mercredi 28 juin 2017

La mort comme compagne indésirable






Le souci, une fleur de « gestorique » dans les couloirs de la fierté mal placée. 

Le voilà qui revient, comme un leitmotiv aux parures échevelées, dans nos lieux de vie, qui sont aussi le lieu de notre mort quotidienne. 


Pourquoi la mort, essentiellement irreprésentable pour nous autres encore survivants -mais pour combien de temps-, revient-elle nous hanter comme un rapace au paradis artificiel de notre vie ? 


Nous voulons vivre à tout prix, mais quel scandale nous fait chuter irrémédiablement dans le néant ? 


Quelles inflorescences vénéneuses, quels abois de chasse à courre, quels retraits stratégiquement inexplicables ou (encore) inexpliqués viennent nous enluminer de ténèbres ? 


Nous voguons à la surface du monde, comme menés par un démon de la bougeotte, nous promenons des poteaux indicateurs avec nous dans ces pérégrinations insensées, nous manœuvrons équivoques dans le grand cabas de notre civilisation, essayant obstinément, contre les lois de la nature, contre vents et marées, de nous hisser jusqu'au haut du panier. 


Briller, un instant, à la surface visible des choses, comme un reflet plus ou moins incertain sur le ventre d'une série de casseroles en cuivre poli. 


Vanité des vanités.


Exhalaison des exhalaisons.








samedi 24 juin 2017

Clin d'oeil





Clin d’œil
Clin d'Or
Clin d'art

Clin-deuil
Clin : Dors !
Clin dard 

Klein seuil
Klein dore
Klein phare...

Grain d'or
Grain d'ail
Grain Nord

Grain d'arme
Grain d'orme
Grain d'l'armes


Nîmes, le 4 avril 2018-le 26 mai de la même année.




mercredi 21 juin 2017

Petite mise au point ?






J'ai écrit comme si Dieu n'existait pas, je pense, tout en tenant compte de sa présence au monde, ce qui est paradoxal en quelque sorte. 

Il s'y trouve sans doute des erreurs, des à-peu-près, des a priori, des contre-vérités donc, ce qui échappe à l'homme quand il est aux abois. 

Je ne laisse pas de rechercher l'ombre fugitive sur le mur que la photo ne rend pas comme il faut, ni dans sa densité ni dans sa teneur d'ombre, de trouver l'endroit où reposent les pensées en attente de résurrections, de reviviscences, d'apothéoses (osons le mot). 

Il me semble que non, décidément, rien ne vaut, après tout, la liberté du ton, le précisé et l'impromptu, pour exorciser l'absurde apparent de la vie dans ce monde dément.



lundi 12 juin 2017

L'alambic du désespoir






Il semble que l’homme soit le jouet de tous les traquenards, le pantin de toute mauvaise farce, l’épée d’un Alexandre ne venant qu’une ou deux fois par décennie voire par siècle trancher le nœud gordien de nos malheurs. C’est la médecine (mise à part la technologie militaire) qui a le plus progressé en un siècle, on arrive même à ressusciter les morts ! Depuis que j’ai vu le feuilleton des valses médicinales je suis éberlué de tout ce que l’homme a accompli, les prodiges (misérables en fait, au regard de l’absolu aboli du regard) que sa santé lui permet, ce que le rationnel apporte au biologique, dans la transe finale d’un système où l’inflation des dépenses le dispute à celle des malades. Nous sommes imbibés de savoir, et gorgés de problèmes… notre vie rapetisse à mesure que le chagrin disparaît et que la couverture du livre se renfrogne… jamais heureux au fond de la bouteille à travers laquelle nous contemplons le monde. C’est terrible disais-je de voir l’homme se remuer frénétiquement comme un ver sorti de son milieu (tous les hommes sont des vers, mais moi je suis un ver luisant, disait Churchill…) en proie à des hallucinations.
Les protagonistes de mon histoire ne se pressent pas d’arriver, ils lambinent dans les couloirs, et le portillon automatique va se refermer, et le dernier métro arriver, puis repartir en geignant comme il était venu, et…


Musée du Cinéma, Lyon - décor du film
Le Parfum, d'après le roman de Patrick Süskind
("Das Parfum - die Geschichte eines Mörders") sauf erreur
de ma part © MM



mercredi 7 juin 2017

Ton corps...







Ton corps est aussi ineffable qu'amour pur
Transmet un message au goût bleu de l'azur
et me donne le tremblis de celui qui recule
empli d'admiration au redouté Hercule

Tes seins sont des fanions au bateau de mes rêves
J'ai dans tes mains trouvé les signes de la vie
et si demain tu pars je reviens à mes brèves
dans les lignes quotidiennes des beaux surplis

© MM
Je pense à toi sans cesse je te vois dans les rues
Je te vois dans le ciel, jusqu'à travers les nues
et si tu me rejoins je rayonne comme un astre
ô toi ma galaxie tu me tiens et m'embrasses

Je t'aime plus de raison de nous tenir au loin
Je t'aime et je sais que tu partages ma main
dans le vide sidéral des yeux mornes et gris
de ces chiens sculpturaux mais qui sont mal assis

alors que tout autour de nous invite à l'Amour
nous entraîne à la joie et au partage du jour
il est temps qu'on entrouvre les cadenas et les chaînes...

Dommage que le grand vent s'est tourné vers la Nuit
Il reste le souvenir intense et ébloui
de tes mains dans les miennes 
et nos regards aussi

4-8 juin 2017

dimanche 4 juin 2017

Des enfants aux cheveux gris*



Coloscopie pour ceux qui parlent de travers (méthode que n'aurait pas reniée Victor Pauchet) : 
peut-être que du tréfonds de leur être sourd une maladie mesquine (comme la plupart des maladies, qui prospèrent et profitent sur notre désespoir) maladie mesquine qui déforme leurs vues sur la langue la plus belle (non chargée comme dit ma mère). 

C'est-à-dire pour chacun, pour le professeur empesé dans sa redingote intérieure et pour l'enfant-oiseau – le garçon – ou la fille-fleur, pour l'armurier et le mousquetaire, pour l'arroseur et l'arrosé, pour le bateau et l'hydravion, le canadair et la forêt. 

Tout parle, tout remue, tout vit. 

Même la plus immobile des heures, la planète vide et lointaine, l'objet mort et enterré, la couleur terne des années perdues à te chercher en vain. 

Mon âme et moi pensions la même chose alors (comme dit la chanson), un fétu de pensée nous attelait au monde, un seul et unique trait, mais flammèche, mais étendard au manche piqueté de vers. 

Je restais alangui sous de vrais platanes verts, dans les recoins du mépris d'une société obsédée par la vie et le vieillissement, par le mouvement, et par l'or qui est bien terne dans la ville. 

Je me durcissais lentement comme un noyau dans le fruit, comme une cosse de silence qui retient ses doux grains, ses haricots blottis en son sein diaphane et soyeux. 

Je crois que je parle de ministère sacré, d'une armure dérisoire ou d'un épieu planté, une cuirasse et son bouclier, sur un champ de bataille improvisé. 

Je suis dans un tournoi, à tenter de desceller l'absurde de mon rire. 

Et de discerner ce que veulent dire les yeux tremblants des enfants.

Ces grands enfants aux cheveux gris.



* Des enfants aux cheveux gris, recueil de nouvelles de G. CESBRON