jeudi 30 août 2018

L'armée de terre...





Il me reste un brûlot un bûcher et un croc
Que répondre à ceux-là qui disent que j'en fais trop



Creuse, creuse, souviens-toi des trésors
Cachés au nœud des ondes et des décors
Qui roulent leur force étale dans les aubes
Chine, Terracota soldiers, © MM 2011
Éclatées par tant de forces que dérobent

Les printemps passés, les étés d’hier
Les sculptures brisées les mauvaises prières

Approfondis les vérités dernières,
Les soucis éphémères
Et les pouvoirs secrets
De magnifiques versets

Scellés dans la tourbe
De tes beaux yeux courbes




lundi 27 août 2018

Un rien végan




Il suffirait de presque rien, peut-être...
Serge Reggiani



Un rien trois fois trop gros
pour faire le tour de ce portail

comme un ruminant qui fumerait du H
et si tu veux ça peut durer l’histoire d’une éternité

trente-six morts sur la route de ton bonheur
tous suicidés par la faute de tes yeux enjôleurs

comme pour te dire fais attention
un enfant tombe à ton côté

Dessin d'O. Pakara
là-bas

un rien trois fois trop pourtant
quelque dérèglement sans fin

qui telle une vis trompeuse
va jouer un tour de force sur la poudreuse

de tes yeux

ruminant éclectique qui descend comme Homère
des aèdes convaincus qui ont chanté son âme

et ont ramené l’art à une simple attitude
ce présage sans parole qui fait de l’ombre une étude

ici-bas

et cela

nous rend seuls
aveuglément et folâtrement seuls

un rien pour ton rein
ton pain vaut bien mon rein

et tu redémarres sur les pentes
douceâtres de la vie qui va

tu es une force qui vague

et moi une farce qui vogue

cochonnet sans remake de nos humbles requêtes

et cela

comme si demain s’avançait à grands pas
se traînant comme un ivrogne
que j’aime ce mot d’un amour ambivalent

et cela

comme si

Canard laqué, Beijing, Chine
de-ci de-là
tu passais sur le ventre
de toutes les années pendues au désespoir

comme à une esse de boucherie

bêtes d’embouche
préparez nos assiettes

et taisez nos silences

car nous sommes votre épouvante
de dernier sentiment

viande stressée
qui va orner comme une guirlande

nos petits légumes embaumés.





vendredi 24 août 2018

Les rades inconnues






Sur le chemin humide de la beauté cachée
Sur les fanions primés de la course effrénée
Dans les étoiles d’un monde où l’amour n’a pas d'prix
Face aux lumières fanées d’un autel vert-de-gris

Aux anses impensées d’un drôle de parapet
Avec l’aube pour cachet et la moire pour souci
Rien ne semble parfait : pourtant tout est fin prêt
Sur la courbure d’une douce mélodie

Quand on sait débarquer aux rades inconnues
Sous le soleil aux dards imprévus
Quand l’ombre croît tel un grand oiseau gris
Se posant sur le sol, à côté du ruisseau
Compulsion de faconde vers le haut
De nos rires, primevères indociles
Aux caresses du zéphyr
A l’angle de l’hiver
Nîmes, Jardins de la Fontaine, © M.M.

Quand rugit le silence
Et qu’entrent dans sa danse
Les insectes graciles
Chassant le triste sire
De leurs ailes de bourdons

Comme bourdonne l’eau qui sourd
En traçant son sillon
Un sillon de fraîcheur
Sur le fond des vallées

Déjà loin le dégel
Et le fracas des glaces
Qui tombent en se brisant
En milliers d’étincelles

La sente semble meurtrie
Qui respire comme une brasse
La sortie de la nuit

Les oisons vont bientôt
Entamer leurs sanglots
Et plus fort dans le ciel

Vont perler les nuées
Qui ourleront de miel
L’échafaud fracassé

De l'aube assassinée




Eh ! L'ami !




Rien ne nous trompe autant que notre jugement. Leonard de Vinci


Un instant s'il-vous-plaît, vous avez dit ???
J'ai dit un mot après l'autre comme d'habitude
Oui... enfin, il nous faut rejoindre la quiétude
Et aussi le plus humble des abris !!

Musée de l'Architecture, Paris. Le Jugement dernier ?
A l'instar de nos pluies d'horizons inespérés
Vous me donnez un peu de raison et pas assez de grive
Nous nous contenterons des merles de la rive
Et de quelques parapluies dorés

Je vous emmène avec moi votre compte est bon
Alors partons ! il me tarde de rejoindre le Vésuve
Et jamais encore je n'ai lu Vitruve
Oui, c'est cela allons-y ! Partons !

Vous finirez par comprendre mon ami
Oui mais trop tard je le crains
Que tout se termine dans le bain

Celui qu'on appelle Pas radis ! 



mardi 21 août 2018

Salut à toi



Accueillez la voix qui persiste
Dans son naïf épithalame
Allez, rien n'est meilleur à l'âme
Que de faire une âme moins triste !
Paul Verlaine



Salut à toi,

Comment vas-tu ? Es-tu trop prise pour envoyer des news ?

Comparses de l'aléatoire, les nouvelles nous rafraîchissent et nous rassurent
Il y a une limite éternelle à ce bouquet d'étincelles
L'étain n'est pas un métal noble et puissant
Le cheval n'a pas besoin de nos selles

Quand fleurit le rivage de mille coquilles de noix
Concassées par les flots,
Alors je parle à la mer comme un promeneur de guingois
Harassé et falot

Etang de Thau 2018 © M.M.
Si seulement les rimes pouvaient en s'entassant
Faire des gilets de sauvetage pour les passants
Et donner un sauf-conduit à nos péchés
Dans la boue et le marasme de cette année
(Dans la boue et le marasme de l'étang
Où plongent le regard sombre
Les alliés du néant et du grand vent
Comme de lourdes palombes)

Si tu peux donner signe de vie
Tu transformeras mon hallali
En un rire prolongé et mon âme
Tremblera d'un doux et prolongé dictame

Comme si le ventre de la ville
T'avait ramenée pour un instant
Sur le profond velours des ans
Et tous les souvenirs alarmés
Déboulant comme une armée
De cédilles
Avaient donné un coup au temps
Qui godille

A quand mon amie de toujours
Mon âme mon cri mon amour ?

Je t'attends encore et encore mon amour...




vendredi 17 août 2018

A charge pour toi



En écoutant les chansons de Léo Ferré



A charge pour toi d’ouvrir les valises de tes yeux
De me décrire les pleurs qui les gonflent
Dans le sombre lit de tes aïeux
Dans le plumard où tes mains ronflent

Comme il est tard tu vois le train de 23 heures
Passé comme se doit dans le sens de la peur
Tu parles sans rien dire et tu dis sans parler

On ne peut pas ne pas communiquer

Comme Léo le brave est une pure eupatoire
Ce poète survivant dans ses mots qui ex-istent
Comme lui soudain je me sens  anarchiste
J’ai envie de crier et j’ai envie de croire

A la force du vent à l’amorce de sang
- Qui prédit l’infini retrouve ses amis
Sans pouvoir les serrer tout à fait contre lui
Avec ses bras coupés et ses dorénavant -

Tu restes phénomène dans l’aube accoutumée
Tu pleures sans sourciller et tu dépenses ta vie
Fleurer le temps dans un cri souvenir sous pli
Comme le vide-ornières du pré contrecarré

Que tu nous as construit.





lundi 13 août 2018

Le défroqué




A friend is someone who makes it easy to believe in yourself - Heidi Wills



Il y a comme un dégradé un défroqué un perd-patience
Il y a le prytanée de nos errances

Et l'imbroglio improbable de nos attentes
Tout nus dans le vers de nos proses 

Tout verts dans le nu de nos danses
Et l'impromptu de nos psychoses
Collectives éruptives disruptives

Il y a... 
Mais chut ! On vient ! fermons la porte  à clef 
Et redevenons les biches sauvages de l'apprêt

Dans les coulisses du devenir autre
Au pied des humbles hommes apôtres

De la déconvenue




samedi 11 août 2018

Nous plaisons aux tardigrades




"Au fond, c'est une jouissance que d'attendre l'épouvante" - Henrik Ibsen, Maison de poupée





                     Une douceur de sangle                                        douleur d’exsangue                       je pense à toi et toi
dans la rue                                              je danse comme une toupie je tourne        je vire                 je volte
                                 si le souvenir me hante              l’art me crotte
                     rien n’est pareil à ce demain
où s’élèveront les hautes mains                               de nos désirs où                  pleureront les délires effarants                               quand tous nous renaîtrons           comme des anges     dans     l’armistice de nos tendres gaffeurs                 nés                     nous plaisons aux                                 tardigrades

                  Ibsen l’avait dit et redit mais nous n’avons pas écouté
         LA GUERRE EST VENUE TOUTE SEULE
                COMME UNE GRANDE nous n’avons pas été vigilants
                                                       et la revue des mondes dépecés            nous a raconté le café Balmoral

                   nous sommes des sous-hommes tous autant que nous sommes                            le message est passé                                                                                         mais nous sommes restés et alors
LE MONDE ENTIER NOUS A DECORES DE CIMETIERES
                               Voltaire et Montesquieu et aussi Lacordaire
                     des apôtres                                         nous vers nus comme des sous neufs
                                                                                                                           nous trempons notre plume dans le nectar des brumes et                 nous nous heurtons aux difficiles retrouvailles avec le bœuf musqué et l’aigle blessé nous pour d’autres semailles et d’autres hivers dans la plaie ouverte de nos enfermements
 
NOUS SOMMES PERDUS 

0 SOUVIENS-NOUS ET RAMENE NOUS A TON BERCAIL PRECEDENT

                      Passage à Tabernas
                                                         et haut de hurlevent





mardi 7 août 2018

En écoutant « Les Choristes »



"Mais qu'était donc cet appel du sujet au-delà du vide de son dire ?"
"Écrits" de Jacques Lacan (1966)



Le surgissement d’une voix
Fluette, aigrette de la joie
Dans le désert grivois
Des ormes pleureurs

Le naïf et fol espoir
Qui naît dans le soir
Tel un oiseau noir

(Il changerait de couleur
Pour marier le bonheur
Et l’aubier des heures)

Un parlêtre de l’art
En proie à la misère
Et qui dépasse les critères
Qui déterminaient son écart

© M.M.

Dans l’arbre je vois
Comme un oiseau bleu
La couleur de ces yeux

Qui retiennent ma voix
Prisonnière de la loi
Comme un enfant je dois
Dérouler mes trésors



Devant l’armée des corps
Qui périt dès l’émoi
Ce toi qui es si droit

Comme un chagrin
De peau maigriotte
Disparu sous la botte
De tant de mauvais biens

De tant de malandrins

La voix dans le désert grimé
Répond faiblement : un écho
Et dit : marche marche dans les blés
Ne te retourne jamais
Cueille, cueille les souvenirs tannés

Par le chemin qui mène en haut

Du côté de la lumière et du repos
Du côté de l’arbre à oiseaux
Bleuté par le ciel si gros
Qu’un nuage s’y grise de beauté

Balafré de milliers de farfadets
Comme autant d’hymnes à la paix

Parle, parlêtre aux blancs soucis
Peuplé de ces doux peupliers meurtris
Qui susurrent dans le vent des nuits

(Comme des abbés qui prient
Dans leur sombre abbaye)

Si le temple était rebâti
Nous ferions des tours de guet
Nous ferions des parapets
Pour les enfants de la vie

Nous chanterions comme des enfants
Comme les choristes
Avec des trompettistes
Comme des sous-fifres épatants

Armures de tant de bannières
De tant d’éclats
De tant de voix

Qui s’élèvent dans le désert grivois
Autant de fanions-liberté

Comme des ballons d’air si frais
Si pommelés de vérité
Ils y éclatent de cette manière

Qu’on attribue seulement à Dieu




samedi 4 août 2018

J'accroche mon cœur...






J’accroche mon cœur à une étoile
Je me mets à sa glorieuse école
Dans l’espoir d’une constellation de bonheurs
Tous ces petits riens qui font la vie belle
Et transforment l’aride en fleurs de safran



J’accroche mon âme à un grand voilier
Un albatros aux ailes si amples
Que le poème en est grevé
Je me fais poète de la mer
Océanographe ou navigateur


J’accroche ma vie à une pendeloque
Je fais des croche-pieds au temps qui passe
En attendant le renouveau
La force que nous confère l’âge
Quand on a fini par comprendre
Le pourquoi de nos amouraches