Point
de décentrage en elle, sinon ce décentrage vers ses enfants, qu'elle
rendait proprets avec des vêtements usagers, des achats d'économe
avisée (en rapport avec le budget alloué à la « sainte »
famille par le Pater Familias désargenté).
Elle avait alors cette fierté humble qui parait son foyer à multiples reflets et tenait de la manière dont nous étions vêtus (habillés serait plus juste, si on confère à ce participe passé un sens plus neutre, moins en rapport avec les tendances – fâcheuses car imprévisibles – de la mode, car nous étions habillés mais non vêtus comme des roitelets, ni comme des petits princes, plutôt comme des valets et de simples serviteurs).
Mère, tu parles avec ton cœur, tes
mains, tes yeux, tu promènes sur chacun un regard positif, mais
sévère, plein de cette tendre sollicitude qui s'inquiète à la fois du bien-être et du savoir-être de ses enfants.
Avec trois ficelles tu faisais un panier, tu rafistolais les choses pour les faire durer, et servir.
Ainsi va ta vie, sur sa fin maintenant, selon les critères d'un monde en déshérence fondamentale avec les capacités maximales dont nous a dotés la vie.
Sur sa fin : en ce sens se collectent les choses, en ce mot un peu raide qui semble être le but ultime du film-épopée de la vie : The End.
Un mot terrible par ce qu'il signifie en fait : on passe à autre chose, on tourne la page, la dernière du journal de l'amour, on rouvre une autre boutique, on termine puis on s'en va (chacun vers sa propre fin, vers son miroir aux alouettes, vers son apothéose de poussière, vers le dernier café-crème de l'ontose).
La vie dévide ainsi sa bobine comme on démêle l'écheveau intriqué d'un monde ancien, pour en refaire un nouveau juste après, nouvelle saga, nouveaux décors, les mêmes gestes pourtant, comme gravés dans le microsillon de tes rides, et transmis de façon subtile à travers le grand-livre des années passées, des années perdues, des années qu'on ne rattrape plus.
Des années laides de nos vies ratées.
Ou bien remplies.
C'est selon.
Elle avait alors cette fierté humble qui parait son foyer à multiples reflets et tenait de la manière dont nous étions vêtus (habillés serait plus juste, si on confère à ce participe passé un sens plus neutre, moins en rapport avec les tendances – fâcheuses car imprévisibles – de la mode, car nous étions habillés mais non vêtus comme des roitelets, ni comme des petits princes, plutôt comme des valets et de simples serviteurs).
© M. MM |
Avec trois ficelles tu faisais un panier, tu rafistolais les choses pour les faire durer, et servir.
Ainsi va ta vie, sur sa fin maintenant, selon les critères d'un monde en déshérence fondamentale avec les capacités maximales dont nous a dotés la vie.
Sur sa fin : en ce sens se collectent les choses, en ce mot un peu raide qui semble être le but ultime du film-épopée de la vie : The End.
Un mot terrible par ce qu'il signifie en fait : on passe à autre chose, on tourne la page, la dernière du journal de l'amour, on rouvre une autre boutique, on termine puis on s'en va (chacun vers sa propre fin, vers son miroir aux alouettes, vers son apothéose de poussière, vers le dernier café-crème de l'ontose).
La vie dévide ainsi sa bobine comme on démêle l'écheveau intriqué d'un monde ancien, pour en refaire un nouveau juste après, nouvelle saga, nouveaux décors, les mêmes gestes pourtant, comme gravés dans le microsillon de tes rides, et transmis de façon subtile à travers le grand-livre des années passées, des années perdues, des années qu'on ne rattrape plus.
Des années laides de nos vies ratées.
Ou bien remplies.
C'est selon.