samedi 15 décembre 2018

Aqua bonne




L'eau diffuse
Ses doublets ses triplets ses quatuors
Ses parapets
Ses parapentes
Ses cascades amphigouriques
Ses dilutions de marmelade
Ses libertés insoupçonnées
Elle est rétro-verse et boustrophédon

L'eau plonge et virevolte
Elle ronge et corrode
Elle change et elle est fidèle
Elle est prenante ou rédemptrice
Elle est lustrale ou argileuse
Elle est boueuse

L'eau efface et ravine
L'eau simplifie et complique
L'eau est dure et souple en un même mouvement
L'eau nous manque et nous comble
Elle est geyser ou stalactite
Elle est souvent excentrique

Elle est première et dernière
Aleph et Taw Alpha et oméga
Shinto et Bouddha
Ou même Nirvana

L'eau stagne et l'eau court
Elle jaillit et elle couve
Elle se cabre ou se soumet
Elle est marée et ruisselet

Elle n'a pas fini son cycle
Que déjà elle est pure et oblique
Pour les puits et les écluses
Les écluses et les sources
Les sources et les oasis
Les oasis et les outres
Pour la bosse du chameau
Pour l'arbre du voyageur

Eau tam-tam
Eau qui sourd
Eau qui chante et qu'on entend
Ruisseler le long des fleurs
Le long des arbres et des collines
Eau muette eau qui dort
Eau plate ou bien pétillante
Eau qui fuit
Eau bouillonnante
Eau vive
Eau forte
Eau tsunami
Vaguelette et océan
Eau qui inonde et qui s'adsorbe
Eau discrète ou eau désordre

Argentalet ru de Brenil*
Mississipi
Mythe du Nil
Eaux du Déluge
Eau infinie et circonscrite

Eau qui glougloute
Dans nos gorges
Eau qui ride
Eau qui étale

Dans l'étang calme de tes yeux verts
Est ondoyante amie légère




* L'Argentalet est un ruisseau du bois de Brenil, en Bourgogne, qui a bercé mon enfance. Son nom à lui seul est un poème.

jeudi 6 décembre 2018

Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur (VH)




Sous la pierre il y a ton âme
Comme un lézard langoureux
Qui donne un peu de dictame
A ceux qui l'ont fait amoureux

Sous la pierre il y a ton corps
Comme un étang paresseux
Qui reflète les verges d'or
Au long des berges de nos aveux

Photo © M.M. 
Sous la pierre j'y vois l'esprit
Qui dirige un monde honnête
Comme un rire de malappris
Au fond d'une argyronète 

Sous la pierre je crois sentir
Un peu de ton doux éther
Comme un rire de menhir
Dans le matin délétère

Sous la pierre il y a ton cri
Un râle résonne en silence
Je me grise de son fruit
Comme je pleure en cette instance

Sous la pierre du souvenir
L'histoire bégaie en chagrin
Mais il y a encore tout l'empire
Des sens effacés de demain



6-12-2018



lundi 3 décembre 2018

"Tout semble impossible jusqu'à ce que ça arrive" - Nelson Mandela




Il n'existe pas de limite biologique connue pour la durée de conservation d'un embryon
Jacques Testard, l'Œuf transparent (1986)


Ça semble évident et pourtant
I'faut pouvoir le dire en rêvant
J'suis pas né dans un paradis
Autour de moi c'est la misère
c'est la misère qui refleurit...

Les murs lépreux pris de poussière
Les vieux vécés et leur trop-plein
Tout ça m'rend dingue et c'est certain
J'voudrais r'tourner dans l'sein d'ma mère


© "Roads" of Kiarostami
Pour tout recommencer maman
et inventer un nouveau paradis
Où on coulerait des jours bénis
Avec mon pouvoir de fœtus 
Je changerais le cours du temps
D'un simple et langoureux rictus

Je serais au centre du monde
Pour une éternité d'secondes
Je n'sortirais pas j'resterais
Embryonnaire à tout jamais

Je suis pas fort pour la chanson
Les mots maladroits sont légion
Et leur armée découragée
Font ma déprime et mes regrets

Mais je sais une chose 
Pour tout l'or du monde
Même s'il va mal, le monde
C'est qu'un bouton de rose

Ne perd pas pour autant ses pétales 
Avant d'éclore, ça, c'est normal

Alors me voilà écrivant
En attendant, en attendant

De retourner au beau giron
Au souterrain de mes afflictions
Dans la terre nourricière
Ma mère




© 2018 - écrit en pensant notamment au Yémen.

dimanche 2 décembre 2018

Mille milliards de mille débris...



ou cent mille milliards de sabords en poèmes...


Mille milliards de mille baisers
pour toi au centre de la vie
pour tous ceux qui peinent à l'envi
et ceux qui ont fauché tout'l'blé.

Mille milliards de mille sourires
pour toi qui vins en pure joie
pour tous ceux qui perdent la foi
et pour toi dont l'état empire.


© M.M.
Mille milliards de mille bateaux
sur la grand'mer Humanité
Près des îles aux vents alizés
main courante au temps du couteau.

Mille milliards d'Émile et Bernard
un retour au val de l'oubli
le fuligineux de la nuit
un regard bleu de
nos renards.

Je t'aime comme on aime un abri
comme un antre ou même un refuge
un repair' contre les transfuges
toi qui vins à moi sans un bruit

Je t'aim' puisque je te l'dis
Tu m'as à tout jamais conquis

La vie.