dimanche 29 janvier 2017

L'olifant dans un tunnel...




"Il se repaya un bon coup d'olifant et s'immobilisa, 
figé dans un garde-à-vous impeccable.
Et Alexandre le Hihant apparut, le visage épanoui, les bras tendu, 
entouré de ses familiers et de la considération générale." 
P. DAC, "Du côté d'ailleurs et de partout. Romans loufoques".


Un arbre tombe au fin fond de la cuillère du monde

Comme un regard perdu aux confins de la sonde 
spatiale ou inter-étatique dans les méandres de la nuit

et pour finir le tremble fait du charme aux chaînes de la vie
nectar pour deux comparses dans un tunnel de misère

près de l'orme rieur aux années de lumière

près de l'yeuse aux rizières de flamants fiers et froids

dans le paradis franc aux mieux-vivre guingois 

Parapente du vent dans le cerne indécent 
de tous les olifants.



© photo A. Wery, Parc Ornithologique du Pont-de-Gau


jeudi 26 janvier 2017

Mal d'Aurore...






Les lueurs de Maldoror m'éblouissent encore, mon cerveau en surcharge (pondérale) de cellules gliales, se met à trembloter comme le crépuscule pour le prophète Isaïe. 

Ainsi je parachève ma glissade îlienne, je termine en impasse dans une mansarde de verdure mes humbles récriminations de membre jugé indigne du commun des mortels, de la piétaille des humains, et même de toute soldatesque. 

Je fais des mots croisés, pour une Jérimadeth apostate.

Soir. (...)

Je me sens à la fois libre et esclave, éther et plumbum metallicum, comme une flamme qui vacille, qui brille, mais dans la faiblesse, l'irrecevable et insoutenable faiblesse, sorte de part cachée, icebergienne, du handicap des ans qui s'entassent. 

Chaleur et froid me travaillent et m'émiettent à la fois, 
je panse comme on le fait en bon palefrenier, 
mais je flambe, inexorablement, comme une braise se détache mollement d'une bûche en feu et vient révéler son cœur entre les chenets. 

Je choppe à moi-même, je brumasse et m'effiloche, aheurté par la violence sourde et subreptice, qui se glisse dans les intervalles, les interstices de ce maudit instrument qu'est l'accordéon. 


Avec ses flonflons.



(...)

L'aquarium des merveilles se refera demain.




lundi 23 janvier 2017

Entrer, ne pas entrer...





Tu es l'orgueil de la honte et comme l'orteil du géant aux pieds d'argile et de fer mélangés. 

Dessin original d'O. Bakara, un jeune Africain 
Regarde-toi : tu rates ta vie comme un ivrogne, 
tu ne marches pas droit, 
ton genou se disloque, 
tu égrènes un chapelet brisé, 
avec toutes ces perles dispersées sur le parvis d'une église fermée, 
dont tu as la clé mais où tu n'entreras pas. 

A moins de.

La vie quelqu'un a dit est une longue chute horizontale.

Il s'agit de transcender le train de sénateur des choses.

Mon train s'arrête à toutes les gares, comme programmé pour un jour de repos d'exception.

D'exception.




vendredi 20 janvier 2017

Fumigation...





Dans la soif et le sang, dans la sueur et le frais, la douceur et la rigueur quasi climatériques, sources d'aurores australes et de cyclones organisateurs, rassembleurs, pleureurs de lumière, dans la sécheresse et l'aride de nos désertitudes ou de nos dé-certitudes, dans le foisonnement tropical de nos sentiments contraires, malhabiles, dans le plan et dans le chaos, penser à l'Art, et tenter de lui donner cette touche personnelle que je regrette toujours autant, ne sachant atteindre, cueillir et transmettre cet à-soi qui signe et dédicace un morceau, sorte de bravade plutôt que bravoure, essai transformé par une volonté tenace, têtue, sagace, en un Pont suprême, un Absolu à portée de voix, qu'il m'aurait semblé parfois pouvoir héler, comme ça, sans désinvolture aucune, loin de là, mais avec un possible comme titre de propriété, comme agencement interne, infrason pénétrant, efficace pour l'ébranlement de murs ou de remparts d'une Jéricho symbolique. 




Chine, Vallée du Fleuve Jaune.

Comme une fumigation dans l'esprit détraqué d'une locataire gâteuse, comme un soupir libérateur de tension, l'apparence d'un spectre sur un tableau noir, apparence laiteuse, vaporeuse, inégalable.




mardi 17 janvier 2017

C'est-à-dire...




C'est-à-dire 
le plus qui change un toit gris 
en surface brillante après la pluie, 
quand une lueur solaire vient courir 
le long de ses pentes d'ardoise... 
une apparition attribuable 
au hasard de la rencontre 
d'une minuscule intelligence photonique 
en devenir 
avec les circonstances de la vie, 
sans pareilles, 
éphémères dans un mouvement pourtant 
presque éternel par son retour perpétuel... 
et 
quelques disparitions temporaires, 
régulières, 
prévisibles, 
dans ce mouvement même de création 
de la beauté 
fugace et contractile
si subtile





dimanche 15 janvier 2017

L'instant propice





Saisir au vol cet instant privé, privilège de l’âge et de la pierre philosophale gravée des hiéroglyphes de la vie en société, entre souvenir et devenir perchés. 

Savoir dompter le compte inexorable de nos années perdues, c’est ce que je cherche, ce vers quoi je tends. 

Essai transformé en quête inassouvie, comme un carré rouge qui regrette le bleu de son insomnie.

Car le compte est double, il y a celui de l’aller et celui du retour, celui du lancer et celui du ramasser. 


Opéra en un acte, (cataracte ?), pour le souvenir de nos vertes saisons.



De nos années sauvées.

Je rime avec bonheur, je ne suis pas à l’heure, je gravis les montagnes sous-marines avec un remontant, avant de m’enfoncer, perdant, dans les dorénavant.




vendredi 13 janvier 2017

Intérieur rouge




Il est quinze heures et je suis dans le bruit de la Brioche Dorée. 

Des relents de musique entrecoupés de remarques et de velléités de paroles me parviennent et troublent l’eau calme de mon « intérieur rouge ». 


"Intérieur rouge" Musée des Bx-Arts, Dijon

C’est ce tableau du Musée des Beaux-Arts de Dijon qui évoque pour moi le plus nettement ce que je suis en fond de cale, ce que je porte en moi et ce qui m’habite. 

Vraiment ?

Les friselis de la compassion médiatique orientent l’agitation naturelle de la vie des êtres, et font de ces instants des êtres eux-mêmes, replètes répliques de la (vraie) vie des entités qui composent la réalité. 





dimanche 8 janvier 2017

L'iris de tes yeux





Un art sans honte viendrait-il de naître entre mes bras (j’entends l’ambulance), lové dans les circonvolutions de mon cerveau gauche (et gauche à plus d’un titre) ? 

Arrière ! Ether vaporeux et espèce de vareuse sans manchon pour l’ordre du vital. 

Quoi de plus incessant que le triste et doux fanal du regard d’une mère attentive et enveloppante ? 

Ce holding vaut bien un trust. 

Et ce trust un cartel. 
Tache de couleurs dans l'iris de tes yeux...


Sauf que le monopole est interdit à tout Interpol qui se respecte ! 

Mon art est destiné à brûler les étapes, à gravir les bas étages, à partir du 36ème dessous et je me retrouve comme une borne impériale dans les voies romaines tracées il y a deux mille ans et plus par les sourciers rieurs de la rectitude vraie. 

Oh once de bonheur et lever sépulcral ! 

Oh honte de connaître la couleur viscérale ! 

Simple aversion suppliante et abolition pédante de nos Marie-Antoinette au fond des yeux vairs. 

Je veux dire inversion redressée pour nos yeux ‘rayonnants’. 

Nous voyons l’envers d’un monde que nous prenons pour l’univers de face ! 

Alors nos volontés câlinent les objets et cherchent leur(s) clé(s). 

Sémiologie de l’ordre de la grandeur et valeur marchande de nos températures secondes. 

Je digresse.



jeudi 5 janvier 2017

D'où viens-tu ? Où vas-tu ?






Ce dernier week-end a été bon. 

Voilà qui explique ma faconde. 

Un rien de parution et un peu de sésame ; comme il est craint le Vrai, comme on aime le Beau ! 

Alors nous bricolons une théorie, nous sommes adeptes d’une culture de pauvres, nous blessons l’amitié de la vérité avec le canif de nos yeux esthètes et batailleurs. Avec le sentiment éduqué par la vie occidentale.

Nos recrues sont décentes, et le casting ne fait pas froid dans le dos, ni aux yeux, habitués du clair et de l'obscur.

Pour une circumnavigation intellectuelle et physique...
Rivière de diamants minuscules, de « drops of beauty », nous enfilons les perles de nos circumnavigations au risque de passer pour réellement stériles. 

Notre hachoir est trouble, notre viande avariée, et pour toute poêle à frire nous avons l’historiette. 

Nous ne superposons pas une carte grandeur nature à nos natures mortes et à notre redondance cadavérique (?)

Tout se complaît dans nos sourires, et l’absolu aussi est annexé à nos désirs. 

Comme s’il jouxtait notre cortex pré-frontal, comme s’il dormait à l’unisson de nos rots benêts en mal de devinettes. 

D’où tu viens, renégat, d’où tu viens. D'un pays sans frontières, d'un exil sans retour...

Les places assises sont rares pour l’immortalité, et on offre un pâle reflet des élections « célestes ». 

Comme si nous allions par le monde étouffés, partants d’une autre caravelle, porteurs d’un signe nonpareil. 

Avec le sifflet de nos bouges et le flûteau de nos regards, nous essayons (en vain) de scruter l’infini. 

Dans le boudoir de notre argent, il y a le dais et l’alcôve de velours qui pendent nos regrets. 

Ad vitam aeternam ? Ad libitum, ad nauseam, semblent répondre les nuées chargées de futures moissons.




dimanche 1 janvier 2017

Gaspard, Melchior et Balthazar...






Je suis au concert des chances retrouvées. Et c'est exactement comme quand je te vois.

C'était hier et aujourd'hui et pour toujours.

Laisse-moi te le dire avec mes mots rassis, avec mes mots d'amateur incrusté.




Les grilles claquent, la patine des bancs est encore accentuée au gré de la pénombre et de l'éblouissement de la scène édulcorée de lumière crue.

C'est vrai que nous sommes comme dans un temple et les fidèles prennent place qui susurrent sans le vouloir, et qui brisent les phrases dans la douceur des chuchotis.

Asseyons-nous ici... Tiens, mon manteau. C'est la fin d'une grande journée et l'exorde d'une autre. 

Les trois musiciens ont des noms d'apôtres, mais par quel dieu sont-ils envoyés ?

Melchior, Gaspard et Balthazar qui accordez vos instruments ou placez vos feuillets, qui donc vous a payés pour cet accueil exorbité ?

Car c'est bien vous n'est-ce pas qui passez par amour donner vos arts sublimes ou éthérés aux pauvres prisonniers de la vieille Cité ?

Melchior, tu as violon et cheveux blonds. Tes boucles sont des rondes avec des dièses d'aigle. Tu es porteur d'un archet et les cris presque feutrés qui fusent de sa scansion sont gerbe en débandade, sortant en grand décolleté de l'antre de ton âme.

Gaspard est au piano, au noir piano à queue dont le couvercle est encore rabattu, et Gaspard est le Maître incontesté de sa tribu. N'est-ce pas qu'on le voit bien, lui qui se tient si droit et dont les maigres doigts comme enflammés de soie sont déjà les lumières de sa témérité étoilée.

N'est-ce pas que son visage est un creuset d'espoir n'est pas qu'ne lui se fondent les couleurs de la vie, les autres teintes meurtries et tous les paradis.
Gaspard même tes yeux sont droits et ton regard plus noir que le jais de ce piano géant engendre cette paix et cettte sérénité qui sont asphyxiées chez tant de nos amis. 

Gaspard ne connais-tu pas Germain, ne sais-tu pas ce gosse qui gîte à Folie Ferme et joue la vérité sur le clavier des herbes. Gaspard tu es sous l'empire de la musique et c'est toi qu'elle choisit pour unique parler.

D'abord Beethoven, c'est toi qui l'annonceras, un morceau surnommé les Esprits, c'est toi.

Et Balthazar au violoncelle est comme un albatros aux ailes moites. 

Le projecteur, Balthazar, le projecteur change tes cheveux en bataille contre les ombres d'un soupirail sur la figure d'une barricade.
Balthazar violoncelle qui nous fixe hagard, avec cette insomnie indolente et grisée dans un regard croisé. 

Balthazar sera la résonance des pas dans un escalier en colimaçon et ce sera Beethoven qui prendra d'assaut mon coeur embastillé.

Le violon en nous ôtant même le temps d'y croire , en nous usant la mémoire de l'instant, sera plus homme que le soir.

Le violon dans tes mains gicle un entrain délicieux où il  y a des allées, des mails ombragés et voluptueux.
et c'est l'ombre d'un espalier pour ceux qui reposent au cimetière de ta guerre.

Violon tais-toi ! laisse ton grand frère bougonner, l'enfant trouvé.
C'est une charmille et le soleil facétieux fait mille taches sur la terre arasée entre les racines de la vigne et celle de l'olivier.

Les doigts de Balthazar font de ces enjambées sur la touche de buis l'arbre transfiguré...

Gaspard ! à toi ! Tu vois bien qu'on se noie et tu vides un étang après l'autre, une écluse après l'autre pour passer de l'autre côté... tes billes dégoulinent et des grilles tombent sous les accords soudain plaqués de ton cheval de bois et d'acier.

Gaspard, tu ébahis ! Une cavalcade de liberté, de frénésie facile et virtuose... le mort est enterré, voilà l'ultime pelletée avant de le ressusciter...
Fossoyeur du matin, qui traîne dans tes pans les feuilles recroquevillées, qui enfume d'une haleine acidulée, et qui chatoie le tympan ébranlé de mon entendement.
Gaspard tu oses.

C'est terminé. Déjà !!

Et que diras-tu Germain si tu savais combien de joie ils m'ont donnée... et si je leur ai demandé ensuite quelques pleines poignées de beauté, c'est bien que tout autour de leur buée, il y avait un grand jardin.

Aria de Bach, Paraphrase éclatante de Liszt que je découvre, Schubert et enfin Ravel à la Toccata des merveilles.

Une fête pour mon ouïe seule, un cadeau dans un linceul d'intimité retrouvée.

Toutes les patiences de l'infini avant de tomber dans la rue où tous me toisent sans déconvenue, mais avec courtoisie, ce qui est pudeur et peine perdues.

Je veux aller, je veux courir et je veux pleurer... tout ce que j'avais vu jusque-là n'était donc ? que falbala...


Melchior représente l'Europe, Gaspard l'Asie et Balthazar l'Afrique dans la mythologie populaire chrétienne...