dimanche 26 avril 2015

Souvenir d'une amitié


De l’amitié comme une courroie
Flexible et tendre à la fois
Elle retransmet à distance
Passions vraies et vraie portance

Si nous sommes séparés, dis-moi que tu me feras un signe, un signe doux et discret, comme un air fredonné, comme un soupir échangé
Dis-moi pourquoi le temps passé a passé aussi vite plus vite bien plus vite le scélérat que ce que je voulais
Nos âges différents nous ont cadenassés, nous repoussions les différences, nous tentions l’image de notre errance, nous trépignions dans notre attente
Nous étions liés comme des années, qui se succèdent ou se précèdent
Nous avions connu l’incertain, ouvert nos mains à ce chagrin, la maladie comme si fouaille, comme si harasse nos écrins, comme si le temps nous était vain
Nous allions bras dessus bras dessous quand tout à coup plus de vérité plus de lutrin cette absence accumulant la douleur de nos présences le chagrin de nos essences
Dans la rue les bruits quotidiens
Comme une âme épinglée, cette figure de cire...
L’horloge chante son refrain
Il ne faut pas faiblir demain

Nous allions comme deux âmes en peine, perdus dans l’océan des voitures
Chercher des provendes et revenir las
Chargés de ces fruits de ces mains
Couleur de vie et de lendemain
Nous errions fixés sur un but, englués de partages vains comme sériés par la douceur du retour
Dans les rues par les champs face aux tours
Si nous pouvions retenir le sable dans nos mains ramasser tous les coquillages de cette plage où somnolent des restes de crustacés, où gisent les algues et les embruns
Nous aurions une fête tous les matins nous ferions rire nos élans, habités par la froideur vive de l’air sec d’un hiver sans fin
Nous ferions le tour de nos détours, nous irions encore à Sigean, à la ville et à la garrigue, ramasser des trésors sains
Oh douleur aux messages pareils qui faisaient déchirer les vêtements des rois dans l’Antiquité émerveillée de nos regards de guingois
Oh que d’eau est demeurée immobile sous le pont des ans qui nous ploie
Que de prisons nous ont libérés, que de mots séparés puis réunis dans la joie
Que d’heures se sont déroulées comme un tapis sous nos pas

Nous allions comme deux âmes en peine, perdus dans l’océan de verdure
Avec nos souliers et nos lois, étudiant le moindre cri le moindre pas
Tu reconnaissais la dytique, tu étudiais l’éphippigère, la mante, les cétoines les scarabées et les copris tu faisais des houles une prière, du vent contraire un appui
Toujours première pour la guerre à l’ignorance qu’on nous a prise
Toujours en face de la maladie, de la force qui faiblit, de l’âme qui plie

Ψυχή, en grec, veut dire âme ou papillon...
Nous restions dans l’ombre légère
Deux arbres plantés de travers

Nous allions toujours vers plus de lumière
Dans l’espoir fou et sécant de la terre

Ces arbrisseaux que tu semas
La vie quotidienne  du passé est comme fossilisée
dans ce château musée (St Fargeau, 89)
Poussent aussi de leur force juvénile
Vers le grand couvercle de plomb
Qui fermait ton horizon

Si les valeurs se perdent autour
Jamais pour toi il n’y a de bourde
Tu gardes droite ta tête lourde
Et tu unis vie et amour

(...)


Comme deux alcooliques de l’amitié
Deux espèces de reliques passées
Dans un encor’ retentissant
Aux mornes et douloureux accents

Liberté de vivre emmurés
Claquemurés exactement
Dans le malheur la maladie
Une espèce de prison-étang

Liberté de vivre las
Dans la minceur et le trépas
Comme deux animaux surpris
Par le piège qu’ils ne pensaient pas

Maintenant de vie à trépas
Les sabots crottés sont si bas
Pour coller un peu de sa glaise
A nos semelles de mélèze 

Pour cueillir un peu de c'te terre
Et en faire une bel' misère
Le symbole vrai d’un pourquoi

Pour cueillir un peu de l’amer
Tenter une fois encor'
Une fois de plus bis et ter
Entonner ce chant de la mer
Et retrouver la force et la joie
Dans un glorieux corps
Cette fois

Amers nous allons vers la fin
Comme des étourneaux 
Dans le fumant fourneau 
Du fond du puits voir l’œil du ciel...

Nous reposons nos tristes combats
Dans la tourbe de nos derniers pas

Amers nous allons vers la fin

Pensifs nous tournons nos cœurs vers la foi
Demain sera-t-il bien pour nous ou pas

Le doute meurt doucement dans nos bras
Et nous nous couchons dans le froid
Comme des oiseaux de grand frimas

Pour nous enfin sonne le glas

Hautains nous ne l’écoutons pas

Nous demeurons, absents, 
Absents et... et pourtant
Tellement là


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