l'an 15





Dans les retours sur soie
et les allers simplistes
un enfant de la loi
faisait ses exercices

Exerce-toi beauté
travaille en ton emploi
comme un service à thé
dans les palais des rois

Trime, trime
et esquinte ta voix
prime, surprime, déprime
dans les palais des rois

Au grenier l'éphémère
a des prix à baisser
dans le bois de ta mère
moi mon store est cassé

Je dis n'importe quoi
et mon cœur est bordé
de frimousses éthérées
mon cœur tout de guingois 

Est comme désabusé
Tout comme dégingandé





dimanche 9 avril 2017

In vino veritas




Le vin qu’on tire des meilleurs cépages ne peut être que bon dit-on, mais si c’est un Bourgogne par exemple, il peut parfois être lourd, un peu empesé, pas forcément « bon » pour d’aucuns, au palais plus ou moins éduqué à des crûs moins "épais", moins charnus, moins charpentés. 

Affaire de goût seulement ? Pas forcément : des critères objectifs même si quelque peu inordinaires peuvent aussi présider la critique. 

Des critères de jeunes loups aux dents longues dans la tourmente politique. 

Travailler, travailler, travailler, ne peut soi-disant que mener à cette réflexion agencée selon un plan prédéterminé. 

Travailler, mais à partir des empêcheurs de tancer en rond, dans le dernier cercle infernal des circonvolutions médiatiques. 

Avec l’habitude viendrait la méthode, a priori

Mais chacun sécrète sa coquille, résistante, spiralée, efficace. 

On a son crâne dur sauf fontanelle tardivement formée. 

Mais que dire de la rencontre des grands esprits, portés comme il se doit, comme il le faut, comme il est inévitable, par la vague à surfer que le passé récent nous donne. 

Récent, s’entend. Pas d’interdit à cumuler la sagesse millénaire. 

La sagesse des coraux. Qui se défont comme fidèles sentinelles dès qu’une variation de température les oblitère. 

Donc respect et révérence pour les constructions intellectuelles du passé.

Quoi qu’on en dise par ailleurs. 

Car si la vie est longue pour nous, en moyenne, elle le fut aussi pour pas mal de penseurs attitrés du passé, même lointain. 

Ferrailler avec eux, précurseurs de la modernité, permet de mouiller le pinceau sec de leurs pensées, de le récupérer en quelque sorte, pour un usage plus vulgaire, plus commode à dégrossir la (les) tâche(s). 

Plus de vérité foncière. Plus de joie durable. Plus de victoires faciles. 

Un soubresaut de pacification préalable, d’arrangement précoce. 

Certes on roule sur des rails déjà-là, on n’innove que par suite. 

Certes on copie les plans et on les applique. 

On fait œuvre d’érudition si on va dans les longueurs quasi schubertiennes des auteurs classiques. 

On porte le fer et le heaume. 


Poissons pris au filet mauvais de la vie éphémère dans un monde piégeur...


Alourdis par l’armure, on est gêné aux entournures, on doit pallier la pesanteur par des efforts quelquefois surhumains, on titube au début, on s’écroule à la fin (si on n’a plus la force de terminer l’opus). 

Destinée festonnée de Sisyphe.

Mais on capitalise, on évite les critiques fondées, forts de ces certitudes (contestables) qui cuirassent notre thorax, protègent nos articulations. 

C’est une reproduction aurait dit Bourdieu. Quoique. (...) 

Nous sommes à la merci des idées reçues, étouffés par les œillères qui nous empêchent de brouter l’herbe tendre, nous contentant donc du bois pourri… que de bêtises à ne pas écrire, dans la prudence et l’incroyable de l'incrédulité. 

(...) Que de sottise m’habite encore, quel impénétrable fouillis végétal que ma friche tropicale à essarter méthodiquement...







jeudi 6 avril 2017

Le blues du Mafieux symbolique



Le poisson meurt à cause de la gueule ouverte (à méditer)
Remarque d'un gangster



De tous les printemps
Je n'ai pas connu
Les mornes changements


J'suis né dans la rue
D'Caracas les Bains
Et c'est ainsi fait


Que je suis parrain
Du crime dans l'abstrait

(Aie pitié de moi
Ô Dieu souverain
Si j'ai pas ta Loi
Comme utile écrin...)

Il me reste à vivre
Ces derniers moments
Dans la rue des livres

En déboulonnant
La statue du Temps

Et en étant ivre
Du Calice vivant...




mardi 4 avril 2017

Déclaration






Je signale à tous mes lecteurs qu'on s'est de nuevo introduit dans ma vie privée et mon appartement et que je suis victime depuis longtemps déjà d'atteintes à mes droits fondamentaux. Je ne sais même pas toujours comment j'ai survécu, mais jusqu'à présent je survis, ce qui n'est malheureusement pas le cas de tous ceux que ces mafieux malavisés et malpropres se sont octroyé le droit discrétionnaire de supprimer...

Je déclare publiquement qu'en aucun cas je ne me suiciderai quoi qu'il advienne et que mon combat consiste à défendre les droits fondamentaux des êtres humains et de l'environnement si menacé.

Veuillez en prendre bonne note.

M. MARCHAND

dimanche 2 avril 2017

L'orme de joie et le saule pleuré


"Mon adversaire n'est pas mon ennemi, mais un futur ami"
Auteur anonyme


Le squatteur intérieur est comme enfermé dans ses derniers retranchements. 

Il vit encore certes, mais il n’a pas le droit ni la chance de sortir, il se meurt peu à peu dans les couloirs sans fin du for intime. 

Nous nous évitons, autant que possible.

Pas de procès, pas de délit, pas de peine. 

Une sorte de halo nous indique vaguement que quelqu’un s’éclaire à la bougie dans notre moi, mais au fond on n’y prête pas attention, parce que le temps estompe la conscience de l’autre et nous oblige à demeurer assis quand le théâtre d’ombres se gîte au fond de nous-mêmes.

Ainsi en est-il pour mon frère, loin des yeux, loin des pleurs. 

On sait qu’on s’aime mais le sang reste figé au fond de nous. 

Le temps ne fait souvent qu’un seul tour, son tour de passe-passe, il nous pétrifie dans nos volontés respectives, nous livre à la vindicte du non-être, nous laissant hérissés de protubérances diverses, de pustules d'une esthétique douteuse pour la plupart. 

Certes, mais auxquelles on a fini par s’habituer et sans lesquelles on ne serait plus nous-mêmes.