Quartier libre d'une vieille lune, à
laquelle je me suis honnêtement habitué, comme si dans l'espace
étonné de ton regard je pouvais entrevoir d'infinis paysages, ou
plutôt une infinité de paysages, de montagnes, de villes-fantômes, de prodromes d'un paradis retrouvé.
Une ouverture vers les grands espaces peut-être, une vraie et sobre
reconnaissance de mes différences.
Rien au fond n'a changé entre
nous, sinon que je me découvre plus libre et gorgé de cette
enivrante défaite, de cette débandade joyeuse et un peu surfaite,
de ce noir lumineux de certains morceaux de charbon cassé.
Mon hymne
est là, dans ma gorge, prêt à se départir de son étrave retenue,
et à se déployer comme l'étendard claquant sous l'effet défripant d'un
souffle puissant.
Repassé par le vent, détendu et
heureux, je sèche là, au soleil de ta rue, comme déshabité de mes
habitudes, comme défait de mes invraisemblables (in)certitudes.
J'attends et pourtant tu es déjà là, confiante et vraie, pulpe de
fruit et d'agrume, mêlée de joie, de délassante réassurance, de
'célestitude' et aussi, comme en surplus, d'ornements propices.
Ma pauvre Héloïse, mon crucifix
verbal, mon attirante vénusté, je bois à l'aube de tes regards
comme à celle de soleils multiples, sans cesse renouvelés, sans cesse ressuscités.
Je sais
que tu m'attends, au rivage de mes mains, comme une enfant perdue,
comme une poitrine gorgée de lait et de ces riches suavités qui
valent la vie, comme le palindrome d'un drame (ou d'une drachme
retrouvée).
Tu es la ride sur une eau dormante,
d'où pointe le fer de lance de cet œil étonné qui rime à l'infini.
Tu es l'étable où mon hier et mon hiver ensemble se sont finis.